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La publicité pour le foie gras se fait insistante chaque année à l'approche des fêtes. Si vous décidez d'en acheter, sachez que vous allez manger un foie atteint d'une maladie, la stéatose hépatique. Il s'agit d'une hypertrophie graisseuse monstrueuse obtenue par un procédé assimilable à la torture : le gavage. Pendant trois semaines, oies et canards sont extraits de leur réduit obscur deux à trois fois par jour et immobilisés. On enfonce alors un long entonnoir dans leur gosier, ce qui provoque de graves blessures, et on y fait passer de force un kilo et demi de maïs par jour (soit 1/3 du poids de l'animal). On voit alors ces pauvres bêtes à bout de souffle, ailes écartées, dans leurs déjections, transpirant, se traînant, en attendant la mort fatale par saignée - et dans quelles conditions ! De temps en temps, la mort par asphyxie (ou par éclatement du jabot, infections diverses) intervient avant. Pensez à l'effet que peut avoir sur... votre propre foie, et sur votre santé en général, l'ingestion d'un tel produit. Le foie gras est une insulte à la raison, à la conscience et à la dignité humaines.
 
La publicité pour le foie gras se fait insistante chaque année à l'approche des fêtes. Si vous décidez d'en acheter, sachez que vous allez manger un foie atteint d'une maladie, la stéatose hépatique. Il s'agit d'une hypertrophie graisseuse monstrueuse obtenue par un procédé assimilable à la torture : le gavage. Pendant trois semaines, oies et canards sont extraits de leur réduit obscur deux à trois fois par jour et immobilisés. On enfonce alors un long entonnoir dans leur gosier, ce qui provoque de graves blessures, et on y fait passer de force un kilo et demi de maïs par jour (soit 1/3 du poids de l'animal). On voit alors ces pauvres bêtes à bout de souffle, ailes écartées, dans leurs déjections, transpirant, se traînant, en attendant la mort fatale par saignée - et dans quelles conditions ! De temps en temps, la mort par asphyxie (ou par éclatement du jabot, infections diverses) intervient avant. Pensez à l'effet que peut avoir sur... votre propre foie, et sur votre santé en général, l'ingestion d'un tel produit. Le foie gras est une insulte à la raison, à la conscience et à la dignité humaines.
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==Réchauffement climatique ?==
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Le '''réchauffement climatique''', également appelé '''réchauffement planétaire''' ou '''réchauffement global'''<ref>de l'anglais  ''global warming''</ref>, est un phénomène d'augmentation de la [[température]] moyenne des [[océan]]s et de l'[[atmosphère (Terre)|atmosphère]], à l'échelle [[monde (univers)|mondiale]] et sur plusieurs années.
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Dans son acception commune, ce terme est appliqué au [[changement climatique]] observé depuis environ vingt-cinq ans, c'est-à-dire depuis la fin du {{XXe siècle}}.
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La plupart des scientifiques attribuent à ce réchauffement global une origine en grande partie humaine. Le [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat]] (GIEC) est chargé d'établir un consensus scientifique sur cette question.
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Son dernier et [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat#Quatrième rapport d'évaluation du GIEC|quatrième rapport]], auquel ont participé plus de {{formatnum:2500}} scientifiques de 130 pays différents, affirme que la probabilité que le réchauffement climatique soit d'origine humaine est de plus de {{unité|90|%}}<ref name=GIEC2007verylikely>Le [http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf rapport 2007 du GIEC] utilise le terme ''très probable''. cf p.49 : « ''L’essentiel de l’élévation de la température moyenne du globe observée depuis le milieu du XXe siècle est très probablement attribuable à la hausse des concentrations de GES anthropiques. Cette constatation marque un progrès par rapport à la conclusion du troisième Rapport d’évaluation, selon laquelle l’essentiel du réchauffement observé au cours des 50 dernières années est probablement dû à l’accroissement de la concentration de GES''». Le même texte, p.37, précise les termes utilisés pour indiquer la probabilité estimée, selon les experts, d’une donnée ou d’un résultat : « ''pratiquement certain (probabilité supérieure à 99 %) ; extrêmement probable (probabilité supérieure à 95 %) ; très probable (probabilité supérieure à 90 %) ; probable (probabilité supérieure à 66 %) ; plus probable qu’improbable (probabilité supérieure à 50 %) ; à peu près aussi probable qu’improbable (probabilité de 33 % à 66 %) ; improbable (probabilité inférieure à 33 %) ; très improbable (probabilité inférieure à 10 %) ; extrêmement improbable (probabilité inférieure à 5 %) ; exceptionnellement improbable (probabilité inférieure à 1 %).'' ». Ainsi, l’estimation du rôle probable de l’homme dans le changement climatique a augmenté entre 2001 et 2007, puisque dans le rapport de 2001, ce rôle n’était qualifié que de ''probable (likely)''. cf [http://www.ipcc.ch/ipccreports/tar/vol4/english/015.htm]</ref>.
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Cette thèse est néanmoins encore [[Controverses sur le réchauffement climatique|contestée]] par une minorité de scientifiques.
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urface des glaces vieilles de plusieurs centaines de milliers d'années.
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La composition [[isotope|isotopique]] de l'[[oxygène]] de la glace permet de reconstituer les températures atmosphériques depuis une période qui remonte jusqu'à -{{formatnum:750000}} ans<ref>{{en}}{{Lien web
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|url=http://earthobservatory.nasa.gov/Study/Paleoclimatology_IceCores/
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|éditeur=[[NASA]]
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|titre=Paléoclimatologie : Enregistrement des données provenant de l'étude des carottes glaciaires.
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|auteur=Holli Riebeek et Robert Simmon
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|série= Observatoire de la Terre
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|date= 19 décembre 2005
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|consulté le= 30 juillet 2008}}</ref>.
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Le climat de la [[Terre]] a traversé plusieurs cycles de réchauffement et de refroidissement planétaire durant les {{formatnum:400000}} dernières années.
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Plusieurs cycles de {{formatnum:100000}} ans environ se sont répétés au cours de cette période.
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Ces cycles commencent par un réchauffement brutal suivi d’une période chaude de {{formatnum:10000}} à {{formatnum:20000}} ans environ, appelée [[période interglaciaire]].
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Cette période est suivie par un refroidissement progressif et l'installation d’une [[glaciation|ère glaciaire]].
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À la fin de la glaciation, un réchauffement brutal amorce un nouveau cycle.
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Nous sommes actuellement dans une période interglaciaire et ce, depuis plus de {{formatnum:10000}} ans (''voir figure'').
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Les variations du climat sont corrélées avec celles de l'[[insolation]], des [[paramètres de Milankovi?]], de l'[[albédo]], des [[Cycle solaire|cycles solaires]] et des concentrations dans l'atmosphère des gaz à [[effet de serre]] comme le [[dioxyde de carbone]] et des aérosols.
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Les [[carotte de glace|carottes de glace]] contiennent des bulles d'air et des indications sur la teneur en gaz de l'atmosphère d'autrefois, ce qui montre que les températures globales sont liées à la quantité de gaz à effet de serre dans l'[[Atmosphère (Terre)|atmosphère]]{{refnec}}.
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=== Amplitudes des variations climatiques ===
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[[Image:Variations de températures globales.JPG|thumb|left|Variations du climat global depuis 540 millions d'années]]
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Au cours du [[quaternaire]], l'[[amplitude]] des variations de température a été de l'ordre de {{unité|10|°C}}, mais durant cette période les hausses de température n'ont jamais dépassé {{unité|4|°C}} de plus que la température actuelle.
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En revanche pour les cycles plus anciens, la température moyenne globale a atteint {{unité|22|°C}} soit {{unité|8|°C}} de plus par rapport à la moyenne actuelle.
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Durant ces périodes chaudes qui ont duré plusieurs dizaines de millions d'années, la [[Terre]] était dépourvue de glace.
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{{clr}}
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Plusieurs changements ont été observés dans le monde qui semblent cohérents avec l'existence d'un réchauffement climatique planétaire. Cependant, le lien entre ce réchauffement et les observations faites n’est pas toujours établi de façon sûre. En France c'est l'[[ONERC]] qui coordonne les observations.
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[[Image:2007 Arctic Sea Ice.jpg|thumb|En 2005  et 2007 ont été atteints les records de minimum de l'étendue de la [[banquise]] Arctique]]
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[[Image:Retreat of the Helheim Glacier, Greenland.jpg|thumb|Recul de glacier au [[Groënland]] (2001-2005)]]
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===Le climat===
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Selon le troisième rapport du [[GIEC]], la répartition des précipitations s'est modifiée au cours du {{s-|XX|e}}. En particulier, les précipitations seraient devenues plus importantes aux latitudes moyennes et hautes de l'hémisphère nord, et moins importantes dans les zones subtropicales de ce même hémisphère. D'autres experts estiment toutefois les données actuelles trop rares et incomplètes pour qu'une tendance à la hausse ou à la baisse des précipitations puisse être dégagée sur des zones de cette ampleur<ref "Fraser">{{en}}{{Lien web
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  |url=http://www.fraserinstitute.org/commerce.web/product_files/Independent%20Summary5.pdf
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  |titre=Independent Summary for Policymakers, IPCC Fourth Assessment Report
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  |auteur=Joseph D’Aleo, M.Sc., Madhav Khandekar, Ph.D., William Kininmonth, M.Sc., M.Admin., Christopher Essex, Ph.D., Wibjörn Karlén, Ph.D., Olavi Kärner, Ph.D., Ian Clark, Ph.D., Tad Murty, Ph.D. et James J. O’Brien, Ph.D.
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  |date=2007
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  |éditeur=[[Institut Fraser]]
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  |page=7
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  |citation=There is no globally-consistent pattern in long-term precipitation trends, snow-covered area, or snow depth. Many places have observed a slight increase in rain and/or snow cover. There is insufficient data to draw conclusions about increases in extreme temperature and precipitation.
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  |consulté le=2008-07-30
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}}
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</ref>. On observe également depuis 1988 une diminution notable de la couverture neigeuse printanière aux latitudes moyennes de l'hémisphère nord. Cette diminution est préoccupante car cette couverture neigeuse contribue à l'humidité des sols et aux ressources en eau<ref name=Collinsetautres/>.
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===La fonte de portions de banquise===
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Plusieurs études indiquent que les banquises sont en train de se réduire. D'une part des observations satellites montrent que ces banquises perdent de la superficie dans l'[[océan Arctique]]<ref>{{en}}{{Lien web
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  |url=http://www.nasa.gov/centers/goddard/news/topstory/2005/arcticice_decline.html
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  |titre=Arctic Sea Ice Continues to Decline, Arctic Temperatures Continue to Rise In 2005
 +
  |auteur=Goddard Space Flight Center
 +
  |date=28
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  |année=2005
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  |mois=septembre
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  |éditeur= [[NASA]]
 +
  |consulté le=2008-0730
 +
}}
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</ref>. D'autre part, un amincissement de ces banquises, en particulier autour du pôle nord, a été observé<ref>{{en}}{{Périodique
 +
  |titre=Thinning of the Arctic Sea-Ice Cover
 +
  |vol=26
 +
  |no=23
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  |auteur=D.A. Rothrock, Y. Yu et G.A. Maykut
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  |journal=Geophysical Research Letters
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  |date=1{{er}} décembre 1999
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}}
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</ref>. L'âge moyen des glaces dans la période 1988-2005, est passé de plus de six ans à moins de trois ans<ref>{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://maps.grida.no/go/graphic/change-in-the-age-of-ice-on-the-arctic-ocean-comparing-september-ice-ages-in-1988-1990-2001-and-2005
 +
  |titre= Change in the age of ice on the Arctic Ocean, comparing September ice ages in 1988, 1990, 2001 and 2005 (Evolution de l'âge moyen des glaces polaires)
 +
  |série=Maps and Graphics library
 +
  |auteur=GRID-Arendal
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  |date=2008
 +
  |éditeur=Programme des Nations unies pour l'environnement
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}
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</ref>. La réduction de l'étendue moyenne de la banquise arctique depuis 1978 est de l'ordre de 2,7% par décennie (plus ou moins 0,6%), son étendue minimale en fin d'été diminuant de 7,4 % par décennie (plus ou moins 2,4%)<ref name=Collinsetautres/>. Le réchauffement dans cette région est de l'ordre de 2,5°C<ref>
 +
{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://maps.grida.no/go/graphic/arctic-temperature-anomaly-patterns
 +
  |titre= Arctic temperature anomaly patterns (Anomalie de température en Arctique)
 +
  |série=Maps and Graphics library
 +
  |auteur=GRID-Arendal
 +
  |date=2008
 +
  |éditeur=Programme des Nations unies pour l'environnement
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}
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</ref> (au lieu de 0,7°C en moyenne sur la planète), et l'épaisseur moyenne des glaces a perdu 40 % de sa valeur entre les périodes 1958-1976 et 1993-1997<ref>
 +
{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://maps.grida.no/go/graphic/thinning-of-the-arctic-sea-ice
 +
  |titre= Thinning of the Arctic sea-ice (Diminution de l'épaisseur de la banquise arctique)
 +
  |série=Maps and Graphics library
 +
  |auteur=GRID-Arendal
 +
  |date=2008
 +
  |éditeur=Programme des Nations unies pour l'environnement
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}
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</ref>. En 2007, les observations satellitaires constatent une accélération de la fonte de la banquise arctique, avec une perte de 20 % de la surface de la banquise d'été en un an<ref>{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://nsidc.org/news/press/2007_seaiceminimum/images/20071017_meltseasona.mov
 +
  |titre= Vidéo en QuickTime de la fonte de la banquise d'été, 2007
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  |auteur= National Snow and Ice Data Center
 +
  |éditeur=[[NASA]] et [[NOAA]]
 +
  |consulté le=2008-07-30
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}}
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</ref> ; certains observateurs, compte tenu de ces nouveaux résultats, envisagent une disparition totale de la banquise d'été aux alentours de 2013, et non plus 2030<ref>{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://www.carbonequity.info/docs/arctic.html
 +
  |titre=The big melt: lessons from the Arctic summer of 2007 (Accélération de la fonte de la banquise en 2007)
 +
  |date=8
 +
  |année=2007
 +
  |mois=octobre
 +
  |éditeur=CarbonEquity.info
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}
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</ref>. Par ailleurs, Le [[Groenland]] a vu ses glaciers se réduire de 230 à 80 milliards de tonnes par an de 2003 à 2005, ce qui contribuerait à 10% de l'élévation du niveau des mers<ref> « Le Groenland perd 100 milliards de tonnes de glace par an », [[Le Monde]] édition du 21 octobre 2006.</ref>. En Antarctique, {{unité|3,500|km|2}} de la banquise Larsen B, (l'équivalent en surface des deux tiers d'un département français), se sont fragmentés en mars 2002, les premières crevasses étant apparues en 1987. Cette banquise était considérée comme stable depuis {{formatnum:10000}} ans<ref name="RobinBell">{{fr}}{{Périodique
 +
|id=
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|auteur=Robin Bell
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|traduction=
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|titre=L'eau, une menace pour les calottes polaires
 +
|sous-titre=
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|journal=[[Pour la Science]]
 +
|no=367
 +
|date=mai 2008
 +
|pages=60-66
 +
}}
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</ref>. Le satellite spécialisé CryoSat-2<ref>{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://www.esa.int/esaLP/ESAOMH1VMOC_LPcryosat_0.html
 +
  |titre=Cryosat-2
 +
  |date=6
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  |année=2008
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  |mois=février
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  |éditeur=[[European Space Agency|ESA]]
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  |consulté le=2008-07-30
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}}
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</ref>, qui sera mis en orbite en 2009 après l'échec du premier satellite [[CryoSat]] en 2005, nous fournira des informations plus précises sur les quantités de glace polaire.
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===Le recul des glaciers de montagnes===
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À quelques exceptions près<ref>Le « Perito Moreno » en Argentine, par exemple, est un des rares glaciers en avancée. Les glaciers de Scandinavie et de Nouvelle-Zélande, soumis à d'importantes précipitations neigeuses hivernales, sont également en expansion. cf. Christian Vincent et Delphine Six, ''Les glaciers de montagne sont-ils menacés'', Dossier Pour la Science, Climat, comment arrêter la surchauffe ?, 2007, p.28-29</ref>, la plupart des glaciers montagnards étudiés sont en phase de recul. Les glaciers de l'[[Himalaya]] reculent rapidement et pourraient disparaître dans les cinquante prochaines années, selon des experts réunis à [[Katmandou]] pour une conférence sur le réchauffement climatique le 4 juin 2007{{refnec}}. Les températures dans cette région ont crû de 0,15 °C à 0,6 °C tous les 10 ans au cours des 30 dernières années. De nombreux travaux<ref>par exemple dans les Alpes [http://www.futura-sciences.com/news-vient-recul-glaciers-alpins-depuis-150-ans_6378.php] ou dans les Pyrénées [http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2001/fiche127.htm]</ref> documentent ce recul et cherchent à l'expliquer. Un tel recul semble tout à fait cohérent avec un réchauffement du climat. Cependant, cette hypothèse n'est pas certaine, certains glaciers ayant commencé à reculer au milieu du {{s-|XIX|e}}<ref>{{Ouvrage
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|auteur=Frédéric Denhez
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|titre=Atlas du réchauffement climatique
 +
|éditeur=Autrement
 +
|date=2007
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|pages=40-41}}</ref>, après la fin du [[petit âge glaciaire]]. L'avancée ou le recul des glaciers sont récurrents et liés à de nombreux facteurs, parmi lesquels  les précipitations ou le phénomène [[El Niño]] jouent un rôle important. Par exemple le recul actuel de la [[mer de Glace]] à [[Chamonix]] découvre des vestiges humains du [[Moyen Âge]]<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
  |url=http://www-lgge.ujf-grenoble.fr/ServiceObs/images/HouilleBReyanud2002.pdf
 +
  |titre=Histoire des fluctuations des glaciers en remontant le Petit Age de Glace
 +
  |série=Variations climatiques et hydrologie
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  |auteur=Louis Reynaud et Christian Vincent
 +
  |éditeur=Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement (Grenoble)
 +
  |consulté le=2008-07-30
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}}{{pdf}}
 +
</ref>, preuve que le glacier a déjà fondu davantage que de nos jours à une période historiquement proche. Il faut également souligner la quasi-absence de données sur les glaciers himalayens. Par exemple, il n'existe de données fiables que sur 50 glaciers indiens, sur plus de {{formatnum:9500}}.<ref>[http://web.archive.org/web/20070213110851/http://www.hindustantimes.com/news/181_1925164,0008.htm article HindustanTimes.com]</ref>
 +
 +
===Les pratiques agricoles===
 +
Le climat, et en particulier les températures, ont un effet sur la date des récoltes agricoles. Dans de nombreux cas les dates de [[vendange]]s sont régulièrement avancées, comme en [[Bourgogne]]<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
  |url=http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb16/09_rechauffement.htm
 +
  |titre=Le réchauffement climatique récent en France : impact et conséquence sur la culture des arbres fruitiers et de la vigne
 +
  |série=La recherche française sur le climat
 +
  |éditeur=[[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}</ref>{{,}}<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
  |url=http://www2.cnrs.fr/presse/communique/589.htm
 +
  |titre=Les dates de vendanges : un indicateur du climat du passé
 +
  |série=Communiqué de presse
 +
  |date=18 novembre 2004
 +
  |éditeur=[[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Périodique
 +
  |journal=[[Nature]]
 +
  |texte=http://www.cefe.cnrs.fr/fe/pdf/2004_Nature_432_289_290.pdf
 +
  |titre=Grape ripening as a past climate indicator
 +
  |série=Brief communications
 +
  |date= 18 novembre 2004
 +
  |auteur= [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]
 +
  |vol=432
 +
  |no=
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}{{pdf}}</ref>. De plus ces phénomènes peuvent être décrits sur plusieurs décennies car ces dates de vendanges ont été consignées dans le passé et archivées. De tels documents sont utilisés pour déterminer les températures à des périodes où les [[thermomètre]]s n'existaient pas ou manquaient de précision. Un réchauffement climatique depuis le {{s-|XX|e}} est clairement décrit par l'étude de ces archives (ex. la date de début des vendanges à [[Châteauneuf-du-Pape]] a avancé d'un mois en cinquante ans<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
  |url=http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb16/00_grandes/09/05.htm
 +
  |titre=Évolution de la date de vendange à Châteauneuf-du-pape de 1945 à 2003.
 +
  |auteur=Service technique Inter Rhône
 +
  |série=Climat
 +
  |éditeur=[[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}</ref>).
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===Aires de répartition===
 +
Plusieurs équipes de chercheurs ont observé une modification de l'aire de répartition de différentes espèces animales et végétales. Dans certains cas, en particulier lorsque cette aire se déplace vers le nord ou vers de plus hautes altitudes, le réchauffement climatique planétaire est parfois proposé comme cause de ces modifications. Par exemple, l'extension actuelle de l'aire de répartition de la [[chenille processionnaire du pin]], qui a atteint [[Orléans]] en 1992 et [[Fontainebleau]] en 2004, pourrait être due au réchauffement climatique<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
  |url=http://w3.inra.fr/presse/la_chenille_processionnaire_du_pin_remonte_vers_le_nord_a_la_vitesse_moyenne_de_55_6_km_par_decade
 +
  |titre=La chenille processionnaire du pin remonte vers le nord à la vitesse moyenne de 55,6 km par décade
 +
  |auteur=Service Presse
 +
  |date=2005
 +
  |éditeur=[[Institut national de recherche agronomique|INRA]]
 +
  |consulté le=20080-07-30
 +
}}</ref>.
 +
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[[Image:Cyclone Catarina from the ISS on March 26 2004.JPG|thumb|Le [[cyclone Catarina]] fut le premier à apparaître dans l'Atlantique Sud.]]
 +
 +
===Cyclones tropicaux===
 +
Une étude publiée en [[2005]] et remise en question depuis par une seconde étude, montre que l'intensité des cyclones aurait globalement augmenté entre 1970 et 2004 alors que le nombre total de cyclones aurait globalement diminué pendant la même période<ref>{{Périodique
 +
|lang=en
 +
|auteur=P.J. Webster, G.J. Holland, J.A. Curry et H.R. Chang
 +
|traduction=
 +
|titre=Changes in Tropical Cyclone Number, Duration, and Intensity in a Warming Environment
 +
|sous-titre=
 +
|journal=[[Science]]
 +
|no=5742
 +
|date=16 septembre 2005
 +
|vol=309
 +
|texte=http://www.sciencemag.org/cgi/content/full/309/5742/1844
 +
|consulté le=2008-07-30
 +
}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/4249138.stm
 +
  |titre='Warming link' to big hurricanes
 +
  |série=BBC News
 +
  |auteur=Helen Briggs
 +
  |date=15
 +
  |année=2005
 +
  |mois=septembre
 +
  |éditeur= [[British Broadcasting Corporation|BBC]]
 +
  |citation=The debate is likely to continue, however, as some scientists argue that the present hurricane surge is part of a 60 to 70-year cycle linked to natural effects. They believe climate change due to human activity will not significantly affect hurricanes and that damage caused by increased development along coastlines is a bigger factor.
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}</ref>{{,}}<ref name="Fraser2">{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://www.fraserinstitute.org/commerce.web/product_files/Independent%20Summary5.pdf
 +
  |titre=Independent Summary for Policymakers, IPCC Fourth Assessment Report
 +
  |auteur=Joseph D’Aleo, M.Sc., Madhav Khandekar, Ph.D., William Kininmonth, M.Sc., M.Admin., Christopher Essex, Ph.D., Wibjörn Karlén, Ph.D., Olavi Kärner, Ph.D., Ian Clark, Ph.D., Tad Murty, Ph.D. et James J. O’Brien, Ph.D.
 +
  |date=2007
 +
  |éditeur=[[Institut Fraser]]
 +
  |page=7
 +
  |citation= In the tropics, there is evidence of increased cyclone intensity but a decrease in total tropical storms, and no clear global pattern since 1970
 +
  |consulté le=2008-07-30
 +
}}
 +
</ref>. Selon cette étude, il est possible que cette augmentation d'intensité soit liée au réchauffement climatique, mais la période d'observation est trop courte et le rôle des cyclones dans les flux atmosphériques et océaniques n'est pas suffisamment connu pour que cette relation puisse être établie avec certitude. La seconde étude publiée un an plus tard montre quant à elle que l'intensité des cyclones n'aurait pas augmenté de façon significative depuis 1986<ref>{{en}}{{Périodique
 +
  |texte=http://typhoon.atmos.colostate.edu/Includes/Documents/Publications/klotzbach2006.pdf
 +
  |titre=Trends in global tropical cyclone activity over the past twenty years (1986–2005)
 +
  |journal= Geophysical Research Letters
 +
  |vol=33
 +
  |doi=10.1029/2006GL025881
 +
  |auteur=Philip Klotzbach, Département des sciences de l'atmosphère
 +
  |date=20 mai 2006
 +
  |éditeur=[[Université d'État du Colorado]]
 +
  |consulté le=2008-07-30
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}}{{pdf}}</ref>{{,}}<ref>{{fr}}{{Lien web
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  |url=http://www.climat-sceptique.com/categorie-505064.html
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  |titre=Orwell au pays des cyclones
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  |éditeur=climat-sceptique.com
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  |consulté le=2008-07-30
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}}
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</ref>. Par ailleurs, les simulations effectuées sur ordinateur au moyen de modèles ne permettent pas dans l'état actuel des connaissances de prévoir d'évolution significative du nombre de cyclones lié à un réchauffement climatique<ref>Fabrice Chauvin et Jean-François Royer, ''L'intensité des cyclones augmente-t-elle ?'', Dossier Pour la Science, Climat, comment éviter la surchauffe ?, Janvier-mars 2007, p.35-38</ref>.
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[[Image:Recent Sea Level Rise fr.png|thumb|Élévation du niveau de la mer]]
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===Le réchauffement des océans et l'élévation du niveau de la mer===
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On observe un réchauffement des océans, qui diminue avec la profondeur. On estime que les océans ont absorbé à ce jour plus de 80% de la chaleur ajoutée au système climatique<ref name=Collinsetautres/>. Ce réchauffement entraîne une dilatation thermique des océans et une montée du niveau de la mer. Différentes données obtenues à l'aide de marégraphes et de satellites ont été étudiées. Leur analyse suggère que le niveau de la mer s'est élevé au cours du {{s-|XX|e}} de quelques dizaines de centimètres, et qu'il continue à s'élever régulièrement. Le [[GIEC]] estime que le niveau de la mer s'est élevé de 1,8 mm/an entre 1961 et 2003<ref>{{en}}{{Lien web
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  |url=http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr.pdf
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  |titre= Climate Change 2007: Synthesis Report (Rapport 2007 du GIEC)
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  |date=2007
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  |éditeur=[[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]
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  |page=8
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  |consulté le=2008-07-30
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}}</ref>{{,}}<ref>{{fr}}{{Lien web
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  |url=http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb14/01_elevation.htm
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  |titre=L’élévation du niveau de la mer
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  |série=La recherche française sur le climat : Variabilité climatique
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  |éditeur=[[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]
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  |consulté le=2008-07-30
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}}</ref>. Cette élévation du niveau de la mer peut aussi être observée indirectement par ses conséquences sur l'environnement, comme c'est le cas au [[Nouveau-Brunswick]]<ref>{{fr}}{{Lien web
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  |url=http://atlantic-web1.ns.ec.gc.ca/slr/default.asp?lang=Fr&n=61BB75EF-1
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  |titre=Élévation du niveau de la mer au Nouveau-Brunswick
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  |auteur= [[Service météorologique du Canada]]
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  |année=
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  |éditeur= [[Environnement Canada]]
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  |consulté le=2008-07-30
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</ref>.
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{{clr}}
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== Causes ==
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=== Origine humaine ===
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Selon la grande majorité des scientifiques, le réchauffement climatique est largement attribué à un [[effet de serre]] additionnel dû aux rejets de [[gaz à effet de serre]] produits par les activités humaines, et principalement les [[rejets de CO2|émissions de CO<sub>2</sub>]]<ref>Voir [http://www-lgge.ujf-grenoble.fr/axes/equipes/gaz/co2.shtml Evolution temporelle du dioxyde de carbone] par le Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement ([[LGGE]])</ref>. Les concentrations actuelles de CO<sub>2</sub> dépassent de 35 % celles de l’ère préindustrielle, surpassant de loin les taux des {{formatnum:600000}} dernières années. Elles sont passées de 280 [[Partie par million|parties par million]] (ppm) à l'époque pré-industrielle à 379 ppm en 2005, et celles de méthane ont augmenté de 150 %<ref>{{en}}{{Lien web
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  |url=http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr.pdf
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  |titre= Climate Change 2007: Synthesis Report (Rapport 2007 du GIEC)
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  |date=2007
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  |éditeur= [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]
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  |page=15
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  |consulté le=2008-07-30
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}}{{pdf}}</ref>. L’origine humaine des gaz à effet de serre est avérée par leur concentration élevée au-dessus des zones très peuplées de l’hémisphère nord, et par leur analyse isotopique qui met en évidence leur origine fossile<ref name="Collinsetautres"/>.
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Des experts du [[GIEC]] ont confirmé le 2 février 2007 que la probabilité que le réchauffement climatique soit due à l’activité humaine est supérieure à 90 %<ref name=GIEC2007verylikely/>.  Leurs conclusions sont tirées des résultats d’[[Expérience scientifique|expériences]] avec des [[modèle]]s numériques. En particulier, l’augmentation de la température moyenne mondiale depuis 2001 est en accord avec les prévisions faites par le GIEC depuis 1990 sur le réchauffement induit par les gaz à effets de serre. Enfin, un réchauffement uniquement dû à l’activité solaire n’expliquerait pas pourquoi la [[troposphère]] voit sa température augmenter et pas la [[stratosphère]]<ref name=Collinsetautres/>.
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L’hypothèse d’un lien entre la température moyenne du globe et le taux de [[gaz carbonique]] dans l’atmosphère a été formulée pour la première fois en [[1894]] par [[Svante Arrhenius]].  Mais c’est en [[1979]], lors de la première conférence mondiale sur le [[climat]], à [[Genève]], qu’est avancée pour la première fois sur la scène internationale l’éventualité d’un impact de l’activité humaine sur le climat<ref>{{fr}}{{Lien web
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  |url=http://www.wmo.ch/pages/about/milestones_fr.html
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  |titre= Événements marquants
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  |date=2007
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  |éditeur= [[Organisation météorologique mondiale|OMM]]
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  |page=
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  |consulté le=2008-07-30
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}} entrée pour l'année 1979</ref>.
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==== Effet de serre additionnel ====
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[[Image:Flux carbone fr.png|thumb|right|250px]]
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{{Article détaillé|effet de serre}}
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L’[[effet de serre]] est un phénomène naturel. Ce phénomène piège une partie du rayonnement [[infrarouge]] émis par la [[Terre]] vers l’[[atmosphère terrestre]]. Ceci est dû aux [[Gaz à effet de serre|gaz dits « à effet de serre »]], qui augmentent ainsi la température de la basse atmosphère ([[troposphère]]). Ces gaz sont essentiellement de la [[vapeur d'eau]], et une infime partie est d’origine humaine. Sans cet effet, la température de surface de la Terre serait en moyenne de 33 °C plus faible, soit -18 °C.
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Actuellement ce phénomène naturel se renforce car la quantité de [[gaz à effet de serre]] a augmentée ces dernières années, en particulier le {{CO2}}, naturellement en très faible concentration dans l’atmosphère par rapport à la vapeur d’eau ou au [[diazote]] (N<sub>2</sub>). Cela a pour conséquence de déséquilibrer le [[bilan radiatif de la Terre]]. Cette augmentation des quantités de gaz à effet de serre est due à la combustion de matière [[énergie fossile|carbonée fossile]]. Cela a été prouvé par l’étude [[isotope|isotopique]] du [[carbone]] dans l’air.
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Selon les conclusions des scientifiques du [[GIEC]] dans leur rapport de 2001, la cause la plus probable de ce réchauffement dans la seconde moitié du {{s-|XX|e}} serait le « forçage anthropique », c’est-à-dire l’augmentation dans l’[[atmosphère (Terre)|atmosphère]] des gaz à effet de serre résultant de l’activité humaine<ref>{{en}}{{Lien web
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  |url=http://www.grida.no/climate/ipcc_tar/wg1/467.htm
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  |titre= Climate Change 2001: Working Group I: The Scientific Basis (Chapitre 12 : les bases scientifiques)
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  |date=2001
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  |éditeur=[[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]
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  |citation=Most of the discussion in this section has been concerned with evidence relating to a human effect on late 20th century climate. The observed global mean surface temperature record shows two main periods of warming. Some studies detect a solar influence on surface temperature over the first five decades of the century, with perhaps a small additional warming due to increases in greenhouse gases. One study suggests that the early warming could be due to a combination of anthropogenic effects and a highly unusual internal variation. Thus the early century warming could be due to some combination of natural internal variability, changes in solar irradiance and some anthropogenic influence. The additional warming in the second half-century is most likely to be due to a substantial warming due to increases in greenhouse gases, partially offset by cooling due to aerosols, and perhaps by cooling due to natural factors towards the end of the period.
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  |consulté le=2008-07-30
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}}
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</ref>. Il est prévu que le réchauffement planétaire se poursuive au cours du {{s|XXI|e}} mais l’amplitude de ce réchauffement est débattue. Selon les hypothèses retenues et les modèles employés, les prévisions pour les 50 années à venir vont de 1,8 à 3,4 [[°C]].
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{{clr}}
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==== Confrontations modèles/observations ====
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[[Image:Simulation et mesure de température.svg|thumb|360px|Comparaison des variations de température, observées et simulées, avec et sans facteurs anthropiques (par rapport à la la moyenne de la période 1901-1950).]]
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[[Image:Climate Change Attribution fr.png|thumb|360px|]]
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=====Hypothèses=====
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Les modèles numériques ont été utilisés pour estimer l’importance relative des divers facteurs naturels et humains. Il s’agit d’[[expérience scientifique|expériences]] sur [[Simulation informatique|simulateurs]] menées par des [[supercalculateur]]s,  pour identifier le ou les facteurs à l’origine de la brutale hausse de température.
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Plusieurs hypothèses ont été testées :
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# les fluctuations cycliques de l’[[soleil|activité solaire]] ;
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# la rétention de la chaleur par l’atmosphère, amplifiée par les gaz à [[effet de serre]] ;
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# la réflectivité de la surface terrestre ([[albédo]]) qui est modifiée par la [[déforestation]], l’avancée des déserts, l’agriculture, le recul des glaces, neiges et glaciers, mais aussi par les cirrus artificiels créés par les [[traînée de condensation|traînées]] des avions et l’étalement urbain ;
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# les émissions [[volcan]]iques ;
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Certaines de ces causes sont d’origine humaine, comme la déforestation et la production de [[gaz carbonique]] par combustion de matière fossile. D’autres sont naturelles, comme l’activité solaire ou les émissions volcaniques.
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=====Résultats=====
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Les simulations climatiques montrent que le réchauffement observé de 1910 à 1945 peut être expliqué par les seules variations du rayonnement solaire (voir [[changement climatique]]){{no-ref}}.
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Par contre, on constate qu’il faut prendre en compte les émissions de [[gaz à effet de serre]] d’origine humaine, pour obtenir le réchauffement observé de 1976 à 2006 (voir graphique). Les modélisations effectuées depuis 2001 estiment que le forçage radiatif anthropique est dix fois supérieur au forçage radiatif dû à des variations de l’activité solaire, bien que le forçage dû aux aérosols soit négatif.  Le point essentiel est que le forçage radiatif net est positif<ref name="Collinsetautres"/>.
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==== Consensus scientifique ====
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[[Image:Forcage radiatif.png|thumb|400px|Un forçage radiatif positif est un renforcement de l’[[effet de serre]] et un réchauffement, et un forçage radiatif négatif entraîne une refroidissement (augmentation de l’[[albédo]]). Ceci correspond à des calculs en tenant compte des concentrations dans l’[[atmosphère terrestre|atmosphère]]<ref>{{en}}{{Lien web
 +
  |url=http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr.pdf
 +
  |titre= Climate Change 2007: Synthesis Report (Rapport 2007 du GIEC)
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  |date=2007
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  |éditeur= [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]
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  |page=17
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  |consulté le=2008-07-30
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}}{{pdf}}</ref>.]]
 +
* Dans son rapport de 2001, le [[GIEC]] conclut que les gaz à effet de serre anthropogéniques « ''jouent un rôle important dans le réchauffement global'' »<ref>[http://www.ipcc.ch/index.htm rapport de 2001]</ref>.
 +
* En 2003, l'[[American Geophysical Union]] affirmait que « ''les influences naturelles ne permettent pas d’expliquer la hausse rapide des températures à la surface du globe<ref>{{fr}}{{Périodique
 +
|résumé=http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=53193
 +
|titre=L’Arctique en plein dégel
 +
|auteur=Elizabeth Kolbert
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|journal=[[Courrier international]]
 +
|no=766
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|date=7 juillet 2005
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|consulté le=2008-07-31}}</ref>. »
 +
* Le 7 juin 2005, les [[académie des sciences|académies des sciences]] des pays du [[G8]]<ref>l'Allemagne - [[Deutsche Akademie der Naturforscher Leopoldina]], le Canada - [[Société royale du Canada]], les États-Unis d'Amérique - [[National Academy of Sciences]], la France - [[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]], l'Italie - [[Accademia dei Lincei]], le Japon - [[Science Council of Japan]], le Royaume-Uni - [[Royal Society]], la Russie - [[Académie des sciences de Russie]]</ref> et celles des trois plus gros pays en voie de développement consommateurs de pétrole<ref>la Chine - [[Chinese Academy of Sciences]], l'Inde - [[Indian National Science Academy]], le Brésil - [[Academia Brasileira de Ciencias]]</ref> ont signé une déclaration commune à [[Londres]], affirmant que le doute entretenu par certains à l'endroit des changements climatiques ne justifie plus l'inaction et qu'au contraire, il faut « enclencher immédiatement » un plan d'action planétaire pour conjurer cette menace globale<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
|url=http://www.academie-sciences.fr/actualites/textes/G8_fr.pdf
 +
|titre=Déclaration commune des Académies des sciences sur la réponse globale au changement climatique
 +
|date=7 juin 2005
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|auteur=Académies des sciences de plusieurs pays
 +
|éditeur= Institut de France, [[Académie des sciences (France)|Académie des sciences]]
 +
|consulté le=2008-07-31}}{{pdf}}</ref>.
 +
* Enfin, en 2007, le [[quatrième rapport du GIEC|4{{e}} rapport du GIEC]],  annonce que la probabilité que le réchauffement climatique soit dû aux activités humaines est supérieure à 90%<ref name=GIEC2007verylikely/>. De nombreux scientifiques estiment même que ce rapport n'est pas assez clair et qu'il faudrait dès maintenant un programme international pour réduire drastiquement les deux sources principales de gaz à effet de serre, le transport routier et les centrales à charbon<ref>{{fr}}{{Périodique
 +
|auteur=[[Science magazine|Science]]
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|date=23 novembre 2007
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|titre=Urgence climatique
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|journal=Nouvel Observateur
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|no=2247
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|pages=119}}</ref>.
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=== Critiques de l'hypothèse d'une origine humaine ===
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{{Article détaillé|Controverses sur le réchauffement climatique}}
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Bien qu'il existe un fort consensus dans la communauté scientifique sur le rôle prédominant des activités humaines dans le réchauffement climatique du dernier demi-siècle, sa probabilité étant estimée à plus de 90%<ref name=GIEC2007verylikely/> par le dernier rapport du GIEC en 2007, certaines personnalités contestent encore tout ou partie de cette thèse et attribuent le réchauffement à des causes naturelles<ref>[http://www.pensee-unique.fr/NIPCC_VF_04.pdf Report of the nongovernmental international panel on climate change]</ref>, liées à l'activité du Soleil. La réalité du réchauffement climatique n'est, à quelques exceptions près, plus mise en doute. Les critiques et controverses portent aujourd'hui principalement sur les causes de ce réchauffement (voir l'article [[Controverses sur le réchauffement climatique]]), sur ses conséquences (voir le paragraphe [[Réchauffement climatique#Poursuite du réchauffement climatique|Poursuite du réchauffement climatique]] plus bas) et sur les actions à mener pour lutter contre ce réchauffement (voir la section [[Réchauffement climatique#Réponses des États, collectivités, entreprises, citoyens face à la menace climatique|Réponse des États]] plus bas).
 +
 +
== Prévisions ==
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=== Modèles climatiques ===
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 +
La [[prévision numérique du temps|prévision]] par les scientifiques de l’évolution future du climat a été rendue possible par l'utilisation de [[Modèle mathématique|modèles mathématiques]] traités par [[informatique]] sur des [[superordinateur]]s<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
|url=http://sawww.epfl.ch/SIC/SA/publications/FI98/fi-sp-98/sp-98-page103.html
 +
|titre=La modélisation numérique du climat: un outil en pleine évolution
 +
|auteur=Hervé Le Treut
 +
|date=1{{e}} septembre 1998
 +
|éditeur=[[École polytechnique fédérale de Lausanne]]
 +
|consulté le=2008-07-31}}</ref>. Ces modèles, dits de [[Circulation atmosphérique|circulation générale]], reposent sur les lois générales de la [[thermodynamique]] et simulent les déplacements et les températures des masses atmosphériques et océaniques. Les plus récents prennent aussi en compte d'autres phénomènes, comme le [[cycle du carbone]].
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 +
Ces modèles sont considérés comme valides par la communauté scientifique lorsqu'ils sont capables de simuler des variations connues du climat, comme les variations saisonnières, le phénomène [[El Niño]], ou l'[[oscillation nord-atlantique]]. Les modèles les plus récents simulent de façon satisfaisante les variations de température au cours du {{s-|XX|e}}. En particulier, les simulations menées sur le climat du {{s-|XX|e}} sans intégrer l'influence humaine ne rend pas compte du réchauffement climatique, tandis que celles incluant cette influence sont en accord avec les observations<ref name=Collinsetautres/>.
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 +
Les modèles informatiques simulant le climat sont alors utilisés par les scientifiques pour prévoir l'évolution future du climat, mais aussi pour cerner les causes du réchauffement climatique actuel, en comparant les changements climatiques observés avec les changements induits dans ces modèles par différentes causes naturelles ou humaines.
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 +
Il existe des causes d'incertitudes dans le fonctionnement de ces modèles, de nature mathématique, informatique, physique, etc. Les trois principales sources d'incertitude mentionnées par les climatologues sont :
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* La modélisation des [[nuage]]s.
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* La simulation de phénomènes de [[micro-échelle|petite échelle]], comme les cellules [[orage]]uses, ou l'effet du relief sur la circulation atmosphérique.
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* La modélisation de l'interface océans/atmosphère
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De façon plus générale, ces modèles sont limités par les capacités de calcul des ordinateurs actuels et le savoir de leurs concepteurs, car la [[climatologie]] et les phénomènes à modéliser sont d’une grande complexité. Les investissements budgétaires importants nécessaires sont aussi un aspect non négligeable de la recherche dans le domaine du réchauffement climatique. Malgré ces limitations, le [[GIEC]] considère les modèles climatiques comme des outils pertinents pour fournir des prévisions utiles du climat.
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=== Poursuite du réchauffement climatique ===
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[[Image:Global Warming Predictions fr.png|250px|right]]
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[[Image:Global Warming Predictions Map fr.jpg|250px|right]]
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Pour les climatologues regroupés au sein du [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]<ref>Le GIEC, (pour Groupement Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat), a été créé en 1988 par le G7. Il est désormais un organisme de l'ONU et rassemble plus de 3000 chercheurs agréés par plus de 140 États. Ce n'est pas un laboratoire de recherche. Il réalise à intervalle régulier des rapports synthétisant toutes les données sur le réchauffement planétaire. L'avant-dernier rapport complet publié par le GIEC est paru en 2001. [[quatrième rapport du GIEC|Un nouveau rapport, le quatrième,]] est sorti en 2007. Son résumé destiné aux décideurs est disponible sur le site du [[GIEC]] :
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{{fr}}[http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf ''Changements Climatiques 2007 Rapport de synthèse''] </ref>{{,}}<ref name="Site-GIEC">{{fr}}{{Lien web
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|éditeur=[[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]
 +
|titre=Site du GIEC
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|auteur=
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|consulté le=2008-08-01
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|url=http://www.ipcc.ch/languages/french.htm
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|date=}}</ref> ([[:en:IPCC|IPCC]] en anglais), l'augmentation des températures va se poursuivre au cours du {{XXIe siècle}}. L'ampleur du réchauffement attendu le plus probable est de 1,8 à 3,4 [[degré Celsius|degrés Celsius]].
 +
 +
Les incertitudes quant à l'ampleur du réchauffement attendu ont deux sources :
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* les incertitudes liées aux modèles (voir plus haut) ;
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* et les incertitudes sur le comportement de l'humanité au cours du {{XXIe siècle}}. Afin de prendre en compte ce dernier paramètre dans leurs prédictions, les climatologues du [[GIEC]] ont utilisé une famille de 40 scénarios d'émission de gaz à effet de serre détaillés dans le SRES<ref>{{en}}{{Lien web
 +
|éditeur=[[Programme des Nations unies pour l'environnement]]
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|titre=Special report on Emission Scenarios
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|auteur=Nebojsa Nakicenovic, et al.
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|consulté le=2008-08-01
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|url=http://www.grida.no/climate/ipcc/emission/
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|date=}}</ref>. Dans certains scénarios, la croissance de la population humaine et le développement économique sont forts, tandis que les sources d’énergie utilisées sont principalement fossiles. Dans d’autres scénarios, un ou plusieurs de ces paramètres sont modifiés, causant une moins forte consommation des énergies fossiles, et une moins forte production de gaz à effet de serre. Les scénarios utilisés comme hypothèse de travail pour l’élaboration du troisième rapport du [[GIEC]] (2001) ne prennent pas en compte l’éventualité d’une modification intentionnelle des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
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Les incertitudes liées au fonctionnement des modèles sont mesurées en comparant les résultats de plusieurs modèles pour un même scénario, et en comparant les effets de petites modifications des scénarios d’émission dans chaque modèle.
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Les variations observées dans les simulations climatiques sont à l'origine d'un éparpillement des prévisions de l'ordre de 1,3 à 2,4 degrés, pour un scénario (démographique, de croissance, de « mix énergétique mondial », etc.) donné. Le type de scénario envisagé a un effet de l’ordre de 2,6 degrés sur le réchauffement climatique simulé par ces modèles et explique une bonne partie de la marge d’incertitude existant quant à l’ampleur du réchauffement à venir.
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Les prévisions d'augmentation de température pour l'horizon 2100 données par le [[GIEC]] (SPM du AR4 2007) s'échelonnent de 1,1 à 6,3 °C. Les experts du [[GIEC]] affinent leurs prévisions en donnant des valeurs considérées comme « les meilleures estimations », ce qui permet de réduire la fourchette de 1,8 à 4,0 °C. Et en éliminant le scénario A1F1, considéré comme irréaliste, l'augmentation de température serait comprise entre 1,8 et 3,4 °C.
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{| class="wikitable" align="center" border="1" width="180"
 +
| colspan="3" align="center" style="background:#B3B7FF" |Les quatre familles de scénario<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
|url=http://www.cics.uvic.ca/scenarios/index.cgi?F_Infos
 +
|titre=Foire aux questions
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|éditeur=Projet canadien de répercussions climatiques
 +
|consulté le=2008-08-01}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Lien web
 +
|éditeur=[[Programme des Nations unies pour l'environnement]]
 +
|titre=IPCC Special Report on Emissions Scenarios, Chapter 4: An Overview of Scenarios / 4.2. SRES Scenario Taxonomy / Table 4- 2: Overview of SRES scenario quantifications.
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|auteur=Nebojsa Nakicenovic, et al.
 +
|consulté le=2008-08-01
 +
|url=http://www.grida.no/climate/ipcc/emission/091.htm#4.2.1.
 +
|date=}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Lien web
 +
|éditeur=[[Programme des Nations unies pour l'environnement]]
 +
|titre=Figure 2.11: Schematic illustration of SRES scenarios (IPCC)
 +
|auteur=Nebojsa Nakicenovic, et al.
 +
|consulté le=2008-08-01
 +
|url=http://www.grida.no/climate/ipcc_tar/wg3/081.htm
 +
|date=}}</ref> du quatrième rapport et les prévisions des hausses de températures globales moyennes en 2100
 +
|-
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|<center><small>Source : GIEC<ref name="Site-GIEC">{{en}}{{Lien web
 +
|auteur=[[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]
 +
|titre=IPCC WG1 AR4 Report
 +
|éditeur=[[UCAR]]
 +
|consulté le=2008-08-01
 +
|url=http://ipcc-wg1.ucar.edu/wg1/wg1-report.html
 +
|date=}}</ref></small></center>
 +
|<br/><small>Objectifs&nbsp;plus&nbsp;économiques</small>
 +
|<br/><small>Objectifs&nbsp;plus&nbsp;environnementaux</small>
 +
|- valign="middle"
 +
|[[Globalisation]]<br /><small>(Monde&nbsp;homogène)</small>
 +
| align="center" |'''A1'''<br /> <small>Croissance&nbsp;économique&nbsp;rapide</small><br /><small>(groupes:&nbsp;A1T/A1B/A1Fl)</small><br />'''1.4 - 6.4 °C'''
 +
| align="center" | '''B1'''<br /><small>Durabilité environnementale globale</small><small>&nbsp; </small><br />'''1.1 - 2.9 °C'''
 +
|- valign="middle"
 +
|[[Régionalisation]]<br /><small>(Monde&nbsp;hétérogène)</small>
 +
| align="center" | '''A2'''<br /><small>Développement&nbsp;économique<br />avec une orientation&nbsp;régionale</small><br />'''2.0 - 5.4 °C'''
 +
| align="center" | '''B2'''<br /><small>Durabilité environnementale locale</small><br />'''1.4 - 3.8 °C'''
 +
|}
 +
 +
Les scientifiques du [[GIEC]] considèrent que ces prédictions sont les meilleures prédictions actuellement possibles, mais qu'elles sont toujours sujettes à des réajustements ou à des remises en cause au fur et à mesure des avancées scientifiques. Ils considèrent qu'il est nécessaire d'obtenir des modèles plus réalistes et une meilleure compréhension des phénomènes climatiques, ainsi que des incertitudes associées.
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 +
Cependant, de nombreux climatologues pensent que les améliorations à court terme apportées aux modèles climatiques ne modifieront pas fondamentalement leurs résultats, à savoir que le réchauffement planétaire va continuer et que son ampleur sera plus ou moins importante en fonction de la quantité de gaz à effet de serre émis par les activités humaines au cours du {{XXIe siècle}}, et ce en raison de l'inertie des systèmes climatiques à l'échelle planétaire.
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Les derniers articles scientifiques montrent que l'année 2005 a été la plus chaude de toute l'histoire de la météorologie, que le réchauffement s'accélère (0,8 °C en un siècle, dont 0,6 °C sur les trente dernières années), mais aussi d'après l'analyse de sédiments marins, que la chaleur actuelle se situe dans le haut de l'échelle des températures depuis le début de l'[[holocène]], c’est-à-dire {{formatnum:12000}} ans<ref>« Le climatologue James Hansen prédit un sombre avenir à la Terre », ''Le Monde'' du 28 septembre 2006.</ref>.
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== Conséquences environnementales à prévoir ==
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Les modèles utilisés pour prédire le réchauffement planétaire futur peuvent aussi être utilisés pour simuler les conséquences de ce réchauffement sur les autres paramètres physiques de la terre, comme les calottes de glace, les précipitations ou le niveau des mers. Dans ce domaine, un certain nombre de conséquences du réchauffement climatique sont l'objet d'un consensus parmi les climatologues.
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=== La montée des eaux ===
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Une des conséquences du réchauffement planétaire sur lesquelles s'accordent les scientifiques est une [[Transgression marine|montée du niveau]] des océans. Deux phénomènes engendrent cette élévation :
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*l'augmentation du volume de l'eau due à son réchauffement ([[dilatation thermique]]),
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*et l'ajout d'eau supplémentaire provenant de la fonte des calottes glaciaires continentales.
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Selon le troisième rapport du [[GIEC]], le niveau de la mer s'est élevé de 0,1 à 0,2 m au {{s-|XX|e}}. La montée du niveau des eaux est due principalement au réchauffement des eaux océaniques et  à leur [[dilatation thermique]]. L'effet de la fonte des glaciers ne se ferait sentir qu'à beaucoup plus long terme, et celle des calottes polaires à l'échelle de plusieurs siècles ou millénaires<ref name=CalottePolaire>
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{{Ouvrage
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|auteur=Frédéric Denhez
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|titre=Atlas du réchauffement climatique
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|éditeur=Autrement
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|date=2007
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|pages=54-55}}
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</ref>. De même que pour les températures, les incertitudes concernant le niveau de la mer sont liées aux modèles, d'une part, et aux émissions futures de gaz à effet de serre, d'autre part. Cependant, les incertitudes dues aux modèles sont plus fortes.{{no-ref}}
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L'élévation entre 1993 et 2003 est estimée à 3,1 mm par an (plus ou moins 0,7 mm)<ref name=Collinsetautres/>. L’élévation prévue du niveau de la mer en 2100 est de 18 cm à 59 cm, selon le 4{{e}} rapport du [[GIEC]]<ref name=monteemer>{{Lien web
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  |url=http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr.pdf
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  |titre= Climate Change 2007: Synthesis Report (Rapport 2007 du GIEC)
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  |date=2007
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  |éditeur=[[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]
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  |page=23
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  |consulté le=2008-07-30 }}</ref>. Elle pourrait être de 2 mètres en 2300.
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=== Les précipitations ===
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Selon le dernier rapport du [[GIEC]], une augmentation des précipitations aux latitudes élevées est très probable et une diminution est, elle, probable dans les régions subtropicales, poursuivant une tendance déjà constatée<ref>IPCC's "Climate Change 2007", "Climate Change 2007: The Physical Science Basis", Issued Feb. 2. IPCC's Working Group I. Page 16 :''Since the TAR, there is an improving understanding of projected patterns of precipitation. Increases in the amount of precipitation are very likely in high latitudes, while decreases are likely in most subtropical land regions (by as much as about 20% in the A1B scenario in 2100, see Figure SPM.7), continuing observed patterns in recent trends''</ref>.
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=== La circulation thermohaline ===
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La [[circulation thermohaline]] désigne les mouvements d'eau froide et salée vers les fonds océaniques qui prennent place aux hautes latitudes de l’hémisphère nord. Ce phénomène serait, avec d'autres, responsable du renouvellement des eaux profondes océaniques et de la relative douceur du climat européen.
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En cas de réchauffement climatique, le moteur qui anime les courants marins serait menacé. Effectivement, les courants acquièrent leur [[énergie cinétique]] lors de la plongée des eaux froides et salées, et donc denses, dans les profondeurs de l'océan Arctique. Or, l'augmentation de la température devrait accroître l'évaporation dans les régions tropicales et les précipitations dans les régions de plus haute latitude. L'océan Atlantique, en se réchauffant, recevrait alors plus de pluies, et en parallèle la calotte glaciaire pourrait partiellement fondre (voir [[Événement de Heinrich]])<ref>Frédéric Parrenin et Catherine Ritz, ''Les calottes polaires sont-elles en train de fondre'', Dossier Pour la Science, Climat, comment éviter la surchauffe, janvier-mars 2007, p.24-25</ref>. Dans de telles circonstances, une des conséquences directes serait un apport massif d’eau douce aux abords des pôles, entraînant une diminution de la salinité marine et donc de la densité des eaux de surface. Cela peut empêcher leur plongée dans les abysses océaniques. Ainsi, les courants tels que le [[Gulf Stream]] pourraient ralentir ou s'arrêter, et ne plus assurer les échanges thermiques actuels entre l'équateur et zones tempérées. Pour le {{s-|XXI|e}}, le [[GIEC]] considérait dans son rapport 2007 comme très probable un ralentissement de la circulation thermohaline dans l'Atlantique, mais comme très improbable un changement brusque de cette circulation<ref>{{fr}}{{Lien web 
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|url=http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf
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|titre=rapport 2007 du GIEC
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|éditeur=GIEC
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|date=2007
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|consulté le=2008-08-06}}, p.24</ref>.
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Selon certaines thèses{{refnec}}, un phénomène d'arrêt du Gulf Stream, dû au réchauffement climatique, pourrait engendrer un effet paradoxal : par son inégale distribution de la chaleur, une [[ère glaciaire]] en Europe et dans les régions à hautes latitudes. En effet, l'Europe se situe à la même latitude que le Québec, et la seule différence de climat semble résider dans le fait que l'Europe profite de l'apport thermique du Gulf-Stream. L’équateur, à l'inverse, accumulerait alors une chaleur harassante stimulant de ce fait la formation continuelle d'[[Cyclone tropical|ouragans]] amenant des précipitations de grande ampleur.
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Cette hypothèse d'un refroidissement de l'Europe qui suivrait le réchauffement global n'est cependant pas validée. En effet, il n'est nullement établi que le [[Gulf Stream]] soit la seule cause des hivers doux en Europe. Ainsi, Richard Seager a publié en 2002 une étude scientifique sur l'influence du [[Gulf Stream]] sur le climat<ref>{{en}}{{Lien web
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|url=http://www.ldeo.columbia.edu/res/div/ocp/gs/
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|titre=Climate mythology : The Gulf Stream, European climate and Abrupt Change
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|éditeur=Lamont-Doherty Earth Observatory, [[Université Columbia]]
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|auteur=Richard Seager
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|date=7 juin 2007
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|consulté le=2008-08-03}}</ref>. Ses conclusions sont sans appel : l'effet du [[Gulf Stream]] est, selon lui, un mythe et a un effet mineur sur le climat en Europe. La différence entre les températures hivernales entre l'Amérique du Nord et l'Europe est dû au sens des vents dominants (vent continental glacial du nord sur la côte est de l'Amérique du Nord et vent océanique de l'ouest en Europe) et à la configuration des [[Montagnes Rocheuses]]. Même en cas d'arrêt du Gulf Stream, le climat de l'Europe occidentale serait comparable à celui de la côte Ouest des Etats-Unis plutôt qu'à celui de la côte Est<ref>Bruno Voituriez, ''Le Gulf Stream et le climat'', Dossier Pour la Science, Climat, comment éviter la surchauffe, Janvier-mars 2007, p.21-23</ref>.
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=== Glaces et couverture neigeuse ===
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[[Image:Kilimanjaro glacier retreat.jpg|thumb|300px|Changement de l'accumulation des neiges au sommet du [[Kilimandjaro]], première photo prise le 17 février 1993, la seconde le 21 février 2000. Le Kilimandjaro a perdu 82% de son glacier durant le {{s-|XX|e}} et celui-ci devrait disparaître en 2020<ref>[http://earthobservatory.nasa.gov/Newsroom/NewImages/images.php3?img_id=10856 Source: NASA]</ref>. Le recul des glaciers de montagne, notamment à l'Ouest de l'Amérique du Nord, en Asie, dans les Alpes, en Indonésie, en Afrique (dont le Kilimanjaro), et dans des régions tropicales et subtropicales d'Amérique du Sud, a été utilisé comme preuve qualitative de l'élévation des températures globales depuis la fin du {{s-|XIX|e}} par le [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]] dans son rapport de 2001.<ref>
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{{en}} {{Lien web
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| auteur=Intergovernmental panel on climate change
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| titre=2.2.5.4 Mountain glaciers
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| série=Climate Change 2001 (Working Group I: The Scientific Basis)
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| url=http://www.grida.no/climate/ipcc_tar/wg1/064.htm
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| consulté le=14 février 2006
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}}
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</ref>&nbsp;<ref>
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{{en}} {{Lien web
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| auteur=National Snow and Ice Data Center
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| titre=Global glacier recession
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| série=GLIMS Data at NSIDC
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| url=http://nsidc.org/data/glims/glaciermelt/index.html
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| consulté le =14 février 2006
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}}
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</ref>. Le cas particulier des glaces du Kilimandjaro, qui a été controversé<ref>{{en}}{{Lien web
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|url=http://uwnews.washington.edu/ni/article.asp?articleID=34106
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|titre= The woes of Kilimanjaro: Don't blame global warming
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|éditeur=[[Université de Washington]]
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|auteur=Vince Stricherz
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|date=11 juin 2007
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|consulté le=2008-08-03}}</ref>{{,}}<ref>{{fr}}{{Périodique
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|texte=http://www.spectrosciences.com/spip.php?breve452
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|titre= Neiges du Kilimandjaro : le réchauffement climatique innocenté
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|journal=[[Pour la Science]]
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|auteur=Philip Mote et Georg Kaser
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|date=7 décembre 2007
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|consulté le=2008-08-03}}</ref>, a été remis en question dans le rapport du GIEC de 2007 et est un bon exemple de la complexité du réchauffement climatique et de la circonspection nécessaire dans l'analyse des données.]]
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Les scientifiques du [[GIEC]] prévoient, pour le {{s-|XXI|e}} une diminution de la couverture neigeuse, et un retrait des banquises. Les glaciers et calottes glaciaires de l'hémisphère nord devraient aussi continuer à diminuer, les glaciers situés à moins de 3400 mètres d'altitude pouvant être amenés à disparaître<ref>Christian Vincent et Delphine Six, ''Les glaciers de montagne sont-ils menacés ?'', Dossier Pour la Science, Climat, comment éviter la surchauffe ?, janvier-mars 2007, p.28-29</ref>.
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En revanche, l'évolution de la calotte glaciaire antarctique au cours du {{s-|XXI|e}} est plus difficile à prévoir.
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Une équipe de chercheurs a récemment mis en évidence un lien entre l'activité humaine et l'effondrement de plates-formes de glace dans l'Antarctique<ref>[http://www.futura-sciences.com/news-effondrement-plate-forme-glaciaire-larsen-rechauffement-anthropique_9821.php  Plus d'information sur le site de Futura-sciences]</ref>. Les réchauffements locaux seraient dus à un changement de direction des vents dominants, cette modification étant elle-même due à l'augmentation de la concentration de l'air en gaz à effet de serre et la dégradation de la couche d'ozone en Antarctique à cause des CFC d'origine humaine<ref>{{en}}{{Lien web
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|url=http://www.commondreams.org/headlines06/1016-07.htm
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|titre=Antarctic Ice Collapse Linked to Greenhouse Gases
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|éditeur=[[Reuters]]
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|auteur=Alister Doyle
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|date=16 octobre 2006
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|consulté le=2008-08-03}}</ref>.
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Toutefois, selon une lettre envoyée au journal Nature, ces réchauffements ne s'observent que localement. En effet, l'Antarctique connait globalement un climat de plus en plus froid et sa couverture glacée est en expansion, les élévations de la température dans ces secteurs très froids se révélant favorables à une augmentation des précipitations neigeuses donc à terme, à une augmentation des volumes de glace<ref name="Doran">{{en}}{{Périodique
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|consulté le=2008-08-03
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|texte=http://climate.weather.com/blog/9_14644.html?cm_ven=one_deg_blog&cm_ite=one_deg_commentary&from=one_deg_commentary
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|titre= Antarctic climate cooling and terrestrial ecosystem response
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|journal=[[Nature]]
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|auteur=Peter T. Doran, et al.
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|date=31 janvier 2002
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|no=415
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|pages=517-520
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|doi:10.1038/nature710
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}}</ref>.
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Cependant, la quantité de glace de l'Antarctique déversée dans les mers a augmenté de 75% durant les dix années qui précèdent 2008<ref name="Doran"/>. Ce phénomène risque de s'amplifier en raison de la disparition de la banquise qui cesse alors d'opposer un obstacle au déversement des glaciers dans l'océan<ref name=RobinBell/>.
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=== Conséquences brusques ou irréversibles ===
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Le quatrième rapport d'évaluation du [[GIEC]] énonce que « le réchauffement anthropique de la planète pourrait entraîner certains effets qui sont brusques ou irréversibles, selon le rythme et l'ampleur des changements climatiques »<ref name=irreversible>{{fr}}{{Lien web 
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|url=http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf
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|titre=rapport 2007 du GIEC, p.24
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|éditeur=GIEC
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|date=2007
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|consulté le=2008-08-06}}
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</ref>.
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* La perte partielle des glaciers polaires pourrait impliquer plusieurs mètres d'élévation du niveau des mers, des changements majeurs dans les côtes et des inondations dans les zones basses, avec des effets plus grands dans les deltas et les îles de faible altitude. Ces phénomènes s'étendraient sur plusieurs millénaires mais il n'est pas exclu que le niveau de la mer s'élève plus rapidement que prévu en quelques siècles<ref name=irreversible/>.
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* Environ 20 - 30% des espèces évaluées à ce jour sont susceptibles d'être exposées à un risque accru d'extinction si l'augmentation du réchauffement mondial moyen dépasse 1,5-2,5 °C (par rapport à 1980-1999). Avec une augmentation de la température mondiale moyenne supérieure d'environ 3,5 °C, les projections des modèles indiquent des extinctions (de 40 à 70% des espèces évaluées) dans le monde entier<ref name=irreversible/>. En juin 2008, les Etats-Unis ont inscrit l'[[ours polaire|ours blanc]] d'Alaska sur la liste des espèces menacées<ref>{{fr}}{{Lien web 
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|url=http://www.lefigaro.fr/sciences/2008/05/16/01008-20080516ARTFIG00131-l-ours-polaire-sur-la-liste-des-especes-menacees.php
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|titre=L'ours polaire sur la liste des espèces menacées
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|éditeur=Le Figaro
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|date=2008-05-15
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|consulté le=2008-08-08}}</ref>.
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* Certains, comme le climatologue James Hansen, estiment que « la Terre pourrait avoir dépassé le seuil dangereux de CO2, et la sensibilité de la planète au dioxyde de carbone est bien plus importante que celle retenue dans les modèles<ref>{{en}}{{Lien web
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|url=http://www.columbia.edu/~jeh1/2008/TargetCO2_20080407.pdf
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|auteur=James Hansen et al.
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|titre=Target Atmospheric CO2: Where should Humanity Aim?
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|citation= Cité par Stéphane Foucart dans [[Le Monde]] du 11 avril 2008
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|éditeur=[[Université Columbia]]
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|date=7 avril 2008}}{{pdf}}</ref> ».
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=== Des phénomènes à très long terme ===
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La majorité des climatologues pensent que les phénomènes induits par l'émission des gaz à effet de serre vont se poursuivre et s'amplifier. Le troisième rapport du [[GIEC]] insiste en particulier sur les points suivants :
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* Certains gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone, ont une espérance de vie longue, et influent donc sur l'effet de serre longtemps après leur émission (durée supérieure à {{formatnum:1000}} ans pour le CO<sub>2</sub> selon le quatrième rapport) ;
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* De par l'inertie du système climatique, le réchauffement planétaire se poursuivra après la stabilisation de la concentration des gaz à effet de serre. Ce réchauffement devrait cependant être plus lent ;
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* L'inertie, plus grande encore, de la masse océanique fait que l'élévation du niveau des mers se poursuivra même après la stabilisation de la température moyenne du globe. La fonte de calottes glaciaires, comme celle du [[Groenland]], sont des phénomènes se déroulant sur des centaines voire des milliers d'années<ref name=CalottePolaire/>.
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=== Rétroactions ===
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Les scientifiques nomment ainsi des emballements du système climatique lorsqu'un seuil est dépassé. On parle aussi de [[bombe à carbone]].
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<br />De telles rétroactions ont déjà été observées lors de précédents réchauffements climatiques, à la fin d'une ère glaciaire ; le climat peut ainsi, en quelques années, se réchauffer de plusieurs degrés. Un exemple concerne les hydrates de méthane. Le [[méthane]] (CH<sub>4</sub>, qui n'est autre que le gaz naturel, à quelques « impuretés » près), est un gaz à effet de serre 23 fois plus réchauffant que le CO<sub>2</sub>. Il se forme lorsque la décomposition de la matière organique s'effectue avec un manque d'oxygène, et sous l'action de bactéries, un processus nommé [[méthanisation]]. Les sols humides (marais) sont très propices à cette création de méthane, qui est alors libéré dans l'atmosphère (cela peut donner lieu à des inflammations spontanées et l'on peut observer des [[Feu follet|feux follets]]). Si le sol est de plus gelé, le méthane reste piégé dans la glace sous la forme d'[[Hydrate de méthane|hydrates de méthane]]. Le sol de Sibérie est ainsi un immense réservoir de méthane (sans doute trop diffus pour être exploité industriellement) : le département des études géologiques des USA a évalué que ce réservoir pouvait être de la même ampleur que tout le gaz, le [[pétrole]] et le charbon réunis. Cependant, le magazine ''Science & Vie'' d'avril 2006 donnait plutôt comme valeur {{Unité|1400|Gt}}, comparativement à {{Unité|5000|Gt}} pour l'ensemble des combustibles fossiles. Si le sol se réchauffe, la glace fond et libère le méthane déjà présent initialement, ce qui a pour conséquence un effet de serre plus marqué, et par suite un emballement du réchauffement climatique, qui fait fondre la glace encore plus vite... d'où le nom de rétroaction.
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Une autre rétroaction serait le ralentissement et la modification des courants océaniques. L'océan capte aujourd'hui le tiers du CO<sub>2</sub> émis par les activités humaines. Mais si les courants océaniques ralentissent, les couches d'eau superficielles peuvent se saturer en CO<sub>2</sub> et ne pourraient plus en capter comme aujourd'hui. La quantité de CO<sub>2</sub> que peut absorber un litre d'eau diminue à mesure que l'eau se réchauffe. Ainsi, de grandes quantités de CO<sub>2</sub> peuvent être relarguées si les courants océaniques sont modifiés. En outre, l'accumulation de CO<sub>2</sub> dans les océans conduit à l'[[Acidification de l’océan|acidification]] de ces derniers, ce qui affecte l'écosystème marin et peut induire à long terme un relarguage de CO<sub>2</sub> .
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Les moteurs de la circulation océanique sont de deux types : l'eau en se rapprochant des pôles se refroidit et devient donc plus dense. De plus, l'eau de mer qui gèle rejette son sel dans l'eau liquide (la glace est constituée d'eau douce), devenant au voisinage des calottes glaciaires encore plus dense. Cette eau plonge donc et alimente la pompe : l'eau plus chaude de la surface est aspirée. L'eau du fond (froide) remonte dans les zones des tropiques et/ou équatoriales et se réchauffe, ceci en un cycle de plus de {{formatnum:1000}} ans.
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Si les calottes de glace fondent, la pompe se bloque : en effet, l'eau qui plonge provient de la calotte et non plus de l'eau refroidie en provenance des tropiques. Un effet similaire est observé si les précipitations augmentent aux hautes latitudes (ce qui est prévu par les modèles) : l'eau qui plongera sera l'eau douce de pluie.
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À terme, une forte perturbation du [[Gulf Stream]] est envisageable.
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{{Article détaillé|Circulation thermohaline}}
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=== Conséquences du réchauffement climatique sur l'homme et la biosphère ===
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Au-delà des conséquences directes, physiques et climatiques, du réchauffement planétaire, celui-ci influera sur les [[écosystème]]s, en particulier en modifiant la [[biodiversité]]. Le déséquilibre naturel qui s'en suivra pourrait entraîner la disparition de plusieurs espèces animales et végétales. C'est une préoccupation que les états, dont la France<ref>{{fr}}{{Lien web
 +
|url=http://www.senat.fr/opecst/actes_biodiversite/actes_biodiversite0.html
 +
|titre=Actes de l'audition publique ''La biodiversité : l'autre choc''
 +
|éditeur=Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques
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|date=28 mars 2007
 +
|consulté le=2008-08-04
 +
|série=Les apports de la science et de la technologie au développement durable}}
 +
</ref>, commencent à prendre en compte. Pour l'ensemble des populations humaines, ces effets « physiques » et « écologiques » auront de fortes répercussions. La très grande complexité des systèmes écologiques, économiques et sociaux affectés par le réchauffement climatique ne permet pas de faire des prévisions chiffrées comme pour la modélisation physique de la terre. Cependant, certains points semblent faire consensus dans la communauté scientifique.
 +
 +
Au niveau biologique et écologique, un consensus scientifique a été atteint sur les points suivants :
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* Certaines espèces biologiques verront peut-être leur aire de répartition augmenter, mais le bilan du réchauffement climatique en termes de biodiversité sera négatif selon un certain nombre d'études <ref>{{en}}{{Périodique
 +
|texte=http://www.mnp.nl/bibliotheek/digitaaldepot/20040108nature.pdf
 +
|titre=Extinction risk from climate change which populations of a species currently persist in the face of
 +
|auteur=Chris D. Thomas, et al.
 +
|journal=[[Nature (journal)|Nature]]
 +
|date=8 janvier 2004
 +
|vol=427
 +
|consulté le=2008-08-04}}{{pdf}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Périodique
 +
|résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1046/j.1466-822X.2002.00307.x?cookieSet=1&journalCode=geb
 +
|titre=Assessing the vulnerability of species richness to anthropogenic climate change in a biodiversity hotspot
 +
|auteur=G.F. Midgley, L. Hannah, D. Millar, M.C. Rutherford et L.W. Powrie
 +
|éditeur=Wiley
 +
|journal=Global Ecology and Biogeography
 +
|vol=11
 +
|no=6
 +
|pages=445-451
 +
|date=11 décembre 2002
 +
|consulté le=2008-08-04}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Périodique
 +
|résumé=http://www.blackwell-synergy.com/doi/abs/10.1111/j.1523-1739.2006.00364.x
 +
|titre=Global Warming and Extinctions of Endemic Species from Biodiversity Hotspots
 +
|auteur=Jay R. Malcolm, Canran Liu, Ronald P. Neilson, Lara Hansens et Lee Hannah
 +
|journal=Conservation Biology
 +
|vol=20
 +
|no=2
 +
|pages= 538-548
 +
|date=24 février 2006
 +
|consulté le=2008-08-04}}</ref> et selon le consensus du 4{{e}} rapport du [[GIEC]] qui envisage la disparition de 40 à 70% des espèces évaluées<ref name=irreversible/> ;
 +
* Certains systèmes naturels seront plus affectés que d'autres par le réchauffement planétaire. Les systèmes les plus sensibles seraient : les [[glacier]]s, les [[récifs coralliens]], les [[mangroves]], les [[forêt boréale|forêts boréales]] et tropicales, les écosystèmes polaires et alpins, les prairies humides. Le blanchissement des récifs coralliens a été observé pour la première fois dès 1979 dans les Antilles<ref>{{en}}{{Périodique
 +
|résumé=http://www.sciencemag.org/cgi/content/abstract/240/4850/293
 +
|auteur=V. Ramanathan
 +
|titre=The greenhouse theory of climate change : a test by an inadvertent global experiment
 +
|journal= [[Science magazine|Science]]
 +
|vol=240
 +
|no=4850
 +
|date= 15 avril 1988
 +
|pages=293-299}}</ref>. Ce phénomène s'est développé régulièrement dans l'espace et le temps à des échelles toujours plus grandes, par exemple à l'échelle de l'océan Indien en 1998{{refnec}}. Si le réchauffement continue au rythme actuel, on craint une extinction de masse des récifs coralliens à l'échelle planétaire à partir de 2015/2020.
 +
* Les dommages causés aux systèmes naturels, que ce soit par leur ampleur géographique ou leur intensité, seront proportionnels à l’intensité et à la rapidité du réchauffement planétaire.
 +
 +
;Conséquences négatives pour l'humanité
 +
Le [[GIEC]] prévoit des conséquences négatives majeures pour l'humanité au {{s-|XXI|e}} :
 +
* Une baisse des rendements agricoles potentiels dans la plupart des zones tropicales et subtropicales ;
 +
* Une diminution des ressources en eau dans la plupart des régions sèches tropicales et subtropicales ;
 +
* Une diminution du débit des sources d'eau issues de la fonte des glaces et des neiges, suite à la disparition de ces glaces et de ces neiges.
 +
* Une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes comme les pluies torrentielles, les [[tempête]]s et les [[sécheresse]]s, ainsi qu'une augmentation de l'impact de ces phénomènes sur l'agriculture;
 +
* Une augmentation des [[Feu de forêt|feux de forêt]] durant des étés plus chauds ;
 +
* L'extension des zones infestées par des maladies comme le [[choléra]] ou le [[paludisme]]. Ce risque est fortement minimisé par le professeur spécialiste Paul Reiter<ref>{{en}}{{Lien web
 +
|url=http://www.iht.com/bin/print.php?id=4171294
 +
|auteur=Paul Reiter
 +
|date=11 janvier 2007
 +
|titre=Dangers of disinformation
 +
|journal=[[International Herald Tribune]]
 +
|consulté le=2008-08-04}}</ref> mais le gouvernement du [[Royaume Uni]] fait remarquer que ce professeur a choisi d'ignorer tous les rapports récents qui le contredisent<ref>{{en}}{{Lien web
 +
|url=http://www.publications.parliament.uk/pa/ld200506/ldselect/ldeconaf/71/71.pdf
 +
|auteur= [[House of Lords]]
 +
|éditeur= [[Gouvernement britannique]]
 +
|série=Select Committee on Economic Affairs
 +
|titre=Government Response to the Economics of Climate Change
 +
|date=novembre 2005
 +
|consulté le=2008-08-04}}{{pdf}}</ref> ;
 +
* Des risques d'inondation accrus, à la fois à cause de l'élévation du niveau de la mer et de modifications du climat ;
 +
* Une plus forte consommation d’énergie à des fins de climatisation ;
 +
* Une baisse des rendements agricoles potentiels aux latitudes moyennes et élevées (dans l'hypothèse d'un réchauffement fort).
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; Conséquences positives pour l'humanité
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Elles sont aussi associées au réchauffement prévu au {{s-|XXI|e}} :
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* Une plus faible mortalité hivernale aux moyennes et hautes latitudes (par opposition à une mortalité estivale plus élevée, comme par exemple la [[canicule de 2003]]) ;
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* Une augmentation éventuelle des ressources en eau dans certaines régions sèches tropicales et subtropicales mais une diminution des ressources dans les régions tempérées (notamment dans les régions de [[climat méditerranéen]]) ;
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* Une hausse des rendements agricoles potentiels dans certaines régions aux latitudes moyennes (dans l'hypothèse d'un réchauffement faible) ;
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* L'ouverture de nouvelles voies maritimes dans l’[[arctique canadien]] suite à la fonte des glaces dans le [[passage du Nord-Ouest]]<ref>{{fr}}{{Lien web
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|url=http://www.rfi.fr/actufr/articles/093/article_56506.asp
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|éditeur=[[Radio-France Internationale|RFI]]
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|titre=Le Passage du Nord-Ouest devient navigable
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|date=15 septembre 2007
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|auteur=
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|consulté le=2008-08-04}}</ref>.
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=== Les conséquences en France ===
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En ce qui concerne la France, l'élévation de température risque d'augmenter le nombre de [[canicule]]s en 2100 <ref name="MF">{{fr}}{{Lien web
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|url=http://secours-meteo-fr.axime.com/FR/climat/img/fig9.pdf
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|titre=Prévisions d’écart de température en France métropolitaine entre 2000 et 2100
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|éditeur=[[Météo-France]]
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|consulté le=2008-08-05
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|date=2007}}{{pdf}}</ref> . Alors que le nombre de jours de canicule est actuellement de 3 à 10 par an, il pourrait s'élever à une moyenne de 20 à 40 en 2100, rendant banale la canicule exceptionnelle de 2003<ref name="MF2">{{fr}}{{Lien web
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|url=http://secours-meteo-fr.axime.com/FR/climat/img/fig12.pdf
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|titre=Prévisions des canicules vers 2100
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|éditeur=[[Météo-France]]
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|consulté le=2008-08-05
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|date=2007}}{{pdf}}</ref> <ref>Jean-Marc Moisselin et Brigitte Dubuisson, ''Coup de chaud sur la France'', Dossier Pour la Science, Climat, comment éviter la surchauffe ? Janvier-mars 2007, p.30-33</ref>.
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Les précipitations seraient plus importantes en hiver, mais beaucoup moins en été. Les régions connaissant des durées de plus de 25 jours consécutifs sans pluie, actuellement limitées au sud-est de la France, s'étendraient à la moitié ouest du territoire<ref name="Denhez">{{fr}}{{Ouvrage
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|auteur=Frédéric Denhez
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|titre=Atlas du réchauffement climatique
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|présentation en ligne=http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?cid=96&m=3&id=43576&p1=6125&p2=&ref=17597
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|éditeur=Éditions Autrement
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|isbn=274670997X
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|consulté le=2008-08-05
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|date=mars 2007
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|volume=Supplément
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|passage=II-III}}</ref>.
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La végétation connaîtrait une remontée vers le nord. L'[[épicéa]] risquerait de disparaître du Massif Central et des Pyrénées. Le [[chêne]], très répandu dans l'est de la France, verrait son domaine réduit au Jura et aux Vosges, mais le [[pin maritime]], actuellement implanté sur la façade Ouest, s'étendrait sur la moitié ouest de la France et le [[chêne vert]] s'étendrait dans le tiers sud, marquant une étendue du climat méditerranéen<ref> cf. {{Guil|Atlas du réchauffement climatique}} p.IV-V</ref>{{,}}<ref>{{fr}}{{Lien web
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|url=http://www.nancy.inra.fr/la_science_et_vous/dossiers_scientifiques/rechauffement_climatique_et_forets_francaises/modelisation_des_aires_de_repartition_des_groupes_chorologiques
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|titre=Modélisation des aires de répartition des groupes chorologiques
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|éditeur=[[Institut national de la recherche agronomique|INRA]] de Nancy
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|consulté le=2008-08-05
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|date=30 mai 2008}} </ref>.
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Les cultures du midi méditerranéen, telles que celle de l'[[olivier]], pourrait s'implanter dans la vallée du Rhône. On peut désormais trouver des oliviers en tant qu'arbres d'ornement sur toute la façade sud-ouest de l'[[Océan atlantique]], et ce jusqu'en [[Vendée]]. Par contre, faute d'eau suffisante, la culture du [[maïs]] serait limitée à la partie nord et nord-est du territoire. Les céréales verraient leur rendement augmenter si l'élévation de température ne dépasse pas 2°C. Par contre, si elle était supérieure, les plantes cultivées auraient du mal à s'adapter et on pourrait craindre des difficultés agricoles<ref> cf. {{Guil|Atlas du réchauffement climatique}} p.VI</ref> <ref>Bernard Seguin, ''L'agriculture en Europe sous un climat plus chaud'', Dossier Pour la Science, climat, comment éviter la surchauffe, Janvier-mars 2007, p.52-55</ref>.
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Les chutes de neige seront moins abondantes entraînant un moindre approvisionnement en eau des fleuves, mais également des difficultés d'ordre économique pour l'économie de montagne. Par exemple, les stations de ski situées à moins de 1500 m d'altitude seraient amenées à fermer leurs pistes et à se reconvertir<ref>cf. {{Guil|Atlas du réchauffement climatique}}
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p. VII</ref>.
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== Conséquences humaines du réchauffement climatique ==
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{{Article connexe|Enjeux du réchauffement climatique}}
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Face au réchauffement climatique, l'Académie des Sciences américaine note, dans un rapport de 2002<ref>{{en}}{{Ouvrage
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|texte=http://www.nap.edu/books/0309074347/html
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|titre=Abrupt Climate Change: Inevitable Surprises
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|date=2002
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|éditeur= The National Academies Press
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|auteur=Committee on Abrupt Climate Change, National Research Council
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|page=244
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|isbn= 0-309-07434-7
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|isbn2= 978-0-309-07434-6
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|consulté le=2008-08-07}}</ref> : « il est important de ne pas adopter d'attitude fataliste en face des menaces posées par le changement de climat. (…) Les sociétés ont dû faire face à des changements du climat graduels ou abrupts durant des millénaires et ont su s'adapter grâce à des réactions diverses, telles que s'abriter, développer l'irrigation ou migrer vers des régions plus hospitalières. Néanmoins, parce que le changement du climat est destiné à continuer dans les prochaines décennies, dénier la possibilité d'événements climatiques abrupts ou minimiser leur impact dans le passé pourrait s'avérer coûteux. ».
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Nombre de chercheurs prédisent des conséquences désastreuses en cas d'un réchauffement de 1,5 à 7°C, mais la plupart estiment qu'en limitant le réchauffement global à 1°C, les conséquences seraient de grande ampleur mais resteraient acceptables.
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=== Submersion ===
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La montée du niveau de la mer, due essentiellement à la dilatation thermique des océans, est évaluée entre 18 et 59 cm d'ici 2100 par le [[quatrième rapport du GIEC|4{{e}} rapport]] du [[GIEC]]<ref name=monteemer/>. Elle inquiète les populations de certaines îles de l'[[océan Pacifique]] ou de l'[[océan Indien]] qui pourraient se voir complètement submergées. A ce phénomène de montée des eaux s'ajoute un phénomène encore plus important de subduction (enfoncement des terres dans l'Océan) (voir notamment l'article sur l'archipel des [[Tuvalu]] et les [[écoréfugié]]s).
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Mais cette montée des eaux apparemment minime menace également les 20% de la population mondiale vivant sur les littoraux.
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=== Agriculture et pêche ===
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L'accroissement de l'évaporation devrait augmenter localement la pluviosité, sauf dans les pays méditerranéens qui verraient la sècheresse s'accentuer<ref>c.f. {{Guil|Atlas du réchauffement climatique}}, p.52-53</ref>.
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Localement (hors des zones sèches et chaudes qui pourraient le devenir encore plus) et/ou dans un premier temps, un accroissement de la température conjoint à celui de la concentration de CO<sub>2</sub> dans l'air et les pluies,  des températures pourrait améliorer la productivité des écosystèmes. Le nord des États-Unis, le Canada, la Russie et les pays nordiques pourraient en profiter<ref>c.f. {{Guil|Atlas du réchauffement climatique}} p.60-61</ref>. Mais au delà d'un certain seuil, suite à des tests en laboratoire et en extérieur, les modèles du [[GIEC]] prédisent qu'un taux de CO<sub>2</sub> ne bénéficierait plus aux plantes, les effets négatifs pouvant alors l'emporter.
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Les satellites montrent que la productivité de l'[[hémisphère Nord]] a augmenté depuis 1982, du fait de ce réchauffement et de l'enrichissement de l'atmosphère en CO<sub>2</sub>, mais aussi en partie à cause de l'[[eutrophisation]] des écosystèmes, les engrais d'origine humaine (phosphates et nitrates notamment) étant entraînés là où ils ces substances étaient beaucoup plus rares autrefois. L'augmentation de la [[biomasse (écologie)|biomasse]] n'est par ailleurs pas nécessairement bénéfique et comporte le risque de s'accompagner d'une régression de la [[biodiversité]].
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Enfin, l'augmentation de l'[[évapotranspiration]] en été, liée à une productivité dopée par le CO<sub>2</sub>, pourrait augmenter la sensibilité d'un milieux aux sécheresses et aggraver de ce fait le risque d'incendies de forêts. On ignore aussi à partir de quand les écosystèmes (marins notamment) réagiront négativement à l'acidification des eaux qu'entraîne la dissolution de quantités croissantes d'[[acide carbonique]].
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Une augmentation de la biomasse totale ne compenserait probablement pas un recul d'espèces cultivées, pêchées et chassées. Le bilan global ne peut à ce jour être calculé, mais il pourrait être désavantageux, même dans les zones où les effets positifs se feraient le plus sentir. Pour le [[GIEC]], mis en balance avec les effets négatifs, ces quelques aspects positifs ne permettent pas de considérer le réchauffement climatique comme globalement bénéfique.
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=== L'accès à l'océan Arctique ===
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Une diminution des glaces polaires arctiques ouvrirait de nouvelles routes commerciales pour les navires, et rendrait accessibles des ressources sous-marines de pétrole ou de matières premières, mais avec des conséquences néfastes sur nombre d'espèces, dont plancton et poissons de haute valeur commerciale.
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L'accès à ces matières premières en des zones aujourd'hui non accessibles risque d'être source de conflit entre pays côtiers de l'océan Arctique<ref>{{Périodique
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|auteur=Jérôme Weiss
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|titre=Recul des banquises et réchauffement climatique
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|journal=[[Pour la Science]]
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|sous-titre=Dossier : climat, comment éviter la surchauffe
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|date=janvier-mars 2007
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|pages=26-27}}</ref>. Ainsi, les États-Unis et le Canada ont-ils protesté lorsque, le 2 août 2007, la Russie planta son drapeau au fond de l'océan sous le [[pôle Nord]].
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=== Économie ===
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Un [[Rapport Stern|rapport]] de 700 pages de sir [[Nicholas Stern]], économiste anglais, estime que le réchauffement climatique entraînerait une récession économique grave et en chiffre le coût économique à {{formatnum:5500}} milliards d'[[euro]]s<ref>{{fr}}{{Lien web
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|url=http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=economie/20061030.OBS7421.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/
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|titre=Réchauffement climatique : un rapport inquiétant
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|éditeur=nouvelobs.com
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|consulté le=24 novembre 2007}}</ref>.
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En 2007, pour la première fois, le  ''World monuments fund'' ([[WMF]], ''Fonds mondial pour les monuments'') a introduit les modifications climatiques dans la liste des menaces pour 100 sites, monuments et chefs d’œuvres de l’architecture menacés, les autres menaces principales étant les guerres et conflits politiques, et le développement industriel et urbain anarchique.
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=== Santé ===
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On redoute aussi les conséquences des phénomènes climatiques, non seulement sur l'économie, mais également sur la santé publique, et les experts en risque des compagnies d'assurance demandent que soit appliqué à ce sujet le [[principe de précaution]]{{refnec}}. Des estimations reconnues par le [[GIEC]] et par certains assureurs élèvent à 3,5 milliards le nombre de personnes qui pourraient être touchées par des [[pandémie]]s, la disparition de sources d'eau potable et d'autres impacts possibles{{refnec}}.
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Les changements climatiques pourront modifier la distribution géographique de certaines maladies infectieuses<ref>{{fr}}{{Lien web 
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|url=http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf
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|titre=rapport 2007 du GIEC
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|auteur=GIEC
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|date=2007
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|consulté le=2008-08-08}}, p.48</ref>.
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Des températures élevées dans les régions chaudes pourraient réduire l'extension du parasite responsable de la [[bilharziose]]. Mais le [[paludisme]] fait sa réapparition au nord et au sud des tropiques. Aux États-Unis, cette maladie était en général limitée à la Californie, mais depuis 1990, des épidémies sont apparues dans d'autres États, tels le Texas, la Floride, mais aussi New-York. Il est également réapparu dans des zones où il était peu fréquent, telles le sud de l'Europe et de la Russie ou le long de l'océan Indien. On constate également que les moustiques et les maladies qu'ils transmettent ont gagné en altitude<ref name="Epstein1">Paul Epstein, « Les risques de prolifération des maladies », Dossier Pour la Science, ''Climat, comment éviter la surchauffe ?'', Janvier-mars 2007, p. 40-45.</ref>.
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Sous les climats tempérés, le réchauffement climatique réduirait le nombre de décès induit par le froid ou les maladies respiratoires. Cependant, l'augmentation de la fréquences des canicules estivales augmenterait le nombre de décès en été. Il est difficile de savoir quel sera le bilan global, et si une diminution de l'espérance de vie en découlera<ref>Jean-Pierre Besancenot, ''Chaud devant, nos organismes soumis au réchauffement'', Dossier Pour la Science, ''Climat, comment éviter la surchauffe ?'', Janvier-mars 2007, p. 46-47.</ref>.
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=== Une déstabilisation géopolitique mondiale ===
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Selon un rapport de 2003 commandé par le [[Pentagone (États-Unis)|Pentagone]] et selon un rapport de 2007 de l'[[Programme des Nations unies pour l'environnement|UNEP]], le réchauffement climatique  pourrait entraîner des phénomènes de déstabilisation mondiale, avec des risques de guerre civile<ref>{{en}}{{pdf}}{{Lien web
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|url=http://www.wbgu.de/wbgu_jg2007_engl.pdf
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|titre=Climate Change as a Security Risk
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|auteur=R. Schubert, H. J. Schellnhuber, N. Buchmann, A. Epiney, R. Grießhammer, M. Kulessa, D. Messner, S. Rahmstorf et J. Schmid
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|année=2007
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|éditeur=www.wbgu.de
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|consulté le=10 décembre}}</ref>.
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== Réponses des États, collectivités, entreprises, citoyens face à la menace climatique ==
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[[Image:Kohlekraftwerk Mehrum Windräder.jpg|thumb|[[Centrale thermique]] et [[éolienne]]s. [[Peine (Allemagne)|Peine]], [[Basse-Saxe]], [[Allemagne]].]]
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La réalité du risque ou du phénomène fait maintenant presque consensus. [[Nicholas Stern]] en 2006 reconnaissait lui-même avoir sous-estimé l’ampleur du problème<ref name="Stern">{{en}}{{Ouvrage
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|auteur=Sir Stern Nicolas
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|titre=Review on the economics of climate change
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|date= novembre 2006
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|lire en ligne=http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm
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|éditeur=[[Gouvernement britannique]]}}</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{Lien web
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|url=http://www.planetark.com/dailynewsstory.cfm?newsid=48012&newsdate=17-Apr-2008
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|titre=Climate Expert Stern Says Underestimated Problem
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|date=17 avril 2008
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|auteur=[[Reuters]]
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|éditeur=Planetark.com
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|consulté le=2008-08-12}}</ref> : {{citation|La croissance des émissions de CO2 est beaucoup plus forte que prévue, les capacités d’absorption de la Planète se réduisent et la vitesse des changements climatiques est plus rapide qu’envisagée.}}
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Face au problème, trois approches se complètent ; lutte contre les émissions de GES, [[puits de carbone]], et adaptation.
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L'effort international a d'abord visé à réduire le CO<sub>2</sub> (gaz à longue durée de vie), alors qu'une action urgente sur les polluants à courte durée (dont le [[méthane]], l'[[ozone troposphérique]] et le « carbone noir ») pourrait mieux réduire le réchauffement de l'Arctique<ref>{{en}}{{Ouvrage
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|lire en ligne=http://www.nilu.no
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|titre=Atelier international de travail sur les polluants à courte durée de vie et le climat de l'Arctique
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|éditeur=Institut norvégien de recherche sur l'air (NILU)
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|date=5-7 novembre 2007
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|lieu=[[Oslo]]
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|commentaire=Il est conclu que réduire les polluants à courte durée de vie ([[méthane]] en particulier) serait quasi-immédiatement efficace sur la fonte de l'arctique.}} </ref>. La réduction du CO2 est aussi importante, mais ses effets se feront sentir à plus long terme (après 2100).
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*La [[prospective]] éclaire les gouvernements, entreprises et individus, qui grâce à la connaissance des tendances générales peuvent prendre des décisions politiques et stratégiques plus pertinentes pour limiter les impacts du changement climatique. Les rapports du [[GIEC]] sont la principale base d'information et discussions, dont dans le cadre du protocole de Kyoto et de ses suites (''Bali'', décembre 2007, etc.).
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L'augmentation prévue de 1,5°C à 7°C pour le siècle à venir, pourrait être moindre si des mesures environnementales sévères étaient prises ou qu'un réel compétiteur aux énergies fossiles émergeait. En dépit des succès dans le secteur des [[énergies renouvelables]], du [[nucléaire]] et surtout d'un changement de mode de vie et de consommation, la recherche n'a pas encore offert d'alternative à court terme aux carburants fossiles.  [[Énergie éolienne]], [[Énergie hydroélectrique]], [[Énergie géothermique]], [[Énergie solaire]], la méthanisation, l'énergie [[hydrolienne]], [[Pile à combustible]], [[Énergie nucléaire]], [[Stockage géologique du dioxyde de carbone]] sont néanmoins en rapide développement. Le gisement d'économies d'énergie est encore considérable.
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*La société civile propose aussi des réponses, notamment via les campagnes et actions de lobbying des [[organisation non gouvernementale|ONG]] et associations locales. En France, les [[Organisation non gouvernementale|ONG]] de protection de l’environnement et les [[Association à but non lucratif|associations]] concernées se sont regroupées au sein du [[Réseau Action Climat]] ([[RAC]]).
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=== Le Protocole de Ky?to ===
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{{Article détaillé|Protocole de Ky?to}}
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La Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques a été signée en [[1992]] lors du [[sommet de la terre]] à Rio de Janeiro. Elle est entrée en vigueur le 21 mars [[1994]]. Elle a été ratifiée à ce jour par 189 États, parmi lesquels figurent toutes les nations industrialisées à l'exception des États-Unis et de l'Australie. Les parties à la convention cadre sur les changements climatiques se sont fixés comme objectif de stabiliser la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à « un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du climat ».
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Les pays développés ont comme objectif de ramener leurs émissions de gaz à effet de serre en 2010 au niveau de 1990, cet objectif n'est pas légalement contraignant.
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En 1997, les parties à la Convention cadre sur les changements climatiques des Nations unies (UNFCCC) ont adopté le protocole de Ky?to, dont la nouveauté consiste à établir des engagements de réduction contraignants pour les pays dits de l'annexe B (pays industrialisés et en transition) et à mettre en place des mécanismes dit « de flexibilité » (marché de permis, mise en œuvre conjointe et mécanisme de développement propre) pour remplir cet engagement. Le protocole de Ky?to est entré en vigueur le 16 février 2005 suite à sa ratification par la Fédération de Russie.
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À la date de juillet 2006<ref>[http://unfccc.int/files/essential_background/kyoto_protocol/application/pdf/kpstats.pdf Kyoto Protocol, Status of ratification]</ref>, le protocole de Ky?to a été ratifié par 156 États. Les États-Unis et l'Australie (voir infra) ne sont pas signataires. Les [[États-Unis]], sont pourtant le premier émetteur mondial (20% des émissions de gaz à effet de serre). Les pays de l'annexe B se sont engagés à réduire leurs émissions de six gaz à effet de serre (CO<sub>2</sub>, CH<sub>4</sub>, N<sub>2</sub>O, SF<sub>6</sub>, HFC, PFC) de 5,2% en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990. Cet objectif représente en réalité une diminution d'environ - 20% par rapport au niveau d'émissions anticipé pour 2010 si aucune mesure de contrôle n'avait été adoptée. Les objectifs de réduction par pays vont d'une réduction de 8% pour l'[[Union européenne]] à une possibilité d'augmentation de 10% pour l'[[Islande]].
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Après la victoire des travaillistes aux élections législatives australiennes du 24 novembre 2007, le nouveau premier ministre Kevin Rudd a annoncé avoir ratifié le protocole de Ky?to<ref>[http://www.lesechos.fr/info/inter/300223180.htm L'Australie ratifie le protocole de Ky?to]</ref>.
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Des pays en voie de développement fortement contributeurs aux émissions comme l'[[Inde]], 5{{e}} émetteur mondial, et la [[Civilisation chinoise|Chine]], 1{{ère}} émettrice mondiale, n'ont pas d'objectifs de réduction car ils étaient considérés comme insuffisamment industrialisés et parce que leurs niveaux d'émissions ramenés au nombre d'habitants sont extrêmement faibles. Le mécanisme dit « de développement propre » (MDP), instauré par le protocole de Ky?to, permet aux investisseurs, en contrepartie d'un investissement propre dans un pays en développement, de gagner des « crédits carbone ». Ce mécanisme permet aux pays développés d’avoir accès aux réductions à bas coûts des pays en développement et donc de diminuer le coût de leur engagement. Il permet aux pays en développement de bénéficier d’investissements propres. Il encourage les transferts de technologie. Le MDP apparaît cependant insuffisant pour infléchir profondément les trajectoires d’émissions de ces pays. L’absence d’engagement de réduction des pays en développement est une des raisons avancées par les États-Unis pour justifier leur refus de ratifier le protocole. C'est pourquoi un des enjeux majeurs pour la période après Ky?to est de définir des modalités d'association de ces pays à l’effort commun de réduction.
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=== L’UE, pionnière dans la lutte contre les émissions de CO<sub>2</sub> ===
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L'[[Union européenne]] reste le 3{{e}} pollueur mondial après la [[République populaire de Chine|Chine]] et les États-Unis, mais dispose d'atouts pour lutter contre le réchauffement.
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L'UE a lancé en 2005 le [[marché de permis européen]] (1er marché de ''permis contraignant'' au niveau mondial). La [[Commission européenne]] va en 2007-2008 activer son observatoire de l'énergie, restée embryonnaire, et publier (prévu en 2007) un «'' Livre vert'' » sur [[Adaptation aux changements climatiques|l'adaptation de l'UE au changement climatique]], support de débat avant une prise de décision en 2008. La Directive sur le système européen d'échange de droits d'émission sera modifiée en 2008, pour inclure notamment les émissions de l'aviation. La proposition sur les limites d'émission des voitures (120g de CO<sub>2</sub> par km soit 12 kg de CO<sub>2</sub> / 100 km<ref>[http://www.7sur7.be/hlns/cache/fr/det/art_372294.html?wt.bron=hlnBottomArtikels ''L'UE entend plafonner les rejet de CO2 des voitures dès 2012'', 7sur7, 7 février 2007]</ref>; rappelons que chaque automobile parcourt en moyenne {{Unité|15000|km/an}}) devrait être publiée au second semestre de 2007. La DG Recherche doit proposer en novembre un plan européen, et des propositions de législation sur les piles à combustibles et les avions « propres ». Des appels d'offre sur l'énergie et le climat devraient être publiés avant mi 2007. Le 29 juin 2007, la commission publie et met en consultation un ''Livre vert'' sur la question et sur les possibilités d'action de l'UECOM(2007) 354 final) <ref>[http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/green_paper_fr.pdf Livre vert de la commission « Adaptation au changement climatique en Europe: les possibilités d’action de l’Union européenne] (EC(2007) 849)</ref>. Il prône à la fois l'adaptation et l'atténuation, l'amélioration des connaissances (y compris sur les besoins et coûts d’adaptation - Cf. 7{{e}} programme-cadre de recherche de l’UE (2007-2013), l’élaboration de stratégies et d’échanges de bonnes pratiques entre pays, de nouveaux produits assurantiels (« dérivés climatiques »,  « obligations catastrophe », l’adaptation des marchés européens des assurances (cf. directive «Solvabilité II») et des fonds «catastrophes naturelles » ainsi que des politiques agriculture et pêche, avec le développement d’une solidarité interne à l’UE et avec les pays extérieurs touchés. 50 millions € sont réservés par la Commission pour 2007-2010 pour favoriser le dialogue et l’aide à des mesures d’atténuation et d’adaptation ciblées, dans les pays pauvres. <br /> La France a également (juillet 2007) ''publié une Stratégie nationale d’adaptation au  changement climatique''<ref>Stratégie publie par par l’[[Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique]]</ref> et envisagerait une gouvernance adaptée<ref>[http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/D4E_LettreEvaluation_HS06_mai2007v2.pdf Les enjeux du changement climatique. Quelle gouvernance pour le climat ? Mai 2007]</ref>, notamment dans le cadre du [[Grenelle de l'Environnement]].
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L'UE dispose de ressources en éolien terrestre et offshore (déjà 66% de la puissance éolienne installée dans le monde en 2006, essentiellement au Danemark qui produit ainsi près de 40% de sa puissance électrique) devant les États-Unis (16%), l’Inde (8%) et le Japon (2%). , en technologies solaires et d'un tiers<ref>Source: AIEA</ref> du parc nucléaire mondial.  Cela la rend moins dépendante des énergies fossiles que la Chine et les Etats-Unis. La France, pays le plus ''nucléarisé'', reste cependant loin du record de 1961 où 51% de son énergie électrique venait du renouvelable (hydroélectrique) <ref>Source : livret d'accueil EDF</ref>.
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L'UE encourage aussi tous les acteurs à préparer leur [[adaptation au changement climatique]]<ref>[http://ec.europa.eu/environment/news/efe/climate/070717_climadapttn_fr.htm ''« Le changement climatique - S'adapter pour survivre »'' EUROPE,  22/02/08]</ref>.
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=== Les États-Unis, pour ou contre Ky?to ===
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{{Article détaillé|Protocole de Ky?to#Refus de l'administration Bush}}
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Premier ou deuxième pays pollueur selon les études, les [[États-Unis]] via l’administration de [[George W. Bush]] refusèrent de présenter de nouveau en juillet 2005 le traité pour ratification parce qu’ils considèrent que cela freinerait l’économie nationale et que le combat contre le réchauffement climatique doit se faire non pas avec une simple réduction des gaz à effet de serre, mais par une meilleure gestion de leur émission.
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De nombreux états des [[États-Unis]] ont néanmoins pris des mesures de restriction sur les gaz à effet de serre.
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==== Lutte contre le réchauffement climatique aux États-Unis ====
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{{Article détaillé |Politique environnementale des États-Unis d'Amérique}}
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[[Image:USDA windmills.jpg|thumb|Éoliennes au [[Texas]].]]
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Depuis [[2001]], les états du [[Texas]], de la [[Californie]], du [[New Hampshire]], ont instauré un dispositif de contrôle des émissions de gaz pour différents secteurs industriels et énergétiques. Le dispositif adopté par la Californie, qui s'appliquera à partir de 2009, prévoit réduire les émissions de gaz polluants de 22% en moyenne d'ici 2012 et de 30% d'ici 2016.
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En outre, le principe des marchés des [[bourse du carbone|permis d’émission]] consiste à accorder aux industriels « pollueurs » gratuitement, à prix fixe ou aux enchères, des quotas d'émissions de CO<sub>2</sub>, que ceux-ci peuvent ensuite s'échanger. Chaque émetteur de CO<sub>2</sub> doit alors vérifier qu’il détient autant de permis d'émission que ce qu'il va émettre. Dans le cas contraire, il se trouve contraint ou bien de diminuer ses émissions, ou bien d’acheter des permis. Inversement, si ses efforts de maîtrise des émissions lui permettent de posséder un excédent de permis, il peut les vendre.
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De tels procédés ont été réalisés pour réduire les [[pluies acides]] aux États-Unis et ont connu des succès (programme « ''Acid rain'' »). Ce système des marchés de permis d’émission fait partie du dispositif du [[Protocole de Ky?to]] qui à la date de juillet 2006<sup>[http://unfccc.int/files/essential_background/kyoto_protocol/application/pdf/kpstats.pdf]</sup> n'est toujours pas ratifié par les États-Unis.
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En [[2004]], le sénateur républicain [[John McCain]] et le démocrate [[Joseph Lieberman]] déposent un projet de loi visant à limiter les rejets dans l’atmosphère ; soutenu par les grandes entreprises Alcoa, [[DuPont de Nemours]] et [[American Electric Power]], il n’est pourtant pas adopté.
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Les États-Unis financent avec la Chine, le Japon, la Russie et l'UE, le projet ITER ([[International Thermonuclear Experimental Reactor]]), projet de recherche sur la fusion nucléaire contrôlée, mené à Cadarache (sud de la France).  Toutefois la production nette d'énergie par fusion nucléaire chaude reste à l'état d'espoir lointain: les prévisions les plus optimistes des partisans du projet parlent de plusieurs dizaines d'années.  Certains voient plus d'espoir dans la production d'énergie par [[réactions nucléaires en matière condensée]].
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Le [[8 juillet]] 2008, [[George Bush]] signe un texte engageant les États-Unis à réduire de moitié des émissions des [[Gaz à effet de serre|GES]] d'ici à [[2050]], à [[Toyako]] ([[Japon]]), dans le cadre d'une réunion du [[G8]].
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==== Exemples à l’échelle des États et de villes américain====
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[[Image:Windaltamont-cr.jpg|thumb|Éoliennes en Californie.]]
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Les décisions pour réduire les émissions de CO<sub>2</sub> sont prises par les états fédérés : en [[2005]], 18 de ces états obligeaient les producteurs d’électricité à utiliser en partie des sources d’énergie renouvelables<ref name="autogenerated2">Source : ''Libération'', 9 juin 2005, page 13</ref>.
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En [[2005]], les maires de 136 villes américaines, ont pris l'engagement d'appliquer les normes du protocole de Ky?to et à réduire d'ici 2012 leurs émissions de gaz à effet de serre de 7% par rapport à 1990<ref>Source: ''L'Express'', 4 juillet 2005</ref>.
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L'état du [[Nevada]] a pour objectif d'atteindre le seuil de 20% de sa consommation en énergie renouvelable, d'ici 2015, notamment grâce aux centrales solaires installées dans le désert<ref name="Mulard">Claudine Mulard, « Une centrale solaire géante pour alimenter la Californie » dans ''[[Le Monde]]'' du 11/04/2006, {{Lire en ligne|lien=http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3504,36-759928@51-815122,0.html}}</ref>.
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En outre, à l'initiative du maire de [[Seattle]], 166 grandes villes américaines, dont New York et Boston, se sont engagées solennellement à respecter le protocole de Ky?to en mars [[2005]].
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=====Californie=====
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Alors que la population californienne représente 12% de la population américaine, elle ne consomme que 7% de l’électricité produite dans le pays ; ainsi, la [[Californie]] se trouve à la première place pour la rentabilité énergétique par personne. L'état s'est engagé à limiter les émissions de gaz à effet de serre : les objectifs annoncés sont une diminution de 11% avant 2010 et 87% avant 2050<ref name="autogenerated2" />. Le 30 août 2006, le gouvernement et le Parlement de Californie signent un accord pour diminuer la production de [[gaz à effet de serre]], mettant l’état en conformité avec le [[protocole de Ky?to]]<ref>« La Californie s'engage à réduire les émissions de gaz à effet de serre », dépêche AFP dans ''[[Le Monde]]'', 31/08/2006, {{Lire en ligne|lien=http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-28015664@7-37,0.html}}</ref>. La décision AB32 (''Global Warming Solutions Act'') a été prise de réduire d’un quart les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020<ref> « Landmark deal on greenhouse gas emissions » dans le ''[[San Francisco Chronicle]]'' du 30/08/2006, {{Lire en ligne|lien=http://sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?f=/c/a/2006/08/30/MNGBMKS7733.DTL}}</ref>. Des sanctions financières seront prises contre les industries qui ne respectent pas cet engagement. Un marché de permis d’émissions sera créé et contrôlé par l’Air Resources Board<ref> Marc Lifsher, « Gov. Reaches Landmark Deal on Greenhouse Gas Emissions » dans le ''[[Los Angeles Times]]'', du 30/08/2006, {{Lire en ligne|lien=http://www.latimes.com/news/local/la-083006warming,0,5796943.story?coll=la-home-headlines}}</ref>.
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La Californie s'est aussi engagée à respecter des règles plus strictes sur la consommation et les pots d'échappement de véhicules neufs ; cette politique est imitée par deux autres états de l'ouest : [[Washington (État)|Washington]] et [[Oregon]]<ref>source : ''Le Figaro'', 5 juillet 2005</ref>. Le 20 septembre 2006, [[Bill Lockyer]] le ministre de la justice de Californie, lance des poursuites judiciaires contre trois constructeurs automobiles américains et trois japonais, et leur demande des dommages et intérêts pour la pollution qu'ils engendrent<ref>« Réchauffement climatique : la Californie poursuit six constructeurs automobiles » dans ''[[Le Monde]]'' du 20/09/2006, {{Lire en ligne|lien=http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3222,36-815121@51-815122,0.html}}</ref>. Selon lui, les véhicules automobiles représentent 30% des émissions de dioxyde de carbone de l'État.
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En [[2005]], le gouverneur républicain [[Arnold Schwarzenegger]] proposait que le budget de l'État de Californie finance à hauteur de 6,5 millions de dollars la construction de stations pour les véhicules roulant à l'[[hydrogène]].
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Le code d'éducation de la Californie (chapitre IV, sections 8700 à 8784) insiste pour que les élèves soient sensibilisés aux problèmes de l'environnement<ref> Extrait du code de l'éducation de Californie ([http://www.aroundthecapitol.com/code/code.html?sec=edc&codesection=8700-8707  lire en anglais])</ref>.
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'''Énergies renouvelables en Californie'''
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Grâce à son bon ensoleillement, la Californie développe l’énergie solaire : l’état abrite des collecteurs cylindro-paraboliques dont la puissance atteint 80 MW, la plus grande centrale à tour comme Solar one puis Solar 2 ne dépasse pas 10 MW.
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Un projet de loi oblige les promoteurs immobiliers à installer un système d’énergie solaire sur 15% des nouvelles maisons construites en Californie à partir de 2006. Le projet de loi prévoit que, d’ici 2010, 55% des maisons seront équipées en panneaux solaires. Le gouverneur [[Arnold Schwarzenegger]] avait fait campagne pour inciter à installer des systèmes solaires dans la moitié des maisons de l’état à partir de 2005.
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La centrale thermo-solaire [[Nevada Solar One]] est en construction depuis le 11 février 2006 à [[Boulder City]]. À terme, elle développera une puissance de 64 mégawatts et sera la troisième du monde<ref name="Mulard"/>. Selon ses concepteurs, la centrale devrait permettre d'éliminer un volume de pollution équivalent à la suppression d'un million de voitures en circulation sur le territoire des États-Unis.
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La Californie a adopté une loi qui contraint les grands groupes automobiles à vendre des véhicules respectant des normes strictes de rejets de CO<sub>2</sub>.
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La Californie est l’état où l’énergie éolienne est la plus développée avec une capacité de production de plus de 2040 MW installés en 2004, loin devant le [[Texas]] (1293 MW)<ref>[http://www.awea.org/projects/index.html/ Source web AWEA]</ref>. La principale région de production se trouve au nord de l'état, à l'est de [[San Francisco]].
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À 150 km au nord de [[San Francisco]], 19 centrales géothermiques (350 puits) sont contrôlées par la société [[Calpine]] dans les [[Comté de Lake (Californie)|comtés de Lake]] et de [[Comté de Sonoma|Sonoma]]. Elles produisent environ 850 mégawatts, c'est-à-dire presqu'autant qu'une petite [[centrale nucléaire]].
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=== Nouveaux pays industrialisés contre États-Unis ===
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Un point de débat est à quel degré les [[nouveaux pays industrialisés]] tel que l'[[Inde]] et la [[République populaire de Chine|Chine]] devraient restreindre leurs émissions de CO<sub>2</sub>. Les [[Liste des pays par émissions de dioxyde de carbone|émissions de CO<sub>2</sub> de la Chine]] devraient dépasser celle des États-Unis dans les prochaines années<ref>{{en}}{{Lien web|url=http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2654|titre=CO2 : la Chine va dépasser les Etats-Unis en 2009|éditeur=www.univers-nature.com|consulté le=24 novembre 2007}}</ref> et l'auraient peut-être déjà fait selon certaines études<ref> {{cite news| url=http://www.usatoday.com/tech/science/2007-06-20-124188869_x.htm| title= Group: China tops world in CO2 emissions| publisher=[[Associated Press]] | date=20 juin 2007] | accessdate=16 octobre 2007}}; {{cite news| url=http://www.livemint.com/2007/06/20235536/China-surpassed-US-in-carbon-e.html| title= Group: China surpassed US in carbon emissions in 2006: Dutch report| publisher=[[Reuters]] | date=20 juin 2007 | accessdate=16 octobre 2007}}</ref> alors qu'elle ne produit que 5,4 fois moins de richesses que l'UE ou les Etats-Unis <ref>Total PIB 2006, Banque mondiale</ref>, et elle n'aurait dû, en théorie, n'atteindre ce niveau qu'aux alentours de 2020. En 2007, la Chine est le premier producteur et consommateur de charbon, sa première source d'énergie, qui est extrêmement polluante. De plus, l'augmentation du niveau de vie accroît la demande de produits « énergivores » tels que les automobiles ou les climatisations.
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La Chine a répondu qu'elle avait moins d'obligations à réduire [[Liste des pays par émissions de dioxyde de carbone par habitant|ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitant]]  puisqu'elles représentent un sixième de celle des États-Unis<ref>{{en}} China: US should take lead on climate, by Michael Casey, Associated Press, 12/7/07. </ref>. L'Inde, également l'un des plus gros pollueur de la planète a présenté les mêmes affirmations, ses émissions de CO<sub>2</sub> par habitants étant prêt de vingt fois inférieures à celle des États-Unis <ref>{{en}}[http://www.oregonlive.com/science/oregonian/index.ssf?/base/science/1184718333231440.xml&coll=7 India's glaciers give grim message on warming], by Somni Sengupta, 7/17/07, New York Times via oregonlive.com.</ref>. Cependant les États-Unis ont répliqués que s'ils devaient supporter le coût des réductions de CO<sub>2</sub>, la Chine devrait faire de même<ref>{{en}} [http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/6610653.stm Chinese object to climate draft], BBC, 5/1/07; [http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/06/05/AR2007060502546_2.html?hpid=topnews In Battle for U.S. Carbon Caps, Eyes and Efforts Focus on China],by Steven Mufson, Washington Post, 6/6/07. </ref>
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Suite au rapport AR4 du [[GIEC]], approuvé par tous les pays dont les États-Unis, 46 pays se sont engagés à lutter contre les pays qui ne réduiraient pas leurs émissions de gaz à effet de serre{{refnec}}. Les pays principalement visés sont les États-Unis, la Russie, l'Inde et la Chine.
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=== Mesures individuelles de lutte contre le réchauffement climatique ===
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L'humanité rejette actuellement 6 Gt (gigatonne = milliard de tonnes) d'[[Gaz à effet de serre#Le potentiel de réchauffement global|équivalent carbone]] par an dans l'atmosphère, soit environ une tonne par habitant. On estime que les océans en absorbent 3 Gt et qu'il faudrait donc abaisser les émissions de gaz à effet de serre de moitié pour arrêter d'enrichir l'atmosphère, ce qui représente une émission moyenne de 500 kg d'équivalent carbone par habitant. Chaque français en émet environ deux tonnes, soit quatre fois plus qu'il ne faudrait<ref>[http://www.manicore.com/documentation/serre/quota_GES.html Que pouvons nous émettre comme CO<sub>2</sub> si nous voulons lutter efficacement contre le réchauffement climatique ?]</ref>. En dehors de mesures collectives, des personnalités ont esquissé les gestes quotidiens à mettre en oeuvre, dès aujourd'hui, pour limiter le réchauffement climatique comme Jean-Marc Jancovici <ref> [http://www.manicore.com/documentation/sobriete.html A quoi ressemblerait un monde « énergétiquement vertueux » ?] </ref> ou Al Gore <ref> ''[[Une vérité qui dérange]]'', [[film documentaire]] basé sur une conférence d'Al Gore ([http://www.criseclimatique.fr/ site]). </ref>.
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Les mesures essentielles relèvent des économies d'énergie, en particulier des énergies fossiles :
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* Éviter de prendre l'avion<ref>''L’Allemagne, les vacances et le CO<sub>2</sub>'', Cécile Calla, [http://www.lemonde.fr/ Le Monde] du 10 mars 2007, citant [http://www.pik-potsdam.de/~stock/ Manfred Stock]</ref>. Un km en avion long courrier émet 60 g d'équivalent carbone par personne<ref>[http://www.manicore.com/documentation/aeroport.html Faut-il souhaiter la croissance du trafic aérien ?]</ref>. Un voyage intercontinental représente près des 500 kg d'équivalent carbone. A fortiori, pour les voyages court-courrier (100 g d'équivalent carbone par km et par personne), préférer le train ;
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* Utiliser le moins possible les véhicules automobiles (préférer la bicyclette ou les transports en commun à chaque fois que possible). Un voiture émet entre 100 et 250 g d'équivalent CO<sub>2</sub> par km parcouru, soit entre 30 et 70 g d'équivalent carbone. 20 000 km par an représentent entre 600 et 1400 kg d'équivalent carbone. Si une automobile est nécessaire, choisir le modèle le moins polluant et le plus efficace possible (par exemple, certains constructeurs ont annoncé des véhicules consommant moins de 1.5 L/100km<ref>[http://generationsfutures.chez-alice.fr/vertueux/hypervoitures.htm Les hypervoitures : petit panorama des voitures les plus économes de notre civilisation.]</ref>{{,}}<ref>[http://www.loremo.com/ Une automobile sobre : Loremo.]</ref>) ;
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* Atteindre une isolation optimale des bâtiments, au mieux par le recours à l'architecture [[bioclimatique]] qui réduit au maximum les besoins de chauffage (15 kWh/m²/an, les anciennes maisons étant à 450 kWh/m²/an) et supprime le besoin de climatisation active, tout en améliorant le confort de vie.
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==Peak oil==
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Un '''pic pétrolier''' désigne le sommet de la courbe qui caractérise la production pétrolière d'un [[puits pétrolier|puits]] ou d'un [[champ pétrolier]] ; par extension le « pic pétrolier mondial » (abrégé en '''''Peak Oil''''' en anglais) désigne le moment où la production mondiale de pétrole commencera à décliner du fait de l'épuisement des [[réserve pétrolière|réserves de pétrole]] exploitables.
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Jusqu'à récemment la [[production]] de pétrole a augmenté régulièrement tirée par la [[consommation]]. En 2007 l'économie mondiale a consommé {{formatnum:3906}} millions de tonnes de pétrole au rythme de 81,5 millions de barils<ref>1 gallon de pétrole=159 litres</ref> par jour (en 1997 les chiffres étaient respectivement de {{formatnum:3480}} millions de  tonnes et 72,2 millions de barils<ref>[http://www.bp.com/liveassets/bp_internet/globalbp/globalbp_uk_english/reports_and_publications/statistical_energy_review_2008/STAGING/local_assets/downloads/pdf/oil_section_2008.pdf Statistiques production de pétrole 2007] Bristish Petroleum (BP).</ref>).
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À la fin des [[années 1990]] plusieurs professionnels du monde du pétrole, constatant que les réserves des gisements découverts  chaque année depuis les [[années 1970]] représentaient un volume de pétrole inférieur à la production annuelle, ont extrapolé la date à laquelle la production mondiale de pétrole déclinerait en s'appuyant sur  les travaux de modélisation d'un géologue précurseur  [[Marion King Hubbert]]. Celui-ci avait, dans les [[années 1950]], pronostiqué avec succès le pic de la production de pétrole américaine. Ils ont tenté d'alerter  responsables politiques et pouvoirs publics sur  la survenue prochaine du pic pétrolier mondial. La majorité des intervenants ont réfuté jusqu'à récemment le phénomène en argumentant que les avancées techniques permettraient dans le futur  une meilleure récupération du pétrole des gisements existants et l'exploitation de nouvelles sources d'hydrocarbures jusqu'ici inaccessibles telles que les [[sables bitumineux]], l'offshore profond… À l'appui de cette thèse, les réserves de pétrole disponibles s'étaient jusqu'à récemment maintenues à 40 fois la consommation annuelle, ce qui est souvent faussement interprété comme 40 ans de réserves.
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En 2008 la plupart des spécialistes du secteur pétrolier reconnaissent que le déclin de la production de pétrole est un phénomène inéluctable. Toutefois les avis divergent fortement sur la date du pic. En effet celle-ci dépend de nombreux facteurs, dont certains ne peuvent être qu'extrapolés (coût de l'énergie, progrès techniques, mise en production des nouveaux gisements), tandis que d'autres sont tenus cachés par certains des acteurs (réserves pétrolières non auditables du [[Moyen-Orient]]). Les spécialistes les plus optimistes situent le pic pétrolier vers 2020 alors que certains le situent (en 2008) dans le passé ou dans un avenir très proche : ces derniers font valoir que le déclin des gisements de pétrole conventionnel est plus avancé que ce qui est officiellement annoncé et que la mise en  production du pétrole non-conventionnel (sables bitumineux), qui doit prendre le relais du pétrole conventionnel, se fera plus lentement que prévu et portera sur des volumes annuels relativement faibles.
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Les spécialistes les plus pessimistes estiment que l'[[économie mondiale]] doit se préparer au plus tôt à la transition vers une ressource pétrolière décroissante car son fonctionnement repose aujourd'hui largement sur les sous-produits de cette matière première ; la transition  vers une société fonctionnant avec un pétrole rare et cher durera au moins 20 ans. Le [[choc pétrolier]] qui suivra le pic pétrolier sera d'autant moins violent que la société aura su s'y préparer.
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==Définitions==
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=== Pic pétrolier ===
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Le pic pétrolier d'un [[Champ pétrolier|gisement]] (par exemple le gisement de la mer du Nord) est atteint lorsque la production de pétrole extrait de celui-ci commence à diminuer après avoir atteint son niveau maximum. Par extension le pic pétrolier mondial sera atteint lorsque la production mondiale de pétrole commencera à décliner.
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Les principes généraux qui sous-tendent l'existence d'un pic pétrolier mondial sont les suivants :
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* Le pétrole est une ressource limitée, qui ne se renouvelle qu'à une échelle de temps géologique. Il est le produit de la décomposition de matière organique qui s'est accumulée puis transformée sous de fortes pressions sur des périodes s'étalant sur plusieurs millions d'années.
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* L'homme a prospecté une grande partie de la planète et les découvertes de nouveaux gisements, y compris de pétrole non conventionnel, deviennent rares. Les dernières grandes découvertes remontent aux années 1970 (Alaska, mer du Nord). Depuis des découvertes continuent à être faites mais elles portent sur des volumes beaucoup plus faibles, inférieurs à la production depuis le début des années 1990.
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* Le pétrole non conventionnel, malgré les énormes réserves disponibles (schistes bitumineux, pétrole extra-lourds), ne pourra pas prendre le relais du pétrole car la capacité de production même à long terme est limitée par plusieurs facteurs : investissements nécessaires, volume des entrants nécessaires (dont énergie), complexité des processus de transformation. 
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=== Cycle de vie de l'exploitation d'un gisement de pétrole et pic pétrolier ===
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{{Article détaillé|Industrie pétrolière}}
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[[Image:Pic-de-hubbert-explications.png|thumb|300px|right|L'extraction d'un gisement se produit en plusieurs phases. La production totale suit une distribution normale.]]
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Un nouveau gisement de pétrole est mis en production dans un intervalle de temps compris entre quelques années et quelques décennies après sa découverte. Ce délai peut être particulièrement long si son exploitation nécessite l'apparition de techniques nouvelles comme ce fut le cas du pétrole issu de l'offshore profond et des schistes bitumineux. Aujourd'hui ce délai est également lié à la nécessité de construire des infrastructures lourdes et coûteuses  car les gisements découverts sont désormais souvent situés dans des zones difficiles d'accès (offshore profond, Arctique…), nécessitant d'énormes installations pour l'extraire (plateformes offshore, pipelines, installations spéciales pour les sables bitumineux,...) et pour le rendre commercialisable (raffineries spécialisées pour les pétroles lourds, installations de transformation pour les sables bitumineux…).
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La production de pétrole d'un gisement, elle-même s'étale généralement sur plusieurs décennies : les premiers puits des gisements de la mer du Nord sont entrés en production en 1970 et la dernière goutte de pétrole devrait jaillir vers 2050. Le volume de pétrole produit au cours du temps peut être représenté par une courbe en forme de cloche.  Entre le début et l'arrêt de la production, la production passe par un maximum qui correspond à peu près au moment où la moitié du pétrole a été extrait. La phase de déclin est beaucoup plus longue que la durée écoulée entre la mise en production du gisement et son pic.
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Au début de la production, le pétrole jaillit spontanément du puits (technique de récupération dite primaire utilisée pour environ 40% de la production<ref>[http://www.ifp.fr/content/download/56456/1245251/file/IFP_ReservesDePetrole_OuEnEstOn.pdf  ''Les réserves de pétrole ou en est-on ?''] Institut français du pétrole juin 2006</ref>). Dans une deuxième phase, il faut forcer le pétrole à jaillir en introduisant de l'eau ou du gaz (technique de récupération secondaire utilisée pour moins de 60% de la production) ce qui nécessite une dépense en énergie croissante. En dernier ressort des techniques encore plus coûteuses comme l'injection de vapeur chaude pour augmenter la fluidité du pétrole  peuvent être dans certains cas utilisées (technique de récupération tertiaire utilisée pour moins de 2% de la production). La production est arrêtée lorsque l'énergie nécessaire pour extraire un litre de pétrole dépasse celle contenue dans ce même litre en tenant compte des autres coûts d'exploitation (maintenance, coûts humains, transport). Durant la phase de déclin, la production décroit à un rythme qui dépend de la géologie du gisement et des méthodes d'extraction utilisées : la moyenne est de 4% (soit 25 ans pour épuiser le gisement après son pic) mais le déclin constaté est semble-t-il beaucoup plus rapide sur les gisements exploités récemment du fait des techniques mise en œuvre. Lorsque la production est arrêtée, il peut rester de 15 à 99% de pétrole (en moyenne 35%<ref>Laherrère 2006</ref>) en place dans le gisement, non récupéré.
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{| class="wikitable" width="50%"
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|+ ''Principaux jalons de l'exploitation de quelques gisements''
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! Gisement pétrolier !! Découverte !! Mise en production !! Pic  !! Fin de production estimée
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| align="center" | Mer du Nord||align="center" | 1960 || align="center" | 1971 || align="center" | 1999 ||  align="center" | vers 2050?
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| align="center" | Cantarell (Mexique)|| align="center" | 1977 || align="center" | 1979 || align="center" | 2003  || align="center" | 2020? 
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|-
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| align="center" | Texas oriental || align="center" | 1930 || align="center" | 1930 || align="center" | 1933  || align="center" | vers 2010 ?
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|}
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=== Taux de récupération ===
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Le taux de récupération d'un gisement, c'est à dire le rapport entre le pétrole contenu dans le gisement et ce qui peut être effectivement extrait dans des conditions économiques viables, dépend à la fois de la configuration géologique du gisement et  des techniques de récupération employées. Une des explications fournie par les « optimistes »  sur la bonne tenue des réserves malgré la faiblesse des découvertes durant ces dernières décennies est que l'évolution de la technique a permis d'améliorer constamment le taux de récupération. Ce taux serait ainsi passé en une cinquantaine d'années de 20% à 35%. Les « pessimistes » indiquent que les techniques qui font leur preuve existaient déjà il y a longtemps et que l'amélioration des techniques de récupération n'a fait progresser le taux de récupération que de manière marginale et sur un nombre de gisements restreint.
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=== Énergie retournée sur énergie investie (EOREI) ===
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La production de pétrole conventionnel nécessite de l’énergie durant une grande partie du cycle de vie de l'exploitation d'un gisement. Lorsque celui-ci arrive en fin de vie  l'énergie nécessaire pour extraire un litre de pétrole finit par dépasser celle contenue dans ce même litre : l'énergie retournée sur énergie investie est inférieur à 1 (abrégé en anglais en EROEI ou EORI ''Energy Returned On Energy Invested''). Le gisement n’est alors plus une source mais un puits d'énergie et son exploitation pour le pétrole-énergie n'est plus rentable. (par contre elle peut l'être en cas de forte pénurie pour le produit-matière première si le prix des produits dérivés croit fortement).
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Le pétrole non-conventionnel nécessite beaucoup d'énergie  : pour pouvoir l'extraire (pétroles lourds), le fabriquer ([[éthanol]], pétrole obtenu à partir du [[gaz]] ou du [[charbon]]),  pour le rendre utilisable (schistes bitumineux, pétroles lourds). La valeur du coefficient EROI joue un rôle critique pour déterminer si la mise en exploitation du gisement est économiquement viable. Ce coefficient est notamment au centre des débats sur l'éthanol produit à partir du maïs car sa valeur s'établit, en fonction des sources scientifiques, entre 1,3 et 0,7 (puits d'énergie).
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Les projections statistiques de production de pétrole non-conventionnel devraient fournir des volumes de production net de l'énergie consommée dans la mesure ou cette dernière provient de ressources elles-mêmes non renouvelables (gaz naturel pour les sables bitumineux du Canada).
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{| class="wikitable" align="center" width="70%"
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|+ EOREI de quelques sources de pétrole
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! Source pétrole !! Localisation/période !! EOREI !! Commentaires
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| align="center" | Pétrole||align="center" | États-Unis (1970) || align="center" | 100 || align="center" | Gisements importants, installations à terre, extraction de type primaire ou secondaire
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| align="center" | Pétrole|| align="center" | États-Unis (2005) || align="center" | 15 || align="center" | Gisements plus petits, offshore profond, extraction de type tertiaire, arctique   
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| align="center" | Sables bitumineux  || align="center" | Canada || align="center" | 3 || align="center" |  ==> Bitume
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| align="center" | Sables bitumineux  || align="center" | Canada || align="center" | 1,5 || align="center" |  ==> Syncrude (carburant synthétique)
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|-
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| align="center" | Biomasse  || align="center" | à partir de la canne à sucre (Brésil) || align="center" | 7 à 8 || align="center" | 
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|-
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| align="center" | Biomasse  || align="center" | à partir de céréales (États-Unis) || align="center" | 0,7 à 1,3 || align="center" | pas de consensus sur l'EOREI 
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|-
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| align="center" | Charbon  || align="center" |  Afrique du Sud || align="center" | 3 || align="center" |
 +
|}
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=== Les différentes catégories de pétrole ===
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{{Article détaillé|Classification des hydrocarbures liquides}} 
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Chaque gisement donne un pétrole dont la composition est différente. Les deux critères principaux qui déterminent sa valeur économique sont la proportion de [[carbone]] et la teneur en [[soufre]]. Les pétroles les plus prisés sont les pétroles légers (faible proportion de carbone) contenant peu de soufre car ils peuvent être transformés à faible coût en produits de haute valeur (carburants de bonne qualité). À l'autre bout de l'échelle le pétrole extra-lourd est difficile à extraire et à transporter (fluidité faible) et la trop faible proportion d'hydrogène requiert des traitements coûteux et des installations industrielles adaptées pour qu'il soit utilisable. Le [[condensat]] est un pétrole particulièrement léger, à l'état de gaz dans le gisement, utilisé en pétrochimie et récemment pour diluer des pétroles plus lourds mais qui ne permet pas de produire de carburant.
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Ces dernières années la proportion des pétroles les plus recherchés est en diminution par rapport aux pétroles atypiques lourds, extra-lourds (sables bitumineux) et aux condensats. La mise sur le marché de ces pétroles est liée au déclin des ressources en pétrole de qualité (les gisements d'Arabie Saoudite mis en production en 2008 fournissent majoritairement du pétrole lourd ou comportant une proportion de soufre importante).
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Certains hydrocarbures sont disponibles en grande quantité dans la nature sous une forme qui n'est pas directement utilisable : ce sont les [[schiste bitumineux|schistes bitumineux]] (un pétrole qui n'a pas achevé sa genèse) et les hydrates de méthane (du méthane pris dans la glace). La production d'hydrocarbures utilisables à partir de ces ressources n'a pas atteint aujourd'hui au stade industriel mais certaines prévisions les incluent dans les réserves ou dans les productions futures.
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À côté de ces pétroles naturels on trouve des pétroles synthétiques réalisés à partir de la [[biomasse]] (maïs, canne à sucre…), du [[charbon]] ou du [[gaz]] grâce à des processus industriels nécessitant beaucoup d'énergie et généralement très polluants. Les hydrocarbures produits ainsi représentent une faible part de la production mondiale.
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Toutes ces ressources, lorsqu'elles sont évaluées globalement, sont désignées dans les statistiques sous l'appellation "tous liquides".
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== État des réserves pétrolières ==
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L'estimation de la date du pic pétrolier repose sur la connaissance des réserves de pétrole identifiées dans le sous-sol et accessibles. Or le volume de ces réserves déclarées par les pays producteurs et les compagnies pétrolières internationales s'est maintenu jusqu'à ces dernières années à un volume représentant environ 40 ans de la production annuelle  : cette évolution, qui semble contredire la raréfaction des découvertes, est utilisée par les "optimistes" qui mettent en avant que l'évolution des techniques permettra de compenser l'épuisement des des gisements et de repousser régulièrement l'échéance du pic pétrolier.
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{| class="wikitable" align="center"
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|+ ''Le coefficient volume des réserves/production annuelle (R/P) semble constant depuis 3 décennies (chiffres EIA)''
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! Année !! Réserves de pétrole (R) <br />''Mds barils''!! Production (P) <br />''Mds barils'' !!  Nombre d'années de <br />production (R/P)
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| align="center" | 1987 ||align="center" | 910,2  || align="center" | 22 || align="center" | 41 
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| align="center" | 1997|| align="center" | 1069,3 || align="center" | 26 || align="center" | 41     
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| align="center" | 2007|| align="center" | 1237,9 || align="center" | 30 || align="center" | 41 
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Selon le géologue D Laherrère, cette représentation de l'évolution des réserves est fausse car le volume des réserves déclaré n'est généralement pas le reflet de la réalité géologique mais répond d'abord à des considérations financières, réglementaires et politiques; celles-ci ont conduit au moment de la découverte des principaux gisements, il y a plusieurs dizaines d'années, à sous-déclarer le potentiel des gisements et de nos jours, dans un contexte différent, favorisent plutôt des déclarations surévaluées tablant sur des taux de récupération peu réalistes sur les gisements anciens et des volumes trop importants sur les découvertes. Les milieux pétroliers n'ont normalisé que récemment les méthodes d'évaluation des réserves contenus dans les gisements. Certains producteurs entretiennent volontairement la confusion sur la nature de pétrole contenu dans leurs réserves. Selon le cas ceux-ci intègrent ou pas le pétrole non conventionnel alors que sa récupération suppose des avancées techniques incertaines à ce jour  avec un bilan énergétique pouvant être nul ou négatif.
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Ces différentes problématiques aboutissent à des estimations fortement divergentes sur les réserves restantes. Si les spécialistes sont d'accord sur le pétrole déjà extrait (environ 1000 milliards de barils), l'estimation du pétrole conventionnel réalisée par 3 fournisseurs d'informations pétrolières cités par D Laherère  s'échelonnait  fin 2006 entre {{formatnum:1144}} et {{formatnum:1317}} milliards de barils. <ref>[http://aspofrance.viabloga.com/files/MinesdeParis-22Mai08.pdf ''La fin du petrole bon marché''] D. Laherrère - mai 2008</ref>
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=== Les méthodes d'évaluation des réserves===
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L’estimation des réserves disponibles d'un gisement est faite initialement lors de sa découverte : il s’agit au départ d'une estimation de [[géologie|géologue]]s et d’ingénieurs. Ces réserves sont les '''réserves initiales''', celles sur lesquelles on se base pour calculer le prix de vente du gisement, l’investissement nécessaire pour sa mise en exploitation, la valeur d’une entreprise. Ce premier type d'estimation est assez peu fiable, non en raison de l'avancement de la science, mais en raison des enjeux financiers : ainsi, en [[1988]], lors de la découverte du champ pétrolifère de [[Cusiana]], en [[Colombie]], la compagnie [[États-Unis|états-unienne]] Triton (aujourd'hui [[Amerada Hess]]) a estimé son potentiel à 3 milliards de barils, une quantité importante qui a fait remonter le cours de son action. Mais [[British Petroleum|BP]] a fait une nouvelle estimation du gisement après avoir commencé d’extraire le brut à Cusiana : 1,5 milliard de barils. Des experts de l’[[Association for the Study of Peak Oil and Gas|ASPO]] pensent que ce gisement ne dépasse pas 800 millions de barils. 
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En partant des données fournies par les géologues qui ont par différents moyens pris la mesure du gisement, on extrapole différentes valeurs caractérisant les réserves :
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* la première, appelée '''réserves prouvées''' ou '''1P''', est la quantité de pétrole qui sera exploitée avec les moyens actuels avec une probabilité de 90 % ;
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* la deuxième, appelée '''réserves probables''' ou '''2P''', est la quantité de pétrole qui sera produite, mais avec une probabilité de 50 % ;
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* la troisième, appelée '''réserves possibles''' ou '''3P''', est la quantité de pétrole très hypothétiquement produite, si le prix de vente augmente de façon à absorber les coûts d'extraction qui seront très élevés, avec une probabilité de 10 %.
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Au cours du cycle de vie du gisement, ces différentes valeurs sont régulèrement actualisées : des réserves probables deviennent des réserves prouvées, les informations obtenues dans le cadre de l'exploitation ou d'explorations complémentaires donnent lieu à des révisions à la hausse ou à la baisse de ces différentes valeurs, etc... 
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Ainsi, pour l'[[Algérie]], on a 1P égal à 1,7 milliard de tonnes, 2P évalué à 6,9 milliards de tonnes et 3P estimé à 16,3 milliards de tonnes (données publiées par l'''United States Geology Survey'', dont la mission est d'informer le ministère de l'Intérieur états-unien). Ces probabilités de découverte servent à juger de l'assise financière d'un pays ; mais les gouvernements comme les banques utilisent en général une valeur [[Médiane (centre)|médiane]] des trois, soit 7,7 milliards de barils, qui a moins d'une chance sur deux d'être finalement découverte.
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=== Des déclarations de réserve non normalisées ===
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Les pays producteurs ou les compagnies pétrolières internationales ne déclarent généralement qu'une partie des informations dont elles disposent sur leurs réserves :
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*Les compagnies pétrolières côtées aux États-Unis, pour se conformer aux préconisations boursières, déclarent des réserves de pétrole qui correspondent en fait aux seules réserves prouvées en cours d'exploitation ('''1P'''). Aussi ces réserves croissent régulièrement en l'absence de découverte de nouveaux gisements, puisque viennent progressivement s'y ajouter les réserves probables 2P au fur et à mesure de l'avancement de la production. Ce phénomène explique en grande partie le maintien des réserves à un niveau stable durant ces dernières décennies.
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*La majorité des producteurs hors OPEP et US fournissent comme volume de réserves les réserves prouvées et probables (1P+2P), ce qui se rapproche le plus de ce qui sera effectivement produit.
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*Les membres de l'OPEP déclarent également officiellement leurs réserves prouvées (1P) . La forte croissance de ces réserves serait due, selon le géologue Laherrère, à l'incorporation progressive des réserves probables dans les réserves déclarées sans que le changement de mode de déclaration soit annoncé.
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*La Russie (et l'Inde) déclarent la somme des réserves prouvées, probables et possibles (1P+2P+3P) ce qui conduit généralement à une surestimation de ce qui pourra être effectivement extrait.
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* Le [[Venezuela]], inclut dans ses réserves une partie des pétroles non conventionnels (bitumes) de l'Orénoque dont la production ne sera peut être jamais économiquement viable.
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=== Réserves officielles et réserves techniques ===
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[[Image:Historique reserves-petrole.png|thumb|Les réserves officielles sont très différentes de celles déterminées par l'évaluation technique  (source Jean Laherrere)]]
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Le volume des réserves est devenu un sujet extrêmement sensible pour les pays producteurs de pétrole : ainsi une loi votée en [[2002]] par la [[Douma]] russe, punit toute personne ayant divulgué des informations sur les réserves de gaz et de pétrole russe d'une peine pouvant aller jusqu'à 7 ans d'emprisonnement. Les quotas des pays de l'OPEP dépendent des volumes des réserves ce qui a eu un impact certain sur leurs déclarations. La capacité d'emprunt des pays vivant essentiellement du pétrole est conditionnée par le volume de pétrole restant dans le sol. Les seuls pays qui acceptent que des experts indépendants vérifient les chiffres de réserve sont, en 2008,  la Norvège, la Grande-Bretagne et les États-Unis. La manipulation des chiffres est un exercice d'autant plus facile que les réserves sont désormais détenues à plus de 80% par des compagnies nationales.
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* En [[1970]], l’[[Algérie]], probablement sous l'influence russe, a augmenté ses « réserves prouvées », qui jusque-là se situaient aux alentours de 7-8 milliards de barils, pour les porter à 30 milliards. Deux ans plus tard, ce chiffre passe à 45 milliards. Puis les volontés politiques changent et, après [[1974]], le pays retourne à des chiffres inférieurs à 10 milliards de barils (fait rapporté par [[Jean Laherrère]]).
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* La [[Pemex]] (compagnie d’État du [[Mexique]], qui a le monopole de l'extraction du [[pétrole]] dans le pays) a, en septembre [[2002]], revu ses réserves à la baisse de 53 %, passant de 26,8 à 12,6 milliards de barils. Peu après, elle les a relevés sensiblement, à 15,7.
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* la société [[Shell (compagnie)|Shell]] a annoncé le [[9 janvier]] [[2004]] que 20 % de ses réserves devaient passer de prouvées à possibles (c'est-à-dire incertaines). Cette annonce a fait chuter le cours de l’action et valut à la société un procès, la valeur de la société ayant ainsi été frauduleusement surévaluée. Depuis, elle a de nouveau révisé ses réserves trois fois, les faisant diminuer à 10&nbsp;133 millions de barils (contre 14&nbsp;500 millions). Son président, [[Phil Watts]], a dû démissionner.
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* Bien sûr, il existe aussi des exemples où les réserves sont sous-estimées. En [[1993]], les réserves de la [[Guinée équatoriale]] se limitaient à quelques gisements insignifiants ; l’''Oil And Gas Journal'' les estimait à 12 millions de barils. Deux gisements géants et plusieurs de taille moindre ont été découverts par la suite, mais la valeur annoncée resta inchangée jusqu’en [[2003]]. En [[2002]], le pays avait toujours 12 millions de barils de réserves d’après le journal, alors qu'il produisit 85 millions de barils dans l'année ! De même, les réserves de l’[[Angola]] sont restées à 5,421 milliards de barils (quatre chiffres significatifs, ce qui donne l’impression d’une très grande précision) de [[1994]] à [[2003]], malgré la découverte de 38 nouveaux gisements de plus de 100 millions de barils chacun.
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==== Le cas des producteurs de l'OPEP ====
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Les pays producteurs de l’[[OPEP]] ont décidé en [[1985]] de limiter volontairement leur production totale pour soutenir le prix du pétrole : chaque membre de l'OPEP avait désormais le droit de produire un pourcentage de cette production proportionnel au volume de ses réserves. Cette mesure déclencha des réévaluations à la hausse de réserves de plusieurs producteurs, afin d’obtenir des droits de production supérieurs. La modification des réserves déclarées a également permis à l'époque à certains de ces producteurs d’obtenir des prêts bancaires plus élevés et de meilleurs taux. C’est cette dernière raison qui explique l'augmentation en [[1983]] des réserves estimées de l'[[Irak]], alors en guerre contre l'[[Iran]]. Le tableau des estimations suspectes, détaillé dans l'article [[Réserves pétrolières#Estimations suspectes de certains pays de l'OPEP]], est résumé dans le tableau suivant.
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{| border="0" align="center" style="border: 1px solid #999; background-color:#FFFFFF; text-align:center"
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|colspan=8|''Déclarations de réserves avec augmentations suspectes (en milliards de barils) d'après Colin Campbell, SunWorld, 80'-95''
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|-bgcolor="#CCCCCC"
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| '''Année''' || '''[[Abou Dabi]]''' || '''[[Dubaï]]''' || '''[[Iran]]''' || '''[[Irak]]''' || '''[[Koweït]]''' || '''[[Arabie saoudite]]''' || '''[[Venezuela]]'''
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| [[1980]] || 28,00 || 1,40 || 58,00 || 31,00 || 65,40 || 163,35 || 17,87
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|-bgcolor="#EFEFEF"
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| [[1981]] || 29,00 || 1,40 || 57,50 || 30,00 || 65,90 || 165,00 || 17,95
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|-
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| [[1982]] || 30,60 || 1,27 || 57,00 || 29,70 || 64,48 || 164,60 || 20,30
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|-bgcolor="#EFEFEF"
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| [[1983]] || 30,51 || 1,44 || 55,31 ||| <font color="#940096"> '''41,00''' </font> || 64,23 || 162,40 || 21,50
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|-
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| [[1984]] || 30,40 || 1,44 || 51,00 || 43,00 || 63,90 || 166,00 || 24,85
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|-bgcolor="#EFEFEF"
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| [[1985]] || 30,50 || 1,44 || 48,50 || 44,50 || <font color="#940096">'''90,00''' </font>|| 169,00 || 25,85
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|-
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| [[1986]] || 31,00 || 1,40 || 47,88 || 44,11 || 89,77 || 168,80 || 25,59
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|-bgcolor="#EFEFEF"
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| [[1987]] || 31,00 || 1,35 || 48,80 || 47,10 || 91,92 || 166,57 || 25,00
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| [[1988]] || <font color="#940096">'''92,21'''</font> || <font color="#940096">'''4,00'''</font> || <font color="#940096">'''92,85''' </font>|| <font color="#940096">'''100,00'''</font> || 91,92 || 166,98 || <font color="#940096">'''56,30'''</font>
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|-bgcolor="#EFEFEF"
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| [[1989]] || 92,20 || 4,00 || 92,85 || 100,00 || 91,92 || 169,97 || 58,08
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| [[1990]] || 92,20 || 4,00 || 93,00 || 100,00 || 95,00 || <font color="#940096">'''258,00''' </font>|| 59,00
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|-bgcolor="#EFEFEF"
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| [[1991]] || 92,20 || 4,00 || 93,00 || 100,00 || 94,00 || 258,00 || 59,00
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| [[1992]] || 92,20 || 4,00 || 93,00 || 100,00 || 94,00 || 258,00 || 62,70
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|-bgcolor="#EFEFEF"
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| [[2004]] || 92,20 || 4,00 || 132,00 || 115,00 || 99,00 || 259,00 || 78,00
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Le total des réserves déclarées par les pays de l'OPEP est de 701 milliards de barils, dont 317,54 paraissent douteux à certains observateurs.
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[[Image:USAF F-16A F-15C F-15E Desert Storm edit2.jpg|thumb|Le Koweit a maintenu la valeur de ses réserves malgré les destructions opérées par l'armée irakienne sur ses champs pétroliers ]]
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# L'évolution des réserves traduit visiblement une surenchère entre les membres de l'OPEP : le Koweït s'étant attribué 90 milliards de barils de réserves, Abou Dabi et l'Iran ont répondu avec des chiffres très légèrement supérieurs, afin de se garantir un quota de production similaire. L'Irak a répliqué avec un chiffre arrondi à 100.
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# Selon leurs déclarations, les pays producteurs semblent affirmer que les découvertes de nouveaux gisements remplacent, année après année,  exactement ou presque exactement les quantités produites, puisque les réserves disponibles de ces pays ne varient quasiment pas d'une année sur l'autre. Par exemple, l'Arabie Saoudite extrait 3 milliards de barils par an, on devrait logiquement voir les réserves diminuer d'autant. De même, Abou Dabi déclare exactement 92,2 milliards de barils depuis [[1988]], alors qu'en 16 ans, 14 milliards en ont été sortis de terre. Une explication avancée est que les pays du Golfe incluent le pétrole déjà produit dans les "réserves".
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D'autres faits incitent à une extrême vigilance sur les chiffres officiels des réserves des pays de l'OPEP :
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* en janvier [[2006]], la revue ''Petroleum Intelligence Weekly'' a déclaré que les réserves du Koweït étaient en fait égales à seulement 48 milliards de barils, dont seulement 24 "pleinement prouvés", s’appuyant sur des "fuites" de documents confidentiels koweïtiens. Il s'agit d'une '''division par deux''' du chiffre officiel, ce qui va encore plus loin que les allégations de l'ASPO. Il n'y a pas eu de démenti formel des autorités koweïtiennes.
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* Les réserves revendiquées par le [[Koweït]] avant et après la [[Guerre du Koweït (1990-1991)|guerre du Golfe]] sont les mêmes, 94 milliards de barils, bien que les immenses incendies des puits déclenchés par les forces irakiennes avant de se retirer aient détruit environ 2 milliards de barils.
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=== Les réserves de pétrole non conventionnel ===
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[[Image:Reserves-petroles-dispo-sel.png|thumb|Réserves disponibles en fonction du coût de production selon l'EIA (2005) : la montée du coût du baril donnera accès à d'énormes réserves selon cet organisme faisant partie du clan des  «optimistes»]]
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Le pétrole non conventionnel n'est pas inclus officiellement dans les réserves hormis les sables bitumineux du Canada qui sont désormais comptabilisés dans certaines statistiques à hauteur d'environ 170 milliards de barils (ce qui représente entre 10 et 20% des réserves totales selon la valeur retenu pour ces dernières).
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Pour les intervenants les plus optimistes, qui s'appuient sur une approche essentiellement économique, le renchérissement du prix du pétrole va permettre progressivement d'intégrer dans les réserves le  pétrole non conventionnel, jusque là trop coûteux à produire. L'EIA estimait ainsi en 2005 que près de {{formatnum:3000}} milliards de barils (schistes bitumineux + sables bitumineux + récupération tertiaire) rejoindraient les réserves dans les décennies à venir. (cf schéma)
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== Les nouvelles sources de pétrole ==
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Les nouvelles découvertes de pétrole dit conventionnel vont en se raréfiant. Aujourd'hui les champs pétroliers découverts sont généralement situés dans les zones les plus difficiles d'accès et sont de taille de plus en plus réduite; le pétrole fourni par ces gisements est coûteux à produire. Compte tenu de la raréfication des découvertes, beaucoup d'espoirs sont placés dans des sources, qui n'avaient jusqu'à présent pas été retenues parce que beaucoup plus coûteuses et qui sont regroupées sous l'appellation de pétrole non conventionnel : sous cette appellation sont regroupés le pétrole ultra-lourd nécessitant des traitements complexes, le pétrole synthétique fabriqué à partir de la biomasse, du gaz ou du charbon ainsi que les schistes bitumineux. La production de pétrole non conventionnel représente aujourd'hui une très faible proportion de la production totale (moins de 4%) et les prévisions les plus optimistes situent sa part à long terme (2030) entre 10 et 20%. 
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=== Le pétrole conventionnel ===
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[[Image:Decouvertes-petrole.png|thumb|Le volume des découvertes de pétrole conventionnel (inclut l'offshore profond et le pétrole arctique) décroit depuis les années 1970.]]
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Le ''[[pétrole|pétrole conventionnel]]'' (95 % de ce qui a été exploité jusqu’ici)  est défini comme étant « le pétrole qui peut être produit dans des conditions techniques et économiques satisfaisantes ». Traditionnellement on fait rentrer dans cette définition assez vague les pétroles extraits depuis les terres émergées en (excluant les pétroles atypiques ([[condensat]]s, [[Sable bitumineux|sables bitumineux]],..) et la récupération tertiaire sur les gisements de pétrole conventionnel...) et les pétroles extraits depuis des plateformes en mer (offshore) lorsque la profondeur est inférieure à 500 mètres. Grâce aux progrès techniques qui ont rendu leur production économiquement on y inclut désormais également le pétrole en provenance de l'offshore profond et celui issu des régions arctiques.
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Les découvertes de gisements pétroliers conventionnels ont atteint un pic dans les années 1970 : depuis cette date le volume de pétrole découvert chaque année est, en moyenne lissée, décroissant. Il est passé en dessous de celui de la production annuelle au début des années 1980. Ces dernières années on ne découvre plus qu'un baril de pétrole conventionnel pour 3 consommés.
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==== Le pétrole « subconventionnel » ====
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[[Image:Production-petrole-ultra-pr.png|thumb|Evolution de la production du pétrole offshore ultra-profond selon l'ASPO (avril 2007)]]Ce terme utilisé par le géologue Alain Pérrodon regroupe le pétrole dont la production est devenu économiquement viable depuis quelques années :
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* le pétrole extrait de gisements en "offshore profond" situés en mer jusqu'à {{formatnum:3000}} mètres de profondeur sont désormais exploitables grâce à la mise au point d'installations de production sous-marines automatisées. Les principaux  gisements de ce type sont situés au large de l'Angola, du golfe du Mexique, du Nigéria et du Brésil.  Une estimation datant de 2004 table sur un pic de production en 2012 avec un volume 6 millions de barils par jour (7% de la production quotidienne mondiale actuelle )<ref>''La Vie après le pétrole'' de Jean-Luc Wingert (2007) Ed. Autrement/Frontières ISBN 978-2-7467-0605 </ref>.
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* le pétrole issu de gisements dit « polaires » situés dans l'[[océan Arctique]] ou sur son pourtour dont l'exploitation est rendue difficile par la menace des icebergs et les conditions climatiques extrêmes. Le plus gros gisement de cette catégorie situé en Alaska est en exploitation depuis 2 décennies mais est en voie de déclin rapide. Le potentiel global de cette région serait selon l'avis de la plupart des géologues faible. Les conditions de production constituent un challenge technique difficile à relever car contrairement à l'Alaska, la production devra être réalisée en offshore dans des mers envahies par les glaces. Bien que les ressources de l'[[Antarctique]] soient protégées par traité , il est probable que la pression de la demande contribuera à assouplir cette position auquel cas le pétrole produit relèverait de la même catégorie que le pétrole arctique. Mais là également les géologues estiment que les réserves sont limitées.
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La complexité technique de l'extraction du pétrole subconventionnel nécessite des moyens financiers et techniques gigantesques. L'entrée en production de certains de ces gisements pourrait être plus tardive que prévue et donc ne pas assurer la relève partielle du pétrole conventionnel avant le pic pétrolier mondial. La rentabilité de ces gisements peut être également mise en doute : un économiste mentionnait que la rentabilité de la production du grand gisement découvert par le Brésil en 2008 nécessitait un pétrole à au moins 240 $ le baril.<ref>[http://www.businessandmedia.org/articles/2008/20080616190017.aspx ''Interview de Stephen Leeb''] CNN le 16/6/2008]</ref>
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=== Le pétrole non conventionnel ===
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{{Article détaillé|pétrole non-conventionnel}} 
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[[Image:Production-petrole-prevue.png|thumb|L'apport passé et futur des différentes régions pétrolières et des pétroles non conventionnels selon l'ASPO (schéma datant de 2004)]]
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Le [[pétrole non-conventionnel]] rassemble tous les pétroles qui ne sont pas produits par les techniques classiques de forage ou dont la composition en hydrocarbures est atypique ([[condensat]]). Pour pouvoir être viable la production du pétrole non conventionnel doit faire face à plusieurs contraintes : coût, bilan énergétique négatif, dégâts écologiques, utilisation de ressources critiques (céréales). Ce type de pétrole représente une part croissante de la production de pétrole et de l'avis de tous les spécialistes est amené à prendre en grande partie le relais du pétrole conventionnel dans les années qui viennent. Toutefois une partie des divergences qui existent entre les différentes estimations des réserves mondiales portent sur l'apport du pétrole dit non « conventionnel ». Certains experts estiment que les quantités de pétrole non-conventionnel produites seront toujours secondaires, car la production de ce pétrole  restera toujours très coûteux, lent (car nécessitant beaucoup de capitaux) et consomme beaucoup d'énergie en entrée. L'extraction et le traitement va accroitre dans des proportions considérables le CO<sub>2</sub> produit par les activités humaines.
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{| class="wikitable"
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|+ ''Les pétroles non conventionnels occupent une place modeste dans les prévisions même à long terme''
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!colspan="8" | '''Prévisions fin 2007 de l'agence de l'énergie américaine (EIA)''' <ref>[http://www.eia.doe.gov/oiaf/ieo/pdf/ieopol.pdf ''International Energy Outlook 2008 :Liquids Production Projections''] EIA (Agence de l'énergie US)</ref> 
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| align="center" | Source du pétrole||align="center"  colspan="7" | '''Production de pétrole non conventionnel dans le scénario prix du pétrole élevé''' <br />hors condensats et récupération tertiaire (''chiffres en millions de barils par jour'')
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| align="center" |  ||align="center"  | '''2006''' ||align="center"| '''2010 ''' ||align="center"| '''2015  ''' ||align="center"| '''2020''' ||align="center"| '''2025  ''' ||align="center"| '''2030''' ||align="center"| commentaires   
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| align="left" | Biomasse || align="center" | 0,6 || align="center" | 1,3 || align="center" | 2,1  || align="center" | 3 || align="center" | 3,7 || align="center" | 4,2  || En 2030 Brésil 1,5 Mb. (canne à sucre) États-Unis 1,2 Mb.(maïs)
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| align="left" | Sables bitumineux || align="center" |  1,2 || align="center" |  2 || align="center" |  4,1  || align="center" | 6,1 || align="center" | 7,5 || align="center" | 8,7 || Canada
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| align="left" | Pétrole extra-lourd || align="center" |  0,6 || align="center" |  0,9 || align="center" |  1,2  || align="center" | 1,6 || align="center" | 1,9 || align="center" | 2,3 || Vénézuela
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| align="left" | Pétrole synthétisé à partir du charbon || align="center" |  0,1 || align="center" |  0,2 || align="center" |  0,4  || align="center" | 0,8 || align="center" | 1,5 || align="center" | 2,7 ||  En 2030 État-Unis 1,2 Mb., Afrique du Sud 0,7 Mb.,  Chine 0,5 Mb.
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| align="left" | Pétrole synthétisé à partir du gaz || align="center" |  0 || align="center" |  0,1 || align="center" |  0,4  || align="center" | 0,6 || align="center" | 0,7 || align="center" | 0,7 ||En 2030 Quatar 0,4 Mb., Afrique du Sud 0,1 Mb. 
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| align="left" | Schistes bitumineux || align="center" |  0 || align="center" |  0 || align="center" |  0  || align="center" | 0 || align="center" | 0,1 || align="center" | 0,2 ||
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| align="left" | Production totale de pétrole||align="center"  | 84,2 ||align="center"| 88,7  ||align="center"| 89,7  ||align="center"| 91,7 ||align="center"| 95,2  ||align="center"| 99,3 ||align="left"| 
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| align="left" | % de la production totale||align="center"  | '''3%''' ||align="center"| '''4,2%'''  ||align="center"| '''9,4%'''  ||align="center"| '''13,4%''' ||align="center"| '''16,4%'''  ||align="center"| '''19%''' ||align="center"| 
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|}
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==== Le pétrole extra-lourd ====
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Le pétrole extra-lourd est un pétrole qui a été dégradé par des bactéries et qui est constitué de molécules d'hydrocarbures très lourdes où prédominent le [[carbone]]. Très visqueux, son extraction est difficile, coûteuse en énergie. Sa transformation en sous-produits utilisables (carburant…) nécessite la mise en œuvre de procédés industriels également coûteux et consommateurs d'énergie. On trouve des gisements de pétrole extra-lourds un peu partout sur la planète avec des volumes considérables. Les gisements les plus importants sont situés au Venezuela et au Canada. La production tournait en 2007 aux alentours de 1,5 million de barils /jours (moins de 2% de la production mondiale de pétrole).
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===== Les sables bitumineux du Canada =====
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[[Image:Syncrude mildred lake plant.jpg|thumb|Le gisement de sables bitumineux de l'Alberta est entré dans une phase d'exploitation à grande échelle]]
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Le site de  [[Sable bitumineux|sables bitumineux]] le plus important est situé au [[Canada]] ([[Sables bitumineux de l'Athabasca|aux bord du lac Athabasca]] dans l'[[Alberta]]) . Le pétrole contenu dans ces champs se présente sous forme de [[bitume]], qu'il est possible de transformer en carburant. Les réserves sont estimées sur la base d'hypothèses plutôt conservatrices à 180 milliards de barils (plus de 15% des réserves mondiales de pétrole).
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La production à partir du gisement de l'Alberta est en plein essor et a atteint 1 million de barils par jour en 2007. La production visée est de 2 millions de barils/jour en 2010 et de 4 millions en 2020. Mais le procédé nécessite une grande quantité de gaz, environ 30 m³ par baril produit. Pour atteindre les objectifs de 2020, il faudrait utiliser la totalité de la production de gaz canadien actuelle (au détriment de la consommation industrielle et domestique) alors que les gisements canadiens sont aujourd'hui en déclin et que les réserves seront épuisées d'ici 8 ans. Il est envisagé de faire venir du gaz de l'[[Alaska]] mais on se heurte à des problèmes de coûts (construction du gazoduc) et le gisement de gaz qui serait utilisé ne permettrait de traiter que 3 millions de barils par jour. Il est également envisagé de construire une dizaine de [[centrale nucléaire|centrales nucléaires]] pour suppléer à la pénurie de gaz, mais une fois la décision prise il faudrait attendre au moins une décennie avant que ces centrales deviennent opérationnelles. <ref>[http://canada.theoildrum.com/node/2931 : ''Les sables bitumineux du Canada : la dernière addiction des drogués du pétrole (2ème partie)''2] Site The Oil Drum</ref>.
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===== Le pétrole extra-lourd du Venezuela =====
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Le deuxième grand gisement de pétrole extra-lourd est situé (dans le [[bassin de l'Orénoque]]). Le pétrole exploité au Vénézuela est moins dense que celui du Canada. En 2005 il était produit environ 0,5 million de barils/jour. Mais la situation perturbée du pays freine l'exploitation de ces gisements qui nécessitent beaucoup de capitaux et des capacités techniques (raffinage...) disponibles essentiellement en Amérique du Nord.
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===== Réserves et perspectives=====
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Selon P.R. Bauquis<ref>[http://aspofrance.viabloga.com/files/PRB_BIP_22Jan2008.pdf ''Les bruts ultra-lours et les huiles de schiste n'auront pas d'influence sur la date du Peak oil'']  P.R Bauquis 22/1/2008</ref>, en partant de l'hypothèse que les problèmes d'énergie nécessaires en entrée et d'émission de CO² soient résolus (utilisation de l'énergie nucléaire,...), les réserves exploitables pour ces deux pays se situeraient aux alentours de 600 milliards de barils distribués à égalité entre ces deux pays. Toujours selon le même auteur, la production totale de pétrole à partir de ce type de gisement pourrait atteindre 6 millions de barils/jour en 2020 (8% de la production actuelle) et 10 millions de barils/jour en 2050 avec la montée en puissance à cette date de nouveaux producteurs comme la Russie et la Chine.
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==== Les schistes bitumineux ====
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[[Image:Production of oil shale.svg|thumb|Historique extraction des schistes bitumineux (1880-2000)]]
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[[Image:Shell insitu.gif|thumb|Le site expérimental de transformation des schistes bitumineux en pétrole "in situ" de Shell dans le Colorado]]
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Les [[Schiste bitumineux|schistes bitumineux]] contiennent du [[kérogène]], un précurseur du pétrole qui n'a pas achevé le cycle qui transforme la matière organique en pétrole. Le kérogène peut être converti en pétrole par [[pyrolyse]]. Mais les tentatives pour exploiter ces réserves, qui remontent à plus d'un siècle, restent aujourd'hui à l'état d'expériences pilotes. Le seul emploi à l'échelle industrielle est l'utilisation en tant que combustible dans les centrales thermiques (70 % de la production mondiale en [[Estonie]]).<ref>[http://ec.europa.eu/research/energy/pdf/synergy_vol2_en.pdf  ''Non-Nuclear Energy Research in Europe – A comparative study.'' ]  [[Commission Européenne]]. Direction générale de la Recherche Country Reports A – I. Volume 2 </ref>
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===== Des procédés d'extraction encores expérimentaux =====
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Les procédés d'extraction et de transformation en pétrole expérimentés aujourd'hui sont confrontés à des problématiques de EOREI (rapport énergie utilisée/énergie récupérée), pollution et utilisation intensive des ressources hydriques. Le procédé le plus connu, mis en oeuvre par la compagnie Shell dans le Colorado, en donne un bon aperçu :
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C'est un processus ''in situ'' c'est à dire que les schistes bitumineux sont transformés en pétrole dans le gisement sans être extraits ce qui permet de récupérer une plus forte proportion des réserves en place. On commence par isoler le gisement des eaux souterraines environnantes en l'entourant d'un mur de glace créé en forant sur la circonférence du gisement des puits profonds de 610 mètres tous les 2 mètres dans lesquels on fait circuler un liquide réfrigérant qui fait descendre la température du sous-sol à -50°C. Dans le périmètre ainsi circonscrit on fore des puits tous les 12 mètres dans lesquels sont insérés des systèmes de chauffage qui portent la température des schistes à 340°C : celui-ci se transforme alors lentement en pétrole et en gaz. Ce chauffage doit être maintenu durant envron 4 ans. A l'issue de cette période le pétrole et le gaz sont pompés. Selon Shell le processus a un EOREI compris entre 3 et 4.<ref>{{en}} [http://www.blm.gov/pgdata/etc/medialib/blm/co/field_offices/white_river_field/oil_shale.Par.79837.File.dat/OSTPlanofOperations.pdf ''Oil Shale Test Project''] Shell - 15 fev. 2006</ref> 
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===== Réserves et perspectives=====
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Les réserves mondiales de schiste bitumineux sont estimées à {{formatnum:2600}} milliards de barils de pétrole potentiellement exploitables (2 fois les réserves de pétrole conventionnel), dont la moitié aux États-Unis.<ref>{{en}} [http://www.eia.doe.gov/oiaf/aeo/pdf/0383(2006).pdf ''Annual Energy Outlook 2006''] Energy Information Administration (EIA).</ref>
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Selon P.R. Bauquis la production de pétrole à partir de schiste bitumineux ne pourra fournir de volumes significatifs qu'après 2020 avec une production de 5 millions de barils en 2050 en ayant sans doute recours à l'énergie nucléaire et si les hypothèques environnementales ont pu être levées.<ref>[http://aspofrance.viabloga.com/files/PRB_BIP_22Jan2008.pdf P.R. Bauquis  ''Dossier Huiles extra-lourdes'']  Bulletin de l'Industrie pétrolière 22 janvier 2008 </ref>
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==== Les condensats ====
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Les [[condensat]]s  sont un gaz liquide sous-produit des gisements de pétrole et de gaz, classifiés dans le pétrole non-conventionnel. Contrairement aux autres sources de pétrole non conventionnel, ils ne nécessitent aucun procédé d'extraction spécifique et ne sont classés dans la catégorie des pétroles non conventionnels que parce que leur composition est atypique. Les condensats représentent une part croissante de la production de pétrole (10% en 2008). Ils ne permettent pas la fabrication de carburant. Ils sont utilisés en [[pétrochimie]] et également, de plus en plus souvent, pour alléger les pétroles lourds et de les rendre ainsi transportables.
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==== Les pétroles synthétiques ====
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===== Les bio-carburants =====
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[[Image:Ethanol plant.jpg|thumb|Usine de fabrication d'éthanol dans l'Iowa (États-Unis)]]
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Les [[Bio-carburant|bio-carburants]] tels que le [[biodiesel]] et le [[bioéthanol]] produits à partir de la la [[Biomasse (énergie)|biomasse]] (déchets, céréales).
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En 2007 22 millions de tonnes de [[biodiesel]] et de [[bioéthanol]]  ont été produits essentiellement par les États-Unis (12 Mt) et le Brésil (11Mt)<ref> [http://www.bp.com/liveassets/bp_internet/globalbp/globalbp_uk_english/reports_and_publications/statistical_energy_review_2008/STAGING/local_assets/downloads/pdf/renewables_section_2008.pdf ''Rapport juin 2008 sur les énergies renouvelables''] British Petroleum (BP)</ref>. La brutale accélération de la production du biocarburant au États Unis à partir du [[maïs]] a contribué à faire flamber le cours mondial des [[céréale]]s et a prouvé que la contribution de cette filière comportait des risques pour la production alimentaire mondiale (Au brésil la production d'éthanol utilise des résidus de [[cannes à sucre]] et n'entre pas en concurrence avec la filière alimentaire).
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===== La transformation du charbon et du gaz naturel =====
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La [[Houille|charbon]] et le [[gaz naturel]] peuvent être [[Procédé Fischer-Tropsch|transformés]] pour fournir des pétroles synthétiques. L'Afrique du Sud est le principal producteur de cette filière avec 0,16 million de barils/jour produit à partir du charbon (Coal to Liquid) et 0,045 à partir du gaz (GTL Gaz to Liquid) <ref>[http://www.eia.doe.gov/emeu/cabs/South_Africa/Oil.html Statistiques EIA]</ref>
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==== La récupération tertiaire sur les gisements de pétrole conventionnel ====
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La récupération tertiaire du pétrole des gisements de pétrole (en anglais E.O.R. ''Enhanced Oil Recovery'') permet d'augmenter le taux de récupération des gisements existants en utilisant des procédés technologiques variables  pour relancer la production de gisements en déclin. Aujourd'hui la récupération tertiaire est utilisée sur 2% des gisements. Le principal procédé utilisé aujourd'hui est l'injection de vapeur chaude pour fluidifier le pétrole et permettre sa migration vers les puits. Les spécialistes "optimistes" placent beaucoup d'espoirs dans l'amélioration des techniques de récupération tertiaire : les gains espérés font partie intégrante des réserves de pétrole non conventionnel. La bonne tenue des réserves durant les 3 dernières décennies a en partie été mise au crédit de l'amélioration des techniques de récupération tertiaire, à tort selon le géologue Laherrère. Selon ce dernier il ne faut pas  attendre non plus de gains significatifs de cette technique dans le futur.
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=== Les hydrates de méthane ===
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L'[[hydrate de méthane]] est du méthane piégé dans la glace. Cette source d'hydrocarbure est considérée comme inexploitable avec la technologie actuelle et n'est pas prise en compte dans les prévisions de production d'hydrocarbure à moyen terme.  On le trouve en abondance au fond des océans et dans le [[pergélisol]] des régions continentales les plus froides ([[Sibérie]], Nord du Canada). Les projets pilotes menés entre autres par le Japon se sont jusqu'à présent révélés infructueux (faible concentration des hydrates). La mise en production pourrait par ailleurs libérer d'énormes quantités de méthane dans l'atmosphère contribuant à accélérer le [[réchauffement climatique]] (le méthane est 20 fois plus actif que le CO² dans ce domaine). C'est une source d'hydrocarbure qui reste aujourd'hui très hypothétique.
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== Une capacité de production qui a du mal à suivre l'augmentation de la consommation ==
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La capacité de production est le volume de pétrole que l'ensemble des producteurs peuvent produire en utilisant tous les puits opérationnels. Jusqu'à récemment les producteur pris dans leur ensemble (mais en particulier l'Arabie Saoudite) disposaient d'une capacité de production supérieure à ce qui était mis sur le marché ce qui permettait de faire face aux à-coups de la demande mondiale de pétrole. Cette marge est devenue pratiquement nulle en 2007/2008. Malgré l'existence de réserves représentant plusieurs décennies de consommation la mise en production des nouveaux gisements n'arrive pas à compenser l'augmentation de la demande et la diminution de la production des gisements matures :
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* La faiblesse du prix du pétrole jusqu'il y a quelques années a entrainé une baisse des investissements de l'industrie pétrolière qui est difficile à rattraper
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* La mise en production de nouveaux gisements demande aujourd'hui des moyens financiers, techniques et humains très importants car le pétrole qui subsiste est généralement difficile d'accès et les gisements plus petits nécessitent  de renouveller beaucoup plus souvent les investissements. Malgré la pression de la demande la mise en production des nouveaux champs est étalée pour pouvoir faire face aux difficultés des projets et mobiliser les investissements nécessaires.
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* Une fois le gisement en exploitation, la capacité de production de certains  gisement est limitée par des contraintes particulièrement fortes (pression environnementale, disponibilité d'entrants) : les sables bitumineux canadiens représentent aujourd'hui dans les statistiques environ 20% des réserves. Il est prévu que la production actuelle soit de 3 millions de barils/jour en 2020 (4% de la production actuelle) et 4 millions en 2030.<ref>[http://www.neb.gc.ca/clf-nsi/rnrgynfmtn/nrgyrprt/nrgyftr/cnslttnrnd3/bill_wall_2a/bill_wall_2a-fra.pdf ''Les sables bitumineux du Canada Perspectives et enjeux concernant l’approvisionnement''] Office de l'Énergie du Canada, 22 janvier 2008</ref>
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* Dans de nombreux pays producteurs, le rapport entre les compagnies pétrolières internationales et les pays producteurs - Venezuela, Russie, Nigéria, Kazakhstan… - s'est fortement détérioré (nationalisations plus ou moins larvées, révisions des clauses financières) ce qui a ralenti ou bloqué les investissements et les chantiers de mise en production.
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* La relance très forte de l'exploration pétrolière, consécutive à la montée du prix du pétrole entraîne une pénurie de moyens techniques et humains. La flotte de navires de forage est réservée sur plusieurs années et les chantiers navals qui  fabriquent ce type de bâtiment ont  des carnets de commande pleins.<ref>[{{en}} [http://www.iht.com/articles/2008/06/18/business/ships.php ''Rush to exploit new offshore oil hampered by shortage of drilling ships''] International Herald Tribune 18/6/2008</ref>
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== Le pic pétrolier des principales régions de production ==
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{{Article détaillé|Liste des pays ayant franchi le pic de production du pétrole}}
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Si la détermination du pic pétrolier mondial est un exercice difficile compte tenu du nombre de paramètres à prendre en compte, le pic pétrolier de la production d'un pays donne généralement lieu à moins de polémique (sauf cas particuliers de certains pays du Moyen-Orient).
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En 2008, un grand nombre de nombreux pays producteurs ont déjà franchi le pic  de production. Parmi les principaux on peut citer les [[États-Unis]] (1970) (autrefois premier producteur mondial), la [[Libye]] (1970), l’[[Iran]] ([[1976]]), le [[Royaume-Uni]] ([[1999]]), la [[Norvège]] ([[2000]]), le [[Mexique]] (2005).  Début 2008 les seuls pays producteurs importants (parmi les 30 premiers) qui n'ont pas dépassé le pic pétrolier sont l'[[Arabie Saoudite]] (controversé), le [[Koweit]] (controversé), l'[[Irak]],  l'[[Angola]], l'[[Algérie]],  et le [[Kazakhstan]]. 
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La production des quatre plus grands gisements de pétrole  - [[Ghawar]] (Arabie Saoudite), [[Cantarell]] (Mexique), [[Burgan]] (Koweït) et [[Daqing]] (Chine) - serait aujourd'hui entrée en phase de déclin.
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{| class="wikitable" align=center
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|-align="center"
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|colspan=8  |''Principaux pays producteurs de pétrole dans l'ordre décroissant de leurs exportations (en millions de barils/jour)
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| '''Pays''' || align="center" |'''Production <br />2007''' <ref>[http://www.bp.com/liveassets/bp_internet/globalbp/globalbp_uk_english/reports_and_publications/statistical_energy_review_2008/STAGING/local_assets/downloads/pdf/oil_section_2008.pdf ''Statistiques production pétrole BP année 2007''] Bristish Petroleum (BP) tous liquides (production éthanol Brésil réintégrée)</ref> || '''Exportations''' <ref>[http://www.eia.doe.gov/emeu/cabs/index.html  Direction des statistiques de l'Énergie des États-Unis (EIA)]. </ref> || align="center" |'''Part de marché <br />exportation''' || align="center" |'''Date <br />pic pétrolier''' || align="center" |'''Production 2008<br /> prévue'''|| align="center" |'''Évolution<br /> production'''|| align="center" |'''Réserves'''  2007 <ref>[http://www.bp.com/liveassets/bp_internet/globalbp/globalbp_uk_english/reports_and_publications/statistical_energy_review_2008/STAGING/local_assets/downloads/pdf/oil_section_2008.pdf ''Statistiques production pétrole BP année 2007''] Bristish Petroleum (BP) tous liquides (production éthanol Brésil réintégrée)</ref> <br />(''milliards de barils'')
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| [[Arabie Saoudite]] || 10,41|| '''8''' (est)|| xx || 2008-2014 ||  || 12 (2009)|| 264,2 
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| [[Russie]] || 9,98 || '''7''' || xx || 2007-2015 || || || 79,4
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| [[Émirats arabes unis]] || 2,92  || '''2,5''' (2006) || xx ||  ||  || 5 (2014) || 97,8
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|-
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| [[Iran]] || 4,44 || '''2,6''' || xx || 1974 ||  || 5 (2010)||  138,4
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|-
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| [[Venezuela]] || 2,61 || '''2,2''' || xx || 1970 || || ||  87<ref>Les réserves de pétrole extra-lourd (entre 100 et 200 milliards de barils) ne sont pas intégrées dans ce chiffre</ref>
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| [[Nigéria]] || 2, 36 || '''2,15 ''' || xx|| 1979  ||  ||4 (2010)||  36,2
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|-
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| [[Norvège]] || 2,56 || '''2''' (est) || xx || 2001 ||en déclin  || || 8,2
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|-
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| [[Koweït]] || 2,63 || '''2,1''' || xx || 2013 ||  || || 101,5
 +
|-
 +
| [[Algérie]] || 2 || '''1,84'''  (2006) || xx ||  ||  || || 12,3
 +
|- 
 +
| [[Mexique]] || 3,48 || '''1,79'''  (2006) || xx || 2003 ||  || || 12,2
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|-
 +
| [[Irak]] || 2,15 || '''1,6''' || xx || 2018 ||  || || 115
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|- 
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| [[Angola]] || 1,72 || '''1,5''' ||  || 2016 || 1,7 || 2 (2010-2016) || 9
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|-
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| [[Libye]] || 1,85 || '''1,5''' || xx || 1970 ||2 || 3 (2010-2013) || 41,5
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|- 
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| [[Kazakhstan]] || 1,49 || '''1,2''' || xx || ||  || || 39,8
 +
|-
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| [[Quatar]] || 1,20 || '''1,1''' (est) || xx || 2004 ||  || || 27,4
 +
|-
 +
| [[Canada]] || 3,41 || '''1,02''' || xx || ||  || || 179 (2006)<ref>y compris sables bitumineux (Oil & Gaz journal)</ref>
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|-
 +
| [[Azerbaïdjan]] || 0,87 || '''0,7''' || xx || ||  || || 7
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|-
 +
| [[Oman]] || 0,72 || '''0,6''' (est) || xx || 2000  ||  -7% || || 5,6
 +
|-
 +
| [[Guinée Équatoriale]] || 0,36  || '''0,35''' (est.) || xx || ||  || || 2
 +
|- 
 +
| [[Équateur]] || 0,52 || '''0,35''' (2006) || xx || 2004 ||  diminution || || 4,3
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|-
 +
| [[Soudan]] || 0,46 || '''0,32''' (2006) || xx || ||  1 || || 6,6
 +
|-
 +
| [[Colombie]] || 0,56 || '''0,3''' (est) || xx ||  || -5%  || || 1,5
 +
|-
 +
| [[Argentine]] || 0,70 || '''0,28''' || xx ||  || 0,77 || 0,76 || 2,6
 +
|- 
 +
| [[Tchad]] et [[Cameroun]] || 0,28 || '''0,25''' || xx ||  || || || >2
 +
|-
 +
| [[Malaisie]] || 0,76 || '''0,25''' (est.) || xx ||  || -13%  || || 5,4
 +
|- 
 +
| [[Congo]] || 0,22 || '''0,2''' || xx ||  || || || 4,1
 +
|-
 +
| [[Gabon]] || 0,23 || '''0,2''' || xx ||  || || || 2
 +
|-
 +
| [[Égypte]] || 0,71 || '''0,2''' || xx || 1987 || || || 4,1
 +
|-
 +
| [[Cote d'Ivoire]] || 0,09 || '''0,07''' || xx ||  || || ||
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|-
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| [[Brésil]] || 2,4 || '''0''' || 0 ||  || 2,6 || || 12,6
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|-
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| colspan=8  |Principaux pays producteurs et importateurs par ordre décroissant de production
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|-
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| [[États-Unis]] || 6,88 || '''0''' || 0 || 1971 ||  || || 29,4
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|-
 +
| [[République populaire de Chine|Chine]] || 3,74 || '''0''' || 0 ||  ||  || || 15,5
 +
|-
 +
| [[Grande Bretagne]] || 1,64 || '''0''' || 0 || 1999 ||  || ||  3,6
 +
|-
 +
| [[Inde]] || 1,04 || '''0''' || 0 || 1997 ||  || ||  5,5
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|}
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===Les principaux pays exportateurs ===
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* [[Arabie Saoudite]] :Selon [[Matthew Simmons]], qui a exercé un rôle d’expert auprès de la ''Task Force'' présidée par [[Dick Cheney]] et chargée de définir la politique énergétique des États-Unis , l’[[Arabie saoudite]] aurait également passé son pic en [[2004]]. Si l'on peut donc encore douter de la validité du dépassement du pic pétrolier pour l'Arabie Saoudite, premier producteur mondial, nous devrons attendre quelques années avant d'avoir une réponse claire. Pour ce qui concerne le plus grand champ pétrolier de la planète, le gisement de [[Ghawar]], plusieurs spécialistes estiment qu’il est proche du pic, même si les officiels le contestent. Selon la compagnie nationale, un certain nombre de petits gisements doivent entrer en production dans les années et sont censés officiellement plus que compenser le déclin du gisement géant de Ghawar. La très forte croissance de la consommation intérieure contribue à diminuer rapidement la part des exportations.
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[[Image:Production-petrole-2007.png|thumb|Part de marché des différents pays producteurs en 2007. La couleur précise si la production future devrait croitre (verte), décroitre (rouge) ou est controversée (orange).]]
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*[[Russie]] :  L'URSS a atteint un premier pic de production en 1984 à 11,2 millions de barils/jour. La production s'est effondrée à la suite de l'éclatement de l'Union soviétique à 6 millions de barils en 1995 puis a commencé  à remonter en Russie à compter de cette date (en parallèle la production dans d'anciennes républiques soviétiques s'est fortement développée). En 2007 elle semble plafonner à la valeur de 9,8 millions de barils/jours. Les réserves en Russie sont estimées début 2008 selon les auteurs entre 70 et et 170 milliards de barils<ref>{{en}} [http://www.tsl.uu.se/uhdsg/Publications/Aram_Thesis.pdf ''Russian Oil a Depletion Rate Model estimate of the future Russian oil production and export'']  Thèse de Aram Mäkivierikko - octobre 2007</ref>. La fourchette basse conduit à un pic de production imminent tandis que si la valeur moyenne est retenue, la plus probable, le pic serait atteint d'ici 2015 avec une valeur de production quotidienne légèrement supérieure à la valeur actuelle. Mais les gisements qui doivent prendre le relais des zones de production actuelles nécessitent des  investissements particulièrement importants (Arctique, Sibérie orientale) et les compagnies pétrolières russes, sévèrement taxées par l'État, pourraient manquer de moyens. On attend une forte croissance de la demande intérieure (explosion du parc automobile privé) qui devrait également réduire la part des exportations. <ref>{{en}} [http://www.theoildrum.com/node/3626 ''Russia's Oil Production is About to Peak''] Site internet Oildrum - étude d'avril 2008</ref>
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*[[Émirats Arabes Unis]] :
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* [[Koweit]] : Très récemment, le [[12 novembre]] [[2005]], une nouvelle (publiée entre autres par AME Info et reprise par de nombreux médias dont Kuwaittimes.net) a stupéfié beaucoup d’experts : le champ de [[Burgan]], situé au [[Koweït]], 2{{e}} champ pétrolier de la planète par sa capacité a atteint son pic de production. Les experts pensaient extraire 2 Mbbl/jour pendant encore 30 à 40 ans, mais il plafonne désormais autour de 1,7 Mbbl/j malgré tous les efforts entrepris pour maintenir son débit initial.
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*[[Mexique]] : Le [[complexe de Cantarell]], qui fournit les 2/3 de la production mexicaine, a atteint son pic en [[2006]], amorçant ainsi le déclin rapide de la production pétrolière mexicaine. L'agence américaine de l'énergie dans une analyse datée de 2007 estime que la production tombera à 3 millions de barils/jour en 2012 avec une remontée possible en 2030 au niveau de 2007 (3,5 millions de barils). La compagnie nationale PEMEX qui assure de manière exclusive l'exploration et la production du pétrole mexicain pourrait manquer de capitaux -du fait de prélèvements trop importants de l'État mexicain- pour mettre en exploitation les nouveaux gisements en eau profonde qui doivent prendre en partie le relais des gisements déclinants<ref>[http://www.eia.doe.gov/oiaf/ieo/special_topics.html ''Revue 2007''] Agence américaine de l'énergie </ref>. 
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*[[Iran]] :
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*[[Canada]] : la production est en forte croissance grâce à l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta qui fait plus que compenser le déclin des gisements de pétrole conventionnel. Le scénario moyen prévoit une production de 3,5 millions de tonnes en 2010, 4 en 2015, 4,5 en 2020 et 4,5 en 2030  (respectivement 2, 3 , 3,5 et 4 pour les sables bitumineux). Les variantes de ce scénario ajoutent ou enlèvent 1 millions de barils/jour à partir de 2020.<ref>[http://www.neb.gc.ca/clf-nsi/rnrgynfmtn/nrgyrprt/nrgyftr/cnslttnrnd3/bill_wall_2a/bill_wall_2a-fra.pdf ''Les sables bitumineux du Canada Perspectives et enjeux concernant l’approvisionnement''] Office de l'Énergie du Canada, 22 janvier 2008</ref>. La capacité de production est limitée par la nécessité de disposer de beaucoup d'énergie pour transformer les sables bitumineux et de limiter les atteintes à l'environnement. Compte tenu des énormes réserves de sables bitumineux (180 milliards de barils à ce jour), le pic du pétrole se situe à une échéance lointaine non définie.
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*[[Émirats arabes unis]]
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*[[Venezuela]] : le pays dispose d'un énorme potentiel de production grâce aux gisements de pétroles extra-lourds. Mais la situation intérieure ne permet pas de développer ces gisements qui demandent énormément de capitaux et une forte expertise technique (américaine).
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*[[Norvège]] : la production décline régulièrement.
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*[[Nigéria]] : en 2008 le pays dispose d'un gros potentiel de croissance qui ne peut se concrétiser à cause des désordres intérieurs. 
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*[[Irak]] : l'Irak dispose des troisièmes réserves mondiales de pétrole, mais sa production n'arrive pas à progresser à cause du conflit en cours.
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* [[Angola]] : le pays a adhéré à l'[[OPEP]] en 2008 et dispose d'un quota de 2 millions de barils/jours qu'il devrait pouvoir maintenir jusqu'à 2016 grâce à la mise en production de gisements en offshore profond dans les années à venir. Une partie des gisements se situe sur le territoire de [[Cabinda]] : des mouvements armés réclament l'indépendance de cette région, séparée du territoire principal par le Zaïre, depuis l'indépendance de l'Angola. <ref>[{{en}} http://europe.theoildrum.com/node/4184 ''World Oil Exports Angola'']  The Oil Drum - 1/7/2008</ref> 
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[[Image:ELM UK.png|thumb|Le Royaume-Uni a passé son pic pétrolier en 1999 et est devenu importateur de pétrole en 2007.]]
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*[[Brésil]] : la production du Brésil devrait fortement augmenter dans les années à venir grâce à des gisements situés en offshore profond
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* [[Kazakhstan]] : Production en croissance rapide mais des gisements difficiles à exploiter (présence de soufre...) occasionnent des retards
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* [[Azerbaïdjan]] : la production de ces deux anciennes républiques devrait croître fortement dans les années qui viennent.
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* [[Argentine]], [[Égypte]], [[Équateur]], [[Malaisie]], [[Colombie]] : la production de tous ces pays décline
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* [[Brésil]] : Futur pays exportateur ?
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===Les principaux pays producteurs et importateurs ===
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*[[États-Unis]] : la production décroit rapidement tandis que la demande se maintient.
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*[[République populaire de Chine|Chine]] :
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*[[Inde]]:
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*[[Grande-Bretagne]]
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== Contexte économique et géopolitique ==
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=== Croissance et élasticité de la demande de pétrole ===
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La demande de pétrole est en croissance régulière. La demande émanant des pays européens et de l'Amérique du Nord s'est stabilisée mais elle croit fortement ailleurs, particulièrement en Chine, en Inde ainsi que dans les pays exportateurs de pétrole.
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L'énergie (le pétrole en fournit 35%) contribue à hauteur de 50% à la formation du PNB mondial. Dans pratiquement tous les secteurs économiques, les produits dérivés du pétrole (plastiques...) sont devenus indispensables et il n'existe généralement pas de substitut. Les carburants tirés du pétrole représentent 97% de l'énergie utilisée par les transports dans le monde<ref>[http://www.ville-en-mouvement.com/textes-reference/orfeuil-trans-effet-serre.pdf Insitut pour la ville en mouvement PSA]</ref>, qui jouent un rôle vital dans le fonctionnement de l'économie moderne. L'agriculture est complètement dépendantes du pétrole : engrais, insecticides, engins agricoles; les rendements agricoles élevés, qui ont permis de faire face à la forte croissance de la population mondiale, sont pratiquement entièrement liés à l'utilisation du pétrole.
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* Le remplacement du pétrole par d'autres sources de carbone ou d'énergie sera difficile : la demande de pétrole a une faible élasticité. Une fois le pic franchi et si l'économie et même la société ne s'y est pas préparée, le prix se fixera à des sommets très élevés.
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* La production est actuellement régulée par la demande ; quand ce sera l'inverse, les économies nationales devront accomplir une mutation importante.
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{| class="wikitable" width="60%" align=center
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|+ '''Évolution de la consommation mondiale de pétrole''' ''(en Mb/j)''<ref> >[http://www.bp.com/liveassets/bp_internet/globalbp/globalbp_uk_english/reports_and_publications/statistical_energy_review_2008/STAGING/local_assets/downloads/pdf/oil_section_2008.pdf ''Statistiques BP 2007''] Bristish Petroleum</ref>
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! 2001 !! 2002 !! 2003 !! 2004 !! 2005 !! 2006 !! 2007
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| align="center" | 76,9 || align="center" | 77,8 (+1,17&thinsp;%)  || align="center" | 79,3 (+1,93&thinsp;%) || align="center" | 82,1 (+3,53&thinsp;%) || align="center" | 83,3 (+1,46&thinsp;%) || align="center" | 84,2 (+1,08&thinsp;%)  || align="center" | 85,2 (+1,19&thinsp;%)<small>  </small>
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=== La relation pays producteurs / pays consommateurs ===
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Jusqu'à aujourd'hui les principaux producteurs exportateurs ont généralement répondu aux augmentations de la demande  par une augmentation de la production (dans la mesure ou ils disposaient de la capacité à le faire) et par une accélération des projets de mise en production. Il est probable que la montée des prix et la diminution des réserves va désormais inciter certains des pays producteurs exportateurs à limiter leur production ou en tout cas de ne pas tenter de suivre la demande en accélérant les projets de mise en production.
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* Avec un prix du baril élevé, les pays producteurs disposent d'entrées financières équivalentes avec un volume de pétrole produit réduit.
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* Les pays producteurs ont intérêt à prolonger la période durant laquelle ils pourront bénéficier de la manne financière du pétrole.
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== Les outils d'évaluation du pic pétrolier ==
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{{Article détaillé|Pic de Hubbert}}
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===La courbe de Hubbert ===
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[[Image:Hubbert peak oil plot.svg|thumb|La [[Pic de Hubbert|courbe de Hubbert]] propose une modélisation de la production de pétrole en forme de cloche avec des jalons qui sont fonction de la production passée et des réserves prouvées]]
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[[Image:Norvege Hubbert.svg|right|thumb|L'évolution de la production de pétrole en Norvège s'inscrit presque parfaitement sur la courbe de Hubbert]]
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Le géophysicien [[Marion King Hubbert]] suggéra dans les années 1940 que la production d'une matière première fossile donnée, et en particulier du pétrole, suivait une courbe en cloche parallèle à celle des découvertes mais décalée dans le temps. Cette courbe, en particulier la date à laquelle la production culminerait, le volume des réserves totales et la valeur de la production maximale atteinte au moment du pic, pouvait se déduire de la quantité de pétrole déjà extraite et de l'estimation des réserves totales. La courbe atteint son sommet lorsqu'à peu près la moitié des réserves ont été extraites.
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En 1956, lors d'un meeting de l'[[American Petroleum Institute]] à [[San Antonio]], au [[Texas]], Hubbert fit la prédiction que la production globale de pétrole aux [[États-Unis]] atteindrait son maximum aux alentours de 1970, avant de commencer à décroître<ref>M King Hubbert. [http://www.hubbertpeak.com/hubbert/1956/1956.pdf ''Nuclear energy and the fossil fuels''], 1956</ref>. Il devint célèbre quand on s'aperçut qu'il avait raison, en 1970. La courbe qu'il employa dans son analyse est connue sous le nom de [[Pic de Hubbert|Courbe de Hubbert]], et le moment où elle atteint son maximum le [[Pic de Hubbert]].
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Au lendemain du pic de production domestique des États-Unis, ses travaux reçurent un intérêt renouvelé car la date de ce pic (1970) coïncidait bien avec la prévision effectuée 15 ans plus tôt. Hubbert avait prédit en utilisant sa méthode que le déclin de la production mondiale se produirait en 2000. Mais les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont considérablement déformé la courbe de production (en ralentissant la progression de la demande), éloignant la courbe consolidée de la production du modèle théorique établi par Hubbert.
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La courbe de Hubbert est donc bien adaptée à l'étude d'un ensemble de gisements pendant une période économique stable ; elle ne permet pas à elle seule de faire des prédictions à long terme sur l'ensemble de la planète.
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====Utilisation contemporaine de la courbe de Hubbert====
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Plus récemment, la disponibilité des moyens de calcul personnels ont permis à de nombreux spécialistes du domaine de travailler sur la problématique du pic pétrolier à l'issue de la période 1985-2000, très homogène sur un plan économique.
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=== La courbe d'écrémage ===
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La courbe d'écrémage est un graphique qui met en relation le volume des réserves découvertes  par rapport au nombre de forages d'exploration  réalisés (ou de [[Plate-forme pétrolière|plate-formes de forage]] en opération). C'est un moyen indirect de déduire le déclin d'un gisement : lorsque la production diminue, le nombre de forages augmente pour tenter de ralentir le déclin. Un ratio réserves découvertes/nombre de forages faible sur une période significative indique que la probabilité de découvrir dans le futur de nouvelles réserves est elle-même faible. Cette courbe est généralement utilisée au niveau d'un gisement.
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=== Le ratio réserves sur production (R/P) ===
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Le ratio réserves sur production (R/P) est le rapport entre le volume des réserves de pétrole et le volume de la consommation de pétrole sur un an. Il est aujourd'hui proche de 40 ans. Malgré un volume de découvertes inférieur à la production il a progressé au cours des dernières décennies et ne régresse que depuis quelques années. L'évolution de ce ratio est un des arguments utilisé par les optimistes (les réserves s'accroissent quand le besoin s'en fait sentir). Pour les pessimistes, l'évolution du ratio est faussée car le volume des réserves déclarées n'était pas jusqu'à récemment une information reposant sur les données techniques. Pour D Laherrere, le ratio diminue depuis les années 1980. Par ailleurs le ratio ne prend pas en en compte l'augmentation régulière de la consommation.
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== Les acteurs du débat et leurs avis==
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[[Image:TrendLinesOilDepletionScenarios41211.png|600px|right|Les courbes de la production selon les différents acteurs (prévisions de 2005)]]
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Les diverses organisations qui ont essayé de déterminer la date du pic pétrolier n'ont pas les mêmes opinions sur la date à laquelle le déclin de la production pétrolière doit s'amorcer:
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# Les plus optimistes (les économistes, les gouvernements [[États-Unis|états-unien]] et des pays de l'[[OPEP]], certaines compagnies pétrolières) annoncent officiellement qu'il surviendrait vers 2020 ou à une date postérieure;
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# Alors que les experts de l'[[Association for the Study of Peak Oil and Gas|ASPO]] donnent la date de 2010, voire 2008 ([http://www.oleocene.org/index.php?page=newsletter bulletin officiel de l'ASPO], traduit en français). L'''[[Association for the Study of Peak Oil and Gas]]'', en français "Association pour l'étude du pic pétrolier et gazier", publie annuellement une courbe effective de la production pétrolière mondiale, et la présente lors de séminaires internationaux.
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L'augmentation de la consommation de pétrole de la [[République populaire de Chine|Chine]] et de l'[[Inde]], liée à leur forte [[croissance économique]], incite à penser que la production ne pourra pas augmenter aussi vite que la demande dans les années qui viennent.
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En 2006, selon les chiffres du ''Departement of energy'' américain, la production mondiale de pétrole brut (et condensats) a décliné de 200 000 barils/jours comparée à celle de 2005, tandis que la production "tous liquides" (qui inclut les pétroles non conventionnels tels que l'éthanol et le pétrole issus des schistes bitumineux), restait stable. En particulier, la production saoudienne a diminué de 8%.
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=== L'Agence internationale de l'énergie (AIE) ===
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L'[[Agence internationale de l'énergie]] est une organisation destinée à  coordonner les politiques énergétiques des pays occidentaux industrialisés. Créée en 1974 à l'initiative des États-Unis à la suite du premier choc pétrolier, elle supervise le dispositif permettant de pallier une pénurie temporaire et coordonne les politiques énergétiques de ses membres. L'AIE fait partie des acteurs "optimistes" : jusqu'à récemment elle niait l'existence d'un pic pétrolier. Fin 2007 l'AIE a toutefois reconnu que, à l'horizon 2015, le déclin des gisements aujourd'hui en production (- 23,9 millions de barils/jour) et la croissance de la consommation de pétrole en Chine et en Inde (+13,6 millions de barils/jour) imposait un rythme de croissance de la production pétrolière qui serait difficile à tenir (+37,5 millions de barils/jour). Compte tenu des projets en cours de développement il manquerait à cette date 12,5 millions de barils/jour pour faire face à la demande si de nouveaux gisements et des mesures d'économie d'énergie n'étaient pas prises.<ref>[http://europe.theoildrum.com/node/3336 ''Compte rendu de la présentation du rapport 2007 de l'AIE''] Site Theoildrum.com</ref>
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=== Association for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO) ===
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L'Association for the Study of Peak Oil and Gas c'est à dire l'''association pour l'étude du pic pétrolier et gazier'' rassemble des spécialistes du pétrole et du monde de l'énergie dont plusieurs géologues ayant occupé des postes de responsabilité dans les compagnies pétrolières internationales. L'association présidée par [[Colin Campbell (géologiste)|Colin Campbell]] a été fondée  pour alerter les décideurs et l'opinion publique de l'imminence du pic pétrolier. Elle préconise des mesures économiques rapides incluant la reconversion vers des énergies alternatives pour éviter un effondrement économique.   
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L'ASPO est le porte-parole des "pessimistes" : selon son analyse, les prévisions de production sont surévaluées pour des raisons à la fois boursières et politiques. Début 2008, l'ASPO prévoit un pic pétrolier vers 2010 et un pic gazier vers 2020.
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=== Le département de l'Energie américain (USDEA/EIA) ===
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=== L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ===
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L' [[Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole]] (OPEP) a été créé en 1960 à l'initiative du Shah d'Iran et du Venezuela pour pallier la baisse du prix du baril (moins de 5 dollars américains à l'époque). Son objectif principal est de coordonner les politiques de production de ses membres en fixant des quotas, afin de maintenir le cours du pétrole. Certains pays exportateurs ne font pas partie de l'organisation : il s'agit de la Russie, la Norvège, le Mexique, le Canada et le Soudan.
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===Les compagnies pétrolières internationales ===
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Les compagnies pétrolières internationales ont longtemps été l'acteur principal du marché principal. A la suite de la nationalisation de la production de pétrole par les principaux pays producteurs, leur part dans la production est devenue minoritaire. Les 7 principales compagnies qui réalisaient 62 % de la production mondiale en 1971 en réalisent 15 % aujourd’hui  <ref>[http://www.ifp.fr/espace-decouverte-mieux-comprendre-les-enjeux-energetiques/les-cles-pour-comprendre/le-contexte-economique/les-acteurs-de-la-scene-petroliere Institut Francais du Pétrole (IFP) ''Les acteurs de la scène pétrolière'' consulté le 26/6/2008]</ref> et détiennent 3% des réserves <ref>[http://www.er.uqam.ca/nobel/ieim/IMG/pdf/CEPES_BULL_87_VF.pdf ''Compagnies internationales de pétrole : Illusion de puissance ?''] Institut d'Etudes Internationales de Montréal , consulté le 26/6/2008]</ref>
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=== Les compagnies pétrolières nationales ===
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La production de pétrole est aujourd'hui largement entre les mains des compagnies nationales : ARAMCO pour l'Arabie Saoudite, PEMEX pour le Mexique, etc,...
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=== Synthèse des arguments des optimistes et des pessimistes ===
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! Thème !! Optimistes !! Pessimistes   
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| align="center" | Réserves||align="center" |Les réserves déclarées par les producteurs sont fiables|| align="center" | Les réserves, en particulier celles de l'OPEP, sont surestimées et ne correspondent pas aux réserves techniques. 
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| align="center" | Incidence des progrès techniques || align="center" | L'évolution durant ces dernière décennies du coefficient R/P (réserves de pétrole mondiales divisée par la production annuelle) prouve indirectement que l'industrie du pétrole arrive à repousser régulièrement l'échéance || align="center" | Le coefficient R/P a longtemps été sous-évalué car les réserves déclarées ne correspondaient pas aux réserves techniques. Il est aujourd'hui surévalué car certains pays déclarent des réserves qu'ils n'ont pas pour des raisons à la fois politiques et financières.
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| align="center" | Incidence du prix|| align="center" | L'augmentation du prix du pétrole rend rentable de nouveaux gisements ou permet des prospections plus poussées ce qui permet in fine de maintenir les réserves || align="center" | Les gisements qui deviennent accessibles grâce à l'élévation du prix du baril sont de plus en plus petits et les réserves découvertes tendent à devenir marginales.
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| align="center" | Part du pétrole non conventionnel|| align="center" | Le pétrole non-conventionnel va prendre progressivement le relais du pétrole conventionnel || align="center" | Le pétrole non-conventionnel ne représentera toujours qu'une faible fraction de la consommation actuelle : il nécessite d'énormes investissements, son EOREI est souvent très faible, pour différentes raisons malgré la grande taille des réserves, la production de ce type de pétrole plafonnera. La plupart des filières de pétrole non-conventionnel sont très polluantes (importantes émissions de CO<sub>2</sub>, consommation d'eau, émission de mutagènes et de cancérigènes) et entrent en conflit avec les objectifs de réduction de l'émission de gaz à effet de serre.
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| align="center" | Schistes bitumineux|| align="center" | La planète comporte d'énormes réserves de schistes bitumineux qui une fois les techniques mises au point permettront de produire des quantités significatives de pétrole || align="center" | Les expériences pilotes n'ont jusqu'à présent pas abouti. L'EOREI est mauvais et la pollution très importante.
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| align="center" | Hydrate de méthane|| align="center" | La planète comporte d'énormes réserves d'hydrates de méthane qui une fois les techniques mises au point permettront de produire des quantités significatives de pétrole || align="center" | L'hydrate de méthane est trop dispersé pour permettre une utilisation viable. Sa collecte pourrait conduire à une catastrophe climatique en libérant des grandes quantités de méthane dans l'atmosphère.
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| align="center" | Découvertes || align="center" | L'Arctique et l'offshore profond n'ont été explorés que de manière superficielle et recèlent des réserves significatives || align="center" | Les réserves potentielles sont à peu près connues et ne représenteront qu'un apport marginal. Le développement de ces gisements nécessite des investissements gigantesques et sont pour l'Arctique au-delà de nos capacités techniques actuelles. Le pétrole produit sera très cher.
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| align="center" | Taux de récupération || align="center" | Les techniques vont progresser et permettre la récupération d'un taux croissant de pétrole dans les gisements (aujourd'hui 35%). Ce coefficient a d'ailleurs fortement progressé par le passé || align="center" | La progression du taux de récupération au cours des dernières décennies est contestable (il s'agit plutôt d'une convergence entre réserves officielles et réserves techniques). Le taux de récupération est essentiellement dépendant de la géologie et les progrès techniques n'ont que peu d'incidence.
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=== Avis d'experts ===
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Le [[11 février]] [[2006]], Kenneth Deffeyes, professeur à l'[[Université de Princeton]] et expert pétrolier ayant travaillé entre autres pour [[Shell (compagnie)|Shell]], {{en}} annonce<ref>Voir [http://www.princeton.edu/hubbert/current-events-06-02.html ici].</ref> que pour lui le pic pétrolier a été atteint le [[16 décembre]] [[2005]] avec 1006,5 milliards de barils produits depuis le début de l'ère du pétrole.
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Le saoudien Sadad Al-Husseini, ancien responsable de l'exploration à la [[Saudi Aramco]], a apporté <ref> ''La production d'or noir n'augmentera plus, selon l'ex-n°2 du pétrole saoudien'' journal Le Monde, 16 novembre 2007 </ref> son propre point de vue : pour lui la production de pétrole a atteint son maximum, et jusqu'en 2020 environ la production restera à peu près stable. Après cette date, il pronostique une baisse assez forte de la production. Il estime également que les réserves mondiales sont surestimées d'environ 300 milliards de barils (soit dix ans de production) et que les grands gisements du moyen orient ont déjà livré 41% de leurs réserves initiales (jusque mi-2007). Ces estimations sont proches de celles fournies depuis plusieurs années par l'ASPO mais leur confirmation par une personnalité ayant exercé des fonctions dirigeantes au sein de la compagnie nationale saoudienne constitue une première.
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== Conclusion ==
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En 2007, la production journalière de pétrole a été de l'ordre de 81,53 millions de barils (hors pétrole synthétique) ce qui la situe au même niveau que les deux années précédentes<ref>Source BP</ref>, concrétisation pour certains du pic pétrolier. L'existence de celui-ci n'est plus aujourd'hui un véritable objet de polémique. Mais alors que certains considèrent que le pic de production mondial a déjà été atteint, d'autres estiment que le pic interviendra dans la décennie 2010 ou 2020, avec une valeur comprise entre 100 et 120 millions de barils par jour. Ces variations considérables s'expliquent par des évaluations divergentes des spécialistes sur les principaux paramètres :
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* les réserves des gisements de pétrole en production  et la rapidité du déclin de ces mêmes gisements
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* la vitesse de la mise en production des nouveaux gisements
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* l'apport du pétrole non conventionnel et subconventionnel (Arctique, Offshore profond)
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Par ailleurs plusieurs facteurs exogènes peuvent jouer un rôle crucial :
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* les pays exportateurs peuvent être tentés de ralentir ou de stabiliser leur production pour préserver une partie de leurs réserves.
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* la situation intérieure des pays producteurs peut réduire la capacité d'exportation du fait de l'instabilité (situation actuelle au Nigéria et en Irak) ou en créant un climat peu propice aux investissements (Iran, Russie, Venezuela). Pour les pays cités, un retour à la « normale » pourrait par contre remettre sur le marché des capacités de production considérables.
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* la croissance de la consommation et l'influence d'une montée du prix du pétrole sur celle-ci
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Pour certains spécialistes (J Laherrère<ref>[http://aspofrance.viabloga.com/files/MinesdeParis-22Mai08.pdf J Laherrère ''Conférence sur les réserves de pétrole et le peak oil» 22 Mai 2008'']</ref>) le pic pétrolier pourrait prendre la forme d'un  plateau « en tôle ondulée » caractérisé par des prix chaotiques associés à des cycles de récession économiques.
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Aujourd'hui la polémique s'est en partie déplacée sur les mesures à prendre dans le domaine économique pour préparer le futur déclin de la production du pétrole.
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== Conséquences sur l'économie ==
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{{Article détaillé|Dépendance au pétrole}}
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La prise de conscience du pic pétrolier et surtout de l'avènement global de la période décroissante de la courbe, celle de la [[déplétion]], impose une redéfinition généralisée du mode de vie induit par un pétrole bon marché dont la production se calait constamment aux besoins.
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Les plus pessimistes considèrent qu'il y aura trois crises successives qui seront les chocs géologique (prise de conscience de la finitude des réserves), économique (fin du pétrole bon marché) puis sociale (reconversion nécessaire pour résoudre la [[dépendance au pétrole]] dans les modes de vie).
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==Crise==
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La '''crise des subprimes''' (ou crise du sub-prime) {{en en|''subprime mortgage crisis''}} est une [[crise financière]] mondiale qui a débuté en 2007. Elle est souvent considérée comme la pire crise financière depuis la [[crise de 1929]]<ref>Lire par exemple ''Wall Street joue un remake de 1929'', in ''La Tribune'', 16 septembre 2008, pp2-3.</ref>.
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La crise des subprimes s'est déclenchée au deuxième semestre 2006 avec le [[krach]] des prêts hypothécaires à risque aux [[États-Unis]] (les ''« [[subprime]]s »''). Révélée au monde en février 2007, notamment par l'annonce d'importantes provisions passées par la banque [[HSBC]], elle s'est véritablement transformée en crise financière mondiale à partir de l'été [[2007]].
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La crise des crédits subprimes américains a conduit à une défiance au niveau mondial envers les créances [[titrisation|titrisées]] ([[Asset Backed Security|ABS]], [[Residential Mortgage Backed Securities|RMBS]], CMBS, [[CDO]]) qui comprennent une part plus ou moins grande de crédits subprime, puis envers les fonds d'investissement, les [[OPCVM]] (dont les [[SICAV monétaire]]s) et le système bancaire susceptibles de détenir ces [[dérivés de crédit]]. Soit un mouvement de réévaluation du risque et d'aversion au risque.
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Cette crise de confiance générale dans le [[système financier]], a conduit à la chute des marchés financiers et à une [[crise de liquidité]] bancaire. De crainte que la crise ne touche la sphère de l'[[économie]] réelle, les [[Banques centrales]] ont été amenées à injecter des liquidités dans le marché interbancaire et à assouplir leur [[politique monétaire]] (la [[Réserve fédérale des États-Unis|Fed]] en septembre 2007).
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À partir de l'été 2007, les banques du monde entier ont dû passer chaque trimestre dans leurs comptes des dépréciations de la valeur de leurs actifs liées aux subprimes, en particulier les [[ABS]] et [[CDO]]. De l'été 2007 à l'été 2008, les banques du monde entier ont ainsi passé pour 500 milliards de dollars de dépréciations d'actifs, ce qui a fait chuter d'autant leurs [[capitaux propres]]. Ceci d'autant que le système de réassurance de ces produits, les [[rehausseurs de crédits]], s'est révélé inefficace devant l'ampleur des risques à couvrir.
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Afin de pouvoir respecter les [[ratios de solvabilité]] du métier et poursuivre leur activité, elles ont dû parallèlement reconstituer leurs capitaux propres par augmentation de capital, pour un montant de 300 milliards de dollars de la mi-2007 à la mi-2008<ref>''Banques : le tournant stratégique'', Sylvain de Boissieu, in ''Investir'', 9 août 2008, page 29</ref>. Plusieurs [[fonds souverains]], de pays asiatiques notamment, ont ainsi pris des participations significatives au capital des grandes banques américaines. En 2008, plusieurs grandes banques ont finalement dû être rachetées afin de sauver leur activité ([[Bear Stearns]] et [[Merrill Lynch]] aux États-Unis) tandis que d'autres ont été nationalisées ([[Northern Rock]] en Grande-Bretagne, [[Fannie Mae]] et [[Freddie Mac]] aux États-Unis, et également l'assureur [[AIG]]) et que certaines ont dû faire faillite ([[Lehman Brothers]] aux États-Unis).
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La difficulté des banques a entraîné un ralentissement des octrois de [[crédit]]s à travers le monde et donc renforcé le ralentissement économique en cours à travers le monde au même moment. Le secteur de l'assurance a également été touché par la crise, dans une mesure moindre que le secteur bancaire à la mi-2008.
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== La crise des subprimes aux États-Unis==
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=== Croissance du marché des subprimes ===
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{{article détaillé|subprime}}
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Le marché des « [[subprime]]s » est constitué de prêts hypothécaires (immobiliers), cartes de crédit, location de voitures et autres prêts à risques accordés à une clientèle peu solvable ou à l'historique de crédit difficile. Ce marché s'est largement développé aux États-Unis à partir de 2001, passant d'un montant de 200 milliards [[Dollar américain|USD]] pour les prêts hypothécaires en 2002 à 640 milliards USD en 2006. Ce montant représentait 23 % du total des prêts immobiliers souscrits<ref>[[Le Figaro Economie]], 9 octobre 2007, page 18</ref>.
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Les emprunteurs à risque peuvent contracter un [[Crédit immobilier|emprunt immobilier]] sur ce marché, moyennant un [[taux d'intérêt]] révisable (indexé sur la base du [[taux directeur]] de la [[Réserve fédérale des États-Unis|Fed]]), majoré d'une « [[Spread de crédit|prime de risque]] » (subprime) pouvant être très élevée. Les premières années du prêt (1, 3 ou 5 en général) sont couvertes par un [[taux d'intérêt fixe]] promotionnel qui devient ensuite variable. Les emprunteurs hypothécaires américains ont la possibilité d'emprunter jusqu'à 110 % de la valeur de l'immeuble objet du prêt, d'avoir la possibilité de ne rembourser que la partie intérêt de leur mensualité, un intérêt d'ailleurs entièrement déductible d'[[impôt]]s.
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La croissance de ce marché a tout d'abord été encouragée par des taux historiquement bas qui ont incité les institutions de crédit à accroitre la part du subprime dans leur portefeuille et à profiter des importantes marges de risque imposées à ces crédits. Elles étaient encouragées en cela par une [[législation]] de [[1977]] ([[Community Reinvestment Act]]), qui oblige les établissements de crédit à prêter à des personnes à revenus modestes auxquelles de tels prêts ne seraient sans cela pas accordés <ref>{{en}} ''[http://washingtontimes.com/apps/pbcs.dll/article?AID=/20070810/COMMENTARY07/108100027&template=nextpage Sub-prime politicians]'', [[Thomas Sowell]], ''[[The Washington Times]]'', 10 août 2007</ref>. Par ailleurs, ce mouvement a été accéléré par l'utilisation de la [[titrisation]] comme outil d'évacuation du risque de crédit, utilisation encouragée par la demande croissante de produits rentables par des investisseurs et par l'afflux de liquidités disponibles à la recherche d'investissements attractifs. Certains [[Établissement financier|établissements financiers]] avaient fait du subprime leur spécialité en se spécialisant dans l'octroi de crédits subprime aussitôt revendu dans le marché de la titrisation.
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Ces prêts à des personnes à la [[évaluation des risques-clients|cote de crédit]] insuffisante ont participé à la création d'une [[bulle immobilière]] qui elle-même nourrissait la bulle de crédits: tant que l'immobilier augmente, la maison acquise et mise en [[hypothèque]] assure que l'opération ne peut que bien se terminer, puisqu'en cas de défaillance, on pourra rembourser le crédit en vendant la maison.
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=== Déclenchement de la crise du subprime ===
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La pérennité de ce système dépend de deux conditions : d'une part, des taux d'intérêt relativement stables, et d'autre part d'une appréciation régulière de l'immobilier. Or,
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* la [[réserve fédérale des États-Unis]] a progressivement relevé son taux directeur de 1 % à 5,25 % entre 2004 et 2006<ref>{{en}} Voir par exemple:http://www.federalreserve.gov/fomc/fundsrate.htm</ref> ;
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* les prix de l'immobilier ont commencé à chuter dans plusieurs régions des États-Unis à partir de 2006. Le marché immobilier américain a perdu aux alentours de 20&nbsp;% durant les 18 derniers mois précédant la crise. Ces fluctuations immobilières sont toutefois très différentes selon les États, villes et quartiers.
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Par conséquent, les emprunteurs se retrouvèrent confrontés à une hausse de leurs mensualités alors que la valeur de leur bien diminuait, et les plus fragiles furent incapables de faire face à leurs remboursements. Lorsqu'il est limité à des cas isolés, le défaut de paiement est couvert par les créanciers : grâce à une politique de gestion du risque, les organismes sont censés pouvoir supporter le délai nécessaire au [[recouvrement de créances]] des [[débiteur]]s. Mais dans le cas d'un phénomène de défaut de paiement en masse, l'organisme [[créancier]] peut se retrouver en situation difficile. Or, en 2007, le taux de non-remboursement sur ces crédits s'est élevé aux alentours de 15&nbsp;% {{Référence nécessaire}}.
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Avec la baisse du marché immobilier américain, la valeur des habitations est devenue inférieure à celle du crédit qu'elles devaient garantir. Ainsi, les [[établissements de crédit]], censés pouvoir récupérer leurs mises en vendant les habitations hypothéquées, se retrouvèrent sans moyen rapide de redresser leur bilan, puisque vendre ces biens ne suffisait plus à couvrir leurs pertes. L'afflux de mises en vente des biens saisis a même aggravé le déséquilibre du marché immobilier où les prix se sont effondrés.
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En août 2007, un site spécialisé faisait état de plus d'un million de défauts de paiement constatés<ref>{{en}} ''[http://www.realtytrac.com/states/index.html U.S. Foreclosures]''</ref>, mais chaque constat de défaillance ne mène pas à la faillite de l’emprunteur. Les banques essayant généralement de trouver des solutions de rééchelonnement de prêts lorsqu’elles pensent que le débiteur ne traverse qu’une difficulté passagère.
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Le président de la Commission bancaire du [[Sénat des États-Unis]], [[Christopher Dodd]], estime qu'un à trois millions d'américains pourraient perdre leur logement suite à cette crise<ref>''[[Le Figaro]], 22 août 2007</ref>.
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=== Effet de contagion sur le système bancaire américain ===
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L'insolvabilité des débiteurs et la chute des prix de l'immobilier ont provoqué la chute ou la faillite de plusieurs entreprises de prêts hypothécaires à risque ({{en}} ''subprime mortgage lenders''), tels que la [[New Century Financial Corporation]] en avril 2007<ref>« Crise de l'immobilier à risque aux États-Unis : New Century en faillite », ''Les Échos'', 3 avril 2007, p. 29.</ref>, conduisant à l'effondrement du prix des actions de l'industrie du crédit.
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Les grandes banques, qui financent ces établissements financiers spécialisés, ont également pâti de ces faillites et leur ont demandé des remboursements anticipés auxquels ils n'ont pu faire face, accélérant les faillites. D'autres grandes banques sont actionnaires de ces sociétés de crédit spécialisées.
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Les premiers effets sur le marché de l'emploi dans le secteur financier se sont faits sentir dès l'été 2007. Les sociétés financières américaines ont annoncé {{formatnum:35752}} suppressions d'emplois en août 2007, selon le cabinet Challenger, Gray and Christmas<ref>« Le marché du travail américain miné par la crise des subprimes », ''Le Devoir'', 6 septembre 2007, p. b3.</ref>.
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En avril 2007, la [[Fed]] estimait que les pertes pour les banques pourraient s'élever de 100 à 150 milliards [[Dollar américain|USD]] pour un marché de {{formatnum:8400}} milliards d'encours de crédit<ref> « Subprimes : les banques pourraient perdre {{formatnum:2000}} milliards de dollars », ''Le Monde'', 21 novembre 2007, p. 13.</ref>. La [[Deutsche Bank]] estimait fin octobre que ce chiffre pourrait s'élever à 400 milliards de dollars<ref>''Ibid.''</ref> ; la banque d'investissement [[Goldman Sachs]] plaçait pour sa part en novembre 2007 le curseur à {{formatnum:2000}} milliards de dollars<ref>''Ibid.''</ref>.
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Le [[Fonds Monétaire International]] a estimé dans un [http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/gfsr/2008/01/sumf.pdf rapport du 9 avril 2008] que « le montant des pertes pourrait atteindre quelque 945 milliards de dollars ».
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=== Réaction du gouvernement américain à l'été 2007 ===
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Le vendredi 31 août 2007, le [[président américain]] [[George W. Bush]] a annoncé une série de mesures destinées à empêcher que les ménages qui font face à des taux d'intérêt particulièrement élevés ne se retrouvent en situation de [[défaut de paiement]] et ne soient contraints de vendre leur maison. Il a notamment proposé que la [[Federal Housing Administration]] modifie ses règles de manière à assouplir les conditions de refinancement exigées des emprunteurs, ainsi que de modifier le régime fiscal pour faire en sorte que des sommes radiées de la valeur d'une maison par des institutions financières ne soient taxées par le gouvernement fédéral. Il estime tout de même que le rôle du [[gouvernement américain]] dans ce dossier est limité, et qu'il n'est pas de son ressort de se porter à la rescousse de spéculateurs ou d'investisseurs ayant pris de mauvaises décisions.
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Par ailleurs, les [[Agence de notation|agences de notation]] ([[Standard & Poor's]], [[Moody's]], [[Fitch Ratings|Fitch]]) sont accusées d'avoir mal évalué le risque de ces produits et, partant, la notation associée à ces produits. En outre, avec la baisse importante des émissions de [[produit structuré|produits structurés]] qui représentaient la moitié de leurs revenus, ces agences ont dû lancer des plans de licenciement : Standard & Poor's a annoncé le 8 décembre un plan pour réduire ses effectifs de 3&nbsp;%<ref>''Les agences de notation dans la tourmente de la crise des subprimes'', ''[[La Tribune (France)|La Tribune]]'', 10 janvier 2008</ref>.
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Les représentants du [[Groupe des sept (économie)|G7]] ont appelé à plus de transparence dans le travail des agences de notation<ref>''[http://www.challenges.fr/actualites/business/20071009.CHA1674/marches_financiers__le_g7_reclame_plus_de_transparence.html Marchés financiers&thinsp;: le G7 réclame plus de transparence]'', ''[[Challenges]]'', 9 octobre 2007</ref>. La ministre française de l'économie [[Christine Lagarde]] a développé cette position en indiquant préférer à de nouvelles lois<ref>Interview au ''[[Financial Times]]'', 8 octobre 2007</ref> une régulation du système bancaire par lui-même. Elle a repris cette idée en septembre 2008, déclarant que les problèmes des marchés financiers étaient principalement dus à une absence de marché et non à son supposé excès<ref>Entretien sur France 24, 20 septembre 2008</ref>.
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==La généralisation de la crise==
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Au delà de la chaîne des effets directs (insolvabilité des emprunteurs subprime, faillite des sociétés de crédit spécialisées, pertes de la part des grandes banques qui les détenaient ou travaillaient avec elles), l'essentiel des effets de la crise du subprime est indirect.
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=== Transmission de la crise par la titrisation ===
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{{article détaillé|Titrisation}}
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La première courroie de la crise réside dans le phénomène de la [[titrisation]] de [[créance]]s. La titrisation est l'opération financière, méconnue de l'emprunteur, par laquelle une [[banque]] revend ses créances sur des marchés spécialisés, souvent groupées avec d'autres valeurs. Ce qui lui permet à la fois de se refinancer et de réduire son risque (qui est reporté sur les [[investisseur]]s qui achètent ses créances). La titrisation est devenue un phénomène courant depuis le début des [[années 2000]]. Les crédits titrisés sont rachetés par des investisseurs (fonds d'investissements classiques, [[hedge funds|fonds plus spéculatifs]], etc.).
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Le marché du subprime a été massivement financé par la [[titrisation]], les créances étant regroupées dans des véhicules de financement ''ad hoc''<ref>''Special Purpose Vehicle'' aux États-Unis ou Fonds commun de créance en France</ref> et transformées en titres négociables souscrits par des investisseurs.
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Cependant, à partir du début 2007, la crise des crédits subprimes a jeté le doute sur l'ensemble des véhicules de titrisation de créances, en premier lieu les créances hypothécaires portant spécifiquement sur l'immobilier d'habitation américain ({{en}} ''residential mortgage backed security'', ou RMBS), mais aussi les paquets de créances diversifiées appelés CDO ({{en}} ''collateralized debt obligations''). Ce sont en fait toutes les formes de véhicules de titrisation de crédit (ABS, RMBS, CDO et leurs variantes) qui sont devenus suspectes, aux yeux des investisseurs, au début et surtout durant l'été 2007, de peur qu'ils ne portent des créances à risque en général et subprimes en particulier<ref>Lire notamment ''Les Techniques de titrisation montrées du doigt'', in ''Les Échos'', 20/08/2007.</ref>.
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=== Transmission par les fonds d'investissement ===
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La deuxième courroie de transmission de la crise est constituée des fonds d'investissement qui ont eux-mêmes acheté les créances titrisées.
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Les crédits subprime, offrant des rendements élevés ({{en}} ''high yield'') dus au paiement par l'emprunteur d'un taux d'intérêt plus élevé que pour le marché ''prime'', les investisseurs ont exercé une forte demande de ce type de produits afin de doper les performances de leurs fonds d'investissement ou [[Organisme de placement collectif en valeurs mobilières|OPCVM]].
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Ces fonds se sont trouvés en difficulté du fait de la chute de la valeur de leurs actifs. L'effondrement de la valeur de deux fonds d'investissement de la banque américaine [[Bear Stearns]], révélé le 17 juillet 2007, a donné le signal de la crise de défiance. L'annonce, intervenue le soir même d'une séance record à la [[New York Stock Exchange]] ({{formatnum:14000}} points atteints en séance), va donner le signal de la baisse<ref>''Les Échos'', 19/07/2007</ref>. Ce sont désormais tous les fonds d'investissement qui vont à leur tour devenir suspects.
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Certains fonds avaient cependant, dès 2006, envisagé qu'une crise immobilière se préparait et avaient pris des positions inverses à tout le monde en [[spéculation|spéculant]] sur l'effondrement des produits financiers adossés aux crédits immobiliers à risque<ref>Le plus notable est le fonds d'investissement Paulson & Co de New York, dirigé par John Paulson, un ancien de Bear Stearns dont la rémunération en 2007 a été estimée à trois milliards de dollars. Voir par exemple "Les 100 meilleurs courtiers ont gagné plus de 30 milliards de dollars en 2007", article paru dans le journal ''Les Échos'', édition du 6 avril 2008 [http://www.lesechos.fr/info/finance/300255111.htm]</ref>.
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=== Engagements indirects des banques ===
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En troisième lieu, ces fonds d'investissement appartiennent ou sont financés par les banques (les ''hedge funds'' se financent par [[effet de levier]], c'est-à-dire avec peu de capitaux et beaucoup d'emprunts). Les banques reprennent donc par ce biais les risques qu'elles avaient dans un premier temps confiés aux marchés<ref>''En se défaisant d'une main des risques, elles les ont repris d'une autre en investissant sur ces mêmes marchés [CDO, ABS, CMBS] à travers des fonds tels les « monétaires dynamiques ».'', ''Les banques dans la tempête'', Sylvain de Boissieu, in ''Investir'' n°1753, 11/08/2007.</ref>. La communauté financière s'est alors rendu compte, vers la fin juillet 2007, que l'ensemble du système bancaire supportait des risques de crédits, non seulement dans les fonds que les banques finançaient, mais aussi dans les fonds qu'elles géraient. Ainsi, des créances titrisées à haut rendement (et donc à haut risque selon le [[Modèle d'évaluation des actifs financiers|Medaf]]) étaient elles-mêmes présentes dans certaines [[SICAV monétaire]]s, placements jusque-là jugés sans risque, les « sicav monétaires dynamiques ». D'où une brutale chute de valorisation des [[sicav]] monétaires dynamiques dans les premiers jours d'août.
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Le [[9 août]] 2007, la première banque française par ses fonds propres<ref>''Palmarès des 100 premières banques européennes'', ''Les Échos'', juillet 2007 (sur exercice au 31 décembre 2006).</ref>, [[BNP Paribas]], annonce le gel (réalisé le 7 août) des actifs de trois fonds monétaires dynamiques [[Organisme de placement collectif en valeurs mobilières|OPCVM]] d'une valeur totale de 1,6 milliards d'[[euro]]s (gérés par BNP Paribas ABS Eonia, BNP Paribas ABS Euribor et Parvest Dynamic ABS) (liés aux sécurités des prêts aux États-Unis)<ref>Voir [http://www.lesechos.fr/info/finance/300194011.htm Les Échos] et [http://www.latribune.fr/info/Trois-fonds-de-BNP-Paribas-touches-par-la-crise-du-credit-~-IDE28D57C9F61F63E0C12573320024DFA0 La Tribune]</ref>. La banque était incapable de chiffrer les actifs de ces fonds depuis que les négociations des {{en}} ''mortgage securities'' étaient virtuellement arrêtées et donc empêchaient les investisseurs de pouvoir déterminer le prix de marché ''security''. Le [[29 août]], BNP Paribas annonce la fin du gel. Les fonds ont rouvert courant septembre avec des décotes d'au maximum 1,21 %<ref>''[http://www.lesechos.fr/patrimoine/sicav/300198515.htm "Subprime" : le dernier fonds gelé par BNP Paribas rouvre sur une baisse de 1,21&nbsp;%]'', ''[[Les Échos]]'', 3 septembre 2007</ref>.
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==Conséquences de la crise==
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===Conséquences sur les banques===
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==== Crise de liquidité bancaire ====
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Les incertitudes sur les engagements directs et indirects des établissements financiers en matière de crédit à risque, mais aussi la crainte d'un ralentissement général des activités de banque de financement et d'investissement, très rentables et moteurs de la croissance au cours des années précédentes, ont fini par entraîner une véritable crise de confiance, ayant connu peu de précédent, entre banques. Celles-ci ont vu se tarir leurs principales sources de refinancement, le [[marché interbancaire]] et l'émission d'ABCP ({{en}} ''asset-backed commercial paper'')<ref>Selon Standard & Poor's, les 15 premiers apporteurs de liquidités du marché américain des ABCP seraient exposés à hauteur de 810 milliards [[Dollar américain|USD]], voir ''La Tribune'', 4/09/2007, p. 20</ref>{{,}}<ref>''Les papiers commerciaux au cœur de la crise monétaire'', ''Les Échos'', 12/09/2007.</ref>.
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Sur le [[marché interbancaire]], sur lequel les banques en situation d'excédent de capitaux prêtent à celles qui en manquent, la défiance entre banques elle-même a conduit à une envolée du [[taux d'intérêt]]<ref>Lire notamment ''La crise du marché monétaire fait plonger les actions'', ''Les Échos'', 6/09/25007, page 31</ref>.
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Par ailleurs, les banques avaient mis en place au cours des années précédentes des structures de financement, appelées conduits ou SIV ({{en}} ''structured investment vehicles'') qui émettaient du papier commercial à court terme à taux faible ({{en}} ''asset-backed commercial paper'') vendu à des investisseurs. Les fonds levés étaient ensuite prêtés à long terme à des taux plus élevés, ce qui permettait de dégager une marge d'intérêt. Seulement, ces emprunts à court terme devaient être renouvelés régulièrement (tous les trois mois). Or, une fois la crise de confiance envers les banques engagée, les investisseurs ont cessé de financer les ABCP, obligeant les banques à les financer elles-mêmes.
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La crise de liquidité bancaire a conduit les banques centrales, [[Banque centrale européenne]] (BCE) et [[Federal Reserve]] (Fed) en premier lieu, à procéder à de massives injections de liquidité sur le marché interbancaire afin de permettre aux établissements de refinancer leur activité et d'éviter le déclenchement d'une crise « systémique » (crise de tout le système).
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La première intervention a eu lieu le 9 août 2007, lorsque la BCE a injecté 94,8 milliards d'[[euro]]s dans le système financier européen pour accroître les liquidités qui manquaient au marché. Il s'agit de la plus grande mise à disposition de fonds faite en un seul jour par la BCE, dépassant le prêt de 69,3 milliards d'euros fait après l'attentat du [[11 septembre 2001]]. Le même jour, la Fed injecte 24 milliards de [[dollar US|dollars US]] dans le système financier du pays.
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Les banques se financent traditionnellement en empruntant sur le [[marché monétaire]] interbancaire à des échéances de trois mois. Le taux d'intérêt auquel elles empruntent (en Europe continentale, il s'agit de l'[[Euribor]] à 3 mois) est habituellement supérieur de 15 à 20 points de base (0,15 à 0,20&nbsp;% en langage courant) au taux directeur de la banque centrale qui est considéré comme le taux sans risque<ref>''La Tribune'', mercredi 19 décembre 2007, page 17</ref>. La différence entre le taux auquel les banques empruntent et le taux directeur est appelée [[prime de risque]] ou ''spread'' en anglais. À partir de la crise de confiance du mois d'août 2007, le taux [[Euribor]] s'est envolé, atteignant 4,95&nbsp;% en décembre 2007 alors que le taux directeur était de 4&nbsp;% (2007) et qu'en temps normal, elles auraient emprunté à 4,20&nbsp;%.
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La forte hausse, à partir du mois d'août 2007, des taux à court terme auxquels se refinancent les banques constitue un vrai risque pour leur équilibre financier : « L'envolée des taux du marché du refinancement bancaire (Eonia et Euribor), devenus supérieurs aux taux des prêts sans risque à long terme, [constitue] une situation intenable pour les établissements financiers », écrit le 15 septembre un journal spécialisé<ref>''Le secteur bancaire reste très fragile'', Sylvain de Boissieu, in ''Investir'' n°1758, 15/09/2007.</ref>. En effet, certaines banques en arrivent à emprunter à des taux élevés pour refinancer des crédits qu'elles ont accordés précédemment à des taux moindres.
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La [[crise de liquidité]] est renforcée par l'[[asymétrie d'information]] entre [[banque]]s, qui sont donc réticentes à se prêter entre elles<ref>{{en}} http://www.voxeu.org/index.php?q=node/564, [[Charles Wyplosz]], 20 septembre 2007</ref>.
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====Conséquences sur les comptes des banques ====
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Les banques australienne [[Macquarie]], américaine [[Bear Stearns]], britannique [[HSBC]] et allemande [[IKB]] ont été parmi les premières touchées. Bear Stearns, notamment, possèdait des [[fonds spéculatif]]s qui avaient misé sur une remontée du secteur immobilier pour le recouvrement de fonds prêtés par des banques. La banque a été affaiblie dés le début par la faillite de deux de ses [[hedge fund]]s.
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Une « [[ruée bancaire]] », limitée à la banque britannique [[Northern Rock]], a eu lieu en septembre 2007. En trois jours les clients de la banque ont retiré 12 % des montants déposés<ref>''[http://www.lejdd.fr/cmc/economie/200738/northern-rock-aux-pieds-d-argile_56343.html Northern Rock aux pieds d'argiles]'', Le Journal du dimanche, 18 septembre 2007</ref>.
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Les grandes banques mondiales ont annoncé des résultats des troisième et quatrième trimestres 2007 en forte baisse à la suite de la crise à cause à la fois :
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* de pertes directes sur les crédits subprimes ;
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* mais surtout de dépréciations d'actifs dérivés des subprimes (la valeur des actifs financiers de type RMBS, [[CDO]] inscrite dans les comptes, établie à leur valeur de marché, a fortement baissé au cours du trimestre) ;
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* d'un net ralentissement des activités de banque d'affaires et de marché qui avaient été les moteurs des bénéfices des années précédentes ([[titrisation]], financement des [[LBO]] et des [[hedge funds]], fusion-acquisition, gestion d'actifs, etc.).
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'''Les grandes banques d'affaires américaines et européennes''' ont enregistré d'importantes dépréciations d'actifs au troisième trimestre 2007<ref>''Le marché craint un nouvel impact de la crise sur les banques'' in ''La Tribune'' 12 octobre 2007, page 24 et ''Le marché craint une aggravation des dégâts liés au subprime'', in ''La Tribune'', 13 novembre 2007, page 19.</ref> :
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* [[Goldman Sachs]] : dépréciation de 1,5 milliard de dollars.
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* [[Bear Stearns]] : 0,7 milliard de dollars.
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* [[Lehman Brothers]] : 0,7 milliard de dollars.
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* [[Morgan Stanley]] : 1,5 milliard de dollars.
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* [[Merrill Lynch]] : 8,4 milliards de dollars.
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* [[Citigroup]] : 5,9 milliards de dollars<ref>Et aussi : ''Deux géants bancaires pris au piège du subprime'', ''[[Les Échos]]'', 2 octobre 2007</ref>.
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* [[UBS]] : 11 milliards de [[franc suisse|francs suisses]]<ref>Et aussi : ''Deux géants bancaires pris au piège du subprime'', ''[[Les Échos]]'', 2 octobre 2007</ref>.
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* [[Crédit Suisse]] : 2,5 milliards de francs suisses.
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* [[Deutsche Bank]] : 2,2 milliards d'euros.
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D'autres importantes dépréciations d'actifs ont été passées au titre du quatrième trimestre 2007 et du premier trimestre 2008.
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'''Les grandes banques françaises''' cotées en Bourse ont affiché pour leur part des dépréciations d'actifs limitées au troisième trimestre 2007<ref>''Les banques trébuchent après publication'', Sylvain de Boissieu, in ''[[Investir]]'' du 17 novembre 2007, page 2</ref> mais plus fortes au quatrième :
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* [[BNP Paribas]] : 301 millions d'euros. Et un total de 1,2 milliard d'euros pour l'ensemble de 2007<ref>Conférence de presse des résultats annuels 2007 de BNP Paribas, mercredi 19 février 2008</ref>.
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* [[Crédit agricole]] : 546 millions d'euros. Le 20 décembre 2007, Crédit agricole SA annonce une dépréciation supplémentaire de 2,5 milliards d'euros (1,6 milliard hors fiscalité) au titre du 4{{e}} trimestre<ref>''Conference call'' exceptionnelle analystes financiers, 20 décembre 2007 après clôture de la Bourse</ref>.
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* [[Dexia]] : 212 millions d'euros.
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* [[Société générale]] : 404 millions d'euros. Et au total 2,57 milliards d'euros<ref>Slideshow des résultats annuels 2007, page 37, 21 février 2008</ref> ou 2,9 milliards<ref>Dépêche Reuters en anglais, jeudi 21 février 2008 15:56:53, qui ajoute 276 millions dans la gestion d'actifs et 49 millions pour des activités de siège</ref>.
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*[[Natixis]].
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'''Le coût effectif de la crise ''' pour les banques (dépréciations d'actifs au titre de la [[juste valeur]] comptable et provisions pour risques liés à la crise) est évalué à<ref>''Un an de crise des subprimes a créé une nouvelle donne financière mondiale'', Sylvain de Boissieu, in ''Investir'', 9 août 2008</ref>:
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*110 millions de dollars en novembre 2007,
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*188 millions en mars 2008,
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*250 millions en avril 2008,
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*400 millions en juin 2008.
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'''Les estimations du coût global de la crise sur les banques''' (pertes et dépréciations d'actifs) ont été en permanence revues à la hausse au cours de la crise :
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* 250 milliards de dollars selon [[Bear Stearns]]<ref>''Le marché craint une aggravation des dégâts liés au subprime"", in ''La Tribune'', 13 novembre 2007, page 19.</ref> et Lehman Brothers<ref>''Subprime, l'addition pourrait approcher 400 milliards de dollars'', in ''Les Échos'', 13 novembre 2007, page 33.</ref> vers le 7 novembre 2007,
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* 300 à 400 milliards de dollars selon [[Deutsche Bank]] en novembre 2007, dont 150 à 250 milliards liés directement aux prêts subprime et 150 milliards aux dérivés adossés à ces prêts<ref>idem, ''La Tribune'', 13 novembre 2007, page 19 et ''Les Échos'', 13 novembre 2007, page 33</ref>,
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* 500 milliards de dollars selon [[Royal Bank of Scotland]] en novembre 2007<ref>idem, ''La Tribune'', 13 novembre 2007, page 19 et idem ''Les Échos'', 13 novembre 2007, page 33</ref>.
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* 422 milliards de dollars (268 milliards d'euros) au niveau mondial, selon une estimation de l'[[Organisation de coopération et de développement économiques|OCDE]] en avril 2008. Sa précédente estimation était de 300 milliards de dollars<ref>« L'OCDE chiffre les pertes liées à la crise des subprimes à 422 milliards de dollars », article paru dans le journal ''Le Monde'', édition du 15 avril 2008 [http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/04/15/l-ocde-chiffre-les-pertes-liees-a-la-crise-des-subprimes-a-422-milliards-de-dollars_1034791_3234.html]</ref>.
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* 565 milliards de dollars (358 milliards d'euros) pour la seule exposition des banques au secteur des "subprimes", mais 945 milliards de dollars (600 milliards d'euros) pour le coût total de la crise financière, selon une estimation du [[FMI]] en avril 2008<ref>"Le FMI chiffre à 945 milliards de dollars le coût de la crise financière", article paru dans le journal ''Les Échos'', édition du 8 avril 2008 [http://www.lesechos.fr/info/inter/300255787.htm]</ref>
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==== Restructuration du secteur financier ====
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La crise financière a entraîné à partir de 2008 d'importants mouvements de [[restructuration]] du secteur bancaire : faillites, nationalisations, rachats.
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Aux [[États-Unis]], [[Fanny Mae]] et [[Freddy Mac]], deux organismes de refinancement hypothécaire qui garantissent près de 40% des prêts immobiliers américains (soient 5.300 milliards de dollars)<ref>''Malgré le plan Paulson, les banques restent très menacées'', in ''Investir'', 13 septembre 2008, page 2</ref>, ont été mis sous tutelle par le [[Département du Trésor des États-Unis|Trésor américain]] en septembre 2008. Il s'agit d'une [[nationalisation]] de facto, évènement exceptionnel pour des sociétés cotées en bourse aux États-Unis.
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;Aux États-Unis,
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trois des cinq grandes banques d'affaires de [[Wall Street]] ont changé de main en quelques mois :
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* [[Bear Stearns]], au bord de la faillite, a été racheté en mars 2008 par [[JP Morgan Chase]] avec le soutien de la [[Fed]].
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* [[Lehman Brothers]] s'est déclaré en faillite le week-end des 13-14 septembre 2008. Mais le {{date|16|septembre|2008}}, la banque britannique [[Barclays]] annonce racheter une partie des activités de la société, notamment aux États-Unis. Le siège de [[New-York]] est concerné par cette reprise.
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* [[Merrill Lynch]] a été racheté par [[Bank of America]] le 14 septembre 2008.
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* [[AIG]], premier assureur américain, a été sauvé par l'Etat au prix d'un prêt de 85 milliards de dollars accordé par la Fed et d'une [[nationalisation]] du capital à hauteur de près de 80%<ref>Oddo Securities, ''Morning Credit'' du 17 septembre 2008, page 5</ref>.
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;En [[Europe]] :
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* En juillet 2007, l'allemande [[IKB Deutsche Industriebank]] est en difficulté.
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* En septembre 2007, [[UBS]] et [[Crédit suisse]] (réduction de 1 500 personnes) sont touchés par la crise du marché hypothécaire américain<ref>[http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=374119    Subprime: UBS et Crédit suisse touchés]</ref>.
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* La britannique [[Northern Rock]] est nationalisée en février 2008<ref>[http://www.lefigaro.fr/societes-etrangeres/2008/02/19/04011-20080219ARTFIG00312-northern-rock-la-nationalisation-passe-mal-.php    Northern Rock : la nationalisation passe mal]</ref>
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* L'allemande [[Dresdner Bank]] a été vendue par l'assureur [[Allianz]] à son compatriote [[Commerzbank]] en septembre 2008.
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* L'allemande [[Postbank]], filiale de [[Deutsche Post]], a été rachetée par sa compatriote la [[Deutsche Bank]] en septembre 2008.
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* Le 19 septembre 2008, la banque britannique [[Halifax-Bank of Scotland]] ([[HBOS]]) est rachetée pour 12.2 milliards de livres par la [[Lloyds TSB]]<ref>http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/352924.FR.php    Fusion catastrophe entre HBOS et sa rivale, la Lloyds</ref>.
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====Le fonds de cantonnement Paulson (septembre 2008)====
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Pour éviter une [[crise systémique]], le [[Secrétaire au Trésor des États-Unis|Secrétaire]] au [[Trésor américain]] [[Henry Paulson]] a annoncé le 18 septembre 2008 que l'État américain allait acheter aux institutions financières et gérer à son niveau les [[actifs toxiques]] (notamment les [[dérivés de crédits]] [[subprime]]) qu'elles ont en portefeuille, pour une masse globale d'environ 700 milliards de dollars US. Cette somme représente environ 2 000 dollars par Américain, soit plus d’une fois et demi le budget annuel du Département américain de la Défense (439 milliards de dollars), lui-même supérieur au budget de la France en 2007 (334 milliards d’euros). La dette nette des Etats-Unis va ainsi passer de 10 600 à 11 300 milliards de dollars. <ref>[http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/353451.FR.php 2000 dollars par Américain, Libération, 22 septembre 2008]</ref>
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La nouvelle a provoqué la plus forte manifestation de soulagement des investisseurs depuis le début de la crise financière. Vendredi 19 septembre, à la [[Bourse de Paris]], l'[[indice Cac 40]] a ainsi connu la plus forte séance de hausse de son histoire (+9,27%).
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=== Conséquences sur les marchés internationaux ===
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Les marchés financiers, qui avaient subi une première crise de confiance en février-mars 2007, avant de se reprendre au début de l'été, atteignent leur plus haut niveau annuel à la mi-juillet. Ils chutent à partir du 18 juillet (annonce de l'effondrement de deux ''hedge funds'' de [[Bear Stearns]]), un mouvement accentué le 9 août avec l'annonce du gel des trois fonds monétaires dynamiques de [[BNP Paribas]]. Le 9 août 2007, le [[CAC 40]] perd {{formatnum:2.17}}&nbsp;% pour finir à {{formatnum:5624.78}} points.
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Parmi les premières alertes :
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* En août 2007, [[BNP Paribas|BNP Paribas Investment Partners]] gèle 3 fonds d'investissement de son réseau<ref>[http://www.lesechos.fr/patrimoine/sicav/300194331.htm    BNP Paribas IP gèle trois fonds]</ref>.
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* En août 2007, [[Oddo et Cie|Oddo Asset Management]] gèle plusieurs fonds d'investissement de son réseau<ref>[http://www.agefi.fr/articles/Les-fonds-de-tresorerie-dynamique-subissent-les-effets-de-la-crise-1019778.html    Les fonds de trésorerie dynamique subissent les effets de la crise]</ref><ref>[http://www.daily-bourse.fr/forum-La-fin-du-mythe-des-petites-societes-de-gestion-vtptc-5325.php    Reflexion » La fin du mythe des petites sociétés de gestion ?]</ref>
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* En février 2008, [[AXA|AXA Investment Managers]] suspend 3 fonds d'investissement de son réseau<ref>[http://www.lavieimmo.com/actualite-immobilier-Axa_im_suspend_2_fonds_immobiliers_britanniques-00001029.html    AXA IM suspend 2 fonds immobiliers britanniques]</ref>
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La crise a des effets sur d'autres marchés, comme celui des [[matières premières]] : {{Citation|C'est un effet de contagion : ce qui se passe sur les marchés des bourses et des capitaux a causé un assèchement des liquidités, obligeant plusieurs acteurs comme les [[fonds spéculatif|hedge funds]] à quitter le marché de l'énergie et à liquider leurs positions.}}<ref>[http://www.challenges.fr/20070810.CHA8777/les_cours_du_petrole_toujours_en_baisse.html article] de ''Challenges'', 10 août 2007, qui cite John Kilduff, analyste chez MF Global.</ref>
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=== Conséquences sur l'économie ===
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Il y a d'importantes craintes que la crise financière n'affecte l'[[économie]] réelle par le biais notamment de la baisse du moral des ménages et des chefs d'[[entreprise]]s, des difficultés rencontrées par les [[banque]]s, du resserrement des conditions de [[crédit]]s (hausse des [[taux d'intérêt]], sélection plus forte des emprunteurs) qui pourraient peser sur la [[consommation]] des ménages comme sur l'[[investissement]] des entreprises, et donc sur la croissance du [[PIB]].
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C'est pour conjurer ce risque que la [[réserve fédérale des États-Unis]] a décidé le mardi 18 septembre la baisse d'un demi point de ses taux directeurs, ramenés de 5,25 % à 4,75 %<ref>[http://money.cnn.com/2007/09/18/news/economy/fed_rates/index.htm Money.cnn.com]</ref>. C'est la plus forte baisse depuis novembre 2002 (crise de confiance de l'affaire [[Enron]])<ref>''La Fed donne un coup de fouet aux marchés'', ''Investir'' n°1759, 22 septembre 2007</ref>. Or, la confiance des agents économiques est très affectée<ref>[http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?&news=4771300 États-Unis : la confiance des ménages à un plus bas depuis deux ans], [[Boursorama]]</ref> et, dans ce cadre, la Fed poursuit cette politique de baisse du taux directeur en novembre 2007<ref>''[http://www.latribune.fr/info/La-Fed-baisse-d-un-quart-de-point-ses-taux-directeurs-~-ID5C427FCC71D84178C12573850063285B-$Channel=Economie-$SubChannel=International La Fed baisse d'un quart de point ses taux directeurs]'', [[La Tribune (France)|La Tribune]]</ref>.
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Après une action concertée des principales banques centrales concernées, le 18 décembre 2007 la BCE s'est engagée à prêter en quantité illimitée et en garantissant l'anonymat au taux de 4,21 % pour deux semaines pour réduire les difficultés à emprunter sur le marché interbancaire<ref>''[http://www.lefigaro.fr/societes-francaises/2007/12/19/04010-20071219ARTFIG00284-la-bce-fournit-milliards-deuros-aux-banques-.php La BCE fournit 348,6 milliards d'euros aux banques]'', [[Le Figaro]], 19 décembre 2007</ref>.

Version du 23 septembre 2008 à 12:37

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