Agriculture naturelle:Venir à bout des mauvaises herbes : Différence entre versions
Ligne 14 : | Ligne 14 : | ||
Une solution à ce problème consiste à pratiquer des faux semis au printemps. Il s’agit d’ameublir au printemps et à plusieurs reprises (intervalles d’une quinzaine de jours) le sol à l’aide de disques et dents vibrantes pointues qui permettent de travailler en profondeur sans retourner la terre. On provoque ainsi la germination d’un grand nombre de mauvaises herbes qui sont détruites lors du passage suivant. | Une solution à ce problème consiste à pratiquer des faux semis au printemps. Il s’agit d’ameublir au printemps et à plusieurs reprises (intervalles d’une quinzaine de jours) le sol à l’aide de disques et dents vibrantes pointues qui permettent de travailler en profondeur sans retourner la terre. On provoque ainsi la germination d’un grand nombre de mauvaises herbes qui sont détruites lors du passage suivant. | ||
− | '''Utilité des mauvaises herbes :''' | + | |
+ | == '''Utilité des mauvaises herbes :''' == | ||
+ | |||
La nature laissant cependant peu de place au hasard, il est légitime de rechercher la raison d’une présence abondante de mauvaises herbes dans une culture comme dans une pâture. | La nature laissant cependant peu de place au hasard, il est légitime de rechercher la raison d’une présence abondante de mauvaises herbes dans une culture comme dans une pâture. | ||
Ligne 22 : | Ligne 24 : | ||
Manque d’humus, excès ou déficit d’humidité, carence minérale, manque d’aération, autant d’obstacles à la fertilité ou d’indicateurs d’erreurs culturales qu’il est ainsi relativement facile de détecter avec un peu d’attention… Un minimum de connaissances à ce sujet évite parfois d’avoir recours à des analyses chimiques coûteuses pour détecter les déséquilibres du sol. | Manque d’humus, excès ou déficit d’humidité, carence minérale, manque d’aération, autant d’obstacles à la fertilité ou d’indicateurs d’erreurs culturales qu’il est ainsi relativement facile de détecter avec un peu d’attention… Un minimum de connaissances à ce sujet évite parfois d’avoir recours à des analyses chimiques coûteuses pour détecter les déséquilibres du sol. | ||
− | '''Quelques interprétations :''' | + | |
+ | == '''Quelques interprétations :''' == | ||
+ | |||
On a constaté que bien souvent, les mauvaises herbes contiennent les éléments dont le sol manque. Ainsi, les pâquerettes sont elles très riches en calcium et poussent sur les terrains pauvres en calcaire. Lorsque la plante meurt, elle restitue au sol les éléments dont il manque et tend ainsi à corriger la carence. Il semblerait donc que l’on assiste ici à un phénomène d’auto-guérison de la terre. Pour les sceptiques, je précise que la plante ne fabrique vraisemblablement pas les éléments en question. En réalité, elle est capable de les prélever en profondeur là où ils sont inaccessibles aux plantes cultivées, et rétablit une concentration plus élevée vers la surface en mourant. Il paraît donc extrêmement bénéfique de laisser ces prétendues mauvaises herbes sur place après leur arrachage si elles n’ont pas encore grainé. Une autre possibilité consiste à les introduire dans le tas de compost destiné à fertiliser la terre dont elles sont issues. | On a constaté que bien souvent, les mauvaises herbes contiennent les éléments dont le sol manque. Ainsi, les pâquerettes sont elles très riches en calcium et poussent sur les terrains pauvres en calcaire. Lorsque la plante meurt, elle restitue au sol les éléments dont il manque et tend ainsi à corriger la carence. Il semblerait donc que l’on assiste ici à un phénomène d’auto-guérison de la terre. Pour les sceptiques, je précise que la plante ne fabrique vraisemblablement pas les éléments en question. En réalité, elle est capable de les prélever en profondeur là où ils sont inaccessibles aux plantes cultivées, et rétablit une concentration plus élevée vers la surface en mourant. Il paraît donc extrêmement bénéfique de laisser ces prétendues mauvaises herbes sur place après leur arrachage si elles n’ont pas encore grainé. Une autre possibilité consiste à les introduire dans le tas de compost destiné à fertiliser la terre dont elles sont issues. | ||
Ligne 28 : | Ligne 32 : | ||
De même, les mauvaises herbes à système racinaire pivotant (racine principale de forme conique, ayant surtout un rôle d’ancrage) améliorent la structure des sols trop compactés. Elles aèrent le sol et facilitent le drainage. C’est le cas du très connu Pissenlit du Tussilage ou encore des divers chardons souvent abondamment présent dans les pâtures. | De même, les mauvaises herbes à système racinaire pivotant (racine principale de forme conique, ayant surtout un rôle d’ancrage) améliorent la structure des sols trop compactés. Elles aèrent le sol et facilitent le drainage. C’est le cas du très connu Pissenlit du Tussilage ou encore des divers chardons souvent abondamment présent dans les pâtures. | ||
− | '''Autres utilisations :''' | + | |
+ | == '''Autres utilisations :''' == | ||
+ | |||
Nous avons vu que les mauvaises herbes sont capables d’extraire les éléments minéraux du sol ‘profond’ (l’ortie excelle d’ailleurs en la matière). Elles peuvent donc servir à élaborer un excellent fertilisant naturel. Pour cela, il suffit de les laisser infuser dans un sceau d’eau de pluie pendant quelques semaines. Le plus judicieux est de diversifier le plus possible les espèces utilisées pour enrichir le mélange. Il suffit ensuite de verser le l’ensemble soit au niveau des racines, soit directement sur le feuillage (dans ce cas, il faut observer les mêmes règles que pour l’arrosage, c’est-à-dire ne pas le faire en plein soleil pour éviter de brûler les plantes). | Nous avons vu que les mauvaises herbes sont capables d’extraire les éléments minéraux du sol ‘profond’ (l’ortie excelle d’ailleurs en la matière). Elles peuvent donc servir à élaborer un excellent fertilisant naturel. Pour cela, il suffit de les laisser infuser dans un sceau d’eau de pluie pendant quelques semaines. Le plus judicieux est de diversifier le plus possible les espèces utilisées pour enrichir le mélange. Il suffit ensuite de verser le l’ensemble soit au niveau des racines, soit directement sur le feuillage (dans ce cas, il faut observer les mêmes règles que pour l’arrosage, c’est-à-dire ne pas le faire en plein soleil pour éviter de brûler les plantes). |
Version du 15 mars 2007 à 20:58
Cet article fait partie du Thème S'alimenter Cueillette sauvage Voir aussi : |
Voici quelques points clef à se rappeler dans la manière d'agir avec les mauvaises herbes:
Dès qu'on arrête de cultiver, la quantité de mauvaises herbes décroît nettement. Les variétés de mauvaises herbes dans un champ donné vont de même changer. Si l'on sème pendant que la moisson précédente mûrit encore, ces semences germeront avant les mauvaises herbes. Les mauvaises herbes d'hiver ne lèvent qu'après la moisson du riz, mais à cette époque-là, les céréales d'hiver ont déjà pris une tête d'avance. Les mauvaises herbes d'été ne lèvent qu'après la moisson de l'orge et de l'avoine, mais le riz est déjà en train de croitre avec vigueur.
En calculant les semailles de sorte qu'il n'y ait pas d'intervalle entre la succession des cultures on donne aux graines semées un sérieux avantage sur les mauvaises herbes. Si I'on recouvre entièrement le champ de paille juste après la moisson, on coupe court momentanément à la germination des mauvaises herbes. Le trèfle blanc semé avec les semences, en couverture du sol, aide aussi à garder les mauvaises herbes sous contrôle.
L'habituelle voie d'action sur les mauvaises herbes est de cultiver le sol. Mais lorsque vous le cultivez, les graines enfouies profondément dans le sol par le labour d’automne et qui n'auraient jamais germé autrement, sont remontées à la surface au printemps lors du travail de la terre et vous leur donnez une chance de germer. De plus, dans ces conditions, vous donnez l'avantage aux variétés à germination et croissance rapides. Ainsi pourriez-vous dire que l'agriculteur qui essaye de contrôler les mauvaises herbes par la culture du sol, stocke puis sème littéralement les graines de sa propre infortune.
Une solution à ce problème consiste à pratiquer des faux semis au printemps. Il s’agit d’ameublir au printemps et à plusieurs reprises (intervalles d’une quinzaine de jours) le sol à l’aide de disques et dents vibrantes pointues qui permettent de travailler en profondeur sans retourner la terre. On provoque ainsi la germination d’un grand nombre de mauvaises herbes qui sont détruites lors du passage suivant.
Utilité des mauvaises herbes :
La nature laissant cependant peu de place au hasard, il est légitime de rechercher la raison d’une présence abondante de mauvaises herbes dans une culture comme dans une pâture.
Comme tous les autres végétaux, celles-ci poussent spontanément dans les milieux où les conditions leurs sont favorables. Leur prolifération est donc un indicateur précieux de l’état de santé du sol qui les porte. Se débarrasser systématiquement des mauvaises herbes sans s’interroger sur le pourquoi de leur présence revient à agir comme un médecin qui voudrait se leurrer sur la bonne santé de son patient en masquant les symptômes de sa maladie.
Manque d’humus, excès ou déficit d’humidité, carence minérale, manque d’aération, autant d’obstacles à la fertilité ou d’indicateurs d’erreurs culturales qu’il est ainsi relativement facile de détecter avec un peu d’attention… Un minimum de connaissances à ce sujet évite parfois d’avoir recours à des analyses chimiques coûteuses pour détecter les déséquilibres du sol.
Quelques interprétations :
On a constaté que bien souvent, les mauvaises herbes contiennent les éléments dont le sol manque. Ainsi, les pâquerettes sont elles très riches en calcium et poussent sur les terrains pauvres en calcaire. Lorsque la plante meurt, elle restitue au sol les éléments dont il manque et tend ainsi à corriger la carence. Il semblerait donc que l’on assiste ici à un phénomène d’auto-guérison de la terre. Pour les sceptiques, je précise que la plante ne fabrique vraisemblablement pas les éléments en question. En réalité, elle est capable de les prélever en profondeur là où ils sont inaccessibles aux plantes cultivées, et rétablit une concentration plus élevée vers la surface en mourant. Il paraît donc extrêmement bénéfique de laisser ces prétendues mauvaises herbes sur place après leur arrachage si elles n’ont pas encore grainé. Une autre possibilité consiste à les introduire dans le tas de compost destiné à fertiliser la terre dont elles sont issues.
De même, les mauvaises herbes à système racinaire pivotant (racine principale de forme conique, ayant surtout un rôle d’ancrage) améliorent la structure des sols trop compactés. Elles aèrent le sol et facilitent le drainage. C’est le cas du très connu Pissenlit du Tussilage ou encore des divers chardons souvent abondamment présent dans les pâtures.
Autres utilisations :
Nous avons vu que les mauvaises herbes sont capables d’extraire les éléments minéraux du sol ‘profond’ (l’ortie excelle d’ailleurs en la matière). Elles peuvent donc servir à élaborer un excellent fertilisant naturel. Pour cela, il suffit de les laisser infuser dans un sceau d’eau de pluie pendant quelques semaines. Le plus judicieux est de diversifier le plus possible les espèces utilisées pour enrichir le mélange. Il suffit ensuite de verser le l’ensemble soit au niveau des racines, soit directement sur le feuillage (dans ce cas, il faut observer les mêmes règles que pour l’arrosage, c’est-à-dire ne pas le faire en plein soleil pour éviter de brûler les plantes).