Taoïsme : Différence entre versions
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Version du 14 décembre 2011 à 13:22
Cet article fait partie du Thème Penser Autonomie |
Le taoïsme (« famille de la Voie », daojia 道家, ou « enseignement de la Voie », daojiao 道教) est à la fois une religion et une philosophie chinoise, une façon d'être et une manière de voir et de vivre en accord avec la spontanéité de la Nature.
Sommaire
Description
Le taoïsme est une philosophie chinoise mystique et individualiste, axée comme son nom l'indique autour de la Voie qui se dit tao selon les anciennes transcriptions des caractères chinois (ou dao 道 selon le pinyin qui est la transcription plus récente et surtout officielle du chinois en caractères latins). Son essence est de chercher le Tao (ou Dao), soit la Voie qui mènera l'homme vertueux à l'harmonie avec l'ordre naturel de l'univers. Elle vise ainsi à retrouver l'unité primordiale présente au cœur de chaque chose. Toutes les écoles chinoises parlent du concept de voie: on parle ainsi du dao des confucéens pour désigner leur conception de l'action morale dans la société; mais chez les taoïstes, cette Voie ou Dao prend une ampleur cosmique au sens où cette Voie épouse et s'identifie aux flux et aux changements qui s'opèrent sans cesse au sein de la Nature. Tout le but du taoïste est de suivre le courant de cette Voie: « ils se mettent tout simplement à l'écoute, dans une attitude qu'ils appellent le non-agir. A l'écoute de quoi? D'une petite musique harmonieuse qui perce encore sous le vacarme des conflits et de la cacophonie des théories et des discours: celle du Dao »[1].
Selon la légende, le taoïsme a été initié par Lao-Tseu (ou Laozi en pinyin) au VIe siècle avant notre ère. Laozi aurait été ainsi un contemporain de Confucius avec qui il aurait des échanges et des débats. Tchouang-Tseu (Zhuangzi en pinyin) aurait été un continuateur. Néanmoins certains érudits penchent plutôt pour la thèse que Tchouang-Tseu serait plus ancien et que Lao-Tseu devrait être situé plutôt vers la fin du IVe siècle ou le début du IIIe siècle avant notre ère[2].
On distingue généralement le taoïsme philosophique du taoïsme religieux, même si la frontière est floue et difficile à établir entre les deux.
Grands principes
Le taoïsme peut être regardé de plusieurs manières :
- Principes éthiques (taoïsme philosophique)
- Des rituels et des cultes (taoïsme religieux)
- L'importance des équilibres (taoïsme alchimique)
Une des phrases-clé de Lao Tseu est d'affirmer : ce qui est souple résiste, ce qui est dur se brise.
Le Yin et le Yang
A la fois très connue et mal comprise en Occident, l'idée du yin et du yang peut se résumer ainsi :
Le monde est constitué de deux forces opposées mais complémentaires qui se manifestent en chaque chose, avec une prédominance de l'une ou de l'autre suivant la nature desdites choses. Ainsi, tout ce qui est creux, lourd, femelle, obscur, stable est yin, et tout ce qui plein, léger, mâle, lumineux, volatil est yang. Lao-Zi (Lao-Tseu) explique ainsi que l'un sans l'autre n'est rien : un bloc d'argile n'est pas une cruche, sans le vide on ne peut pas y mettre d'eau. La cruche est un mélange de plein et de vide. Qu'un des éléments vienne à manquer, l'autre ne sert à rien.
Attention : quoiqu'en pensent Luke Skywalker et ses amis, le yin et le yang ne recouvrent pas les catégories de "bien" et de "mal". Le mal naît du déséquilibre entre les deux polarités.
L'inutilité
Lao-Zi fait remarquer qu'on va jusqu'au fin fond des forêts couper les arbres bien droits, tandis que le chêne tout tordu qui pousse au bord de la route a le temps de mourir de vieillesse.
Le bois brut
L'idéal du taoïste serait de redevenir comme le petit enfant, ou semblable au bois non taillé. Le taoïsme de Lao-Zi prône un retour à la nature, une simplicité qui fait penser à la simplicité volontaire et au cynisme de Diogène de Laërce.
Développements du taoïsme
Cette philosophie a donné naissance à de nombreux courants, ouvrages et pratiques. Il y eut ainsi le taoïsme alchimique, avec ses écoles interne et externe, le taoïsme religieux aux nombreuses sectes parfois antagonistes. Cette pensée sous-tend de nombreux domaines de la culture chinoise, dont la médecine, les arts martiaux, la divination, la guerre (défensive : le taoïsme est essentiellement pacifiste) et la pratique sexuelle comme lieu privilégié de l'échange et de l'équilibrage des énergies au sein du corps humain. Les taoïstes de l'antiquité visaient ainsi l'immortalité ou au moins la santé.
Références
- ↑ Anne Cheng, « Histoire de la pensée chinoise », éd. Le Seuil/Points Essais, Paris, 2002 (2e éd.), chap. 4, p. 113.
- ↑ Anne Cheng, « Histoire de la pensée chinoise », ibid., p. 113.
Voir aussi
Liens internes
- Article Religion
Liens externes
Bibliographie
- Lao-Tseu, « Tao-tö King », traduit du chinois par Liou Kia-hway, Gallimard/Connaissance de l'Orient, Paris, 1967
- Lao-tzeu, « La Voie et sa vertu. Tao-tê-king », traduit par François Houang et Pierre Leyris (avec la version originale), Le Seuil/Points Sagesses, Paris, 1979.
- Tchouang-Tseu, « Le rêve du papillon », traduction de Jean-Jacques Lafitte, Albin Michel/Spiritualités vivantes, Paris, 1994.
- Le Tao de l'art d'aimer de Jolan Chang
- Anne Cheng, « Histoire de la pensée chinoise », Le Seuil/Points essais, Paris, 2002