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Version du 18 juillet 2009 à 17:55
L'agriculture durable (anciennement soutenable, en traduction littérale de l'anglais sustainable) est l'application à l'agriculture des principes du développement durable ou soutenable tels que reconnus par la communauté internationale à Rio de Janeiro en juin 1992.
Il s'agit d'un système de production agricole qui vise à assurer une production pérenne de nourriture, de bois et de fibres en respectant les limites écologiques, économiques et sociales qui assurent la maintenance dans le temps de cette production.
Le terme agriculture durable est utilisé dans des acceptations multiples en France :
- La marque déposée par le réseau associatif FNCIVAM-GABvia le RAD (réseau agriculture durable). Cette association est une force de proposition depuis 1994 en matière de politique agricole avec une approche concrète de terrain et à l'initiative d'une agriculture résolument moderne et d'avenir. Puisque ce réseau fait un travail de recherche permanent sur tout ce qui concerne l'indépendance et la pérennité des systèmes agricoles familiaux tel que : l'efficacité énergétique en agriculture, sur l'indépendance et l'autonomie en protéine, sur la réduction de pesticides et d'engrais, sélection de semence adapté pour garantir un rendement optimale technique et économique au bénéfice de l'agriculteur et de l'environnement (non au bénéfice unique de l'agro-business). Tout le travail est naturellement accompagné d'un objectif indissociable de pérennité de revenu pour l'agriculteur et du développement de l'emploi agricole, tout en étant proche et en répondant à l'attente des consommateurs-contribuables (vente directe, restauration collective, porte ouverte, environnement mieux protégé...). Toute cette démarche s'appuie sur l'expérimentation collective et le dynamisme de ses 2 000 agriculteurs qui ont su faire leur preuve. Le réseau agriculture durable a ainsi su proposer avec succès des mesures agro-environnementales très concrètes avec réduction d'intrants sur des systèmes herbagers et grandes cultures (en cours d'expérimentation) : CTE, CAD, MAE (donc reconnu et contrôlé par l'état). Cependant, par manque de volonté la marque "Agriculture Durable" ne bénéficie d'aucune validation officielle du cahier des charges par l'Etat, et de ce fait d'aucun contrôle par un organisme certificateur indépendant.
- L'initiative "développement durable en agriculture" de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) qui travail sur des objectifs à long terme.
- L'institut privé IAD (Institut de l'Agriculture Durable) proche de la FNSEA. Créer par l'effet "mode", cet institut est préparé à communiquer avec la masse média à l'aide des semenciers et des marchands de pesticides. Le but étant de ressourcer l'agriculture raisonnée.
L'agriculture durable ne doit cependant pas être confondue avec l'agriculture raisonnée qui s'appuie sur un référentiel national (validé par l'Etat et contrôlé par des organismes certificateurs indépendants) et qui intègre beaucoup de réglementation, un peu d'environnement et d'économie (utiliser la dose maximum utile d'intrant, là et quand elle est utile), là où l'agriculture durable cherchera la restauration de l'agroécosystème, considérant l'écologie comme une facette logique permettant une économie directe d'intrants.
Le terme agriculture soutenable, parfois rencontré, est une traduction du terme anglais sustainable agriculture, qui a d'abord été utilisée bien qu'impropre parce que plus littérale.
Sommaire
Objectifs poursuivis
L'agriculture durable vise une amélioration dans la soutenabilité du système, en créant plus de richesses pérennes et d'emplois par unité de production, sur une base plus équitable. Ces principes sont basés sur la reconnaissance du fait que les ressources naturelles ne sont pas infinies et qu'elles doivent être utilisées de façon judicieuse pour garantir durablement la rentabilité économique, le bien-être social, et le respect de l'équilibre écologique (les trois piliers du développement durable).
Concrètement et dans l'idéal (rien n'assurant qu'une agriculture respectant simultanément toutes ces qualités soit possible) :
- L'agriculture durable vise l'utilisation des ressources naturelles locales (utilisation des biens et services fournis par la nature comme intrants fonctionnels). Pour cela, elle utilise les processus naturels et régénérateurs, comme les cycles nutritifs, la fixation biologique de l'azote, la reconstitution des sols et les ennemis naturels des ravageurs ;
- Elle vise également à réduire la production de déchets non réutilisés en créant des interdépendances avec d'autres activités économiques, dans un objectif de plus grande efficacité globale, et favorise l'utilisation des sous-produits de l'activité agricole ou de toute autre activité (par exemple, utilisation de déchets humains (sécurisés/compostés ou méthanisés, voir toilette sèche)).
- Elle utilise des pratiques limitant l'érosion et la dégradation des sols, réduit l'usage d'intrants pour protéger les ressources en eau).
- Elle ne porte pas atteinte à l'intégrité des personnes et des êtres vivants. L'agriculture durable limite l'usage de pesticides qui peuvent nuire à la santé des agriculteurs et des consommateurs (voir sûreté biologique), elle vise à protéger la biodiversité.
Organisation de l'agriculture durable
Le concept principal est celui d'une exploitation agricole constituée par un ensemble de sous-systèmes fonctionnant tous en interaction, un sous-système générant des entrées pour les autres, le système fonctionnant dans l'idéal en cycle fermé.
Organisations institutionnelles
Organisation en filière intégrée
L'agriculture durable doit être intégrée par tous les agents économiques de la filière, de la fourche à la fourchette (du producteur au consommateur), en incluant les parties prenantes concernées par :
- la limitation des nuisances olfactives et sonores,
- la limitation des pollutions de l'eau, de l'air et du sol (intrants azotés, phytosanitaires), ainsi que de la pollution génétique liée aux OGM,...
- la limitation de l'appauvrissement de la diversité agricole liée aux techniques de sélection, d'hybrides stériles et de brevetage.
Le suivi en fonction des parcelles (agriculture de précision) nécessite l'utilisation de technologies de l'information, en particulier des systèmes d'information géographique.
Une filière doit être évaluée selon des critères normés communs à tous les agents économiques de la filière, en cohérence avec le cadre normatif des comptabilités nationales.
Prévention des risques
- Check-lists de risques environnement-sécurité, actions à faire, à mettre en œuvre dans les exploitations agricoles :
- Types de risques,
- Aménagements,
- Évaluation des programmes de mise à niveau,
- Inventaires à réaliser, procédures à respecter, exigences,
- Classification des locaux et des sites de travail
- Actions à faire,
- Prévention,
- Organisations.
- Suivi à la ferme des produits phytosanitaires.
- Mise à disposition des agriculteurs d’appareils simples de lectures de codes barres pour enregistrement et suivi de fournitures en magasin local (commandes, gestion des stocks, entrées / sorties…), avec possibilité de :
- Édition de documents sur place par imprimante portable,
- Transfert des informations recueillies sur micro-ordinateur pour traitement plus élaboré.
Types d'action (acteurs) :
- Prévention des risques industriels, École des Mines,
- Formation au conseil en matière de prévention des risques (IPGP Jussieu),
- Veille réglementaire, normative et juridique,
- Auto-diagnostic.
Valorisation de la biomasse
Selon les principes de l'agriculture durable, la valorisation de la biomasse n'est pas réservée exclusivement à l'alimentation humaine. Les produits agricoles, ainsi que les déchets et résidus de l'activité agricole, peuvent avoir d'autres utilisations :
- Bioénergie : production de chaleur et d'électricité
- Biogaz (après méthanisation)
- Biocarburants
- Compost.
Traçabilité
Assurer la sécurité sanitaire des aliments implique de mettre en place un suivi le long de toute la chaîne alimentaire, « de la fourche à la fourchette ».
L'agriculture durable s'appuie sur des preuves et une traçabilité apportées par des certifications créditables, faites par des certificateurs indépendants.
La mise en œuvre de filières intégrées d'agriculture durable met en jeu l'interopérabilité de systèmes hétérogènes, donc la cohérence et la qualité des données (voire leur sécurité), ce qui implique l'utilisation d'un cadre normatif global.
La normalisation relative aux denrées alimentaires est constituée par la série de normes ISO 22 000 sur la sécurité des denrées alimentaires.
Agriculture durable et Union européenne
Développement Rural
La Politique Agricole Commune de l'Union européenne a fait l'objet de révisions en 1999. Le premier pilier sur le contrôle des marchés a été complété par un deuxième pilier : le développement rural, qui fait référence au développement durable, sur la filière forestière.
Le développement rural est décrit dans le Règlement de développement rural (RDR) de la PAC qui peut financer des mesures agro-environnementales via les États-membres.
D'autre part, l'Union européenne a édicté des directives sur la sécurité des denrées alimentaires (Paquet hygiène) qui concerne toute la filière agricole et agroalimentaire (« de la fourche à la fourchette »).
Il existe aussi une série de normes internationales sur la traçabilité des denrées alimentaires : ISO 22000.
Voir aussi Traçabilité agroalimentaire
Déclinaison dans les États membres
Le RDR européen se décline dans chaque État membre par un plan de développement rural national (PDRN).
La loi d'orientation agricole du 9 juillet 1999 définit un cadre contractuel innovant entre agriculteurs et pouvoirs publics, devant permettre de répondre aux nouvelles attentes de la société civile en termes de multifonctionnalité de l’agriculture et de développement durable.
Ce cadre est défini dans le Contrat Territorial d'Exploitation (CTE). Les CTE ont été modifiés par des Contrats d'Agriculture Durable (CAD): Le but est toujours de préserver les ressources naturelles en luttant pour la qualité des sols, de l'eau, de la biodiversité et des paysages. (Cf décret 2003-675 du 22 juillet 2003
Mesure des impacts environnementaux
Les nuisances et pollutions peuvent être mesurées dans le cadre des mesures de prévention des risques.
Il existe un modèle macroéconomique, développé par l'OCDE, qui sert de référence en Europe, pour la mesure de ces « pressions environnementales » : le modèle Pression-État-Réponse (PER).
On peut donc transformer les mesures enregistrées sur le terrain en indicateurs du modèle PER.
D'autre part, on peut agréger ces mesures par secteurs économiques, selon les nomenclatures officielles (NACE, secteurs institutionnels…).
Bibliographie
- Entreprises et environnement. Rapport à la Commission des comptes et de l'économie de l'environnement. Ministère de l'écologie et du développement durable. La documentation française. 2004.
Voir aussi
Économie et durabilité en agriculture
- Politique agricole commune
- Développement rural (deuxième pilier de la PAC)
- L'instrument financier pour l'environnement (LIFE)
Types d'agriculture comportant des caractéristiques de durabilité
- Agriculture dans la Grèce antique (80% de l'économie de la Grèce antique)
- Agriculture dans l'Égypte antique
Articles liés à la mondialisation
LES SYNDICATS AGRICOLES FRANCAIS
Liens externes
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