Valériane officinale : Différence entre versions

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Version du 5 octobre 2010 à 18:16

Valériane officinale, est une plante herbacée vivace de la famille des Valerianaceae. Elle est utilisée pour favoriser le sommeil et atténuer la nervosité.

Description

La valériane possède un rhizome vertical gris-jaune, recouvert de longues racines épaisses. La tige, qui peut atteindre 1 mètre, est cylindrique, creuse, cannelée, dressée, un peu rameuse au sommet. Les feuilles, opposées, sont profondément divisées en un nombre variable selon la sous-espèce, impair, de folioles oblongues, pointues, largement ciselées. Les fleurs, irrégulières, sont petites et de couleur blanc rosé. Elles sont visibles de mai à août, groupées en corymbes à l'extrémité de la tige. Le fruit est un akène ovale, surmonté d'une aigrette plumeuse.

Parties utilisées

La “ racine de valériane ” est inscrite à la Pharmacopée européenne (6e éd., 2008). Il s'agit des organes souterrains, c'est-à dire du rhizome, des racines et des stolons de l'espèce prise dans son sens large. La même Pharmacopée décrit les spécifications de l'extrait hydro-alcoolique, de l'extrait aqueux sec et de la teinture de valériane. Les feuilles sont utilisées pour faire du purin[1]. Les fleurs entrent dans la composition de la préparation 508 utilisée par les agriculteurs biodynamistes[2].

Production : culture et récolte

Très commune en Europe, la valériane préfère les sols frais, presque humides, perméables, profonds. Sa multiplication peut s'effectuer par semis des graines au printemps, ou par division des souches à l'automne. Après la récolte, les racines, éventuellement divisées, sont séchées à basse température (< 40 °C) pour éviter les pertes en acide valérénique, puis conservées en emballage fermé, au sec et à l'abri de la lumière[3].

Les besoins en valériane sont essentiellement couverts par la culture de la plante. Actuellement, 1200 tonnes de racines sèches sont produites en Europe, sur environ 400 hectares. Les deux-tiers des 50 à 80 hectares cultivés en France sont situés en Anjou (variété Valia)[4]. La teneur en acides sesquiterpéniques de la valériane améliorée par l'Institut technique interprofessionnel des plantes à parfum, médicinales et aromatiques (ITEIPMAI) a été augmentée de 28 % depuis le début des années 1990.

Composition chimique[5]

Les principaux constituants isolés de la racine sont les suivants :

  • acides sesquiterpéniques. On considère aujourd'hui que les composants les plus importants de la valériane sont des sesquiterpènes non volatils, acides : acide valérénique, acide acétoxy-valérénique, etc. Pour entrer dans la composition de médicaments à base de plantes, la racine de valériane et ses préparations doivent contenir une quantité minimale de ces acides sesquiterpéniques, teneur fixée par la Pharmacopée européenne (par exemple, 0,10 % pour la racine coupée) ;
  • valépotriates. On désigne sous ce terme des esters de l'acide isovalérique et d'un trialcool de structure monoterpénique. Ces composés sont très instables et sont généralement absents des préparations à usage pharmaceutique. C'est l'acide isovalérique libéré par l'hydrolyse des valépotriates qui est responsable de l'odeur désagréable des organes souterrains de cette plante ;
  • huile essentielle. Cette fraction volatile de la racine renferme des monoterpènes (acétate de bornyle, camphène)) et de nombreux sesquiterpènes (valérénal, valéranone, esters, etc.). Sa composition est très variable (facteurs génétiques et environnementaux) ;
  • lignanes, flavonoïdes, acide gamma-aminobutyrique, etc.

La composition des extraits de valériane dépend étroitement du mode de préparation, en particulier de la teneur en alcool du mélange hydro-alcoolique utilisé pour l'extraction. Les teintures contiennent des valépotriates (mais ils se dégradent vite), alors que les extraits aqueux ou hydro-alcooliques de titre alcoolique faible renferment de l'acide valérénique (il est donc souvent difficile de confronter les données de la pharmacologie dans le cas de cette espèce...).

Propriétés médicinales

Pharmacologie. La racine de valériane est réputée sédative. Une majorité d'auteurs attribue actuellement cette activité aux acides sesquiterpéniques : divers travaux montrent l'affinité, in vitro, des extraits de valériane pour les récepteurs au GABA. Les données recueillies chez l'animal montrent une activité sédative, anxiolytique, potentialisatrice des barbituriques. La signification clinique de ces données est discutée et une synergie de différents constituants est aussi postulée[6]. La biodisponibilité des constituants des extraits n'est pas connue.
Données chez l'humain. De nombreux essais cliniques versus placebo ont été réalisés avec des monopréparations de valériane. Les experts du domaine les jugent, très majoritairement, de faible qualité méthodologique. Une méta-analyse de 6 essais a, en 2006, montré que la valériane améliore de façon statistiquement significative la perception de la qualité du sommeil par les patients, mais cette conclusion, affaiblie par les carences méthodologiques, est contredite par une analyse critique publiée en 2007 [7]. L'action, quand elle est observée, n'est pas obtenue avec une prise unique, mais par un traitement d'environ deux semaines. Elle n'apparaît pas différente de celle de benzodiazépines administrées à faible dose (essais comparatifs, mais sans bras placebo). Les essais les plus récemment publiés alimentent la controverse : l'un montre un effet favorable[8], l'autre non[9]. De fait, la valériane n'agit pas (ou très peu ?) sur les paramètres électrophysiologiques du sommeil, mais sa prise aurait une incidence sur le ressenti (subjectif) du patient, difficile à différencier de celui d'un placebo. L'usage de la valériane comme anxiolytique ne s'appuie pas sur des éléments de preuve incontestables.

En 2005, une revue de formation médicale indépendante connue pour sa rigueur concluait à propos de la valériane que, dans le domaine, très subjectif, de la plainte d'insomnie sans cause organique ou psychiatrique, « quelques résultats favorables sont modestes et méritent d'être confirmés » ajoutant, en citant d'autres plantes sans danger (tilleul, mélisse, oranger), que « la prise d'une infusion vespérale [...] en soutien aux actions comportementales, peut favoriser la transition vers l'endormissement[10]. »

Effets indésirables. La toxicité chez l'Animal est négligeable et il n'a pas été rapporté d'effet indésirable notoire chez l'humain (l'imputabilité de quelques cas d'hépatite est douteuse). Le caractère mutagène et cytotoxique des valépotriates est bien établi. L'instabilité des valépotriates conduit à leur absence de la plupart des préparations. Toutefois leurs produits de dégradation conservent une cytotoxicité résiduelle : il existe donc, en théorie, un risque résiduel au niveau digestif. Les valépotriates étant absents des extraits aqueux et hydro-alcooliques de titre faible, certains estiment logique de leur accorder la préférence. (A priori, les valépotriates sont présents dans la poudre de plante). Il n'a pas été signalé d'interaction médicamenteuse avec la valériane et ses préparations.

Indications thérapeutiques

En France, la seule indication qui peut être officiellement revendiquée pour un médicament à base de plantes contenant de la valériane est « traditionnellement indiqué dans le traitement symptomatique des états neurotoniques des adultes et des enfants, notamment en cas de troubles mineurs du sommeil[11]. » Le Comité chargé par l'Agence européenne du médicament (EMEA) d'élaborer des monographies communautaires distingue, lui, les extraits obtenus par des mélanges contenant de 40 à 70 % d'alcool — d'usage « bien établi » —, et l'extrait sec aqueux et autres préparations — d'usage « traditionnel ». Les deux types d'extraits sont utilisés, chez l'adulte et l'adolescent de plus de 12 ans, en cas de nervosité ou de troubles du sommeil. L'usage de la valériane n'est pas recommandé en cas de grossesse ou d'allaitement[12].
La valériane est fréquemment employée en association avec d'autres espèces végétales réputées sédatives : aubépine, passiflore, mélisse, etc.[13].


Références

  1. homejardin.com
  2. Pierre Masson, Guide pratique de la bio-dynamie à l'usage des agriculteurs
  3. Filière des plantes médicinales biologiques du Québec (2005). La valériane officinale - Guide de production sous régie biologique, 17 p., Magog.
  4. ITEIPMAI Résultats sur la valériane
  5. Wichtl, M. et Anton, R. (2003). Plantes thérapeutiques : tradition, pratique officinale, science et thérapeutique, 2e éd. (trad. française de Teedrogen und Phytopharma, par Anton, R. et Bernard, M., XCVI - 692 p., Tec & Doc - Éditions médicales internationales. ISBN 2-7430-0631-5
  6. EMEA/HMPC (2007). Assessment report on Valeriana officinalis, Radix, 22 pages
  7. Travaux de Bent et al. (2006) et Taibi et al. (2007), cités par Modèle:Bruneton
  8. Oxman, A.D., Flottorp, S., Håvelsrud, K. et al. (2007). A televised, web-based randomised trial of an herbal remedy (valerian) for insomnia, PLoS One, 2, e1040]
  9. Taibi, D.M., Vitiello, M.V., Barsness, S. et al. (2009). A randomized clinical trial of valerian fails to improve self-reported, polysomnographic, and actigraphic sleep in older women with insomnia, Sleep Med., 10, 319-328.
  10. Prescrire Rédaction (2007). Plainte d'insomnie - Une place pour la phytothérapie traditionnelle, Rev. Prescrire, 25, 110-114.
  11. Agence du médicament (1998). Médicaments à base de plantes - Les cahiers de l’Agence n°3, 81 p. Saint-Denis
  12. EMEA/HMPC (2006). Community herbal monograph on Valeriana officinalis L., Radix.
  13. Vidal en ligne - fiches médicaments Valériane

Liens externes

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