Maison bioclimatique
Une maison bioclimatique va utiliser à son avantage le climat et l'environnement du lieu où elle est bâtie, composer avec ce dernier et non se battre contre lui. Cet objectif est atteint simplement par le biais de sa conception structurelle (avant tout compacte, en évitant le plein pied), et non par la mise en oeuvre de matériels dit "actifs".
C'est en gros un cumul de réflexions de bons sens menant à une alternative au chauffage, et non une conception conventionnelle améliorée et bardée d'un système alternatif de chauffage.
Sommaire
Description
La maison bioclimatique ou climatique va profiter des apports solaires pour son chauffage, être construite de sorte à diminuer l'impact négatif des vents dominants et l'aménagement intérieur des pièces sera conçu en tenant compte des températures utiles de chaque pièce. Les pièces les plus froides seront situées au nord pour faire des espaces thermiques tampons protecteurs. La partie sud, hébergera les pièces principales et sera en mesure d'accumuler naturellement l'énergie solaire, grâce à l'ajout systématique de matériaux de construction internes lourds apportant l'inertie thermique nécessaire à la stabilisation des températures et surtout la capacité d'accumulation des calories du soleil en hiver. Ces matériaux lourds permettent également de maintenir la fraîcheur en été. Cette construction doit pouvoir bénéficier d'une isolation externe ou répartie, et non interne. Elle doit être également performante avec des capacités supérieures aux normes en vigueur (notamment la frileuse RT2005 Française).
Cependant, le soleil ne couvre pas tous ses besoins de chauffage, mais les besoins résiduels sont si faibles qu'il devient alors très simple de fournir l'appoint par un moyen parfaitement renouvelable, peu complexe, et peu onéreux, généralement par de simples petits poêles à bois performants. Enfin, elle tirera profit également de la végétation environnante.
Une maison bioclimatique ou climatique réussie, très peu demandeuse en chauffage donc, vous allège de la question dilematique "quel type de chauffage?" par ce que la question du chauffage est intrinsèquement intégrée dans le gros oeuvre, et n'est plus dans ce cas reléguée à la place d'un simple artifice de second oeuvre comme c'est encore le cas dans la quasi totalité des constructions encore à ce jour. Y compris dans bon nombre de maisons soit disant performantes ou dites écologiques!
Elle peut être déclinée en sa version climatique qui, elle, n'est pas forcément aussi saine ou écologique que ne l'est la bioclimatique mais qui, par contre, est tout aussi efficace au niveau de sa réduction des impacts énergétiques à l'usage, mais engendre généralement une plus grosse consommation d'énergie grise pour la fabrication et la déconstruction (et recyclage quand c'est possible) de ses matériaux et de plus forts risques sanitaires tant pour ses occupants que pour ses fabricants. Les maisons bioclimatiques et climatiques sont aussi issues d'une démarche de "construction efficace". Ce type de construction a été développé en même temps que les maisons solaires (des années 70 à aujourd'hui).
Une autre catégorie de maison efficace énergétiquement, la maison passive, suit ces mêmes recommandations, et va même jusqu'à ne plus avoir besoin de système de chauffage. Le soleil, puis la chaleur corporelle des habitants et de leurs activités énergivores (hifi, matériel ménager, etc...) suffisent à maintenir le confort thermique hivernal nécessaire, sans oublier le confort estival (toujours sans matériel de climatisation électrique).
Cependant, si les premiers kWh économisés sont, financièrement parlant, relativement faciles à atteindre dans les maisons bioclimatique et climatique, les derniers kWh que permet d'économiser une maison passive requièrent à l'heure actuelle (c'est à dire aux prix actuels encore "relativement abordables" des énergies ! 30/10/2006) de plus gros investissements financiers et intellectuels. Les maisons passives bien qu'actuellement encore réalisées quasiment qu'à partir de matériaux conventionnels non sains et à forte énergie grise de fabrication, sont des réalisations qui atteignent d'excellents écobilans sur leurs analyses globales de cycle de vie.
Types de maisons à faibles besoins énergétiques
- maisons climatiques : ne retiennent que l'influence du climat, se protègent passivement de ses inconvénients, valorisent toujours passivement ses atouts sans considération des matériaux utilisés, ni de l'environnement végétal ou sous-terrain.
- maisons bioclimatiques : retiennent bien-sûr le climat, mais requièrent l'utilisation d'arbres à feuilles caduques comme masques estivaux, d'éventuelles plantes grimpantes pour éviter que le soleil direct ne touche les murs en été, utilisent le sol environnant comme masse de stockage thermique via des puits canadiens ou des lits de gravier, et utilisent l'énergie-bois locale comme une solution de chauffage complémentaire : en gros une maison bioclimatique utilise la vie comme une composante active des limitations de ses besoins en énergie et d'émission de gaz à effet de serre. Toutes n'utiliseront pas forcément des matériaux sains pour leur construction (voir "maisons saines")
- maisons passives : les maisons de ce type se situent encore majoritairement dans les pays nord de l'Europe, la part du solaire passif est souvent plus faible dans leur conception que dans une maison passive de nos climats plus doux et ensoleillés. Ces maisons passives nordiques jouent avant tout sur une isolation extrême et non sur la capacité de rétention du solaire passif qu'offre l'inertie thermique. Elles sont donc parfaitement adaptées à leurs climats, ou les nuits prolongées rendent toute utilisation du solaire hivernal impossible et le masque végétal estival inutile, alors que la recherche d'inertie thermique est finalement plus logique dans des latitude moyennes.
- maisons "solaires" : précurseuses des maisons bioclimatiques. Nées dans les années 70, celles-ci n'utilisaient que le soleil direct comme solution d'économie d'énergie. La surchauffe estivale, l'inertie thermique et la surisolation y étaient souvent sous-évaluées, le calcul des brise-soleil estivaux souvent oubliés au profit de grandes serres inclinées à 70° et de vastes panneaux de chauffages solaires actifs, certaines devenaient des fours en été. La bioclimatique est en fait l'aboutissement de l'architecture solaire en gommant ses défauts de jeunesse. Il existe notamment en Allemagne des projets récents de maisons solaires "extrêmes", c'est un habitat fortement consommateur de technologies pointues, cherchant à atteindre le standard "positif" (voir plus bas)
- maisons "positives" : maisons dont le bilan énergétique est positif, c'est-à-dire qui produisent plus d'énergie qu'elles n'en consomment. Trois cas possibles : immenses capteurs photo-voltaïques sur le toit, ou maison hébergeant un chauffage solaire surdimensionné (solar tank) alimentant d'autres maisons, ou encore habitat hébergeant une chaufferie bois. Ceci n'est pas possible sans un très fort investissement initial.
- maisons saines (dites maisons "bio") : la maison saine est avant tout une maison dont les matériaux (tous naturels) sont choisis pour leur faible impact supposé sur leurs habitants (par opposition aux maisons conventionnelles présupposées "malsaines"). Il vaut mieux séparer les concepts 'bioclimatique' et 'sain' car la dimension énergétique n'est que très peu prise en compte dans les maisons saines, dans lesquelles des concepts ésotériques peuvent entrer en ligne de compte : tracés régulateurs, feng-shui, ou encore d'autres aspects physiques avérés tel que la protection électromagnétique, le géomagnétisme. Certaines maisons saines peuvent être des gouffres énergétiques, inversement certaines maisons climatiques seront considérées comme "malsaines" et non écologiques par les tenants de l'habitat "sain"!
Biens sûr les deux concepts peuvent être réunis et dans ce cas c'est ce que l'on nomme bioclimatique.
Mise en garde
Ces concepts de bioclimatique et climatique étant encore assez méconnus du grand public, généralement absents des événements commerciaux liés à l'habitat, et assez mal maîtrisés des rares personnes employant ces termes. De plus en plus de gens confondent ces conceptions architecturales avec les maisons solaire type actives (avec capteurs solaire), ou encore avec n'importe quelle maison construite plein sud mais sans inertie thermique interne pour augmenter le pourcentage de couverture solaire, mais aussi parfois de véritables usines à gaz inaccessibles au commun des mortels... des modèles décourageant, voir déroutant.
De plus, bon nombre de gens considèrent qu'un modèle de maison climatique adapté à des régions aux climats plus rigoureux ne peut être que mieux adapté à nos climats doux. Ceci est une grossière erreur car une maison bois nordique extrêmement isolante, et ne comportant quasiment pas d'inertie thermique, ne peut pas être adaptée à notre climat, tout simplement par ce que sous son climat d'origine (comme précédemment expliqué dans le cas des maisons passives nordiques), les hivers sont plus froids car il n'y a quasiment pas de soleil à valoriser donc quasiment aucun besoin d'inertie thermique ... Transposer un tel modèle de conception climatique dans un climat plus doux équivaut à se priver d'avance du potentiel solaire passif de votre lieux d'implantation. Au lieu de réduire le besoin de chauffage par 4 ou 5 par rapport à la réglementation en vigueur, une telle maison n'atteindra à peine un coefficient de réduction de 2, et dans ce cas la question d'un chauffage central, voir même d'un système de rafraîchissement, coûteux et dispendieux ne sera pas pour autant écartée!
En se basant sur l'unique question de l'effet de serre, nous savons qu'il faudrait réduire au moins par 4 nos émissions de gaz à effets de serre. Les constructions antécédentes aux normes thermiques ayant rarement autant de possibilité en terme de recherche de performance énergétique, il est donc important que les nouvelles construction dépassent largement ce facteur 4 pour pouvoir compenser. Mais malheureusement il n'y a pas que l'unique question de l'effet de serre, il y a aussi d'autres questions encore plus cruciales, telles que la course vers la panne énergétique globale, les inégalités nord/sud, mais aussi les tensions géopolitiques liées à la raréfaction des ressources énergétiques...Autant de motifs majeurs pour ne plus hésiter à remettre en question nos modes de construction.
Pour en revenir à la technique, l'isolation a donc ses limites que l'inertie thermique associée à un grand captage solaire passif peut repousser bien au delà de ce que pense la majeure partie d'entre nous. Nous constatons de plus en plus souvent d'abus de langage autour du terme bioclimatique, orchestrés la plus part du temps par les abus commerciaux de certaines sociétés profitant de l'opportunité éco-citoyenne croissante pour maquiller leurs produits conventionnels de fausse éconologie. Les véritables conceptions décrites ici sur cette page, sont avant tout basée sur une simplification logique, et une approche décroissante.
Afin de ne pas rater nos réelles cibles éconologique collectives, à savoir de l'écologie économiquement accessible au plus grand nombre (voir à tous), tous ces concepts( climatique, bioclimatique ou passif) nécessitent un usage très vigilant en matière de terminologie, et il tient à chacun d'entre nous de ne pas contribuer à cette lamentable confusion des genres.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- Maison bioclimatique et autoconstruction
- Forum Futura Science: Habitat Bioclimatique
- Maisons et Bois: Maisons Passives
- Bâtir-Sain BS-Forum: Construction écologique
- Natur@habitat : Exemples de maisons bioclimatiques
Bibliographie
- Traité d'architecture et d'urbanisme bioclimatiques, Alain Liébard et André De Herde, ISBN 2281192903
- La conception bioclimatique, Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, ISBN 2914717210
- Guide de l'architecture bioclimatique : Tomes 1 à 6, Alain Liébard et André De Herde, ISBN 2950168957
- Guide raisonée de la construction écologique, Bâtir-Sain, ISBN13 : 978-2-9528437-0-6