Faire construire son habitat

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Catégorie:Se loger


Pour diverses raisons, au lieu d'autoconstruire, certains décident de faire construire un habitat qui leur convient, en décidant de ne pas (ou presque pas) mettre la main à la pâte.

Comment construire son habitat sans se ruiner, et sans devenir autoconstructeur ?


Les premiers choix


Le terrain

Il faudra d'abord sans doute (à moins de le posséder déjà, ou d'opter pour un habitat nomade) acheter un terrain. Savoir si le terrain à viabiliser ou non, car le cout de la viabilisation (raccordement EDF + France telecom + eau ) est à ajouter à votre budget.

Idéalement, ce terrain sera orienté plein sur sud pour l'arrière pour profiter au maximum des apports solaires passifs.

Les plans

Les plans doivent se faire en partant d'une position de boussole. Ils doivent aussi partir d'une échelle aux millimètres ou aux centimètres. Les plans seront fait aux idées de l'acheteur (maitre d'œuvre), du constructeur, de l'architecte...

Prescriptions urbanistiques

Des dérogations pourront éventuellement être demandées pour la maison pour les éléments favorisants la basse consommation énergétique de la maison. (par exemple: un seul niveau en façade, mais 2 à l’arrière).

Si ces dérogations sont refusées, il faudra s’adapter pour respecter au mieux les demandes tout en respectant les prescriptions urbanistiques.

Les matériaux

Les matériaux devraient être les plus locaux et naturels possibles, éventuellement de récupération. Le bois proviendra autant que possible de sources avec une gestion durable (label FSC).

Les matériaux devraient être efficaces pour atteindre les objectifs fixés. Ils devront ne présenter aucun danger pour la santé des habitants et autant que possible des ouvriers de chantier. Ils devraient être autant écologiques que possible, mais ce n’est pas une obligation. Ils devraient également avoir consommé aussi peu que possible d’énergie grise.

On utilisera si possible des matériaux issus de la déconstruction sélective.

On choisira de préférences des matériaux issus de ressources locales.

Les matériaux devront demander aussi peu d’entretien que possible et celui-ci devra pouvoir se faire sans nuire à l’environnement.

Le ciment étant imperméable à l’eau et consommant énormément d’énergies grises, nous lui préfèreront la chaux naturelle (hydraulique et aérienne).

Si son utilisation revient trop cher, l’utilisation de chaux bâtarde (2/3ciment, 1/3 chaux) est acceptable puisque celle-ci est également perméable à l’eau. La chaux non naturelle, étant comme le ciment imperméable à l’eau, n’est pas idéale.

Pour l’isolation, on préfère ne pas utiliser de la laine de verre. D’autres solutions saines et peu consommatrice d’énergie de transport peuvent être proposées (chanvre, lin par exemple, pas la noix de coco qui est importée de loin…).

L’utilisation du liège peut être envisagée. Imputrescible, hydrofuge, ininflammable, résistant aux attaques d'insectes, de rongeurs, de champignons, c'est un des meilleurs isolants phoniques et thermiques.

Les matériaux de construction ayant subi peu ou pas de transformation à leur production, comme le gypse, la pierre, l’ardoise seront préférés, parce qu’ils sont perméables aux rayonnements cosmiques, en particulier au rayonnement thermique (infrarouge) du soleil. Mis en œuvre dans les parois des bâtiments, ils concourent au confort thermique des habitants.

Murs et isolation

La structure porteuse peut être en bois. La technique poteau-poutre, par exemple, permettra de mettre de larges baies vitrées au sud. Si on utilise du chaux-chanvre banché, le bois sera rugueux, pour bien accrocher. Une structure en bois permet de faire plus facilement des courbes dans les murs et dans la toiture, si on le souhaite.

Il y aura une excellente continuité de l’isolation. Le bois permet d'éviter les ponts thermiques.

Les murs intérieurs de la maison seront idéalement en matériaux lourds et à forte inertie, si possible écologiques. Cela permet de lisser la courbe de température intérieure de la maison.

Tous les murs seront parfaitement isolés. Idéalement, ils devraient être conçu suivant les principes de la « perspiration ». Les murs perspirants se comportent comme une peau, laissant passer la vapeur d'eau mais ni l'eau liquide ni l'air ne peuvent entrer ou sortir. On n’utilisera donc pas de pare-vapeur. Le passage de la vapeur d’eau sera de plus en plus facile de l’intérieur vers l’extérieur. Les murs en chaux-chanvre ou en ouate de cellulose sont perspirants.

La laine de verre qui peut être nocive pour les ouvriers n’est pas souhaitée.

Idéalement, l’isolation sera faite par l’extérieur (plus efficace) et suffisante pour atteindre les objectifs de la maison basse énergie (K<30, <25 si possible). On essayera d’avoir un K le plus bas possible, mais en maitrisant les coûts.

Les parois ne devront avoir AUCUN pont thermique et une thermographie peut être prévue avant les finitions pour vérifier cela.

La thermographie permet aussi la vérification de la bonne mise en œuvre des isolants, la localisation efficace de fuites et la détection de problème d’étanchéité à l’air (test blower-door).

Chauffage

Si un poêle de quelques Kw suffit pour chauffer la maison, il devrait pouvoir envoyer de la chaleur dans les autres pièces via un système de distribution. Dans ce cas, le plancher de l’étage ne sera pas isolé thermique, pour profiter de la chaleur dégagée par le poêle au rdc.

En cas de chauffage central, différentes zones avec des thermostats seront définies, pour permettre de chauffer individuellement les pièces.

Le chauffage peut se faire par des tuyauteries basses températures dans les murs ou dans le sol. Celui-ci est en effet plus économe en énergie. Le chauffage par les murs donne une meilleure sensation de confort. En effet, nous sommes très sensible à la température que nous percevons latéralement. Il faut également éviter les mouvements d'air, qui provoquent une sensation de froid.

Une solution à envisager pour le chauffage central : le chauffage central à pellets.

Une vis d’Archimède achemine les pellets stockés dans une cave (stock de 6 tonnes minimum) vers la chaudière.

Les tuyaux devront être très facilement localisables, pour éviter des planter un clou dedans par exemple.

Portes

Les portes seront les plus hautes portes standards (2m minimum), avec éventuellement un passage pour la circulation d’air section supérieure à 70 cm2.

Elles seront si possible assez large pour permettre le passage d’une chaise roulante.

Des portes coulissantes, plutôt que des portes ouvrantes peuvent être envisagées. Elles permettent de ne pas empiéter sur l’espace d’un couloir par exemple.

Une bonne isolation acoustique des chambres est souhaitable. Une bonne isolation acoustique des autres pièces est un plus, qui pourra jouer dans le choix des matériaux.

Du coté du village (nord, est et ouest), la pierre ou la brique peuvent être davantage présentent pour mieux intégrer la maison au bâti villageois. La façade sud peut être davantage en bois.

Sols et plafonds

Le sol de l’entrée, du wc et du cellier peuvent être en carrelage, éventuellement en terre cuite.

Le sol du salon, de la chambre et de la salle à manger peuvent être en bois d’une source à gestion durable (label FSC par exemple).

Le sol de la serre sera en matériau à forte inertie, des carrelages en terre cuite peuvent être utilisés.

Le sol de la cuisine et de la salle de bain sera éventuellement en bois protégé des éclaboussures mais dans ce cas, il ne faut pas utiliser de bois exotiques, qui participent à la déforestation ou qui génèrent énormément de pollution par les transports.

Vitrages

Les fênetres permettent de profiter de la lumière naturelle, qui est gratuite et non polluantes. Elles permettent également de profiter des apports solaires passifs.

Les fenêtres peuvent être en double vitrage super isolant (ou double vitrage à haut rendement, ou encore à isolation renforcée). Le triple vitrage peut être utilisé, mais il est très cher. Il est surtout utilisé dans les maisons passives. Le coût des vitrages doit présenter le meilleur rapport qualité/taille/prix.

La façade vitrée sud sera si possible importante, pour profiter des apports solaires passifs. Mais il faudra les protéger avec des "casquettes" pour éviter la surchauffe en été. On peut également utiliser des vitrages spéciaux, mais cela coute cher.

S’il est nécessaire de mettre des fenêtres dans la toiture, elles devront empêcher les surchauffes et ne pas diminuer l’isolation.

Idéalement, il y aura un minimum de fenêtres au nord, car elles diminuent l'isolation de ce coté qui n'a pas d'apports solaires. Il y aura peu de fenêtres à l’est et à l’ouest.

Les fenêtres devraient pouvoir être fermées par un système:

  • Électrique (et éventuellement commandé par domotique), pour avoir facile quand on devient âgé.
  • Qui ne diminue pas l’isolation des murs ou crée de pont thermique
  • Qui protège au maximum des effractions
  • Si possible, qui permet de varier la quantité de lumière qui rentre.

Une solution possible serait des stores électriques extérieurs. Sinon des volets roulants avec caisson extérieur.

Idéalement, le vitrage d'une serre solaire sera vertical, avec une surface vitrée la plus importante possible (éviter les châssis larges).

Les châssis seront de préférence en bois, qui est écologique et bien isolé. Une protection en aluminium est possible (attention à la réaction avec la chaux), qui permet de ne pas devoir entretenir le bois à l'extérieur. Le pvc et l'aluminium nécessitent beaucoup d'énergie pour être fabriqués.

L’utilisation de stores vénitiens extérieurs en aluminium peut être étudiée. Objectifs :

  • Rediriger la lumière naturelle vers le plafond, ce qui permet de faire pénétrer la lumière profondément dans la pièce.
  • Protéger l'occupant des pénétrations directes du soleil (éblouissement et rayonnement direct).
  • Avoir un système anti-intrusion (verrouillage en position fermée).
  • Intimité des occupants : En fonction de l’orientation des lamelles, il est souvent possible de conserver une vue de l’intérieur vers l’extérieur tout en limitant les indiscrétions.

Le store, en position remontée, occupe une place non négligeable (15 à 40 cm). Son placement devant une fenêtre existante fera donc perdre une partie de sa surface utile lorsque le store n’est pas abaissé. Pour éviter cet inconvénient, il est possible de fixer le dispositif devant le linteau.

Ces stores peuvent être motorisés pour leur ouverture/fermeture et inclinaison et commandables par domotique.

Ils devront également être remonté automatiquement en cas de vent trop fort s’ils risquent d’être cassés.

Une autre solution est d’envisager des volets roulants avec coffrets extérieurs. Cela évite les pertes d'isolation à cause du coffret.

=Electricité

Le système électrique ne doit pas être spécialement écologique ou « bioélectrique », mais néanmoins conçu pour éviter autant que possible la nuisance des champs électriques aux occupants de la maison.

Pour ces raisons, il sera disposé en épi, et pas en boucle.

Il devra surtout être parfaitement intégré sans pénaliser l’isolation.

Idéalement, les câbles électriques ne devront pas se trouver à moins de 1 m des lits.

Si possible, les câbles électriques seront blindés pour diminuer au maximum les champs électriques.

Un circuit électrique 12v (basse tension) peut être envisagé. Il permet de mettre des lampes basse tension plus économique.

Le chantier

On préviendra les voisins de la durée et des moyens mis en œuvre pour réduire les nuisances du chantier.

On informera les intervenants du chantier sur la démarche suivie.

On diminuera les bruits sur le chantier en :

Utilisant des engins de chantier bien entretenus (ils consomment également moins) Faisant des transports groupés de matériaux Éventuellement utilisant des silencieux sur certains engins Mettant à l’arrêt les engins non utilisés Mettant des casques anti-bruits Effectuant les travaux les plus bruyants en dehors de certaines plages horaires : pas de bruit tôt le matin, aux heures des repas, en soirée…

On essayera de salir, polluer et gaspiller le moins possible.

La voie publique est nettoyée régulièrement Les travaux occasionnant des poussières sont effectués avec des dispositifs d’aspiration ou des bâches de protection. Les fuites d’eau sont traquées systématiquement. L’eau de pluie est récupérée comme eau de gâchage et pour nettoyer les outils. Les lumières et machines sont stoppées quand elles ne sont pas utilisées. Les emballages des peintures, colles, solvants sont refermés hermétiquement. Les produits toxiques ne sont pas rejetés à l’égout. Les déchets ne sont ni enfouis ni déversés sur le sol. Les déchets de construction ne sont pas brûlés La liste des symboles de risques et l’interdiction de fumer sont affichées près des produits dangereux.

Les déchets de chantier :

On ne commandera que les quantités nécessaires de matériaux (sans compter trop juste) pour éviter le gaspillage.

On protègera les matériaux sur le chantier des intempéries.

On demandera aux fournisseurs de reprendre leurs emballages quand c’est possible. On préfèrera les matériaux en vrac ou en emballages consignés.

On effectuera le tri des déchets sur le chantier : Des systèmes ou des lieux de stockage séparés (petits conteneurs, sacs solides, palettes…) seront prévus pour recevoir les déchets selon la catégorie à laquelle ils appartiennent.

On séparera :

  • Les déchets inertes (terres non contaminées, briques etc…)
  • Les déchets spéciaux de ménage (produits de traitement du bois, décapants, peintures…)
  • Les encombrants ménager (déchets volumineux, câbles électriques, panneaux de plâtre…)
  • Les métaux ferreux et non ferreux
  • Les papiers et cartons non souillés

Vocabulaire


Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Eco-logis La maison à vivre, 500 pages Éditeur : Könemann, 1999. ISBN 3895089265
    • Adaptation française d'un ouvrage collectif conçu par le magazine allemand "Öko-test", cet ouvrage de référence de près de 500 pages présente de nombreuses illustrations très pédagogiques, donne des indications et des conseils aussi avisés qu'objectifs sur la construction écologique en présentant des solutions à tous les problèmes.
  • Le Guide de l'Habitat Ecologique. ISBN 2879090121 EAN : 9782879090122
    • Un guide complet de 1344 pages pour tout savoir de l'autoconstruction, pour aider aux bons choix alternatifs, pour trouver les intervenants qualifiés, pour construire une maison saine, respectueuse de l'environnement et agréable à vivre.
  • L'isolation écologique par Jean-Pierre Oliva, éd. Terre Vivante - LA référence sur le sujet de l'isolation: principes, matériaux et impact sur la santé, sols, murs, toitures.
  • La maison des [néga] watts > Le guide malin de l'énergie chez soi par Thierry Salomon et Stéphane Bebel, éd. Terre Vivante.
  • Vivre au naturel - La maison écologique par David Pearson, 302 pages, éd. Flammarion, 1999, 29 €. Ouvrage de référence pour toutes les personnes désireuses de créer un maison naturelle à partir de principes écologiques fondamentaux. ISBN 2082019411, EAN 9782082019415
  • Une maison saine & naturelle par Dan Phillips, 192 pages, éd. Dessain et Tolra, 2001. ISBN 2047200180 EAN 9782047200186
  • La Chaux, par l'association Pisé, Terre d'avenir, association loi 1901, 13 € (85 F), Jacky Jeannet, Chassenet F-63260 Thuret Tel : +33 73 97 91 07.
  • Techniques picturales anciennes par J.C. Misset, 28.20 € (185 F).
    • Une mine de recettes avec croquis pour enduits, badigeons, les glacis, la peinture à la caséine... Décorer sa maison soi-même à peu de frais, c'est possible et tellement réjouissant !
  • Construire en paille aujourd'hui par A et H Gruber, 128 p., 16,50 € (108 Frs). - Etat des lieux complet en ce début de 21ème siècle - Ouvrage d'initiation sur la construction paille & terre
  • Construire son habitation en paille selon la technique du GREB - V. Brossamain - JB. Thévard. ISBN 2952515808
    • Description précise, étape par étape, d'une technique de construction en paille aboutie, en provenance du Québec. Bon de commande
  • Les clés de la maison écologique par Oîkos. ISBN 2904082948 EAN: 9782904082948
  • Le guide de l'habitat sain par les docteurs Suzanne et Pierre Déoux, Medieco éditions, 537 pages - Les effets sur la santé de chaque élément du bâtiment.
  • Revue "La maison écologique" : Web
  • Guide raisonné de la construction écologique 77 pages par Bâtir-Sain.
    • Guide et annuaire professionnel de +850 matériaux et produits sains / écologiques pour l' éco-construction. Table des matières
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