Déchets nucléaires

De Ekopedia
Révision de 31 juillet 2010 à 17:26 par Jecolo (discussion | contributions) (Catégorie:Énergie nucléaire)

Aller à : navigation, rechercher

Les déchets nucléaires sont les déchets issus de l'exploitation de l'énergie nucléaire civile (81%), militaire (11%) et d'autres applications civiles, médicales notamment (8%).

Le lecteur pourrait trouver intérêt à préalablement consulter l'article radioactivité.

Déchets produits en aval

Déchets à haute et moyenne activité à vie longue (HAVL/MAVL)

Les HAVL sont des déchets issus du cœur du réacteur. Ils présentent une très haute radioactivité et resteront actifs pour des centaines de milliers ou des millions d'années. La France en produit 1150 tonnes par an (l'EPR devrait réduire ce volume) et ils concentrent 95% de la radioactivité totale des déchets du nucléaire. Il s'agit typiquement d'uranium et de plutonium, et de produits de fission (krypton, baryum, etc). Ces déchets sont évidemment extrêmement dangereux : si un stock d'une tonne se mettait à fuir après 1000 ans, il contiendrait encore assez de radioactivité pour contaminer 100 km3 d'eau au niveau des limites autorisées[1].

Après plusieurs mois passés en refroidissement, on sépare les composants (uranium, plutonium, etc). Certains sont recyclés en MOX, le reste est vitrifié : ils sont fondus et mélangés à du verre (à base de bore), puis refroidis pour se solidifier. Enfin, ils sont recouverts d'un revêtement en acier. L'intérêt de cette méthode est que le verre ainsi produit peut résister à toutes sortes d'agressions : chaleur, inondation, radiations, etc. Par ailleurs, il possède une durée de vie de dizaines ou centaines de milliers d'années. Pour l'heure, ces déchets vitrifiés sont stockés sous l'usine de retraitement, à la Hague ou à Marcoule, ce qui n'est qu'une solution temporaire qui pose des problèmes de sécurité.


Temporaire car la durée de vie de ces conteneurs est certes longue mais un tel laps de temps ne suffirait qu'à rendre les déchets moins dangereux mais pas inoffensifs. Il ne s'agit donc que d'une solution en attendant que la France ait définit une stratégie de gestion à long terme, pour lequel des recherches sont poursuivies depuis 1991. Plusieurs possibilités sont entrevues :

  • Expulsion dans le soleil. Cette solution, définitive et sans conséquence environnementale, est pour le moment ignorée non pour des raisons de coûts (tout à fait acceptables) mais du fait des risques : si un accident se produisait, les déchets pourraient être relâches dans l'atmosphère ou éparpillés sur la surface.
  • Transmutation de ces éléments radioactifs en d'autres inoffensifs ou moins dangereux. Ceci serait déjà possible dans des réacteurs à neutrons rapides tels que l'ancien Superphénix mais puisque ceux-ci présentent un danger non-négligeable...
  • Entreposage de longue durée en surface ou subsurface.
  • Stockage géologique définitif ou réversible.


Quant aux MAVL, il s'agit de déchets ayant été en contact proche avec le cœur du réacteur, telles que les coques des pastilles d'uranium. Ils représentent, en France, 850 tonnes de déchets par an et concentrent 4% de la radioactivité totale des déchets du nucléaire. Leur retraitement est assez simple puisqu'ils sont compactés et stockés dans des conteneurs de même forme que ceux des déchets vitrifiés. La question de leur gestion sur le long terme demeure elle aussi en suspens.

Déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC)

Il s'agit principalement d'outils utilisés en contact avec le nucléaire. La France en produit plusieurs milliers de tonnes par an et leur dangerosité est faible, comparable à celle de déchets chimiques mineurs. Leur durée de nocivité est inférieure à 300 ans (demi-vie inférieure à 30 ans). L'essentiel de ces déchets peut être manipulé sans protection particulière.

Leur conditionnement est en général sommaire : stockage dans des conteneurs ou (pour les liquides, en cas de risque de réaction chimique, pour ceux ayant une activité radioactive moyenne, etc) coulés dans des matrices. Certains peuvent même être stockés telle quelle (grandes pièces métalliques). Les matériaux utilisés peuvent être l'acier (ordinaire ou allié), certains ciments, du bitume, des résines. Ces fut sont finalement stockés dans des lieux de stockage dédiés, principalement dans la Manche et l'Aube. Dans le premier site, aujourd'hui plein, les futs étaient entreposés à même la terre puis recouvert d'un tumulus de terre. Dans ce second site, des casemates en béton sont coulées, puis remplies avec des futs de déchets et enfin inondées de béton. Les industriels recherchent actuellement de nouveaux sites ce qui, bien sûr, suscite en général beaucoup d'opposition au niveau local.[2].

Déchets à très faible activité (TFA)

Il s'agit là de tout ce qui ne présente pas d'activité radioactive particulière mais s'est trouvé en contact avec une installation nucléaire, tels que les déchets de démolition des bâtiments des centrales aujourd'hui démantelées. Cela représente plusieurs dizaines de milliers de tonnes par an. Jusqu'à il y a peu, la France faisait figure d'exception puisqu'elle imposait pour ces déchets un stockage particulier, sur les mêmes sites que les FMA-VC. Désormais, ces déchets vont être banalisés et recyclés vers les industries conventionnelles.

Déchets produits en amont

L'analyse du cycle de vie impose de prendre en compte les activités en amont de l'exploitation. Beaucoup de déchets de cette catégorie sont considérés comme de faible activité à vie longue (FAVL) et ston éparpillés sur de très nombreux sites, notamment dans les anciennes mines d'uranium.

Extraction minière

L'extraction du combustible dans les pays exportateurs (Canada, Niger, Australie, etc) est une activité minière, qui réclame bien sûr l'extraction de centaines de milliers de tonnes par an (52 millions de tonnes[3] à ce jour pour l'industrie nucléaire française) dont, pour l'essentiel, des FAVL.

Concentration et enrichissement du combustible

L'usine de Malvesi (près de Narbonne) a pour charge de concentrer l'uranium et produire les yellow cakes. Cette activité génère le rejet de 60.000 tonnes par an de boues FAVL contenant de l'uranium[4]. Cette usine est à ce titre responsable de 91% des déchets industriels de la région.

Ces yellow cakes sont ensuite expédiés à Bessines, dans le Limousin, afin d'enrichir l'uranium. Il en résulte plus d'une dizaine de milliers de tonnes par an d'uranium appauvri, un produit toxique qui peut toutefois être utilisé dans l'armement en raison de sa grande dureté, ou recyclé en combustible MOX. La production semble toutefois surpasser la demande.

Voir aussi

Liens internes


Références

  1. [pdf]Les déchets radioactifs - Greenpeace Belgique
  2. L'enfouissement enterré à Auxon - Liberation.fr
  3. Analyse des dispositions de la nouvelle loi n°2006-739 sur la gestion durable des matières et déchets radioactifs par le CRIIRAD
  4. Compte-rendu de la réunion du CLIC Narbonne-Malvesi