Agroforesterie

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L'agroforesterie est une pratique consistant à mener conjointement sur une parcelle la production sylvicole et agricole (culture ou élevage). Elle met en valeur les interactions bénéfiques de ces différentes productions, permettant une augmentation des rendements totaux par unité de surface (malgré parfois une perte de productivité par production).

Outre des bénéfices d'ordre économique, l'agroforesterie permet de réintroduire de la diversité dans certains systèmes de monoculture et joue ainsi en faveur de la biodiversité à l'échelle du territoire.

Principes de l'agroforesterie : l'association arbres-cultures

L'association arbres-cultures, pour être bénéfique, nécessite de prendre en compte les phénomènes de compétition entre arbres et cultures.

La compétition pour la lumière

L'association arbres-cultures permet d'optimiser la captation du rayonnement solaire sur la parcelle, et donc d'augmenter l'activité photosynthétique par unité de surface. Toutefois, le rayonnement absorbé par la strate arborée ne doit pas pénaliser les cultures de sous-étage, ce qui implique une réflexion sur la densité d'arbres à implanter sur la parcelle, prenant en compte la croissance de l'arbre au fil du temps. En prélevant progressivement des arbres, la densité d'arbres par unité de surface peut décroître au fil des années, permettant en même temps de sélectionner les plus beaux arbres et d'obtenir du bois. Par ailleurs, l'implantation des arbres doit être réfléchie en fonction de l'incidence du rayonnement solaire tout au long de l'année, et de l'évolution de la portée de l'ombre sur les cultures de sous-étage au fil des jours et des saisons.

Pour l'obtention de fûts bien droits pouvant servir comme bois d'œuvre, les forestiers choisissent généralement de planter très serré pour favoriser la compétition entre arbres pour la lumière. Dans le cas de l'agroforesterie, cette méthode ne peut être appliquée dans la mesure où les cultures de sous-étage ont besoin de lumière. Pour l'obtention de fûts droits, les agroforestiers misent donc plutôt sur les effets de la taille régulière des arbres, en effectuant notamment assez tôt une taille de formation. Parfois, l'association entre arbres et cultures peut également participer à la formation droite des arbres : par exemple, une culture de maïs cernant un jeune arbre peut l'obliger à chercher la lumière et à croître en hauteur.

La compétition pour l'eau et les éléments fertilisants

La production d'arbres et d'autres cultures peut être complémentaire dans la mesure ou les strates du sol explorées par les différents systèmes racinaires ne sont pas les mêmes. L'agroforesterie doit donc viser à un enracinement en profondeur des arbres, pour éviter toute compétition avec les cultures. Plusieurs techniques peuvent favoriser cela :

  • Lors de la plantation des arbres, il est nécessaire de creuser un trou profond et de préparer le sol de manière à ce que l'enracinement se fasse le plus profondément possible. Le pivot de l'arbre doit être en bon état.
  • La couche superficielle du sol étant la plus riche en éléments nutritifs, l'arbre aura tendance à explorer préférentiellement cette strate avec ses racines. Pour éviter cela, les agroforestiers mettent en place des cultures précoces (hiver, printemps) qui établissent leur réseau racinaire alors que les arbres n'ont pas encore émis leurs premières feuilles. L'absorption par leurs racines de l'eau (assèchement du sol) et des éléments nutritifs de surface va obliger les arbres à développer leurs racines plus en profondeur, dans les couches encore inexplorées, lorsque leur cycle végétatif reprendra. Dans cette optique, les cultures de sous-étages précoces (céréales d'hiver) et les arbres à végétation tardive (par exemple les noyers) sont particulièrement intéressants.
  • Le cernage des racines des arbres, renouvelé régulièrement pour ne pas couper de trop grosses racines, peut orienter la croissance des racines en profondeur. Néanmoins, rien n'empêche par la suite les racines des arbres de pousser en remontant vers la surface au niveau des cultures, si le sol y est hospitalier. Cette technique est donc à associer avec la précédente. Pour empêcher la croissance horizontale des racines des arbres, d'autres techniques pourraient être utilisées, notamment en créant une barrière infranchissable par les racines (par exemple végétale, en pierres...).

La complémentarité de l'enracinement des arbres et des cultures en agroforesterie permet d'optimiser l'utilisation de la ressource en eau. Elle permet aussi de limiter les pertes en éléments fertilisants par lessivage, et conjointement les phénomènes de pollution aux nitrates.

Les bénéfices de l'association arbres-cultures

Si les difficultés présentées précédemment sont bien prises en compte, les atouts d'un système agroforestier sont multiples.

  • Apport supplémentaire de matière organique dans le sol via les feuilles et les racines des arbres, et restitution en surface des éléments fertilisants puisés en profondeur (dégradation des feuilles).
  • Fertilisation azotée des cultures si les arbres implantés sont des fixateurs d'azote.
  • Création d'un milieu tampon : la strate arborée peut protéger les cultures des intempéries violentes, limiter les dégâts du vent dans la parcelle, ombrager les cultures pendant la période estivale. Par ailleurs, l'évapotranspiration des arbres humidifie le milieu.
  • Beaucoup de plantes redistribuent l'eau du sol par un phénomène appelé ascenseur hydraulique. Des recherches montrent en effet que chez de nombreuses plantes, l'eau prélevée pendant la nuit par les racines profondes atteignant des zones humides du sol est amenée dans les parties les plus sèches par des racines superficielles. Si ce phénomène améliore les conditions d'hydratation pour la plante elle-même, il bénéficie également aux plantes voisines[1].
  • La présence d'arbres sur une parcelle cultivée limite les phénomènes d'érosion et d'inondation. Le réseau racinaire des arbres favorise l'infiltration en profondeur des eaux pluviales.

Différents types de systèmes agroforestiers

Systèmes traditionnels

Sorgho sous Faidherbia albida et borasses au Burkina Faso.
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La glandée dans une dehesa en Extrémadure, Espagne.
  • Systèmes en milieux tropicaux.
  • La coltura promiscua. C'est un système méditerranéen, traditionnellement mis en place dans certaines régions d'Italie (en Toscane notamment) et dans d'autres pays sous d'autres appellations (Grèce, Portugal...). La coltura promiscua consiste à associer des cultures pérennes et annuelles dans la même parcelle : la parcelle est plantée de rangées de vignes, entrecoupées d'arbres espacés, avec entre les rangées des cultures annuelles de légumes ou céréales.
  • La dehesa espagnole et le montado portugais[2]. Ces deux systèmes sont dits agro-sylvo-pastoraux. Ils consistent à produire sur un même espace de la viande (moutons, porcs) et du bois : de très vastes espaces pastoraux sont parsemés à relativement faible densité d'arbres, généralement des chênes, fournissant charbon, bois de chauffage et fourrage pour les animaux (glands et feuillage), et parfois de l'écorce avec la production des chênes liège au Portugal. L'utilisation pastorale très extensive de ces espaces s'accompagne de cultures permettant un apport complémentaire aux animaux.

Ces formations produisent des paysages très spécifiques, généralement reconnus pour leur richesse et leur typicité.

Systèmes actuels

Exemple d'évolution d'un système agroforestier en Australie.
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Agroforesterie et permaculture

Les pratiques agroforestières rejoignent partiellement des pratiques communes en permaculture. Cette dernière, néanmoins, privilégie souvent les sous-étages de plantes pérennes. La forêt comestible conceptualisée et mise en pratique en permaculture, complexifie grandement le système agroforestier puisqu'elle envisage la juxtaposition de nombreuses strates de végétation, incluant notamment la strate arbustive, la strate sous-terraine (rhizosphère) et la strate des épiphytes (lianes).

Références

  1. Raven P. H., Evert R. F., Eichhorn S. E., Biologie végétale, Éd. De Boeck Universités, 2000.
  2. Joffre R., Hubert B. & Meuret M., Les Systèmes agro-sylvo-pastoraux méditerranéens : enjeux et réflexions pour une gestion raisonnée, UNESCO, 1991, Paris. 96 p. [pdf] consulter

Voir aussi

Bibliographie

Agroforesterie. Des arbres et des cultures de C. Dupraz et F. Liagre aux Éd. France Agricole, 2008. ISBN 2855571502

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