Anationalisme
Cet article fait partie du Thème Penser Autonomie |
L'anationalisme est une idéologie promouvant la sortie des clivages nationaux.
Sommaire
Description
Il s'agit d'un concept politique, originaire du mouvement espérantiste, qui peut regrouper les idées suivantes :
- un antinationalisme radical,
- l’universalisme,
- le mondialisme,
- la reconnaissance d'une tendance historique conduisant à l'homogénéisation linguistique au niveau mondial,
- la nécessité pour le prolétariat mondial de s'éduquer et de s'organiser en accord avec ces idées,
- l'utilité de l'espéranto en tant qu'instrument d'une telle éducation politique.
Bien que conçu au sein de l'association anationale mondiale, SAT [1], l'anationalisme n'est pas considéré comme l'idéologie officielle de cette organisation. Toutefois il n'est pas étonnant que l'anationalisme soit né dans la SAT, puisque, comme le montre le point 5 ci-dessus, l'anationalisme est une idéologie prolétarienne.
Histoire
Origines
Les premières idées anationalistes apparaissent dans le projet de « Fédération Internationale des Travailleurs Espérantistes » proposé par la Fédération des Travailleurs Espérantistes de Bohème avant la première guerre mondiale. Ces idées, renforcées par l'expérience de la guerre, ont fortement imprégné les fondateurs de la SAT en 1921.
Différentes conceptions de l'anationalisme, parfois très différentes se sont ensuite développées. Peu à peu reformulé par la SAT et Eugène Adam (dit L'anti-tout) le concept d'anationalisme se précise.
Dans les années 1930 de nombreuses oppositions se soulèvent dans la SAT.Le Manifeste des Anationalistes est alors publié[2] sous le pseudonyme de Lanti. Rédigé en espéranto il sera ensuite traduit en de nombreuses langues.
L'anationalisme est défini comme suit dans le manifeste :
« Ce qui caractérise principalement l'anationalisme, c'est qu'il reconnaît le rôle immense que l'artificiel joue dans le monde. Cette faculté qu'a l'homme de créer, de produire, fait de lui le roi de tous les autres animaux. L'homme adapte la nature à lui, cependant que la bête doit s'adapter à la nature. Les anationalistes ne méconnaissent donc pas la grande force qui réside dans la volonté de l'homme. Certes, ils savent que celui-ci ne peut par exemple se délivrer de son propre poids ou sauter hors de son ombre. Cependant, l'espace limité, où se déploie son activité, est relativement vaste. Par suite, sa volonté peut produire de grandes œuvres. C'est pourquoi nous croyons que les « lois fatales » de l'Histoire ne sont que relatives. »
La citation suivante, tirée du même ouvrage, qui permet une meilleure compréhension de la nouvelle doctrine, fut dénoncée en son temps par les internationalistes staliniens, puisqu'elle contredisait ouvertement la nouvelle théorie en vogue du « socialisme dans un seul pays » :
« Les anationalistes combattent tout ce qui a un caractère national : langues et cultures nationales, traditions et coutumes nationales. L'espéranto est leur langue principale et ils considèrent comme accessoires les langues nationales. Ils se refusent à participer à toute lutte nationale et reconnaissent comme nécessaire et profitable à la masse des exploités la seule lutte de classe qui a pour but de supprimer les classes, les nationalités et toute exploitation de l'homme »
L'après Lanti
Après la mort de Lanti en 1947 et la reconstitution de la SAT à la suite de la guerre, les anationalistes recréèrent leur fraction en 1948, sous la direction de R. Roberts.
En 1978, le congrès de la SAT, tenu à Lectoure, adopta une résolution, malgré les objections des anationalistes, qui déclarait entre autres : « La préservation des langues et des cultures ethniques est liée à la lutte pour un nouvel ordre social, et, par conséquent, constitue l'un des champs d'action des membres de SAT en faveur de la justice et de la liberté individuelle. ».
Au cours des années 1980, alors que T. Burnelle était secrétaire de la Fraction Anationaliste, une Déclaration au sujet de l'anationalisme fut votée. Elle insistait sur la lutte des anationalistes contre le nationalisme et en faveur du droit des individus à s'auto-déterminer et à définir librement leur propre identité.
Aujourd'hui
Lors du congrès de la SAT à Nagykanizsa (Hongrie) en 2001 [3], la Fraction Anationaliste s'est renconstituée, suite à un renouveau d'intérêt vis à vis de l'anationalisme et des sujets adjacents, qui s'était manifesté auparavant suite à la création d'un forum de discussion sur Internet. Lors de cette rencontre, une nouvelle Déclaration au sujet de l'Anationalisme, fortement inspirée de la précédente, fut votée.
Les anationalistes actifs dans la Fraction Anationaliste cultivent et développent des courants de pensées universalistes et radicalement antinationalistes. Leur orientation est toutefois moins strictement Lantienne que celle des génération précédentes, et ils ne recherchent pas l'homogénéité doctrinaire.
À l'extérieur de la SAT et de sa fraction Anationaliste, il existe également un certain nombre d'espérantistes qui se réclament de l'anationalisme à des degrés divers.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
Références
- ↑ Sennacieca Asocio Tutmonda : association anationale mondiale, SAT
- ↑ Manifeste des Anationalistes (document pdf).
- ↑ Congrès de la SAT à Nagykanizsa (Hongrie),2001