Laboratoires Weleda

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Créés en 1921, les Laboratoires Weleda sont devenus, au fil du temps, le leader mondial de la cosmétique bio. Mais, aux côtés de cette activité, Weleda produit également des médicaments et des compléments alimentaires. Internationale (avec 23 sociétés), l'entreprise est basée en Suisse, dans une commune du canton de Bâle-Campagne, à Arlesheim. Ce sont près de 2300 collaborateurs qui travaillent au sein de Weleda. La philosophie médicale à l’œuvre au sein des laboratoires est la médecine anthroposophique, élaborée par un médecin d'origine hollandaise, Ita Wegman[1] (1876-1943) et un chimiste et pharmacien autrichien Oskar Schmiedl[2] (1887-1959), et cela à l'initiative du philosophe autrichien Rudolf Steiner (1861-1925). La dimension écologique est clairement assumée, ce qui se traduit notamment pas l'importance accordée à la phytothérapie, la botanique et aux jardins bio et biodynamiques, qui sont producteurs d'une partie des ressources végétales dont les laboratoires ont besoin. La devise des laboratoires est : "En harmonie avec l'être humain et la nature."

Prémisses philosophiques

Dans les années 1900 et 1910, des médecins, pharmaciens, scientifiques de plusieurs nationalités assistent, dans diverses cités européennes, à des conférences du philosophe Rudolf Steiner, initiateur de l'anthroposophie , un courant philosophico-spirituel chrétien, doublement influencé par la tradition scientifique et idéaliste allemande (notamment avec Goethe) et certaines spiritualités orientales (par le biais de la Théosophie, dont il va se détacher)[3]. Ce courant de pensée défend une conception holistique et multidimensionnelle du monde, et de l'humain. C'est donc tout naturellement que l'anthroposophie va essayer de susciter des actions, inspirées par elle, dans différents domaines, comme l'éducation, l'économie, l’agriculture ou encore la médecine. La médecine anthroposophique est née de cette impulsion. Des cours aux médecins voient le jour, ainsi que des établissements de santé et des entreprises pour fabriquer les médicaments qui commencent à s'élaborer, en Suisse et en Allemagne dans un premier temps.

Les débuts de l'entreprise

Les laboratoires Weleda voient le jour en 1921 à la suite de la mutation de deux entreprises[4] :

- Swiss Futurum AG-Ökonomische Gesellschaft zur internationalen Förderung wirtschaftlicher und geistiger Werte (« Futurum AG - Société économique pour la promotion internationale des valeurs économiques et spirituelles »), basée à Arlesheim, en Suisse. Ita Wegman et Rudolf Steiner en étaient les dirigeants.

- Der kommende Tag AG (« Le jour à venir »), basée à Stuttgart et à Schwäbisch Gmünd en Allemagne. Rudolf Steiner était aussi son responsable. Cette entreprise fédérait plusieurs structures, comme la Klinisch-Therapeutischen Instituts (« Institut Clinique-Thérapeutique »), à Stuttgart, et dirigée par un autre médecin, Otto Palmer.

Mais les laboratoires ne prendront véritablement le nom de « Weleda » que le 10 décembre 1928 (même si le nom était déjà en usage dans les filiales des laboratoires des Pays-Bas et de Grande-Bretagne. Ita Wegman et Oscar Schmiedel furent les responsables de Weleda. Oscar Schmiedel[5], qui s'occupait du département de recherche et de production, deviendra le directeur des laboratoires en 1924. Il assumera cette fonction jusqu'à sa mort en 1959. Au sein de Weleda, toute une communauté de médecins, de pharmaciens, de chimistes s'est constituée au fil des années. Ainsi, Ludwig Noll (1872-1930) aura une importante activité dans la recherche médicale, avec la confection de nouveaux médicaments issus de la médecine anthroposophique (comme l’Hépatodoron, qui vise à réguler l’activité hépatique quand elle est perturbée[6]).

Essor européen et international

Après la Suisse et l'Allemagne, qui sont les lieux originels de Weleda, dès 1921, c'est l'année 1924 qui voit le décollage européen, avec la mise en place de succursales en France (à Saint Louis, Alsace), en Hollande, Grande-Bretagne, Autriche. En 1925, une filiale se constitue en Tchécoslovaque en 1925, et aux États-Unis, en 1931. Il faut attendre les temps de l'après-guerre, au cours des années 1950-1960, pour voir une intensification du développement de Weleda, avec la création de nouvelles filiales : 1953, Italie ; 1955, Nouvelle-Zélande ; 1959, Brésil ; 1965, Argentine. La dynamique mondiale prend un nouvel élan dans les années 1990 : 1992, Chili ; 1993, Pérou ; 1999, Japon. Aujourd'hui, Weleda est présent dans plus de cinquante pays.

Données financières

Exercice 2014 : 364,3 millions d'euros, avec une hausse de 8,2 % par rapport à l’année précédente ;

Exercice 2015 : 389,5 millions d'euros, avec une hausse de 6,9 % ;

Exercice 2016 : 389,8 millions d’euros, avec une hausse de 0,1% ;

Exercice 2017 : 400,9 millions d’euros, avec une hausse de 2,8 % ;

Exercice 2018 : 412,3 millions d’euros, avec une hausse de 2,8 %.

Les produits

Cosmétiques

Avec ses huiles, soins correcteurs, gels, crèmes, sérums, déodorants, soins de douches, shampoings, etc., ce sont près d'une centaine de produits qui compose la gamme cosmétique de Weleda. Selon les chiffres du dernier exercice publié (2018), sur un CA de 412,3 millions d'euros, la part des produits cosmétiques s'élève à 74,6 %. Ce secteur est donc la locomotive des laboratoires. Dans une étude de novembre 2017, la Fédération romande des consommateurs évaluait la qualité des gels douches et des crèmes, fabriqués par les grandes entreprises de la cosmétique et proposés sur le marché suisse. Les produits de Weleda testés ne contiennent ni perturbateurs endocriniens ni substances toxiques, seulement des allergènes. Deux ans avant, cette Fédération affirmait que « la marque suisse Weleda s’avère assez fiable car elle n’a recours qu’à des parfums naturels et des ingrédients rigoureusement sélectionnés[7]. » En France, c'est UFC-Que Choisir (organisme d’expertise indépendant) qui a évalué[8], en 2019, les produits cosmétiques et paramédicaux de Weleda. Sur 479 produits testés, seuls 8 d'entre eux présentent des risques gradués comme "B" ("Risque limité"), "C" (Risque moyen") et "D" (Risque significatif). Dans le processus de fabrication de ses produits, Weleda refuse l'usage d'ingrédients comme « les huiles minérales, les parabens, les silicones, les conservateurs, les parfums de synthèse[9] ».

Santé

En 2012, les médicaments de Weleda constituaient encore près de 30 % du chiffre d'affaire de l'entreprise. En 2018, la part diminuait à 25,4 %. Les Laboratoires Weleda fabriquent et commercialisent des médicaments selon les principes de l'homéopathie et de la phytothérapie. Comme pour les produits cosmétiques, la matière première est d'origine naturelle. Les médicaments se présentent sous plusieurs formes pharmaceutiques et sont utilisés pour l'organisme selon trois voies : voie orale : granules, solutions buvables en gouttes, poudres orales, sirops voie locale : huiles, gels, pommades, crèmes, spray nasal voie interne : ampoules injectables, collyres, suppositoires, ovules.

Les labels des produits

Pour les produits cosmétiques, le principal label est NATRUE[10], l'un des plus exigeants qui soit. Weleda est certifié ISO 1400139,40. Les produits sont certifiés avec le Label Agriculture biologique (AB), pour la France. Weleda fait partie également de l’UEBT[11] (Union for Ethical BioTrade), une association à but non lucratif dont le but est de promouvoir l'approvisionnement respectueux en ingrédients issus de la biodiversité locale.

Les jardins de Weleda

Si Weleda utilise des ressources végétales issues de la cueillette sauvage (par exemple celle de l’Arnica des Montagnes, dans les massifs des Hautes-Vosges[12]), l'essentiel provient de ses propres jardins, situés en plusieurs sites :

Allemagne : à Schwäbisch Gmund, non loin de Stuttgart. 250 espèces de plantes aromatiques et médicinales sont cultivées dans ce qui est le plus grand jardin de plantes médicinales bio en Europe,

France : la filiale française gère deux jardins, le premier (1,5 ha), à Bouxwille, près de Strasbourg, et le second qui est une parcelle entourant les bâtiments du laboratoire à Huningue,

Brésil, dans l'État de São Paulo, à São Roque,

Argentine, dans la région de Córdoba,

Nouvelle Zélande, dans la région de Hawkes Bay,

Angleterre, à Ilkeston,

Benelux, à Zoetermeer.

Commerce équitable

Avec la cueillette sauvage et les jardins, la troisième source d'approvisionnement des matières végétales se réalise principalement auprès de coopératives paysannes, comme au Maroc (avec la coopérative « Sidi Yassine ») pour l'argan, au Pérou (avec l’autorité péruvienne de protection de la nature, et des communautés de cueilleurs) pour le ratanhia, ou encore au Mexique (avec l’entreprise Sesajal) pour l’huile de sésame.

Politique de mécénat

Depuis 2016-2017, Weleda a constitué un « Prix de thèse Weleda ». Il est décerné chaque année à trois étudiants en pharmacie et pharmaciens en exercice pour leur travaux de thèses. Les Laboratoires précisent :  « Le sujet de la thèse traitera de botanique, d’homéopathie ou de phytothérapie et/ou devra être en lien avec les spécificités des souches ou des médicaments (conception, élaboration, procédés de fabrication, …) propres à l’approche de la médecine d’orientation anthroposophique, éléments fondateurs des Laboratoires Weleda[13] ».

Partenariats

Les laboratoires travaillent, sur des projets environnements et sociaux, avec plusieurs ONG et institutions, comme le WWF[14], les Colibris[15] ou encore le Parc naturel régional des Ballons des Vosges[16].

Structure de l'entreprise

Si le siège de Weleda est établi en Suisse, à Arlesheim, l'entreprise a 17 filiales et 23 sociétés dans plus de 50 pays, avec aux alentours de 2 500 collaborateurs. En dehors de la Suisse, les deux sites principaux (sites de production) se situent en Allemagne (à Schwäbisch Gmünd) et en France (à Huningue). Ses actionnaires principaux sont la Société anthroposophique universelle et la Klinik Arlesheim. Ensemble, elles totalisent 33,5 % du capital de l’entreprise et 76,5 % des droits de vote.

Voir aussi

Liens internes

Cosmétique

Médecine non conventionnelle

Commerce équitable

Philosophie

Liens externes

https://www.weleda.com/international

https://www.weleda.ch/ch-fr

https://www.weleda.fr/

https://www.weleda.be/bel-fr


Notes et références

  1. https://www.fondsgoetheanum.ch/fr/campagnes/die-vielfache-wirkung-der-mistel-bei-krebs/ita-wegmans-pioniertat-gegen-den-krebs-und-fuer-das-leben.html
  2. https://www.weleda.ch/ch-fr/weleda/identite/oskar-schmiedel
  3. Gary Lachman, <gallery> Exemple.jpg|Description 1 Rudolf Steiner, une biographie, Paris, Actes Sud, 2009.
  4. Geoffrey Jones, Profits and Sustainability: A History of Green Entrepreneurship, Oxford, Oxford University Press, 2017, 424 p.
  5. http://biographien.kulturimpuls.org/detail.php?&id=638
  6. Docteur Volker Fintelmann, « Hepatodoron », Correspondances Médicales, vol. N° 19,‎ automne-hiver 2006, p. 20
  7. https://www.frc.ch/des-compositions-enfin-decryptees/
  8. https://www.quechoisir.org/comparatif-ingredients-indesirables-n941/liste/weleda-bi141/produit-a-risque-si1/
  9. Clémentine Lionne, La cosmétique biologique : un retour aux sources ? Thèse de Doctorat en pharmacie., Lille, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lille, Université de Lille 2, 2015, 76 p., p. 65
  10. https://www.satoriz.fr/infos-produits/cosmetique-natrue-un-label-ou-le-label-entretiens/
  11. https://www.ethicalbiotrade.org/brands-1/weleda
  12. https://www.leprogres.fr/magazine-sante/2019/07/03/maigre-recolte-pour-l-arnica-une-plante-vosgienne-par-nature
  13. http://weleda.newel.net/fr/accueil-these-2019/index.html
  14. https://www.weleda.be/bel-fr/contact/actualites/weleda-wwf
  15. https://www.weleda.fr/defis-colibris-inscription
  16. https://www.parc-ballons-vosges.fr/agir/les-actions/convention-arnica/