Système de partage global

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Un système de partage global (ou Sypal) a comme principe d'établir une mise en commun des points suivants :

  • Du temps, avec une activité au choix.
  • Du matériel, par transferts continus.
  • Des espaces, terrains et habitats.
  • Du savoir, des connaissances, de l'information.

Ses caractéristiques  :

  • le temps, le matériel et les espaces s'échangent de façon indirecte.
  • la gestion alimentaire n'est pas soumise à une valeur (pas d'échange).
  • l'absence d'utilisation d'une monnaie bancaire, locale, ou de carnets.
  • le choix d'utiliser ou non des conditions d'accès à un partage annoncé.

Partager du temps et du matériel

Le temps et le matériel sont les types de partage faisant l'objet d'une gestion plus spécifique :

  • Le temps, qui consiste à pratiquer une ou des activités au choix, prend en compte la notion de temps collectif disponible (ou TCD) et se gère par le biais d'un principe nommé "Jour de Dernière Activité" (ou JDA). Celui-ci a comme fonction d'équilibrer au mieux les contacts entre demandeurs et offreurs de services, en annonçant simplement quel était le dernier jour d'activité; information pouvant être connue des autres membres.

Exemple: lorsque cinq spécialistes sont disponibles pour offrir un service de même nature depuis une même localité, c'est celui ayant été actif le moins récemment (et/ou avec le moins d'heures d'activité) qui peut être sollicité en premier lieu dans les jours suivants.

  • Le matériel, qui n'est pas donné ni prêté, peut se transférer de façon continue d'un utilisateur à l'autre, chaque fois que le dernier n'en a plus besoin (il peut donc le remettre à disposition pour mettre à jour la base de données locale).

Exemple: un matériel transféré par X à Y, peut revenir plus tard à X depuis Z, ce dernier l'ayant reçu de la part de Y entretemps. Dans un autre cas, Y pourrait ne pas remettre le matériel à disposition des autres (car il en aurait toujours besoin), mais X peut alors retrouver un matériel identique ou similaire, mis à disposition par un autre membre.

Un principe de partage avec ou sans condition

Plutôt que d'imposer des règles communes de partage à tous les membres d'une localité, le système permet à chacun de décider lui-même s'il préfère partager sans ou sous condition (quel que soit le type de partage). Il existe ainsi trois possibilités :

  • Le partage sans condition : il s'agit simplement d'offrir un service, de transférer du matériel, de partager une parcelle de terre ou une partie d'habitat sans attendre quelque chose en échange. Dans ce cas, il suffit d'être membre pour accéder au partage.
  • Le partage sous condition de base : l'avantage est que celui-ci est accessible à tous les membres, tôt ou tard (personne n'est privilégié, il suffit d'être patient). Il existe deux conditions de base, qui peuvent s'appliquer de façon isolée ou combinée :

- Avoir offert un certain nombre de services à d'autres membres. Répondre à cette condition nécessite le respect de certaines règles décrites plus bas.

- Être membre depuis un certain temps (choisir un nombre de semaines ou de mois).

Exemple des conditions combinées : "terre arable disponible aux membres ayant déjà offert une trentaine de services à d'autres, avec un minimum de six mois d'ancienneté".

  • Le partage avec condition(s) spécifique(s) : un membre peut également annoncer un partage réservé aux personnes d'une certaine tranche d'âge, possédant une certaine expérience, etc. Ces conditions peuvent s'ajouter à une condition de base, s'il y en a.

La gestion alimentaire

Un membre faisant partie d'un système de partage global n'échange pas, de façon directe ou indirecte, du temps (service), du matériel, ou des espaces contre des provisions alimentaires. Il cultive directement pour ses besoins personnels ou familiaux, pour des personnes d'un certain âge, des amis ayant un handicap, des enfants, etc. Il s'agit d'une gestion parallèle aux autres types de partage, où chaque membre peut apprendre à cultiver, en étant formé par des habitués ou des experts. Ce savoir-faire peut ensuite se transmettre à tour de rôle.

L'attribution et la rotation des différentes activités liées au travail de la terre, la collecte, le choix des quantités, la distribution, etc... sont autant d'éléments à gérer soit par ceux qui occupent déjà les lieux, soit en désignant certains membres du groupe. Ainsi, les novices peuvent se consacrer à de simples tâches, et d'autres à des tâches plus délicates ou plus complexes (pour les uns commes les autres, les NSR ne doivent pas être utilisées : cette notion est décrite plus bas).

Les personnes ayant accès à des parcelles doivent être membre d’un Sypal, et répondre à d'éventuelles conditions imposées par les premiers occupants. S'organiser par tournantes permet à chacun de n'être présent à une ferme qu'un minimum de temps, et de consacrer les autres jours à offrir ses services, transférer du matériel, etc. Bien sûr, selon l'importance ou la responsabilité de certaines activités (liées aux soins de santé, interventions d'urgence, etc) certains membres peuvent ne contribuer que rarement à ces tournantes.

Par facilité, il est conseillé de démarrer un système de partage global sans prendre en compte la gestion alimentaire, et par la suite d'inviter un maraicher bio (par exemple) à rejoindre le groupe. En acceptant, celui-ci peut à son tour partager du temps et du matériel, ainsi que la terre qu'il cultive. Il accède alors à différents partages : compétences, matériels et espaces divers, et la nécessité de vendre sur des marchés n'est plus autant nécessaire.

La gestion du temps collectif disponible

Un service peut s'effectuer de façon totalement libre par l'offreur, ce qui rend les activités de longue durée plus faciles ou agréables à pratiquer. S'il s'agit par exemple d'une réparation nécessitant 120 heures d'activité, l'offreur du service peut décider d'y consacrer 6 heures par jour pendant 20 jours. Afin de s'accorder des pauses, il peut également espacer les journées, par exemple ne consacrer qu'une journée sur deux.

Lorsqu'un membre a rendu un service dans le cadre d'un partage de temps, il peut annoncer à son bureau local quel était le jour de sa dernière activité (JDA), ainsi que le nombres de jours et d'heures si souhaité. D'une autre façon, il peut également annoncer ne plus être disponible jusqu'à une date ultérieure (comme s'il s'agissait de sa dernière activité).

Cette information peut ensuite être connue des autres membres, ce qui est utile pour ceux recherchant un service identique ou similaire. Ceux-ci, en comparant les dernières dates d'activité annoncées, peuvent donc contacter les membres ayant été actif le moins récemment, et/ou avec les moins d'heures consacrées. L'info JDA permet donc d'équilibrer les contacts.

La condition du nombre de services rendus

Lorsqu'un membre annonce un partage sous cette condition de base, il doit pouvoir vérifier que les membres qui le contactent y répondent. Dans ce contexte, l'utilisation du Sypal se complexifie, car introduire cette condition implique de connaitre et d'utiliser de nouveaux éléments :

  • La notification de services rendus (ou NSR)

ou notification audio de services rendus (NamSR)

  • Le code personnel d'identification (ou CPI)
  • L'historique personnel d'activité (ou HPA)
  • La suite de receveurs différents (ou SRD)

La NSR, qui est optionnelle, consiste à notifier un service rendu et terminé. À la différence de l'info JDA qui ne sert qu'à informer du dernier jour d'activité, la NSR permet de mettre à jour un HPA, qui lui informe de la date d'inscription à un Sypal, du nombre de services reçus, du nombre de services rendus (si notifiés).

L'HPA est l'équivalent d'un compte bancaire, dans le sens où il permet d'accumuler une certaine valeur exprimée en nombre de services rendus. Lorsqu'un service est notifié, l'HPA est mis à jour en incluant la nouvelle date de notification.

C'est donc à l'aide d'un historique qu'un offreur peut vérifier si ses demandeurs répondent à cette condition de base. Mais si la notification est optionnelle, celle-ci est sujette à trois règles :

  • Le service doit être rendu dans le cadre d'un partage de temps (et non de matériel, de terre ou d'espace).
  • Ce service doit être utile (non lié aux divertissements), et nécessiter un effort physique ou intellectuel.
  • Il doit s'agir de x receveurs différents à la suite, ce nombre étant librement choisi par la localité instaurant le Sypal.

En considérant les six membres locaux suivants : Pierre(1), Claude(2), Philippe(3), Emmanuel(4), Franck(5) et Guillaume(6) ou par facilité pour cet exemple, 1-2-3-4-5-6.

Si la SRD serait fixée à 4 par le bureau local (ou "SRD-4"), et que la SRD de Guillaume serait par exemple (à ce jour) la suivante : 1-2-3-4. Il a donc rendu un service à Pierre, puis Claude, puis Philippe et Emmanuel, et tous ceux-ci ont été notifiés progressivement.

À ce stade, si Claude lui demande encore un service, Guillaume peut toujours l'offrir mais cette fois sans pouvoir le notifier, car Claude fait déjà partie de ses 4 derniers receveurs.

Si ces trois règles sont prises en compte la notification peut avoir lieu, et l'HPA de l'offreur peut être mis à jour par le bureau local.

Inscription et déroulement d'une NSR

Pour s'inscrire, une personne doit annoncer au minimum un partage qu'il rend disponible aux membres existants. Il devient alors membre à son tour, et reçoit un Code Personnel d'Identification (ou CPI) composé par exemple d'une dizaine de chiffres.

Exemple de CPI : 12345-45-45697-74.

Lorsqu'un membre offreur souhaite notifier un service rendu et terminé, il suffit d'écrire sur un papier :

  • la date du jour
  • son nom de membre
  • une suite de trois chiffres de son CPI (au choix, par exemple "454" ou "741")
  • la nature du service rendu

Sur ce même papier, le receveur du service indique les mêmes informations ainsi peut-être, suite à un accord commun, qu'un commentaire négatif sur certains aspects du service rendu. Aucun membre ne doit connaître le CPI complet d'un autre membre : à chaque nouvelle notification, un offreur et un receveur indique une suite partielle, chaque fois différente, de chiffres issus du CPI.

Le papier est ensuite remis au bureau local, soit directement par l'un ou l'autre, soit par exemple avec un relais quotidien d'une boite postale à une autre, parmi celles des membres inscrits au Sypal (dans ce cas, le bureau doit établir un itinéraire à communiquer à chaque nouveau membre). Après x jours, le papier est finalement acheminé jusqu'au bureau : cet exemple de technique permet de limiter les déplacements des membres non motorisés.

La NamSR comme alternative : la Notification au micro de Service Rendu permet aux membres, qui ne sont pas satisfaits d'un simple papier, de pouvoir notifier à l'aide du support audio. Dans ce cas, ils utilisent un micro et s'enregistrent ensemble, en communiquant les mêmes informations que pour une NSR classique. Le fichier est ensuite stocké sur une clé usb, puis apporté au bureau local (donc à la place d'un papier) qui peut le recopier dans ses archives.

Mise à jour différée d'un HPA

Lorsqu'un service rendu a été notifié, ce sont deux HPA qui sont mis à jour :

  • Sur celui du membre receveur, il est indiqué que celui-ci ait reçu un service de plus.
  • Sur celui du membre offreur, il est indiqué que celui-ci ait rendu un service de plus, mais avec une règle temporaire de mise à jour différée.

Exemple : pendant les deux premiers mois suivant une inscription, toute N(am)SR est indiquée sur l'HPA d'un membre offreur 30 jours plus tard. A partir du troisième mois d'ancienneté, les notifications sont indiquées dans les 24 heures.

Cette mise à jour différée des historiques permet d'instaurer un climat de confiance, parmi les membres partageurs sous condition, en favorisant le statut d'ancienneté. Avant de pouvoir commencer à valoriser son historique personnel, elle implique donc aux nouveaux membres de s'investir dans le temps.

Ceci permet de dissuader certains opportunistes de la gratuité à s'inscrire dans un Sypal uniquement par intérêt personnel, puis de faire semblant de s'investir "vite fait bien fait", simplement pour valoriser leur historique. D'autre part, une partage annoncé n'engage en rien l'annonceur pour autant. Le partage annoncé n'est qu'une possibilité, et non une obligation, même si un demandeur répondrait à la condition du nombre de services déjà rendus.

Comparaison des partages sans/sous condition

Les partageurs peuvent choisir d'imposer ou non des conditions, et les demandeurs peuvent choisir de contacter ou non ceux qui partagent sous condition. Ce n'est que lorsqu'une condition d'accès existe, et qu'elle ne dérange ni l'un ni l'autre, qu'il est nécessaire d'utiliser les N(am)SR et HPA associés.

Les partages sans condition ne nécessitent pas d’utiliser les N(am)SR et HPA, car le partageur ne souhaite pas connaitre l’historique de ses demandeurs au préalable (ces derniers n'ont alors pas besoin, si cette idée leur viendrait à l'esprit, de faire semblant d’être actifs).

Exemple : le membre F annonce "j'offre tel service". Ensuite, le membre G contacte F, ce dernier lui rend ce service, et il n'y a rien d'autre à faire (pas de notification, pas de mise à jour HPA). Simplement, F peut toujours utiliser la fonction JDA pour signaler aux autres membres que sa dernière activité était à telle date.

Les partages sous condition de base du nombre de services rendus fonctionnent avec les N(am)SR, puis les HPA servant aux vérifications. Dans ce cas, toute notification est soumise à la règle de mise à jour différée des historiques. Avant d'accepter, les partageurs vérifient le nombre de services déjà rendus (par le biais du bureau local), mais donc sans être informés en temps réel sur celui-ci; du moins au départ.

Liens externes

Un système de partage global


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