Biodiesel

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Le biodiesel est le nom utilisé en Europe et en Amérique du Nord pour désigner des esters méthyliques d’huiles végétales (EMHV). Ce terme est souvent employé pour désigner l'huile végétale (aussi appelé huile végétale brute HVB) utilisée comme biocarburant. En France, on parle souvent de diester, qui est une marque déposée.


Présentation

Le biodiesel est une énergie renouvelable qui n'augmente pas le taux de CO2 de l'atmosphère. En effet, il ne rejette dans l'atmosphère que le CO2 que la plante dont il est issu a absorbé par photosynthèse.

Le biodiesel est obtenu par un procédé appelé transestérification. On fait réagir de l'huile de colza ou de tournesol (composées d'esters d'acides gras et de glycérine) avec du méthanol qui est un alcool. On obtient alors de l'EMHV (ester méthylique d'huile végétale) qui est du biodiesel. La réaction peut être réalisée en présence d'un catalyseur alcalin comme la potasse. La glycérine est un sous-produit valorisable de cette réaction.

Le procédé de transestérification peut être réalisé avec différentes huiles : colza, tournesol, soja et même des huiles de friture usagées.

Avec 100 kg de méthanol, on transforme une tonne d'huile végétale de colza en une tonne de biodiesel et 100 kg de glycérine.

Le tourteau est résidu de la pression du colza pour en extraire l'huile. Il est utilisé pour nourrir le bétail.

Utilisation

Le biodiesel est en général incorporé au diesel dans des proportions de 5 à 30%.

Les mélanges de diesel avec du biodiesel sont désignés par la lettre B suivie du pourcentage de biodiesel. Ainsi B20 désigne mélange contenant 20% de biodiesel et B100 désigne le biodiesel pur.

En France, la production de biodiesel reste faible. Son développement est freiné par les lobbys pétroliers. Le diesel vendu à la pompe en France contient 1% de biodiesel en moyenne. On pourrait passer à une proportion de 5% sans aucune conséquence sur le moteur.

Les inconvénients

  • le biodiesel est un produit transformé. Il est possible en comparaison d'utiliser directement des huiles végétales brutes filtrées dans un moteur diesel
  • Le biodiesel coûte plus cher que le diesel
  • la production de colza ne doit pas être nocive pour l'environnement par l'utilisation de pesticides et l'épuisement des sols
  • sa production ne bénéficie qu'à une minorité d'agriculteurs, les très grosses exploitations.

Bio ou pas?

Les réserves de pétrole ne vont pas durer éternellement. C'est pourquoi, les compagnies pétrolières ont pris les devants et préparent déjà leur recyclage. C'est d'autant plus impératif pour elles, qu'à partir du 1er janvier 2005, les États membres de l'Europe doivent mettre en application la directive européenne qui veut que chaque État fasse la promotion des biocarburants. Une autre directive impose aussi de porter la part des biocarburants dans l'essence et le gazole à 2% en 2005 et 5,75% en 2010.


Alors qu'est-ce qui va se passer ?

C'est déjà amorcé, les pétroliers vont implanter de grosses usines dans nos campagnes. Ces raffineries d'or vert entourées de vastes champs de tournesols, et autres oléagineux, seront gérées selon des méthodes industrielles aux antipodes de l'agriculture responsable.

Les conséquences ?

Alors voilà exactement ce qui risque de se passer: étant donné que les biocarburants sont intrinsèquement de nature écologique, les firmes pétrolières vont en profiter pour abuser les consommateurs en véhiculant un message de défense de l'environnement complètement tronafin de vendre leur carburant. Vu que le biodiesel n'est pas un produit alimentaire, elles ne vont pas se priver pour charger au maximum en engrais et pesticides de toutes sortes afin d'augmenter le rendement et en profiter au passage pour faire avaler la pilule des OGM aux sceptiques. Leur message sera des plus simples « Regardez, grâce aux OGM on pollue moins ». Bilan de l'opération, au lieu d'aller provoquer des désastres écologiques dans les pays où il y a du pétrole, ils les provoqueront ici en bousillant les sols et l'écosystème.

Une stratégie vicieuse

On l'a vu avec la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers), les pétroliers se sont alliés avec les fabricants automobiles pour qu'elle soit appliquée aux biocarburants. La raison en est simple, ces deux industries sont actionnaires les unes des autres. Du coup, vous pensez bien que l'on ne va pas fabriquer des véhicules optimisés pour la production des agriculteurs sérieux, mais plutôt pour un produit à forte valeur ajoutée, raffiné par des usines détenues par des ex-marchands de carburant fossile reconvertis dans le faux bio. Comme ça, le monopole de la vente d'énergie par ces grands consortiums perdurera. Et comme, bien sûr, il n'est pas question de bousiller entièrement le sol de nos campagnes, ils délocaliseront une grande partie de la production chez ceux qui ont déjà du mal à se nourrir et la feront livrer en Europe par des pétroliers reconvertis en huiliers. Si les catastrophes liées à une marée d'huile sont moins désastreuses qu'une marée noire, il n'en restera pas moins que l'on retombera presque sur la case départ. Comme quoi, quand les institutions s'investissent dans une révolution, c'est pour mieux consolider l'immobilisme.


Il faut se méfier des fausses étiquettes

Nombre de ces paysans que l'on a vu manifester dernièrement avec comme revendication que l'on développe la filière des biocarburants sont loin d'être tous des fervents écologistes, mais plutôt des réactionnaires de la FNSEA (le MEDEF agricole). Dernièrement, j'écoutais une interview de l'un d'entre eux qui demandait au gouvernement que l'on utilise les jachères pour produire cette énergie écologique. Pour ceux qui ne savent pas à quoi sert une jachère, voici l'explication : Ça sert à faire reposer les sols, on laisse une parcelle sans la cultiver pendant quelques années afin que la terre se régénère. Cette mesure a été imposée dans le cadre d'un développement durable, alors vous pensez bien que si l'on plante des oléagineux dessus, les conséquences à moyen terme seront dramatiques. Autre argument avancé par ces derniers qui peut s'avérer à double tranchant: planter du tournesol à but énergétique sur un sol pollué permet de le rendre plus sain. Le principe est simple, le tournesol absorbe les produits chimiques imprégnés dans la terre, qui seront ensuite détruits par combustion dans les moteurs. Bien, sauf que ce n'est jamais qu'une excuse pour banaliser l'utilisation de ces saloperies que sont les pesticides. Une fois de plus, on veut faire passer les intérêts financiers au détriment du bon sens et du respect de l'environnement. Il ne s'agit pas de donner une bouffée d'air pur au monde agricole mais de remplir les poches déjà bien pleines de riches propriétaires d'exploitations au détriment des petits paysans.

Moyens de production

Le tournesol est loin d'être le plus rentable pour fabriquer de l'huile, les algues arrivent largement en tête. Fort de ce constat, pourquoi ce moyen n'est-il pas privilégié par rapport aux autres? Pourtant, nous regorgeons d'algues qui envahissent le littoral, et si jamais il n'y en avait pas assez, elles sont très faciles à cultiver. On en tire les conclusions que l'on veut, mais à mon humble avis, si cette solution n'est pas plus explorée que ça, c'est qu'il faut y voir l'empreinte des puissants lobbys agricoles et pétroliers qui freinent des deux pieds, chacun pour des raisons différentes très faciles à comprendre.

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Conclusion

Actuellement, le piège du biodiesel c'est qu'il reflète une image faussement underground et romantique, alors qu'en réalité il n'en est rien. Les hommes politiques ont multiplié les déclarations sur ce sujet, ils sont de fervents supporters des biocarburants industriels. Inutile de préciser que s'ils s'investissent pour promouvoir le biodiesel, ce n'est certainement pas pour son côté révolutionnaire. Faire la promotion des biocarburants sans tenir en compte leur mode de production est manichéen et irresponsable.

En s'y prenant dès maintenant, nous jouons avec un coup d'avance. Il est donc possible de contrecarrer les desseins dévastateurs des pétroliers. Pour ce faire, il suffit de faire circuler l'information de manière massive et complète, ni plus ni moins. Qu'un débat ait lieu sur ce sujet et je ne donne pas cher de la peau des industriels sans scrupule. Vous pouvez d'ores et déjà agir en faisant inscrire ce combat à l'ordre du jour de vos structures politiques ou syndicales. N'hésitez pas non plus à militer à titre personnel et, pourquoi pas, créer des collectifs. Le jeu en vaut la chandelle, car il faudra au moins cinq ans à ces mastodontes que sont les compagnies pétrolières pour s'adapter à ce nouveau marché, d'autant plus qu'elles doivent d'abord finir de rentabiliser leurs installations de pompage de carburant fossile. Alors que les paysans sérieux, qui sont plus nombreux qu'on ne le pense, sont en mesure de proposer des biocarburants en volume important très rapidement. En terme de stratégie politique, c'est imparable: il est possible de prendre l'adversaire à contre-pied pendant qu'il est en déséquilibre et de le faire chuter pratiquement sans effort.

Si rien n'est fait dès maintenant, si l'on continue à crier sur tous les toits « le biodiesel c'est génial » sans y apporter de nuance et des précisions, après il ne faudra pas vous étonner quand vous verrez dans votre poste de télévision, entre deux spots pour des 4x4 qui respectent l'environnement, des publicités de Total Fina vantant les mérites écologiques de leur daube, alors que sous le soleil rien n'aura changé. Au même titre qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, une fleur de tournesol ne fait pas l'écologiste.

Maintenant que vous êtes des consommateurs informés et que je ne doute pas du fait que vous sachiez vous montrer responsables, on va pouvoir passer à la pratique sans risque de travailler à l'envers.

Voir aussi


Webographie

Bibliographie