Mur végétal
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Définition[modifier]
Un mur végétal est un écosystème vertical conçu comme une œuvre d'art ou un noyau écologique servant à recouvrir les façades. C'est une paroi qui s'élève parallèlement aux murs du bâtiment à protéger. Selon son orientation et sa composition, le mur vert servira à la fois d'écran contre les vents dominants, les intempéries, le bruit, l'ensoleillement mais également la pollution.
La façade végétalisée est une approche complémentaire et innovante de penser l'espace vert en ville.
Caractéristiques techniques[modifier]
Le mur végétal est constitué d'une structure solide verticale, servant de support, construite parallèlement à la façade du bâtiment. La structure permet de laisser un coussin d'air entre la façade du bâtiment et le mur végétalisé. Sur cette ossature métallique (préférentiellement de l'aluminium, car non corrosif et léger) sont fixées des plaques de PVC (lorsque adossé au mur), ainsi le mur est bien séparé de la partie humide. Des plaques de feutres de polyamide (plus résistant qu'un feutre naturel) sont agrafées dessus; d'une épaisseur d'environ 6mm elles servent de support aux plantes, les racines s'incrustant et se fixant dans la matière. L'utilisation d'un substrat naturel est cependant possible, par exemple la sphaigne permet d'avoir un substrat "bio", ne se tassant pas facilement et résistant car fibreux.
L'alimentation en eau et en matières nutritives se fait par un réseau situé en partie supérieure de la structure. La solution nutritive s'écoule le long du mur par gravité et s'infiltre dans le feutre par capillarité. De cette façon les racines ne prélèvent que ce dont elles ont besoin et ne sont pas noyées. La solution appauvrie en éléments nutritifs est récupérée au pied du mur et réinjectée en haut après avoir été réalimentée. L'eau de pluie peut très bien être utilisée à cet effet. La consommation d'eau est d'environ 200 litres d'eau/m²/an.
La plantation se fait facilement en incisant au cutter le feutre et en y implantant la micro-motte avec le plant.
La fabrication expliquée ci-dessus est un exemple parmi d'autres concepts. Le substrat peut aussi être contenu dans des cellules en acier galvanisé de plus ou moins grande taille fixées sur une structure métallique. L'épaisseur de la structure du mur végétal peut aller de 5 à 8 cm environ.
Exemples d'applications[modifier]
- Mur végétal dépolluant à la gare de Perrache (Lyon, France)
La construction de ce mur est une première mondiale et a pour but de filtrer l'air pollué du parking de la gare. En octobre 2007, les travaux se sont achevés: 400m2 de mur végétal sur un des 4 silos du centre d'échange routier de Perrache qui devrait filtrer 650 000 m3 d'air pollué. Ce n'est pas une simple tapisserie végétale, en effet le but est de dépolluer mais utilise également des végétaux d'une meilleure protection thermique et phonique.
- Mur végétal de 600m² installé sur la façade des Halles à Avignon
Le projet a été conçu par Patrick Blanc (célèbre chercheur et botaniste), afin de redynamiser les Halles de Avignon et le quartier par l'esthétique du mur. La façade de 30m de long et d'une hauteur de 11.5m accueille divers styles de végétations. Un agencement harmonieux des séquences végétales permet de recréer un milieu vivant, donnant à la place Pie une perspective nouvelle, intégrant une part de la nature dans l'espace urbain.
- Autres exemples:
Avantages/Inconvénients[modifier]
Avantages[modifier]
- Un absorbant phonique : Grâce au substrat et aux racines il absorbe les sons et empêche l'écho résonance. Il peut donc servir d'isolant acoustique pour les bâtiments (environ 32dB en isolation phonique et 20dB en en absorption phonique).
- Meilleure régulation thermique du bâtiment: La couche végétal a l'effet d'un isolant thermique.
- Régulation hygrométrique : Les végétaux permettent de maintenir une humidité relative constante et adéquate.
- Amélioration de la qualité de l'air : Tout d'abord, les feuilles des plantes retiennent les poussières et le dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre. De plus, le mur végétalisé utilise le processus de biofiltration afin de capter les polluants tels que les oxydes d'azote, l'hydrogène sulfuré et les composés organiques volatils. Durant la première étape de la biofiltration, les polluants se fixent sur le film d'eau recouvrant le substrat, puis les microorganismes (le substrat) vont dégrader les polluants. Des expériences ont prouvé une réduction de 50% des oxydes d'azote de l'air et de 80% des composés organiques volatils.
- Faisabilité quelle que soit l'orientation : Que la façade soit orientée au Nord, au Sud, à l'Est ou à l'Ouest il est toujours possible d'y accoler un mur végétalisé. En effet il suffit de bien choisir les plantes utilisées et d'adapter la consommation d'eau selon la demande.
- Esthétique : Le mur végétal permet d'amener de la couleur en ville, il évolue au cours du temps (saisons et années), c'est en quelque sorte une œuvre vivante. De plus selon le choix des plantes il peut avoir des propriétés odoriférantes.
Inconvénients[modifier]
L'entretien peut être compliqué si la surface est grande et si la hauteur de mur est importante. Il faut se rappeler les particularités des plantes choisies pour végétaliser le mur afin de les entretenir de façon adéquate. Il faut aussi faire une vérification du réseau d'eau, vérifier que rien n'est bouché.
Le coût peut être très important. Les mairies qui investissent dans ce système le font souvent au dépend d'autres espaces verts, moins coûteux, plus pérennes, et d'usage communautaire. Il est conseillé pour un effet optimal de signer un contrat d'entretien avec l'entreprise qui réalise le mur. C'est un coût fixe qu'il faut prendre en compte au même titre que la réalisation.
Selon le système choisi, un mur végétal peut être polluant. La fixation verticale des plantes n'est pas naturelle dans nos contrées. Les exemples de mur végétal naturel,luxuriant, se concentrent dans les régions tropicales à fort taux d'humidité, si vous observez les falaises en Europe: vous verrez surtout des sedums et des fougères, et ce implantés dans des fissures. Les plantes sont fragilisées et on constate sur plusieurs exemples des problèmes phytosanitaires, qui sont rarement traités par des produits écologiques. L'usage de tels produits empêche le recyclage de l'eau, et le maintien permanent d'humidité sur le mur n'est permis que par une alimentation permanente en eau (très rarement de l'eau de pluie). La récolte des eaux en bas de mur, même polluée, est souvent envoyée directement dans les réseaux de récolte d'eau pluviale... Ne parlons pas de la question de la consommation d'eau dans des pays comme l'Espagne, dont la sécheresse de l'air en été augmente considérablement le taux d'évaporation. On connait de nombreux exemples de murs détruits du jour au lendemain à cause d'une coupure d'eau accidentelle (coupure de l'eau de la commune, coupure de l'électricité qui alimente la pompe...) il faut alors tout replanter. Un système de mur végétal est cependant écologiquement intéressant: les murs végétaux traitant les eaux grises. Cela permet de limiter la surface au sol nécessaire pour ce genre de traitement. Il faudra néanmoins penser à irriguer le mur végétal en cas d'absence prolongée.
Exploitation/Maintenance[modifier]
L'entretien du mur est le même que toute surface plantée: il faut tailler des végétaux pour contenir les plantes les plus envahissantes (1 à 2 fois par an), vérifier les goutteurs et le minuteur pour l'alimentation en eau, inspecter le tissu de support, apporter l'engrais régulièrement et enfin laisser les végétaux morts, ou les enfouir dans les poches de terres, afin de remonter le taux de matière organique.
Lors de l'entretien, qui doit se faire en dehors des périodes de nidification ou de froid, la taille est importante. Il faut bien vérifier que les plantes ne vont pas envahir le réseau d'eau, qu'elles ne vont pas non plus se fixées sur les façades adjacentes et que les ouvertures ne sont pas bouchées par la végétalisation. Il faut prévoir l'évacuation des tailles et des déchets.
Coût[modifier]
Il est difficile d'estimer le coût d'un mur végétalisé. En effet le prix va dépendre du type de support, du type de végétaux, de son utilisation (esthétique ou dépolluant...), taille du mur... Néanmoins l'ordre de grandeur est de 500 euros/m2 pour un mur de haute performance et environ 100 euros/m2 pour un mur artisanal. Actuellement, un prix discount de 50 euros/m2 est proposé par correspondance afin de démocratiser l'accès au mur végétal.
Réglementation[modifier]
La mise en place d'un mur végétal n'est pas soumise à une réglementation. Néanmoins, par exemple, le plan d'urbanisation local de Paris prévoit que les futures constructions de réhabilitations importantes intègrent un coefficient de végétalisation. Désormais, les bâtiments créés doivent répondre à la norme HQE (haute qualité environnementale), qui exige que chaque construction obéisse à 14 principes dont 7 concernent l'environnement extérieur.
Une 15ème cible de l'approche HQE pourrait bien apparaître "Relation écologique du projet avec l'environnement", le mur végétal serait alors un bon moyen pour répondre à cette exigence.
Dimensionnement[modifier]
La densité de plantation dépend bien évidemment des espèces végétales plantées et de leur développement, mais une densité de 20 à 30 sujets par m² semble être un bon chiffre (1 plant tous les 20cm). Pour la consommation d'eau il faut compter environ 200 litres/m²/an.
Voir aussi[modifier]
Liens internes[modifier]
Liens externes[modifier]
- http://www.greenwall.fr
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_végétalisé
- Programme de végétalisation de bâtiment de Vivre en Ville
Bibliographie[modifier]
- Améliorations de la qualité de l'air par biofiltration, Documentation technique de Canevaflor
- Des murs dépolluants, Documentation technique de Canevaflor
- Réaliser et entretenir son mur végétal, de Léon-Hugo Bonte aux éditions Eyrolles
- " créer un mur végétal", de Jean Michel Groult édition Ulmer