Forêt comestible

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La forêt comestible est un agrosystème complexe créé par l'homme, tendant à imiter un écosystème forestier naturel en associant une large diversité de plantes utiles.

La permaculture cherche à développer ce type de système, potentiellement très productif et beaucoup plus résilient qu'un système simple.

L'écosystème forestier, source d'inspiration de la forêt comestible

Observation de l'écosystème forestier

La mise en comparaison d'un écosystème naturel complexe de type forestier et d'un système cultivé, aussi productif soit-il, montre généralement que le premier est le plus fertile. Il produit sa propre fertilité et ne nécessite pas d'apports extérieurs pour s'entretenir. Sa complexité résulte d'une utilisation optimale de l'énergie solaire, redistribuée en une grande diversité d'espèces végétales et animales à travers la chaîne trophique et les phénomènes de symbiose entre espèces (par exemple, les mycorhizes). Ainsi, pour les végétaux, différentes strates sont juxtaposées, et de nombreuses espèces à écologies contrastées parviennent à coexister malgré la compétition pour la lumière. Les forêts tropicales, qui bénéficient d'un rayonnement solaire particulièrement élevé en raison de leur latitude, sont à cet égard les plus diverses et les plus riches en biodiversité.

La forêt comestible tend vers cette complexité et cette diversité : l'empilement de différentes strates de végétation reproduisant les strates forestières est alors recherchée.

Les strates de la forêt comestible

Plusieurs strates de végétation sont identifiées dans l'écosystème forestier :

  1. La strate arborée ou canopée, composée d'arbres dendont la hauteur débute vers les 8 m.
  2. La strate arbustive, composée d'arbustes dont la hauteur est comprise entre 1,50 m et 7 m. Cette strate peut être décomposée en strates arbustive et buissonnante.
  3. La strate herbacée, dont la hauteur peut atteindre 1,50 m à maturité.
  4. La strate cryptogamique ou muscinale composée de lichens et mousses, jusqu'à quelques millimètres de hauteur.
  5. La strate souterraine ou rhizosphère, occupée par les racines, rhizomes, bulbes ou encore mycélium de champignons.
  6. Un dernier niveau végétatif peut enfin être identifié, traversant toutes les autres strates : les lianes, à croissance verticale.

Ces différentes strates correspondent à des niches écologiques spécifiques pouvant chacune être occupées par des espèces adaptées. Si en milieu tropical l'empilement de ces nombreuses strates est courant, on peut néanmoins remarquer que les forêts en milieu tempéré sont souvent relativement pauvres dans leurs sous-étages, l'énergie solaire étant en quasi totalité absorbée par la strate arborée. Vouloir créer une forêt comestible nécessite donc de chercher quelles espèces utiles (comestibles, aromatiques, combustibles, tinctoriales, textiles, etc.) seront capables d'occuper ces différentes niches, sans se concurrencer les unes les autres. Les interactions bénéfiques entre espèces seront également recherchées.

Créer une forêt comestible

Il ne faut pas perdre de vue que l'écosystème forestier résulte d'une longue succession végétale, et de la formation progressive d'un sol forestier. Le temps est un facteur à prendre en compte dans la création d'une forêt comestible, car cette dernière est évolutive : la teneur du sol en matière organique augmente, le couvert arboré se densifie en même temps que la luminosité sous couvert diminue, le réseau racinaire en sous-sol se densifie également, etc.

Analyse préalable du milieu

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Choix des espèces

Quelques exemples d'interactions bénéfiques entre espèces végétales à favoriser[1]

  • Des plantes peuvent servir de support à d'autres plantes.
  • Des plantes peuvent filtrer la lumière et ombrager d'autres espèces sciaphiles.
  • Des plantes peuvent enrichir le sol en matière organique, en azote ou autres éléments fertilisants (Fabaceae, consoude, feuilles des arbres...).
  • Les plantes mellifères, en attirant les insectes pollinisateurs, favorisent une bonne pollinisation de l'ensemble des plantes.
  • Certaines plantes, dites compagnes, sont bénéfiques les unes aux autres ou entretiennent des rapports symbiotiques : par exemple, les champignons entretiennent des relations symbiotiques avec les arbres via les associations mycorhiziennes[2].
  • Les exsudats racinaires de certaines espèces peuvent favoriser ou inhiber la croissance d'autres espèces.
  • Des plantes peuvent en abriter d'autres sensibles au vent.

La strate arborée

Pour favoriser la végétation de sous-étage, la strate arborée doit être assez peu dense pour laisser filtrer la lumière jusqu'au sol. Si certains arbres peuvent être taillés ou prélevés au fil du temps pour dé-densifier le couvert, il est avant tout recommandé d'implanter des arbres au feuillage léger[3], et à faible densité.
Quelques espèces proposées : le robinier (fixateur d'azote, bois imputrescible), le févier d'Amérique (fixateur d'azote, feuillage léger), le sorbier (bois précieux, feuillage léger, baies comestibles par l'homme ou la faune auxiliaire, feuilles créant un humus de qualité), le cormier (bois précieux, fruits comestibles, feuillage léger), le noyer élagué (voir l'allélopathie du noyer).

Le sous-étage

Les espèces de sous-étage favorisées sont celles qui tolèrent le mieux l'ombre. Un certains nombre de plantes cultivées, notamment originaires du milieu forestier, peuvent accepter ces conditions[4] : la fraise des bois, certains bambous, l'épine-vinette, la myrtille, le cornouiller mâle, le sureau noir, le groseillier à maquereau, le noisetier, le houblon, le framboisier, le mûrier, la menthe, le cognassier...

Les lisières

Les lisières sont les zones de rencontre entre le milieu arboré et le milieu ouvert. Ce milieu bénéficie de conditions intermédiaires aux deux milieux pré-cités, avec notamment l'ensoleillement correspondant au milieu ouvert et la richesse de sol du milieu arboré. En cela, la lisière peut constituer un milieu particulièrement riche qu'il faudrait favoriser au maximum. Pour cela, le choix de lisières aux formes irrégulières (non rectilignes) favorise les zones de contact.
Il peut s'agir en particulier d'un milieu très favorable aux plantes-lianes[5].

Un exemple illustré de forêt comestible

Déplacez votre souris sur l'image pour repérer les différents espèces complantées.

PêcherMirabelleCassisCassisChâtaignierSureauCourgeRagouminierPommierNoisetierOnagre4827896649 241b11ef1d o.jpg
À propos de cette image

Références

  1. Mollison B. Permaculture 2. Aménagements pratiques à la campagne et en ville. Éd. Équilibres, 1993. 1re édition en 1978.
  2. Selosse M.-A. "Les champignons qui nourrissent les plantes : les associations mycorhiziennes". In Aux origines des plantes Tome 1, ss la dir. de F. Hallée. Éd. Fayard, 2008.
  3. Mollison B., Holmgren D. Permaculture 1. Une agriculture pérenne pour l'autosuffisance et les exploitations de toutes tailles. Éd. Debard, 1986. ISBN 2-86733-030-0. 1re édition en 1978
  4. Mollison B., Holmgren D. Permaculture 1. Une agriculture pérenne pour l'autosuffisance et les exploitations de toutes tailles. Éd. Debard, 1986. ISBN 2-86733-030-0. 1re édition en 1978
  5. Caballé G. "Du sol à la canopée : les lianes". In Aux origines des plantes Tome 1, ss la dir. de F. Hallée. Éd. Fayard, 2008.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

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