Allélopathie du noyer
Le noyer a mauvaise réputation. On dit qu'« il ne faut jamais s'allonger sous un noyer », ou encore que « rien ne pousse sous un noyer ». Si le noyer contient bien une substance toxique à pouvoir herbicide, la juglone, toutes les plantes n'y sont pas également sensibles. La concentration de cette substance dans le milieu détermine en particulier son effet inhibiteur.
Sommaire
La toxicité du noyer[modifier]
La juglone est une substance chimique présente en particulier dans les bourgeons, l'enveloppe des noix (brou) et les racines du noyer. Elle inhibe la respiration des plantes et prive ainsi les plantes sensibles de l'énergie dont elles ont besoin pour leur activité métabolique[1]. Le noyer noir présente les plus fortes concentrations de juglone. D'autres espèces, dont le noyer commun (Juglans regia), produisent également de la juglone, mais dans de bien plus faibles concentrations. Selon cette source, les phénomènes de toxicité sur d'autres plantes se rencontreraient généralement chez le noyer noir (Juglans nigra), sur des espèces sensibles (présentées dans la suite de l'article), mais seraient rarement observés chez les autres espèces productrices de juglone, toutes de la famille des Juglandacées (le noyer cendré, le noyer commun, le pacanier, le caryer ovale et le caryer cordiforme). Les plantes très sensibles à la juglone peuvent être inhibées sur l'ensemble de la zone d'influence du noyer, mais les plus fortes concentrations se situent directement sous la couronne de l'arbre, là où le système racinaire est le plus dense et où les feuilles et les enveloppes de noix s'accumulent dans le temps. Des espèces un peu moins sensibles peuvent supporter l'influence du noyer, mais ne peuvent pousser directement en dessous
D'autres facteurs conditionnent la sensibilité des espèces à la juglone : le type de sol, les caractéristiques de drainage, et les micro-organismes du sol. Un sol bien drainé peut ainsi diminuer le phénomène de toxicité.
Conseils pour limiter la toxicité du noyer[modifier]
Si les plantations à proximité d'un noyer (noyer noir en particulier) ne peuvent être évitées, alors plusieurs mesures peuvent être prises pour en limiter l'influence néfaste.
Limiter l'influence des racines[modifier]
Comme il a été dit plus haut, les racines sont le principal facteur de toxicité. Il est donc important de limiter leur proximité avec les racines des cultures. Plusieurs types d'interventions sont possibles :
- Le cernage des racines, lorsque les cultures ne sont pas directement implantées sous la couronne de l'arbre. L'opération consiste alors à couper les racines de surfaces de l'arbre, tout autour de la couronne et sur une certaine profondeur, pour inciter l'enracinement en profondeur des racines plutôt qu'une croissance horizontale gênante pour les autres cultures à enracinement plus superficiel. Le risque d'une remontée des racines au-delà de la zone de cernage n'est toutefois pas exclu. L'opération devrait être débutée lorsque l'arbre est encore jeune et répétée le plus souvent possible de manière à ne pas traumatiser l'arbre en sectionnant des racines de diamètre important.
- La mise en place de buttes, conçues de manière à limiter la pénétration des racines de l'arbre dans la zone surélevée. Elles peuvent être directement placées sous la couronne de l'arbre, mais il faut alors veiller à ce que les feuilles et noix tombées au sol soient bien régulièrement retirées[1].
- La destruction des racines superficielles de l'arbre par un labour relativement profond du sol (30 cm)[2].
Limiter l'influence des feuilles et des enveloppes de noix[modifier]
Il est nécessaire de retirer régulièrement les feuilles et broux de noix tombés au sol, pour y éviter la diffusion de juglone. Il est donc déconseillé de mulcher le sol avec les feuilles de noyer, tout comme de les composter[1].
Favoriser le drainage des substances toxiques[modifier]
Un bon drainage du sol fait décroître la toxicité du noyer. Toutes les opérations permettant d'augmenter la capacité drainante du sol sont donc les bienvenues. L'augmentation du taux de matières organiques du sol améliore par exemple son drainage[1].
Espèces sensibles à la juglone[modifier]
(Extrait d'une liste d'espèces : pour accéder à la liste complète, consulter l'article source)[1]
- Légumes : choux, aubergine, poivre, pomme de terre, tomate.
- Fruits : pomme (incertitude), mûre, myrtille.
- Cultures de plein champ : luzerne, trèfle incarnat, tabac.
Espèces non sensibles à la juglone[modifier]
(Idem)[1]
- Légumes : haricots de lima, betteraves, maïs, oignons, panais.
- Fruits : cerise, framboise, aubépine, papaye, kaki, noisetier, citronnier rustique (Poncirus trifoliata)[3].
- Cultures de plein champ : trèfle blanc, soja, blé.
Références[modifier]
- ↑ 1,0, 1,1, 1,2, 1,3, 1,4 et 1,5 (eng)Article en anglais sur la toxicité du noyer noir : http://www.wvu.edu/~agexten/hortcult/fruits/blkwalnt.htm
- ↑ Dupraz C., Liagre F. Agroforesterie. Des arbres et des cultures. Ed. France Agricole, 2008.
- ↑ Discussion du forum francophone de permaculture sur l'allélopathie négative du noyer : http://forum.permaculture.fr/viewtopic.php?f=40&t=1103&p=7957#p7957
Voir aussi[modifier]
Liens internes[modifier]
Liens externes[modifier]
- (eng) Article en anglais sur la toxicité du noyer noir publié sur le site de la West Virginia University http://www.wvu.edu/~agexten/hortcult/fruits/blkwalnt.htm