Rouler à l'huile végétale

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Qu'est-ce que le pétrole?... De l'huile minérale. Idem pour le diesel. Donc, si vous avez un diesel, vous roulez déjà à l'huile. Pour pouvoir passer à 100% de l'huile minérale à végétale, il suffit d'ajuster quelques points pour adapter le moteur à la viscosité du biocarburant utilisé, c'est tout. En dehors de ça, pas de différence majeure, si ce n'est que l'huile végétale est meilleure pour les moteurs car elle contient de l'oxygène. Elle est même recommandée pour les vieilles mécaniques.

L'huile végétale brute (HVB) est issue d'une pression à froid de graines de colza ou de tournesol directement utilisable dans le moteur diesel. Ce procédé est très intéressant dans la recherche d'autonomie et la diminution des gaz à effet de serre. En effet, sa production sur la ferme combine production de carburant peu polluant et obtention de tourteaux consommables par les animaux.


Pour avoir des témoignages de personnes ayant mis en oeuvre cette solution, consultez cette page: Témoigner:Rouler à l'huile végétale


histoire

Figurez-vous que du temps de l'invention du moteur diesel par la personne du même nom, Rudolf Diesel, le carburant diesel n'existait pas. Le moteur fut donc mis au point avec de l'huile végétale, de l'huile de lin pour être précis. A l'origine, les premiers diesels fonctionnèrent exclusivement avec ce procédé car, ce n'est que bien plus tard que fut inventé le carburant diesel issu du pétrole. Ce moteur repose sur deux principes: la compression de l'air et la possibilité de brûler n'importe quoi.


Avantages

  1. Utiliser une énergie renouvelable. Ce siècle verra la fin de toutes nos ressources énergétiques fossiles.
  2. Cesser de cautionner les compagnies pétrolières.
  3. Polluer beaucoup moins. Gaz d'échappement moins toxiques, huile est biodégradable, haut rendement énergétique de production, culture de tournesol sans eau ni engrais, réduction de l'émission des GES (gaz à effet de serre) car le CO2 produit par la combustion a été préalablement extrait de l'atmosphère par la plante (photosynthèse).
  4. Consommer localement. Être auto-mobile en produisant son propre carburant. Le tourteau gras, résidu de la pression d'huile, est un bon complément alimentaire pour animaux qui remplace le soja OGM massivement importé d'Amérique.
  5. Réactiver les campagnes. Choisir un circuit court de transformation et de distribution.
  6. Résister à la compromission de l'état. Qui condamne de manière arbitraire, abusive et infondée, la société valénergol à payer la TIPP (taxe intérieure des produits pétroliers) sur la vente d'huile végétale.


Huile de lin ou d'arachide?

Inconvénients

  1. Faible disponibilité (pas de filière de distribution)
  2. Manque de volonté politique et industrielle
  3. Prix pour l'instant non compétitif face au pétrole (à taxes égales). La différence s'atténue avec la montée du prix du pétrole, et pourrait s'inverser avec une fiscalité plus mesurée.
  4. Il n'y a pas moins d'émissions polluantes qu'avec un combustible fossile (NOx liées à la température de combustion, imbrûlés, particules fines...)
  5. Si le colza cultivé pour produire l'huile végétale est cultivé de manière intensive (engrais, pesticides) le bilan global est négatif par rapport au pétrole! (N2O, énergie investie...)

Bio ou pas bio?

Comme tout le monde le sait, les réserves de pétrole ne vont pas durer éternellement. C'est pourquoi, les compagnies pétrolières ont pris les devants et préparent déjà leur recyclage. C'est d'autant plus impératif pour elles, qu'à partir du 1er janvier 2005, les États membres de l'Europe doivent mettre en application la directive européenne qui veut que chaque État fasse la promotion des biocarburants. Une autre directive impose aussi de porter la part des biocarburants dans l'essence et le gazole à 2% en 2005 et 5,75% en 2010.

Alors qu'est-ce qui va se passer ?

C'est déjà amorcé, les pétroliers vont implanter de grosses usines dans nos campagnes. Ces raffineries d'or vert entourées de vastes champs de tournesols, et autres oléagineux, seront gérées selon des méthodes industrielles aux antipodes de l'agriculture responsable.

Les conséquences ?

Alors voilà exactement ce qui va se passer: étant donné que les biocarburants sont intrinsèquement de nature écologique, les firmes pétrolières, qui sont très fortes pour dénaturer tout ce qu'elles touchent, vont en profiter pour abuser les consommateurs en véhiculant un message de défense de l'environnement complètement tronqué afin de vendre leur cochonnerie. Vu que l'HVB n'est pas un produit alimentaire, elles ne vont pas se priver pour charger au maximum en engrais et pesticides de toutes sortes afin d'augmenter le rendement et, comble des combles, en profiter au passage pour faire avaler la pilule des OGM aux sceptiques. Leur message sera des plus simples « Regardez, grâce aux OGM on pollue moins ». Bilan de l'opération, au lieu d'aller provoquer des désastres écologiques dans les pays où il y a du pétrole, ils les provoqueront ici en bousillant les sols et l'écosystème.

Une stratégie vicieuse

On l'a vu avec la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers), les pétroliers se sont alliés avec les fabricants automobiles pour qu'elle soit appliquée aux biocarburants. La raison en est simple, ces deux industries sont actionnaires les unes des autres. Du coup, vous pensez bien que l'on ne va pas fabriquer des véhicules optimisés pour la production des agriculteurs sérieux, mais plutôt pour un produit à forte valeur ajoutée, raffiné par des usines détenues par des ex-marchands de carburant fossile reconvertis dans le faux bio. Comme ça, le monopole de la vente d'énergie par ces grands consortiums perdurera. Et comme, bien sûr, il n'est pas question de bousiller entièrement le sol de nos campagnes, ils délocaliseront une grande partie de la production chez ceux qui ont déjà du mal à se nourrir et la feront livrer en Europe par des pétroliers reconvertis en huiliers. Si les catastrophes liées à une marée d'huile sont moins désastreuses qu'une marée noire, il n'en restera pas moins que l'on retombera presque sur la case départ. Comme quoi, quand les institutions s'investissent dans une révolution, c'est pour mieux consolider l'immobilisme.

Il faut se méfier des fausses étiquettes

Nombre de ces paysans que l'on a vu manifester dernièrement avec comme revendication que l'on développe la filière des biocarburants sont loin d'être tous des fervents écologistes, mais plutôt des réactionnaires de la FNSEA (le MEDEF agricole). Dernièrement, j'écoutais une interview de l'un d'entre eux qui demandait au gouvernement que l'on utilise les jachères pour produire cette énergie écologique (sic). Ben voyons! Pour ceux qui ne savent pas à quoi sert une jachère, voici l'explication: Ça sert à faire reposer les sols, on laisse une parcelle sans la cultiver pendant quelques années afin que la terre se régénère. Cette mesure a été imposée dans le cadre d'un développement durable, alors vous pensez bien que si l'on plante des oléagineux dessus, les conséquences à moyen terme seront dramatiques. Autre argument avancé par ces derniers qui peut s'avérer à double tranchant: planter du tournesol à but énergétique sur un sol pollué permet de le rendre plus sain. Le principe est simple, le tournesol absorbe les produits chimiques imprégnés dans la terre, qui seront ensuite détruits par combustion dans les moteurs. Bien, sauf que ce n'est jamais qu'une excuse pour banaliser l'utilisation de ces saloperies que sont les pesticides. Une fois de plus, on veut faire passer les intérêts financiers au détriment du bon sens et du respect de l'environnement. Il ne s'agit pas de donner une bouffée d'air pur au monde agricole mais de remplir les poches déjà bien pleines de riches propriétaires d'exploitations au détriment des petits paysans.

Moyens de production

Le tournesol est loin d'être le plus rentable pour fabriquer de l'huile, les algues arrivent largement en tête. Fort de ce constat, pourquoi ce moyen n'est-il pas privilégié par rapport aux autres? Pourtant, nous regorgeons d'algues qui envahissent le littoral, et si jamais il n'y en avait pas assez, elles sont très faciles à cultiver. On en tire les conclusions que l'on veut, mais à mon humble avis, si cette solution n'est pas plus explorée que ça, c'est qu'il faut y voir l'empreinte des puissants lobbys agricoles et pétroliers qui freinent des deux pieds, chacun pour des raisons différentes très faciles à comprendre.

Production d'huile/hectare en fonction des espèces végétales

Conclusion

Actuellement, le piège de l'HVB c'est qu'il reflète une image faussement underground et romantique, alors qu'en réalité il n'en est rien. Ce qui doit vous mettre la puce à l'oreille, c'est que Chirac et Raffarin ont multiplié les déclarations sur ce sujet, ça ne fait aucun doute, ils sont de fervents supporters des biocarburants industriels. Inutile de préciser que s'ils s'investissent pour promouvoir l'HVB, ce n'est certainement pas pour son coté révolutionnaire. Faire la promotion des biocarburants sans tenir en compte leur mode de production est manichéen et irresponsable. Dans la jungle du ouèbe, tout le monde fonce tête baissée et de nombreux sites se cachent sciemment derrière un discours faussement écologiste pour promouvoir la future industrie polluante de demain.

En s'y prenant dès maintenant, nous jouons avec un coup d'avance. Il est donc possible de contrecarrer les desseins dévastateurs des pétroliers. Pour ce faire, il suffit de faire circuler l'information de manière massive et complète, ni plus ni moins. Qu'un débat ait lieu sur ce sujet et je ne donne pas cher de la peau des industriels sans scrupule. Vous pouvez d'ores et déjà agir en faisant inscrire ce combat à l'ordre du jour de vos structures politiques ou syndicales - après tout, il faut bien qu'elles servent à quelque chose, ça les changera un peu. N'hésitez pas non plus à militer à titre personnel et, pourquoi pas, créer des collectifs. Le jeu en vaut la chandelle, car il faudra au moins cinq ans à ces mastodontes que sont les compagnies pétrolières pour s'adapter à ce nouveau marché, d'autant plus qu'elles doivent d'abord finir de rentabiliser leurs installations de pompage de carburant fossile. Alors que les paysans sérieux, qui sont plus nombreux qu'on ne le pense, sont en mesure de proposer des biocarburants en volume important très rapidement. D'ailleurs, le mouvement a déjà commencé, nous verrons ça dans le prochain chapitre. En terme de stratégie politique, c'est imparable: il est possible de prendre l'adversaire à contre-pied pendant qu'il est en déséquilibre et de le faire chuter pratiquement sans effort.

Si rien n'est fait dès maintenant, si l'on continue à crier sur tous les toits « le biodiesel c'est génial » ou « l'huile végétale brute c'est génial » sans y apporter de nuance et des précisions, après il ne faudra pas vous étonner quand vous verrez dans votre poste de télévision, entre deux spots pour des 4x4 qui respectent l'environnement, des publicités de Total Fina vantant les mérites écologiques de leur daube, alors que sous le soleil rien n'aura changé. Au même titre qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, une fleur de tournesol ne fait pas l'écologiste.

Maintenant que vous êtes des consommateurs informés et que je ne doute pas du fait que vous sachiez vous montrer responsables, on va pouvoir passer à la pratique sans risque de travailler à l'envers.

Trouver de l'huile

Première solution

On la retrouve souvent sur le web et dans les médias, acheter des bouteilles d'huile de cuisine et les verser dans le réservoir. Effectivement ça fonctionne très bien, et bien sûr vous polluez moins en roulant. Quant au prix, il est plus avantageux que le gasoil, car il est possible de trouver de l'huile dans les supermarchés discounts aux alentours de 0,80 € le litre. Jusqu'ici tout va bien, ces trois premiers arguments sont vrais. Sauf qu'il existe deux problèmes:

  1. Imaginons que vous décidiez de rouler à 50 % d'huile. A chaque plein il faudra vous coltiner vos vingt bouteilles d'huile. Autant dire que vous en aurez vite marre. En plus, imaginez la tête de la caissière quand elle vous verra arriver avec votre caddy rempli à ras bord d'huile alimentaire. Ensuite il vous faudra verser une à une les bouteilles dans votre réservoir, ce qui n'est pas très pratique.
  2. Ce procédé n'est absolument pas écologique, bien au contraire. Si vous pensez que verser quelques bouteilles d'huile dans votre réservoir est un geste citoyen [comme le disent nombre d'écolos], c'est une grave erreur car l'emballage de ce produit est en matière plastique. Donc, oui, vous polluerez moins en roulant, mais le conditionnement issu du pétrole qui a déjà provoqué de la pollution lors de son élaboration, vous reviendra dans les bronches lors de son incinération. On est donc loin des principes élémentaires de l'écologie et du développement durable.

Cette solution n'est utile que pour faire des démonstrations. Si vous êtes pris au dépourvu et que vous voulez convaincre un sceptique qu'un moteur diesel peut fonctionner à l'huile, achetez une bouteille à l'épicerie du coin et versez là dans votre réservoir sous les yeux médusés de votre auditoire.

Seconde solution

C'est à peu prêt la même que la première, sauf que dans ce cas on a recours à de l'huile conditionnée pour répondre aux besoins des collectivités - souvent en bidon de 25 litres. Même motif, même punition, car l'emballage, cette fois-ci en métal, demeure difficilement recyclable. De plus, cette huile est de qualité supérieure et son prix se situe autour des 1,5 € le litre, ce qui est plus cher que le gasoil. En résumé, bien que moins désastreuse que la précédente, cette solution est loin d'être la panacée.

Troisième solution

Si vous avez la chance d'avoir un revenu qui vous permet de vivre convenablement, merci d'utiliser cette solution et de laisser celle à venir pour ceux qui en ont vraiment besoin, car le plan est limité au niveau de la quantité.

Au lieu d'aller faire le plein chez les pétroliers qui mettent la planète à feu et à sang, allez donc le faire chez les agriculteurs. C'est aussi une bonne occasion de s'approvisionner en produits frais. Ça peut faire sourire dans les grandes villes, mais il n'en reste pas moins qu'en allant faire le plein d'huile, par cheu nous (comme on dit dans le Berry), on en profite pour acheter quelques fromages et des œufs frais. Si vous faites vos comptes, vous vous apercevrez qu'avec les économies de carburant réalisées, on peut en profiter pour s'acheter de bons produits sains issus de l'agriculture responsable. Mais après tout, chacun voit midi à sa porte, si vous préférez le fromage chimique en portions individuelles et les oeufs de gallinacés élevés en batterie loin du soleil et bourrés de médicaments, c'est votre droit le plus strict... Mais ceci est un autre dossier.

Pour se fournir, il existe deux possibilités: La première, très économique, consiste à acheter l'huile non filtrée - vous verrez comment le faire vous-même plus bas. La seconde, quant à elle consiste à acheter l'huile prête à l'emploi. Sachez qu'en cherchant un petit peu sur le web, vous trouverez facilement des adresses d'agriculteurs ou d'associations. Il en existe plusieurs par région, toute la France est couverte. Rouler à l'huile, c'est avant tout savoir s'organiser. Selon les cas de figure, il existe plusieurs possibilités. Mais avant tout, il vous faudra vous équiper d'un accessoire indispensable: le jerricane (plusieurs de contenance 20 litres, c'est l'idéal).

La meilleure formule consiste à se grouper. Essayez de trouver une bonne dizaine de personnes autour de vous afin de passer une commande collective. A ce moment là, il existe plusieurs associations équipées d'un pressoir mobile. Elles se déplacent chez vous et vous pressent la quantité d'huile voulue, que vous pourrez ensuite stocker pour tenir quelques mois. En procédant ainsi, vous achèterez votre carburant à des prix défiant toute concurrence. Selon le nombre que vous êtes, le prix variera d'une fourchette de 0,35 € à 0,45 € par litre. Par contre, il vous faudra filtrer l'huile vous-même. A noter que si vous avez du terrain, récupérer une citerne peut s'avérer être un choix judicieux.

Il existe aussi des agriculteurs qui vous proposent d'acheter les graines de colza ou de tournesol et de s'occuper de la culture et de la récolte. A votre charge ensuite de faire presser l'huile et de vendre le tourteau. C'est de loin la solution la plus économique, qui fonctionne très bien dans le cadre d'un collectif. L'indépendance énergétique vis-à-vis du grand capital demande un petit peu d'investissement personnel, mais vu l'enjeu politique et écologique, ça vaut vraiment le coup d'y consacrer quelques heures par an. Après tout, être responsable c'est savoir se prendre en charge.

Vous avez aussi la possibilité de vous rendre directement chez le producteur et de remplir votre coffre et, si possible, une remorque. Selon la quantité achetée et selon que l'huile soit filtrée ou non, le tarif ira de 0,48 € à 0,80 € le litre.

Quatrième solution

Cette solution consiste à utiliser de l'huile usagée. Elle n'est pas moins bonne que l'huile neuve, bien au contraire, car son oxydation garantie une meilleure combustion. Là aussi il faudra vous munir de jerricanes, mais aussi d'un entonnoir pour pouvoir transvaser l'huile dedans.

Il existe plusieurs moyens de s'approvisionner. Le plus classique étant de faire le tour des restaurants "friteurs" (c'est-à-dire qui utilisent de l'huile : fast-food, restaurants chinois, kebabs, ...) qui se feront un plaisir de vous donner leur huile car ils sont obligés de payer et de se déplacer pour s'en débarrasser. Vous pouvez aussi essayer avec les collectivités et les décharges de tri sélectif. En cas de refus hésitant, une bonne bouteille de vin savamment proposée peut servir de monnaie d'échange, ainsi que tout autre troc ou échange de service. Sinon, sans vouloir donner de mauvais conseils, en cas de force majeure, il y a toujours moyen d'enjamber un grillage pour aller chercher l'objet de vos convoitises contenu dans des bidons en plastique bleu. Dès que vous aurez fini votre récolte, il ne vous restera plus qu'à filtrer l'huile afin de pouvoir rouler ou de vous chauffer.

Vous devez premièrement filtrer de manière grossière, avec un vieux tee-shirt par exemple, puis ensuite au filtre à café (5 µm) ou tout autre filtre filtrant de 1 µm à 5 µm. Vous ne devez pas utiliser de l'huile filtrée à plus de 5 µm ; un filtre à gazole filtre à 5 µm, et s'encrasserait trop vite. Avec de l'huile filtrée, vous devrez changer le filtre à gazole plus régulièrement ; tous les 60000 kms au lieu de 80000 kms. Un filtre à gazole vaut de 5 à 30 euros selon le modèle, et se change en 5 minutes. Plus de renseignements ici : Techniques de filtrage de l'huile.

Outre le fait que ce procédé vous permet de vous fournir gratuitement, il est doublement écologique. La première raison étant bien sûr que vous êtes jusqu'à 70% moins polluant qu'avec du gasoil ou du pétrole classique, on ne le dira jamais assez. La seconde c'est qu'en France le recyclage des déchets est une vaste fumisterie mise en place sans réelle volonté politique afin de faire croire au citoyen que l'on se préoccupe de son cadre de vie, alors que seul un infime pourcentage de ce que nous jetons trouve une seconde vie. L'huile usagée n'échappe pas à cet état de fait, la plupart du temps, elle finit brûlée dans un incinérateur. Fort de ce constat, autant qu'elle serve aux plus démunis, comme ça au moins, elle ne brûlera pas pour rien.

A noter qu'avec l'huile récoltée dans les kebabs, vous aurez une perte d'environ 30% lors du pré-filtrage, car cette dernière est très souvent coupée à l'huile de palme qui, une fois qu'elle a été chauffée à haute température, forme une pâte inutilisable comme carburant que vous récupérerez dans votre station de filtrage. Au niveau qualité et quantité, le meilleur plan c'est les restaurants chinois, car ils font énormément de friture et utilisent exclusivement de l'huile de tournesol ou de colza. C'est aussi une bonne occasion de savoir où manger. La qualité de l'huile récoltée vous en dira long sur la rigueur des établissements où vous vous fournissez. Pourquoi ne pas en profiter pour faire le guide des meilleurs kebabs de votre région? Ça serait plus utile que le guide Michelin, car tout le monde n'a pas les moyens de se taper la cloche dans un trois étoiles.

Pensez aussi à recycler votre huile. Au lieu de jeter votre huile de friture dans le lavabo, filtrez-là et mettez-là dans votre réservoir. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est toujours un geste pour l'environnement.

Mise en oeuvre

Filtrage de l'huile

Adaptation du véhicule

Nous allons aborder dans ce chapitre tout ce qui touche à l'adaptation du véhicule afin qu'il puisse rouler au biodiesel. Suivant les modifications effectuées, on peut aller jusqu'à 20% d'huile végétale en ne faisant presque rien, pour finir à 100% avec un montage maison ou un kit bicarburation. Dans tous les cas, tout est réversible. Malgré les modifications, vous pourrez sans problème repasser au diesel polluant qui provoque des guerres dans le monde.

Pollution?

Autant le dire tout de suite, dans cette section je pourrais balancer des pourcentages et des chiffres en vrac assortis de beaux graphiques en forme de camembert, et pas grand monde ne trouverait à y redire. Pourtant, le problème c'est qu'ils prêteraient tous à discussion tant ils sont variables. Alors, plutôt que de procéder comme ça, on va prendre des données de référence et on va voir comment essayer de se rapprocher le plus possible d'un résultat en fonction des facteurs cyclothymiques [ce mot là, ça faisait longtemps que je cherchais à le caser. Mot compte triple. Avec ça, je casse tout au Scrabble]. C'est la meilleure méthode pour se rapprocher le plus possible de la vérité.

Le CO2

C'est spectaculaire, l'huile comme carburant dégage 70% de CO2 en moins que le gasoil. Pour mémoire, le CO2 est responsable à lui seul de 80% du total des gaz à effet de serre. Rien qu'en tenant compte de l'incorporation de 5% de diester prévue dans le diesel pétrolier, cela représente un gain effectif de 3,5% de rejet en moins. Dans le cadre d'une culture responsable, le colza et le tournesol dégagent lors de leur combustion exactement la même proportion de CO2 qu'ils ont absorbé en poussant. Cela reste donc dans le cycle biologique.

Bien sûr, pour obtenir de l'huile on utilise que les graines. Alors que faire du reste? Il y en a un peu marre du gaspillage, alors on va voir comment on peut faire pour faire d'une pierre plusieurs coups. Avec le tournesol, c'est comme avec le cochon, tout est bon, rien ne se perd. On a déjà vu que le tourteau issu de la pression était un très bon complément alimentaire pour le bétail. Maintenant, cela va sans dire que l'on peut utiliser les tiges, les racines et les feuilles comme engrais naturel pour enrichir le sol. Mais saviez-vous que l'on peut aussi utiliser les tiges sèches avec de la chaux pour fabriquer des briques de très bonne qualité ? C'est une solution très intéressante, car elles contiennent un isolant naturel. Et en plus, grâce au processus de minéralisation, cela permet de neutraliser le CO2 qu'elles contiennent. Une maison de 100 m2 peut ainsi en absorber 30 tonnes. Les briques de 50 x 20cm réalisées avec 3/4 de tiges de tournesol broyées et de 1/4 de chaux blanche sont très légères et résistent à 5 tonnes de pression, soit 10 tonnes au mètre linéaire. C'est donc un excellent biomatériau qui permet même de construire des murs porteurs. Voilà donc une idée originale pour bâtir une maison à peu de frais, avec en prime une bonne isolation thermique et phonique.

Alors tout ça, c'est génial. Mais je vais quand même y apporter un bémol. La culture du tournesol dans une logique de respect de l'environnement, c'est parfait. Par contre, si on laisse faire les industriels, c'est beaucoup moins bien car, selon leur méthodologie bien connue, ils produisent en priorité là où la main d'oeuvre est moins chère et plus docile qu'en occident - sans parler des législations locales plus faciles à contourner qui leur permettent de faire n'importe quoi. Dans ces conditions, faire pousser des végétaux dans les pays du Sud qui vont en prélever le CO2 pour venir le rejeter beaucoup plus loin, ce n'est pas vraiment écologique car le cycle biologique est déséquilibré. Il faut bien garder à l'esprit que les biocarburants sont beaucoup moins polluants à condition toutefois que leur production se fasse selon des critères d'agriculture responsable basés sur une exploitation artisanale qui est la seule garantie d'un bon développement durable. Le huile végétale vraiment bio est forcément lié à la proximité. En ne surveillant pas ça de très près, le remède pourrait s'avérer une fois de plus pire que le mal.

Les cochonneries diverses

Dans le plus flagrant, il faut noter l'absence totale de produits dangereux comme le benzène et le souffre dans l'huile végétale, ce qui augmente l'efficacité des pots catalytiques. Pour le reste, on ne va pas faire ici un cours de chimie, il faut juste retenir que les matières rejetées par ce produit naturel ne peinent pas à être moins toxiques que celles rejetées en masse par un produit raffiné.

Les particules

J'ai classé dans cette partie le paramètre par excellence qui est soumis à de fortes variations. À savoir: les particules. C'est bien connu, elles sont fortement cancérigènes car elles se bloquent dans les poumons et provoquent asthme et cancers. Elles sont, de manière générale, néfastes pour toutes les voies respiratoires et arrivent à se fixer jusque dans les bronchioles, d'où elles peuvent diffuser des produits toxiques dans le sang suivant leur composition chimique. Selon les mesures effectuées par des scientifiques, ils en trouvent entre 20% et 70% de moins que dans le diesel normal. Ces différences proviennent de la qualité de votre installation. Le fait de bien chauffer l'huile avant qu'elle arrive dans le moteur, comme nous l'avons vu avec le montage pétalettes, lui assure une bien meilleure combustion, et donc un fort pourcentage de matière non brûlée en moins.

On peut aussi ajouter un filtre à particules dans le pot d'échappement, ce qui fait retomber leur émission à un niveau proche de zéro. D'autre part, il existe un procédé artisanal qui permet de récupérer les gaz d'échappement au niveau de la sortie du pot et qui réinjecte dans le moteur tout ce qui n'est pas brûlé. Avec ce système, on arrive aussi à un niveau proche de zéro. En vous renseignant sur des forums d'utilisateurs, vous trouverez sans peine quelqu'un pour vous conseiller la solution la plus appropriée pour votre véhicule. A noter que les particules d'huile végétale sont moins dangereuses pour la santé que les particules d'hydrocarbure non brûlées, mais ce n'est une raison pour être laxiste concernant la qualité de votre installation.

L'odeur

Pas de bruit particulier à signaler, juste l'odeur. A partir de 10% de mélange d'huile végétale, votre véhicule dégagera une très légère odeur de friture. Au moins, par rapport au diesel pétrolier, ça met en appétit. Mais rassurez-vous, il n'y a rien d'incommodant - à moins que vous ne soyez allergique aux frites. De plus, la recherche underground va bon train, de nombreuses personnes planchent sur des additifs 100% naturels qui neutralisent complètement l'odeur.

L'oxygène

Contrairement à l'huile minérale, l'huile végétale contient de l'oxygène, ce qui est très bon pour votre moteur. Si vous avez un véhicule récent, il ne s'en portera que mieux. Quant à ceux qui ont une vieille voiture (ou camion, ou bus), ils vont être contents car carburer à l'HVB à la particularité de redonner une seconde jeunesse aux mécaniques essoufflées.

Explications: jusqu'ici vous rouliez au gasoil. Pour diverses raisons, vous décidez de passer à l'huile végétale. Fort bien! Pendant quelques centaines de kilomètres vous aurez une baisse de puissance car votre moteur va complètement se décalaminer. Même si vous venez de faire votre vidange, n'attendez pas, au bout de mille kilomètres, refaites-en une. Vous allez ainsi éliminer toute la saleté qui s'était accumulée au fil du temps et qui diminuait les performances de votre véhicule.

Après cette opération, votre moteur désormais propre comme un sou neuf retrouvera quasiment la même puissance que quand son intérieur fleurait bon l'odeur du plastique chimique. Nota benne: avec l'huile végétale, les performances du véhicule sont très légèrement supérieures qu'avec du gasoil. Mais on s'en moque un peu car, après tout: qui va piano, va sano e lontano.

Il faut aussi passer à changer le filtre à gazole qui va s'encrasser au fur et a mesure que le moteur se nettoie.

Exemple

Sur un véhicule type 205 GRD à 10 % huile

Lors d'un contrôle technique avec contre-visite pour une d'une durite carburant (deux contrôles anti-pollution). Il a été constaté les éléments suivants:

  • 100% Gasoil GAZ Valeur (13/12/2004) : 1.75 1.67 (ATMO)
  • Avec 10 % d'huile de tournesol de friture (04/02/2005): GAZ Valeur : 1.55 1.40 (ATMO)

Soit 8.5 % de pollution en moins. Il est à constater que proportionnellement à sa teneur en huile, la pollution du mélange carburant diminue.


Voir aussi

Webographie

Systèmes de presses à huile

Système d'adaptation à l'huile pour véhicules

Bibliographie