Crémation

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Crémation et environnement

Les crématoriums sont souvent présentés comme des « solutions écologiques » en ce sens qu'ils permettent d'économiser de la place dans les cimetières, et limiteraient les problèmes de diffusion des agents pathogènes, ou de contamination de nappes ou d'occupation de l'espace… Vrais pour la question microbiologique, le crématisme pose encore des problèmes importants :

  • la crémation consomme des quantités non négligeable de carburant (gaz naturel, fuel, ou bois dans les pays où le bois est utilisé), ce qui contribue à une production de fumées, gaz carbonique et d'autres GES dont les impacts n'ont pas été mesurés. Le gaz carbonique est un gaz à effet de serre moins puissants, mais bien plus durables que le méthane issu de la décomposition naturelle des corps.
  • certains cercueils peuvent être traités avec des produits toxiques (vernis, teintures, peintures biocides, traitement du bois, plomb…). Qu'advient-il de ces toxiques lorsqu'ils brûlent ?
  • La thanatopraxie pour embaumer les corps utilise des produits très toxiques, contenant des pesticides ou des biocides tels que formaldéhyde et paraformaldéhyde, poisons déshydratants et raffermissant des chairs, fongicides, bactéricides, virucides… La signalétique à « tête de mort » qui rappelle la dangerosité de ces produits figure d'ailleurs sur presque tous les bidons de produits destinés à être injectés à la place des fluides corporels dans les dépouilles mortelles lors des opérations de thanatopraxie. Ces produits visent à tuer les microbes, bloquer le processus naturel de décomposition et redonner au corps du défunt une apparence de sérénité et de sommeil. On n'en voit pas l'intérêt si, au final, le corps doit être incinéré !

Nombre de ces produits répondent à la définition de biocide ou de pesticides des directives européennes, mais ne sont pas recherchés dans les analyses environnementales classiques. Les thanathopraxistes indépendants ne sont par ailleurs pas soumis aux visites médicales, ni ne font l'objet d'un suivi épidémiologique ou de la médecine du travail. Ce qui concerne la mort et le traitement des cadavres est encore très tabou, mais quelques indices laissent penser que la fréquence de cancers et certaines allergies ou pathologies est anormalement élevée chez les opérateurs qui manipulent ces produits, et une étude de risque de 2004, basée sur une extrapolation à partir des données disponibles a montré que la thanatopraxie expose environ dans un cas sur deux l'opérateur à des taux de vapeurs toxiques jusqu'à deux fois supérieurs aux seuils acceptables.

Selon certaines études (conduites en Amérique du Nord notamment), les plombages (riches en mercure et métaux toxiques comme des sels d'argent ou de platine) ou des organomercuriels ou du mercurochrome ou d'autres toxiques qui ont pu être utilisé pour l'embaumement ou la thanatopraxie seraient à l'origine d'une pollution non négligeable de l'environnement.

Les sédiments des Grands Lacs en Amérique du Nord contiennent du mercure sous forme d'éthyl-mercure, particulièrement toxique et bioassimilable, dont une bonne part proviendrait de la crémation des morts et de leurs dents « plombées » en particulier.

En France, un rapport présenté par le sénateur Gérard Miquel a porté sur plomb/cadmium/mercure, insistant sur le problème des plombages des dents, mais sans évoquer le fait que via la crémation, ils pouvaient continuer à polluer longtemps après la mort. En effet le mercure est sublimé à relativement basse température, et les crématoriums ne sont pas équipés de filtres appropriés au mercure très volatil ni d'ailleurs aux métaux lourds ou à certains autres toxiques potentiellement présents dans les vapeurs (=> volatilisation dans l'atmosphère, pollution des pluies et de l'air, retombées au sol et concentration dans les sédiments et la chaîne alimentaire).

Un certain nombre de personnes ont été exposées durant leur vie au plomb (de l'essence, des usines type Metaleurop). Elles sont souvent victimes d'un saturnisme chronique discret. Autour des sites très pollués par le plomb, il est probable que la totalité de la population résidente ait des quantités significatives de plomb stocké dans les os, en particulier les hommes qui en accumulent plus que les femmes. (un rapport rédigé pour le ministère de Brice Lalonde estimait que les os d'un Français des années 80 contiennent environ 80 fois plus de plomb que ceux des hommes préhistoriques. 80 % du plomb absorbé et stocké dans le corps l'est dans les os, et le reste essentiellement dans le foie et les reins. Lorsqu'il est chauffé à 900°C, ce plomb passe directement dans l'air en vapeur de plomb. Les teneurs en plomb et autres métaux (les victimes les plus graves de Tchernobyl ont été enterrés dans des cercueils plombés et sous un béton spécial enrichi en plomb en raison du fait que les radionucléides bioaccumulés pourraient repartir dans l'air).

En cas de nécessité, les techniques d'analyse isotopique permettent de qualifier et tracer l'origine de certains polluants comme le plomb (par exemple pour faire la différence entre le plomb de chasse et celui issu des batteries ou des carburants), mais pas utilisée à ce jour et jusqu'à preuve du contraire pour le mercure issu des plombages.

Il y a quelques années, le Français moyen, au moment de sa mort avait plus de 7 plombages dans la bouche, il semble que ce chiffre soit en augmentation. En effet, les générations qui arrivent à l'âge de mourir en ce début de XXIe siècle ont mieux soigné leurs dents que les générations précédentes. Par ailleurs, cela ne fait que quelques années que les amalgames mercure-argent sont interdits, remplacés par des céramiques ou des polymères, et la majorité des gens ayant des dents colmatées ont donc des "plombages à l'ancienne".

Certains appareils de radiographie ou scanners peuvent être programmés pour mesurer la teneur en plomb des os. Ils peuvent être utilisés sur des morts car nécessitant un temps d'exposition plus long. Des analyses faites lors des autopsies permettraient de tracer un profil moyen de la population et d'estimer les risques liés au plomb dans les os à l'heure de la mort.


Solutions ?

Un nombre croissant de gens meurent l'organisme fortement chargé de médicaments, ayant des propriétés toxiques ou antibiotiques éventuellement susceptibles de poser problème pour l'environnement et la santé humaine (soit via les fumées et vapeur, soit via la décomposition des corps ou la contribution de résistances aux antibiotiques. Il conviendrait idéalement d'inciter les testamentaires et les familles à demander lors de l'embaumement ou de la préparation des corps que l'on ôte les plombages (que les dentistes doivent maintenant aussi récupérer), et/ou que les crématoriums soient équipés de filtres adaptés, performants et entretenus.

Pour la crémation, les bois de cercueils ne devraient pas être traités par des vernis ou pesticides ou produits dangereux pour l'environnement. On devrait d'ailleurs, comme aux États-Unis, ne jamais incinérer le cercueil : gaspillage inutile, puisqu'au final ce que l'on cherche à obtenir ce sont les cendres du défunt.

Mais il faut souligner qu'étant donné les tabous liés à la mort, ces questions ne sont que rarement abordées, y compris par le législateur.

Il ne reste pas moins que face aux nombreux inconvénients avéré de la crémation, notamment le gaspillage d'énergie et la pollution, l'inhumation traditionnelle reste la solution la plus acceptable et probablement la plus naturelle, puisque c'est celle qui a été pratiquée pendant des millénaires : laissons la nature opérer son grand pouvoir de recyclage sur les matière organiques.


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