Écosophie
L'écosophie est un concept né dans les années 1990 et porté notamment par le Mouvement écosophique, qui se veut, au sens étymologique, une recherche de la sagesse dans les attitudes humaines à mettre en œuvre en ce qui concerne la protection de l'environnement, de la nature, de la santé et de la vie.
L'écosophie cherche, notamment, à introduire une dimension philosophique dans le militantisme écologique en cherchant à dégager un fondement éthique, social, psychologique, idéologique et culturel de l'écologie de base.
Si l'on peut souvent reprocher à certaines actions et à certaines pensées écologiques de continuer de pratiquer l'anthropocentrisme (on ferait de l'écologie pour protéger d'abord l'homme), l'écosophie propose des pistes de réflexion pour repositionner le débats au sein de la réalité : l'homme n'est pas le centre de l'univers.
Sommaire
Substrat idéologique de l'écosophie
L'idéal écosophique c'est
- une plus grande conscience de nos liens avec le réel ;
- une société naturiste où la paix ne règne pas seulement entre les hommes mais entre toutes les formes de vies ;
- retrouver cet équilibre qui faisait à la fois la force, la pureté et la simplicité des peuples et des cultures qui ont refusé et qui refusent encore d’être inféodés à la civilisation de profit et de concurrence qui ne cesse de nous bouffer la vie (indiens d’amérique, pygmées, hounzas) ;
- remettre en cause tous les principes sur lesquels sont basés la civilisation actuelle : argent, travail, santé, alimentation, «consommation», manière de vivre, de penser, d’aimer, d’éduquer, d’apprendre, de prendre, de donner…
- lutter contre toute espèce d’hégémonie, de domination, de pouvoir, d’intoxication (physique et morale) ;
- (réapprendre à) vivre libres !
Toutes les luttes sont utiles lorsqu’elles sont le fruit de la lucidité
Protéger la vie, sous toutes ses formes, cela revient à s'engager, d'une manière ou d'une autre dans un faisceau de luttes libératrices qui relèvent pleinement de l'écosophie :
- Réhabiliter des valeurs de vie essentielles : végétarisme, respect de la nature, cohérence, bénévolat et gratuité ;
- Abolir les corridas, abattoirs, tueries, chasses, expérimentations animales et équivalents ;
- Revendiquer l’extension de la notion de «qualité de la vie» à tous les êtres vivants (le bonheur de l’espèce humaine ne doit pas se bâtir sur le malheur des autres formes de vies) ;
- Lutter contre la pollution, le gaspillage, les manipulations génétiques, l’usage des pesticides et des engrais chimiques, les lobbies de l’industrie pharmaceutique et militaire…
- Revendiquer une information-vérité sur le nucléaire et ses dangers, sur l’irradiation des aliments, etc.
Les Trois Principes de base de l'écosophie
Gratuité
Depuis son origine, l'écophosie lutte pour réhabiliter la notion de vraie gratuité, rappelant l’importance de la gratuité dans les rapports humains et revendiquant une place, aujourd’hui inexistante dans cette société, pour la gratuité sincère et désintéressée.
Par gratuité, nous n’entendons pas seulement le bénévolat, mais aussi la gratuité du service désintéressé, de l’idée, de l’information, de l’intention et si possible de l’objet. Il est frappant de constater que 20 ans après l'émegence de ces principes, nous les retrouvons par un autre biais dans le domaine du logiciel libre et de la désappropriation intellectuelle par le versement au domaine public d'œuvres de l'esprit comme en témoignent les expériences de Wikipedia et Ekopedia : le copyleft, le GNU, le GFDL, etc.
L’Écosophie et le Végétarisme étant des mouvements économiquement "subversifs", ils sont bâillonnés par l’idéologie dominante (celle de la civilisation du profit et du consumérisme) ; la gratuité reste donc le moyen le plus efficace pour faire circuler une information, en dispensant son destinataire d’une inutile obligation d’achat… Internet se révèle ainsi une véritable aubaine pour organiser une lutte résolument politiquement incorrecte.
Soulignons encore que la gratuité au sens écosophique ne saurait être confondue avec l'usage dévoyé qu'est fait du mot "gratuit" par les messages publicitaires qui, sous prétexte d'offres dites abusivement "gratuites" ne sont que des incitations à la dépense et à la consommation. La vraie gratuité est forcément désintéressée.
Partage, équilibre et distribution
Partager : Puisque vous avez reçu gratuitement, à votre tour vous devez donner gratuitement. Ce principe ne s'applique pas seulement aux relations entre individus et groupes humains, il doit aussi s'appliquer à toutes les relations que nous établissons avec le monde vivant : si la Nature nous donne, nous devons lui rendre.
Distribuer : Grâce à un réseau de transmission amical, dont n'importe qui peut faire partie, l’information circule, Internet n'étant qu'une option parmi d'autres. Il ne faut pas abandonner les autres formes de communication, même si aujourd'hui Internet est "à la mode". Se souvenir en particulier que dans les pays très pauvres, où il n'y a même pas l'électricité, non plus que l'eau courante, Internet n'existe pas et n'est pas prêt d'exister.
Il ne faut donc pas oublier qu'à la différence d'internet qui peut être paralysé à tout moment par un plantage des systèmes, par une panne générale de courant, par un gigantesque virus, le papier reste et demeure un moyen de communication qui a fait ses preuves : pas besoin de piles pour lire un texte imprimé ! Il est toujours possible de faire des photocopies gratuites (sur le lieu de travail, ou grâce à la complicité d’un ami, etc.) afin de faire connaître les idées que l’on veut défendre. Si chacun distribue à une dizaine d’amis, une idées nouvelle peut toucher des centaines de milliers de personnes et faire la nique au monopole des médias ! Il est bien sûr évident qu'Internet est une force pour la circulation des idées qui ne sont pas validées par le système marchand : décroissance, simplicité volontaire, végétarisme, etc. Mais il faut rester conscient qu'Internet transporte une information volatile et surtout, qu'Internet est inaccessible dans les pays les plus défavorisés.
Engagement par l'action : l'écogeste
Pour devenir écosophe, il suffit d'accomplir de manière quotidienne, en étant conscient de leurs conséquences, des écogestes. Car l'écologie ne se mesure pas dans les belles idées, mais dans des actes concrets visant à mettre en œuvre les grands projets fédérateurs des vrais amoureux de la vie : sauvez la planète, arrêter de polluer, arrêter de gaspiller, arrêter le pillage des ressources naturelles, être économe, considérer le végétarisme comme la principale solution de la famine dans le monde, etc.
Quelques écogestes pour devenir un bon écosophe
La nature, dit-on, a horreur du gaspillage : rien ne se perd, tout se transforme. Ce qui peut paraître se gaspiller pour telle espèce est toujours utile à une autre forme de vie. Un déchet naturel est toujours 100% biodégradable et de fait, il sera toujours, tôt ou tard, 100% biodégradé.
L'écosophie ouvre donc la voie à une attitude de respect envers la nature et surtout d'harmonie avec celle-ci, afin qu'au mieux de ce qui est possible dans l'univers biologique, la paix et le bonheur puissent régner.
Récupérer le papier
Nul n'ignore que la production de papier est une double pollution : pollution par la destruction de forêts dont le bois sert à la production de la pâte à papier ; pollution par les produits chimiques utilisés pour blanchir le papier qui, sinon, aurait une couleur variant entre l'ocre-jaune et le brun. Les agents blanchissants du papier sont le chlore, l'amoniac, l'acide sulfurique. Le seul produit blanchissant qui ne pollue pas, le peroxyde d'hydrogène (l'eau oxygénée), coûte trop cher, alors on y a renoncé pour des raisons évidentes de profit et de "marché". On préfère donc polluer et gagner du fric, quitte à réinvestir une partie de cet argent pour dépolluer, ce qui montre l'absurdité du système.
« Nettoyer c'est bien, ne pas salir c'est mieux ! »
La papier non polluant existe, c'est le papier recyclé. Mais il ne représente qu'une partie infime de la production mondiale de papier. En outre, le papier recyclé ne peut exister que si, au départ, il y a du papier normal que l'on récupère pour accomplir ledit recyclage. Le but du recyclage n'est donc pas de supprimer la production du papier mais de la parasiter. Même si ce n'est pas parfait, c'est un moindre mal.
L'idéal est le papier non recyclé sans bois. C'est le papier de luxe, obtenu exclusivement à partir de paille, coton, fibres, chiffon, et blanchi au kaolin. Un tel papier est malheureusement cher.
Il existe une troisième solution, c'est le papier de récupération. Il consiste à devenir soi-même l'agent de recyclage. Mais pour y parvenir, il ne faut pas hésiter à fouiller dans des endroits peu fréquentés : les poubelles !
Le papier de récupération présente deux avantages qui sont en même temps deux qualités écologiques :
- il est gratuit ;
- il est recyclé par l'acte de récupération.
Encore récupérer
Jusqu'à présent (en souhaitant que ça dure), aucune loi n'interdit de fouiller les poubelles et aucune taxe n'est perçue pour les trésors découverts dans ces fouilles. Ce qui est jeté par les autres est toujours gratuit pour ceux qui récupèrent. Évidemment, il faut être vigilant et assidu, car chaque jour des lots de choses réutilisables et gaspillées sont jetées. Il est facile de récupérer le papier à en-tête de sociétés ayant fait faillite : il suffit de couper la partie imprimée et hop ! du beau papier...
Ne pas hésiter à faire les poubelles des usines, des bureaux : on trouve facilement des classeurs, des liasses de listings imprimés sur une seule face, donc utilisables sur l'autre face pour du brouillon, pour dessiner, pour les enfants…
Récupération systématique des enveloppes : Vous avez sans doute remarqué la quantité effrayante de publicité dont on engorge nos boîte aux lettres, prospectus, publipostage, auxquelles s'ajoutent les relevés bancaires, téléphoniques, gaz, électricité, sécu, etc. Tout courrier nécessite une enveloppe. Hé bien, rien de plus simple, il faut récupérer l'enveloppe. Avec deux agraphes, il est facile de se confectionner des petits carnets avec le côté blanc des enveloppes où vous inscrirez vos notes. Bien plus écologique qu'un carnet acheté ou qu'un calepin électronique. Bref, le meilleur endroit pour trouver des bouts de papiers, c'est votre boîte aux lettres. Inutile d'acheter des "post-it". Cependant, si l'occasion d'en trouver dans une poubelle vous est donnée, ne vous en privez pas, c'est bien pratique aussi.
Parasiter
Un bon écosophe doit être un bon parasite : Pourquoi payer ce que l'on peut avoir gratuitement ? La société de consommation est un leurre. En réalité, nous vivons dans la société du gaspillage. Le marché du prêt à consommer est devenu le marché du prêt à jeter. Les garanties de 2 ans des fabricants sont significatives : elles correspondent à l'espérance de vie du produit. En fait, tout est fait, pensé, organisé dans cette société pour inciter le client à jeter la marchandise dès la première panne. Si on est un peu doué pour réparer, on découvre ainsi des trésors dans les poubelles, pour pas un rond : magnétoscopes, photocopieuses, appareils électro-ménager de toutes sortes, en particulier des aspirateurs. Les gens sont souvent découragés par les devis de réparations qui coûtent aussi cher que l'appareil lui-même. C'est fait exprès pour pousser les benets à acheter, acheter et encore acheter. À nous d'être assez malins pour passer au bon moment et récupérer ce qui est récupérable.
Ne pas gaspiller, ne pas polluer
Dire non au gaspillage des ressources naturelles implique un changement radical de comportement. Nous sommes esclaves de nos habitudes et nous devons changer :
- Marcher à pied ou aller à vélo et privilégier les transports en commun pour les autres distances. La voiture ne devrait être utilisée qu'exceptionnellement et lorsque les autres moyens de déplacements sont inapplicables.
- La voiture : préférer l'essence à la gazole, préférer le GPL à l'essence, préférer le bio-carburant au GPL, mais ignorer l'électrique sauf dans les régions, comme le Québec, de production hydroélectrique.
- Économiser l'eau : attendre la pluie pour laver sa voiture, récupérer l'eau de pluie pour arroser les plantes, fermer le robinet lorsqu'on se lave les dents ; installer des toilettes sèches, ou à défaut investir dans un urinoir (pour les hommes) qui consomme moins qu'une chasse d'eau ou bien installer une chasse à double évacuation (demi-chasse et chasse complète), récupérer l'eau de vidange des machines à laver (linge ou vaisselle) pour remplir la chasse d'eau, vérifier les robinets qui gouttent et remplacer les joints, etc.
- Devenir végétarien ou réduire drastiquement sa consommation d'aliments d'origine animale dont la production s'avère aujourd'hui la cause d'un désastre écologique (dépeuplement des mers par la surpêche, pollution et GES produits par les troupeaux, pollution par le lisier de porc) et un désastre économique (pour produire un kilo de viande on engloutit jusqu'à 16 kilos de ressources alimentaires végétales).
- Refuser les aliments industriels (trop d'emballages, résidus polluants). Il faut savoir que pour produire un litre de soda, on gaspille 9 litres d'eau potable !
- Recycler soi-même tous ses déchets par un tri sélectif élargi à 15 catégories :
- Le verre coloré
- Les emballages en plastique souple (polyuréthanes)
- Les emballages en plastique dur (PVC)
- Les cartons gris et marron
- Les récipients et objets en aluminium (opercules, papier d'alu)
- Les boîtes de conserve en fer blanc (et les vaporisateurs type insecticide, laque pour les cheveux)
- Les emballages en plastique imprimé, les emballages en papier alimentaire
- Les emballages en polystyrène (barquettes de produits frais, boîtes isolantes de produits congelés)
- Le verre blanc (sauf ampoules et tubes néon)
- Les piles
- Les autres métaux (sauf fer et aluminium)
- Les déchets organiques (restes alimentaires)
- Les journaux, magazines, catalogues, annuaires, prospectus
- Les tissus, vêtements, fils, fibres
- Les autres déchets (couches-culottes, lingettes, déchets mixtes inclassables)
- Exiger auprès des maires et des collectivités locales un traitement sélectif des déchets, un effort sur le recyclage de tous les polluants.
- Devant un besoin spécifique, toujours chercher s'il existe une solution bio :
- Abandonner l'usage des insecticides et opter pour des essences naturelles, des moustiquaires…
- Préférer la colle blanche aux colles à solvants (toujours toxiques).
- Fabriquer soi-même au lieu d'acheter, quand c'est possible ou lorsqu'on sait faire, ou si l'on a un ami qui sait faire.
- Et puis les grands classiques de l'économie d'énergie : éteindre les lumières quant on quitte une pièce, utiliser les lampe à économie d'énergie (fluocompactes), éteindre les appareils en veille, ne pas chauffer les pièces peu utilisées, notamment la cuisine, les toilettes, préférer un pull de plus plutôt que monter le chauffage d'un degré, investir dans l'isolation thermique, de préférence avec la laine de pierre, plus durable que la laine de verre, etc.
Voir aussi
Note : condensé d'après les nombreuses publications du Mouvement Écosophique.