Développement soutenable
Le développement soutenable (de l'anglais Sustainable development et communément appelé Développement durable) est une expression dont la définition proposée par le Rapport Brundtland[1] est la suivante:
« Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion :
- le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et
- l'idée des « limitations » que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Sommaire
Les motivations
C'est à partir des années 1970 que le terme "sustainability" (anglais pour "soutenabilité" ou "durabilité") a été employé pour décrire une économie « en équilibre avec les systèmes de soutien de base écologique »[2]. Les écologistes ont souligné les « limites de la croissance »[3]. En effet, la mesure de notre empreinte écologique (la pression de l'homme sur la nature) montre qu'actuellement notre utilisation des ressources dépasse actuellement les capacités de la Terre à se régénérer de 30%. Si notre demande continue sur la même croissance, d'ici le millieu des années 2030, nous aurions besoin de l'équivalent de 2 planètes pour maintenir notre style de vie[4].
Les activités humaines consomment donc largement plus que la capacité de régénération de la planète. Si nous ne voulons pas atteindre une crise sans précédent, il nous faut donc réduire fortement notre consommation à un niveau inférieur à celui requis pour que la Terre se régénère.
Développement durable, viable ou soutenable?
Dans la première traduction du rapport Brundtland, l'expression "Sustainable development" a été traduite par "Développement durable". Toutefois, cette première édition n'étant pas de bonne qualité (manuscrit dactylographié), une seconde édition fut réalisé en 1988 dans laquelle, l'éditeur, à la demande de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, a traduit "sustainable development" par "développement soutenable".
Avec le temps, en français c'est l'expression « développement durable » qui a prévalu dans le langage courant. Pourtant, le verbe anglais "to sustain" se traduit en français par "soutenir", "supporter", ou encore "maintenir". Aussi "sustainable development" précise dans sa définition les "limitations" de notre environnement alors que faire du "développement durable" est souvent compris comme "faire de la croissance durable". Faire du "développement soutenable" indique explicitement qu'il faut tendre vers un équilibre entre nos besoins et les limitations de notre environnement.
Peut-être est-ce pour cela que l'on parle parfois de "Développement viable"[5] ou de développement durable viable.
Quoi qu'il en soit, afin de rester le plus proche possible de la version originale, nous choisissons de parler de "développement soutenable".
Modes d'application du développement soutenable
Le développement soutenable peut se décliner de manières complémentaires : au niveau politique, sur les territoires, dans les entreprises, voire dans sa vie personnelle. Le développement soutenable a d'abord été mis en application sur les territoires (lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992), puis au sein de l'entreprise et de leurs parties prenantes (lors du sommet de la Terre de Johannesburg).
Gouvernance mondiale
La première conférence mondiale concernant le développement soutenable, a posteriori rebaptisée « Sommet de la Terre », a eu lieu à Stockholm en 1972.
En 1992, au cours du sommet de la Terre de Rio de Janeiro, on a proclamé les 27 principes de la déclaration de Rio sur le développement soutenable, on a parlé pour la première fois des trois piliers du développement soutenable, et on a élaboré l'agenda 21 pour les collectivités territoriales.
En 2002, lors du sommet de la Terre de Johannesburg, les grandes entreprises ont pour la première fois été représentées.
Gouvernance sur les territoires : Agenda 21
Depuis le sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992) et la signature de la charte d'Aalborg (1994), les territoires sont au cœur du développement durable. À l'aide de l'Agenda 21 - véritables plans d'actions de la politique de développement durable des collectivités - les réseaux de villes et les communautés urbaines sont à même d'exprimer les besoins et de mettre en œuvre des solutions. Pour cela, les collectivités territoriales peuvent coopérer avec les entreprises, les universités, les grandes écoles en France, ainsi qu'avec les centres de recherche, pour imaginer des solutions innovantes pour le futur.
Les Agendas 21 locaux sont réalisables à l'échelle d'une commune, d'un département, d'une région, d'une communauté de communes ou d'une communauté d'agglomération. Ils sont définis en concertation avec les acteurs locaux, dans un cadre de démocratie participative et se déroulent en plusieurs phases :
- définition des problématiques et priorités sociales, environnementales et économiques du territoire,
- établissement d'un plan d'actions précis ciblant ces problématiques,
- mise en œuvre du plan d'actions,
- évaluation et ajustements des actions mises en œuvre.
Gouvernance dans les entreprises : Responsabilité sociétale des entreprises (RSE)
Voir Responsabilité sociale des entreprises
Créatrices de grandes richesses, fortement consommatrices de ressources, et puissantes au plan international, les entreprises ont une capacité d’intervention qui peut se révéler particulièrement efficace en faveur du développement soutenable :
- Elles participent directement au développement économique par leurs investissements,
- À travers les conditions de travail qu’elles proposent à leurs salariés, elles participent à créer ou réduire des inégalités sociales,
- Consommatrices de ressources naturelles, productrices de déchets et génératrices de pollutions, leurs activités modifient plus ou moins profondément l’environnement.
Pour le respect d'objectifs de développement soutenable par les entreprises, spécifiquement on parle de responsabilité sociétale des entreprises (corporate social responsability) ou parfois plus précisément responsabilité sociale des entreprises[6] puisque le volet de responsabilité ne correspond pas uniquement au volet "social".
La responsabilité sociétale des entreprises est un concept par lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, voire de bonne gouvernance dans leurs activités et dans leur interaction avec leurs parties prenantes sur une base volontaire. En effet, à côté des obligations réglementaires et législatives, existe tout un champ d'actions possibles sur la base du volontariat et qui peuvent s'appuyer notamment sur des normes : à citer cependant en France, une loi relative aux nouvelles régulations économiques (NRE) qui incite les entreprises cotées en bourse à inclure dans leur rapport annuel une série d'informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités.
Au cours de ces dix dernières années, bon nombre d'entreprises se sont dotées de Directions du développement durable[7]. Elles ont engagé des politiques souvent ambitieuses pour faire évoluer les comportements internes et incarner de manière tangible leurs responsabilités sociale et environnementale. Elles se préoccupent par exemple aujourd'hui de façon croissante de la problématique complexe des achats durables.[8]
Critiques
L'expression "Développement durable" est souvent critiquée sur son fondement et sa sémantique.
Considérant que l'empreinte écologique de notre société est supérieur à ce que notre environnement peut supporter, beaucoup considèrent que la croissance zéro (lire le rapport du MIT "Halte à la croissance ?") n'est pas suffisante et qu'il faut au contraire décroître (voir Décroissance soutenable).
Aussi, l'expression est devenu populaire depuis le début du XXIe siècle et son sens original à maintes fois été altéré de sorte que l'expression "Développement durable" est aujourd'hui souvent considéré comme vide de sens. Comme le dit Michel Edouard Leclerc, "Le terme [développement durable] est tellement large, mis à toutes les sauces, qu'à l'exemple de Monsieur Jourdain, tout le monde peut le revendiquer. Et puis, c'est vrai, c'est un concept à la mode. Tant dans le monde des entreprises que dans tout débat de société. Et alors ? De tout temps, les marchands ont su récupérer les bons slogans"[9].
Ainsi le "Développement durable" serait la devise permettant de durer dans le développement économique en le maquillant d'une touche de vert. Cette pratique est nommée greenwashing dans le monde anglosaxons, écoblanchiment en français.
Voici quelques citations détournant le sens original du "Développement durable" [10]:
« Le Parti communiste fait le choix d’une nouvelle croissance au service du développement durable et de la défense de l’environnement. […] Cela nécessite également le développement d’une filière nucléaire publique (...) dans le cadre du renouvellement du parc nucléaire actuel. »
— Alain Hayot, en charge du développement durable au Parti communiste Français, L'humanité, 12-10-2006
« Le développement durable ce n’est pas la croissance zéro, c’est la croissance durable. La révolution que je vous propose, c’est de faire du développement durable le critère de toutes nos politiques publiques […] en investissant dans le nucléaire qui ne produit pas de gaz à effet de serre. »
— Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, Université d'été des Jeunes Populaires à Marseille, le dimanche 3 septembre 2006
« Le défi que nous devons relever est simple : concilier l’expansion continue de l’humanité et les ressources limitées de la planète. »
— Nelly Olin, ministre de l'Écologie et du Développement durable- Convention de l’UMP sur l’environnement le 20 octobre 2005.
« Le développement durable, c'est tout d'abord produire plus d'énergie, plus de pétrole, plus de gaz, peut-être plus de charbon et de nucléaire, et certainement plus d'énergies renouvelables. Dans le même temps, il faut s'assurer que cela ne se fait pas au détriment de l'environnement. »
— Michel de Fabiani, président de BP France, 4e rencontres parlementaires sur l'énergie, jeudi 11 octobre 2001.
Voir aussi
Références
- ↑ Du nom de Gro Harlem Brundtland, ministre norvégienne de l’environnement présidant la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, ce rapport intitulé Notre avenir à tous est soumis à l’Assemblée nationale des Nations unies en 1987
- ↑ (eng) Stivers, R. 1976. The Sustainable Society: Ethics and Economic Growth. Philadelphia: Westminster Press.
- ↑ Halte à la croissance ?, sous-titré Rapport sur les limites de la croissance, par le Club de Rome en 1970
- ↑ Living planet report 2008 - WWF
- ↑ * [pdf] Consultation sur le Plan de développement durable du Québec - Mémoire de Raymond Gauthier
- [pdf] [http://www.mddep.gouv.qc.ca/developpement/2004-2007/memoires/0509/380-UFP-OptionCitoyen.pdf Pour un véritable
- ↑ Responsabilité sociale des entreprises est la traduction "brute" de l'anglais, moins précise mais ce terme est plus connu
- ↑ Exemples d'entreprises francophones ayant une Direction du Développement Durable :
- ↑ http://www.factea.com/facteadurable/index.php?option=com_content&task=view&id=69&Itemid=98
- ↑ Michel Edouard Leclerc, Le Nouvel économiste, 26 mars 2004
- ↑ Le Bêtisier du "Développement Durable"
Liens internes
- Achats durables
- Agenda 21 et Agenda 21 local
- Commerce équitable
- La décroissance viable (aussi appelé décroissance soutenable)
- Développement durable/Débuter
- Écotaxe
- Empreinte écologique
- Halte à la croissance ?
- Investissement socialement responsable
- Notre avenir à tous - Vers un développement soutenable Extrait de Notre avenir à tous, Commission mondiale sur l'environnement et le développement, Editions du FLEUVE.
- Responsabilité Sociétale des Entreprises
- Simplicité volontaire
- Soutenabilité
- Agriculture durable
Bibliographie
- PARTANT (François), 1926-1987. – Que la crise s’aggrave, par François Partant. – Paris, Solin, 1979. 21 cm, 181 p. (Nouvelle édition : Préface de José Bové. Postface de Serge Latouche. Lyon, Parangon, 2004. 21 cm, 208 p.)
- PARTANT (François). – La Fin du développement. Naissance d’une alternative ?, par François Partant. – Paris, François Maspéro, 1982. 22 cm, 186 p. (Collection : Cahiers libres 373.)
- GRINEVALD (Jacques), « En guise de conclusion : situation épistémologique et morale du concept de développement durable à la fin du IIe millénaire de la civilisation chrétienne de l’Occident », dans Le Développement durable : Un bilan multisectoriel provisoire, sous la direction de Joël Jakubec, Genève, Georg éditeur, 2004, p. 113-126. (Collection : Stratégies énergétiques, Biosphère & Société.)
- Le mythe du développement durable, Valéry Rasplus. Publié dans l'hebdomadaire Politis n° 933, (semaine du 5 au 11 janvier 2007), page 27, rubrique « Tribune » Le mythe du développement durable.
- Benoît Eugène, « Le "développement durable" Une pollution mentale au service de l’industrie », Agone, n°35, 2005, p. 119-133. http://revueagone.revues.org/index112.html
- C'est maintenant ! : 3 ans pour sauver le monde. Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean. ISBN 2020987686
- Pour sauver la planète, sortez du capitalisme. Hervé Kempf. ISBN 2020975882
- Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, de Jared Diamond. ISBN 2070364305
Liens externes
Voir les brochures des renseignement généreux sur l'idéologie du développement.
- idées DD site de ressources pour un développement plus durable
- E-cosystems site d'outils environnementaux multilingues gratuits
- Green Actor site de vidéos libres présentant des initiatives durables à travers le monde
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