Agriculture naturelle
Cet article fait partie du Thème S'alimenter Cueillette sauvage Voir aussi : |
« Près d'un petit village de l'île de Shikoku, au sud du Japon, Masanobu Fukuoka a développé une méthode d'agriculture naturelle qui pourrait aider à inverser le mouvement dégénéré de l'agriculture moderne.
L'agriculture sauvage ne nécessite ni machines, ni produits chimiques et très peu de désherbage. M. Fukuoka ne laboure pas la terre et n'utilise pas de compost préparé. [...]
Il n'a pas labouré la terre de ses champs depuis 25 ans et cependant leur rendement peut être favorablement comparé à ceux des fermes japonaises les plus productives. Sa méthode agricole demande moins de travail qu'aucune autre méthode. Elle ne crée aucune pollution et ne nécessite pas d'énergie fossile. [...]
À strictement parler, la seule agriculture « sauvage » est la chasse et la cueillette.
Faire pousser des récoltes agricoles est un changement culturel qui requiert de la connaissance et un effort constant. La distinction fondamentale est que M. Fukuoka cultive en coopérant avec la nature plutôt qu'en essayant de l' « améliorer » par la conquête. [...] »
Sommaire
Quatre principes[modifier]
Pas de travail du sol[modifier]
Le premier principe est de ne pas travailler le sol, c'est-à-dire ne pas labourer et de ne pas sarcler et biner.
Pendant des siècles, les agriculteurs ont tenu pour établi que la charrue était essentielle pour faire venir des récoltes. Pire encore depuis quelques décennies les vendeurs de matériel ont fait croire aux agriculteurs la nécessité de retourner littéralement la terre avec des socs renverseurs de plus en plus gros, tractés par des engins de plus en plus gros.
Ces socs renverseurs retournent la terre en profondeur, ce qui étouffe la faune et la flore aérobies (qui ont besoin d'oxygène), détruisent l'humus et les ingénieurs du sol. Les anciens, eux, passaient le soc à faible profondeur uniquement pour butter les cultures ou former des billons.
En agriculture sauvage on profite de l'action des différents ingénieurs du sol et des systèmes racinaires des plantes, qui travaillent et enrichissent le sol bien mieux et à moindre coût que n'importe quel procédé humain. C'est comme si un agriculteur cultivait et mettait en jachère simultanément un champ.
Pas de fertilisant chimique ou de compost préparé[modifier]
« Le grain pour l'homme, la paille pour la terre. »
Le second est pas de fertilisant chimique ou de compost préparé. Pour fertiliser, M. Fukuoka fait pousser une légumineuse en couverture du sol, le trèfle blanc (qui fixe l'azote de l'air dans ses racines), remet la paille battue sur les champs et ajoute un peu de fumier de volaille.
Les engrais chimiques accélèrent la minéralisation et détruisent l'humus. L'humus qui constitue une sorte d'engrais à libération lente dans la nature, devient par sa destruction un engrais coup de fouet. L'utilisation d'engrais chimique sur une parcelle naturelle donnera de grosses récoltes les premières années, mais l'humus se détruisant plus vite qu'il ne se reconstitue, la terre deviendra extrêmement pauvre voire stérile au bout de quelques décennies (ce qui est en train de se produire dans la Beauce).
Les engrais naturels utilisés par Fukuoka, eux, nourrissent la terre. Dans cette logique le carbone, sous la forme de bois ou de paille, devient tout aussi important que l'azote (c'est pour cela que les sols forestiers sont les plus fertiles au monde).
Les hommes brutalisent la nature et malgré leurs efforts ils ne peuvent pas guérir les blessures qu'ils causent. Leurs pratiques agricoles insouciantes vident le sol de ses aliments essentiels et l'épuisement annuel de la terre en est la conséquence. Laissé à lui-même, le sol entretient naturellement sa fertilité, en accord avec le cycle ordonné de la vie des plantes et des animaux.
Ne pas désherber[modifier]
Le troisième est ne pas désherber au cultivateur ni aux herbicides. Les herbes indésirables jouent leur rôle dans la construction de la fertilité du sol et dans l'équilibre de la communauté biologique. C'est un principe fondamental que les mauvaises herbes doivent être contrôlées, non éliminées.
Pas de produits chimiques[modifier]
Le quatrième est pas de dépendance envers les produits chimiques. M. Fukuoka fait pousser ses récoltes de céréales sans produit chimique d'aucune sorte. Sur quelques arbres du verger, il a occasionnellement recours à une émulsion d'huile de machine pour contrôler la cochenille (insect scales). Il n'utilise pas de poison persistant ou à large spectre, et n'a pas de « programme » pesticide Depuis le temps que les plantes faibles se sont développées, conséquence de pratiques contre nature telles que le labour et la fertilisation, la maladie et le déséquilibre des insectes sont devenus un grand problème en agriculture. La nature, laissée seule, est en parfait équilibre. Les insectes nuisibles et les maladies des plantes sont toujours présents, mais n'atteignent pas, dans la nature, une importance qui nécessite l'utilisation de poisons chimiques. L'approche intelligente du contrôle des maladies et des insectes est de faire pousser des récoltes vigoureuses dans un environnement sain.
La pratique[modifier]
« Mes champs sont peut-être les seuls au Japon à ne pas avoir été labourés depuis plus de vingt ans, et la qualité du sol s'améliore à chaque saison. J'estime que la couche supérieure riche en humus, s'est enrichie sur une profondeur de plus de douze centimètres durant ces années. Ce résultat est en grande partie dû au fait de retourner au sol tout ce qui a poussé dans le champ sauf le grain. » M. Fukuoka[2]- La Culture
- Les Fertilisants
- Venir à bout des mauvaises herbes
- Contrôle des « maladies »
- Agriculture au milieu des mauvaises herbes
- Agriculture avec de la paille
- Répandre la paille non hachée
- La paille enrichit la terre
- Pas besoin de préparer de compost
- Germination
- La paille aide à tenir tête aux mauvaises herbes et aux moineaux
Formation[modifier]
Pendant longtemps, l'agriculture naturelle s'est transmise par voie orale de génération en génération. Mais aujourd'hui, la transmission de ce savoir-faire s'organise et des structures se créent pour diffuser plus largement les principes et les méthodologies de l'agriculture naturelle.
Parmi ces organismes, l'ITAN [1] (institut technique d'agriculture naturelle) fait figure de précurseur en France. L'organisme a pour vocation de regrouper des adhérents souhaitant développer ce mode d'agriculture.
Conclusion[modifier]
Ces grands principes sont pour le moins révolutionnaires. Manasobu Fukuoka a expérimenté des techniques pendant près d'un demi-siècle. Au bout de plusieurs dizaines d'années, il cultivait une espèce de riz qui était devenue très robuste à force de sélections naturelles et il obtenait des rendements identiques à ceux de la riziculture classique au Japon. À la fin des années 1980, alors qu'il envisageait d'envoyer des semences de ce riz très performant dans les pays en voie de développement, ses activités ont connu une fin très brutale lorsque l'armée japonaise a saisi et détruit l'intégralité de sa récolte et de ses semences.[réf. nécessaire]
Voir aussi[modifier]
Liens internes[modifier]
Liens externes[modifier]
- L'Institut Technique d'Agriculture Naturelle : [2]
- L'agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka - Extraits
- Interview de Mr Fukuoka sur www.context.org
- Masanobu Fukuoka sur Wikipedia
Références[modifier]
- ↑ La révolution d'un seul brin de paille par Larry Korn
- ↑ Pratique de l'agriculture naturelle : http://midier.net/brin-pr.htm
Bibliographie[modifier]
- La révolution d'un seul brin de paille par Masanobu Fukuoka, Guy Trédaniel Éditions (1983 rééd. 2005). ISBN 2844456243. + d'infos
- L'agriculture naturelle par Masanobu Fukuoka, Guy Trédaniel Éditions (2004). ISBN 2844455506. + d'infos
- La voie du retour à la nature par Masanobu Fukuoka, Guy Trédaniel Éditions (2005). ISBN 2702903452
- Semer dans le désert par Masanobu Fukuoka, Guy Trédaniel Éditions (2014). ISBN 978-2-8132-073-02
- Abrégé d'agriculture naturelle par Olivier Barbié, ITAN (2006). IDDN 978-2-9528-9530-9. + d'infos
- Testament agricole - Pour une agriculture naturelle par Sir Albert Howard, éditions Dangles (2010). ISBN-13 978-2703308409.
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