Comment perpétuer des semences potagères
« La semence, c’est le début de la chaîne alimentaire. Celui qui contrôle la semence, contrôle la chaîne alimentaire et donc contrôle les peuples. Pendant 12 000 ans, au moins, les paysans et les paysannes du monde entier ont produit leurs propres semences, ont amélioré, sélectionné et créé de nouvelles variétés de céréales, de légumes, de fruits et de plantes à fibres. (…) Dans les temps anciens, on ne parlait pas de “protection de ressources génétiques” et “d’agriculture durable” : on savait intimement qu’une civilisation qui perd ses semences et qui détruit ses sols est une civilisation qui est en train de mourir. »
— Dominique Guillet, association Kokopelli
Le savoir-faire traditionnel de l’agriculteur passe par l’identification des variétés de fruits et légumes les plus appropriées à sa terre, son environnement, son climat. La sélection et la conservation des semences lui permettent de les réutiliser d’une année sur l’autre. Aujourd’hui, l’industrialisation agricole a fait le choix de réduire la diversité des espèces cultivées privilégiant les variétés à hauts rendements très consommatrices de produits phytosanitaires et les hybrides stériles au détriment des variétés locales adaptées aux sols de chaque région.
Cette commercialisation du vivant représente un vrai danger pour la biodiversité et la préservation des multitudes de variétés de fruits et légumes propres à chaque région. En cas d’épidémie ou de parasite ravageant une espèce (comme ce fut le cas pour le riz il y a quelques années en Inde) la multitude des variétés garantit la capacité d’en trouver certaines qui soient résistantes et d’éviter la famine.
Mais au delà de ce danger c’est la simple capacité des peuples à se nourrir par eux-mêmes qui est confisquée par le brevetage et la marchandisation de ce que la nature prodigue gratuitement à l’humanité depuis toujours.
Ainsi, sous l’effet de la standardisation de notre alimentation, 95% des variétés de choux, 91% des maïs de plein champ, 94% des petits pois et 81% des tomates… ont disparu.
Cultiver des semences potagères est un geste essentiel pour préserver la biodiversité. Treize millions de français, soit 60% des ménages, ont la chance d’avoir un jardin : certains cultivent leur potager, d’autres se contentent de quelques mètres carrés de pelouse, voire d’un simple coin de verdure sur un balcon ou une terrasse. A notre échelle, nous pouvons profiter de nos jardins, terrasses et balcons… pour cultiver des variétés potagères anciennes biologiques et ainsi participer à la sauvegarde de ce précieux patrimoine.
Sommaire
Pourquoi cultiver des semences potagères[modifier]
- Pour préserver la biodiversité exceptionnelle de notre planète,
- Pour contribuer à la conservation, au maintien et à la diffusion de fruits et légumes oubliés, menacées d’extinction,
- Pour redécouvrir un panel de saveurs incomparables loin des variétés rencontrées quotidiennement dans nos supermarchés.
- Pour lutter contre le brevetage et la marchandisation des semences
Où trouver des semences potagères[modifier]
Germinance, l’association Kokopelli ou encore La Ferme de Sainte Marthe agissent depuis de nombreuses années pour la préservation des variétés anciennes.
Mise en pratique[modifier]
- Identifier en premier lieu les espèces de fruits et légumes les plus adaptées au sol. Pour les professionnels, le LAMS (Laboratoire d’Analyse Microbiologique des Sols), créé par Claude et Lydia Bourguignon, peut accompagner dans cette démarche. Les particuliers peuvent trouver de nombreux conseils auprès de l’association Intelligence Verte.
- S’approvisionner en semences potagères et biologiques auprès de : Germinance, La Ferme de Sainte Marthe, l’association Kokopelli, EssemBio, Le BiauGerme, Graine del Païs…
- Cultiver et reproduire les semences pour préserver leur existence au sein de notre patrimoine de variétés anciennes… avec les conseils de l’association Kokopelli.
- Se mobiliser avec le Réseau des Semences Paysannes ou bien l’association des Croqueurs de Carotte pour assurer, par tous les moyens appropriés la maintenance des variétés du domaine public dont certaines ont été radiées du catalogue officiel, veiller à ce que certaines de ces variétés soient à nouveau commercialisables auprès des jardiniers et des maraîchers et mettre en valeur ce travail de préservation du patrimoine génétique.
- Devenir « parrain » d’une variété de tomates, de choux… avec l’association Kokopelli qui propose à ses adhérents de choisir une espèce (courge, piment…) dont l’association choisit ensuite la variété afin que toutes les variétés puissent trouver un jardin refuge. Le parrain ou la marraine s’engage à prendre soin de la variété au fil des années dans son jardin et à en reproduire des semences dont il est invité à en envoyer une partie à l’association Kokopelli.
Voir aussi[modifier]
Liens internes[modifier]
- Association Kokopelli
Liens externes[modifier]
- Pour s’approvisionner en semences potagères et biologiques :
- Des conseils, des formations au bio-jardinage avec l’association Intelligence Verte et de l’association Graine de Jardin
- Parrainer une tomate, un piment ou bien une courge… avec l’association Kokopelli : http://www.kokopelli.asso.fr/campagnes/parrainage.html
- Pour signaler une variété inconnue, l’association Les Croqueurs de Pomme identifie et valorise les espèces fruitières régionales et lance régulièrement des avis de recherche : http://www.croqueurs-de-pommes.asso.fr
- Se mobiliser pour une biodiversité préservée avec le réseau Semences Paysannes :
Pour les professionnel :
- Quelles semences pour quels sols ? Le LAMS accompagne les agriculteurs dans l’analyse de leur sol. Il est spécialisé dans l'étude écologique de profil cultural pour restaurer la biodiversité des sols de terroir afin d'améliorer la qualité et la typicité des vins et des denrées agricoles.
- Pour les professionnels, découvrez le site français officiel de la disponibilité des semences biologiques :
http://www.semences-biologiques.org/
Bibliographie[modifier]
- Semences de Kokopelli de Dominique Guillet
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