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=== Bibliographie ===
 
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Version du 25 novembre 2011 à 17:57

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De manière générale, la décroissance se définit comme l'état de ce qui décroît : une diminution. On doit ce concept de décroissance en économie aux travaux révolutionnaires de l'économiste roumain émigré aux États-Unis, Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994).

La décroissance est un concept politique qui affirme que la croissance économique généralisée n'est pas acceptable pour l'environnement. Bien souvent, on rajoute le qualificatif soutenable (ou aussi celui de viable) au concept de décroissance pour spécifier que la la diminution de production de biens ne doit pas être incontrolée et mener à la "barbarie".

Les présupposés

Cette démarche part d'un triple constat :

  • les biens et services produits par les économies ne sont pas les seules richesses : la santé des écosystèmes est une forme de richesse, de même que la qualité de la justice, les bonnes relations qui sont entretenues entre les personnes au sein d'une même société, le degré d'inégalité, le caractère démocratique des institutions, etc. L'accroissement de la richesse matérielle, mesurée en revenu monétaire, peut se faire au détriment de ces différentes sortes de richesses
  • l'économie actuelle est fondée sur des ressources épuisables qui vont nécessairement s'épuiser un jour et dont nous n'avons pas la propriété exclusive : c'est un droit des générations à venir et de tous les habitants du monde de pouvoir en bénéficier
  • les sociétés actuelles des pays économiquement développés sont dépendantes de la consommation de biens matériels souvent inutiles et ne voient pas la dégradation de richesses plus essentielles : dégradation d'une certaine qualité de vie et des espaces naturel, perte de la biodiversité, fin de la gratuité de certains biens tels que l'eau, les baies sauvages, accroissement des violences de proximité et augmentation du ressentiment de certains à l'encontre des pays occidentaux, etc.

La décroissance soutenable n'implique évidemment pas que l'on poursuive la décroissance pour elle-même. C'est un moyen pour rechercher une qualité de vie supérieure. Elle prend acte du caractère partiel de la mesure "PNB" et affirme que si l'on cherche à rétablir la richesse dans toute sa variété, alors il est urgent que le PNB décroisse.

Description

Le concept de décroissance est né d'une controverse sur la "croissance", dans le sens "augmentation du PIB".

Les défenseurs du concept de décroissance pensent que la croissance mesurée par cet indice n'est que quantitative (par opposition à qualitative). Ce qu'elle mesure, l'augmentation de la production et la vente de biens, accentue les déséquilibres entre pays, l'inégalité sociale, la précarité et la pollution. Les partisans de la décroissance pensent que ce type de développement économique s'oppose aux valeurs humaines qui fondent nos sociétés, et ne tient pas compte du fait que la terre est limitée aussi bien dans ses ressources naturelles que dans sa capacité à supporter la destruction du biotope.

Les partisans de la décroissance soutiennent que la plupart des économistes actuels, qu'ils soient libéraux, marxistes ou malthusiens, ne sont toujours pas sortis de la pensée du XIXe siècle qui considère la nature comme inépuisable et que leurs modèles économiques sont donc idéalisés et coupés de la réalité.

Une planète aux ressources finies ne peut soutenir la croissance perpétuelle du niveau de consommation actuel fondé sur l'extraction du 'stock naturel'. Il faut que certains gros consommateurs acceptent de voir baisser leur niveau de consommation de biens physiques et d'énergie. Cela ne signifie pas pour autant une baisse de la qualité de vie, de la joie de vivre chère à Nicholas Georgescu-Roegen à laquelle aspire tout être humain, au contraire, la réduction de la consommation, donc de la production, permettrait de libérer les travailleurs de tâches superflues, de diminuer le stress lié au travail, de renforcer le lien social et, évidemment, de vivre dans un environnement moins pollué, avec davantage de biodiversité. Une condition nécessaire à cette diminution est la mise en place d'un système économique qui ne nécessite pas une croissance perpétuelle de la consommation et donc de la production pour assurer sa propre survie. En effet, le système actuel, qui est fondé sur le travail salarié, est contraint d'inventer de nouveaux besoins, donc de nouvelles tâches, pour ne pas engendrer un chômage trop important qui lui serait fatal.

Au niveau de l'environnement, on assiste à une utilisation massive de ressources non renouvelables. Les tenants de la décroissance soutenable appellent à une baisse de la consommation, ou en tout cas à une consommation plus intelligente et efficiente des ressources non-renouvelables (charbon, pétrole, gaz, etc). Certains experts (voir documents en lien ci-dessous) qui n'ont aucun lien avec les promoteurs de la décroissance ont avancé l'idée qu'il serait possible d'avoir quatre fois plus d'efficience pour ces énergies, il s'agit du facteur 4. D'autres parlent d'un facteur 10. Nos grand-pères disaient cela autrement : "Demain, on rase gratis".

Certains parlent de décroissantisme, version philosophique de la décroissance soutenable.

Capitalisme et dévelopement durable

La décroissance s'oppose à la fois à l'économie capitaliste qui accumule et investit ses biens pour en produire de plus en plus et à une certaine acceptation du développement durable lorsqu'il est défini comme nécessitant une croissance durable et continue des systèmes de production matérielle et marchande.

En effet, le développement durable peut être utilisé par les grandes entreprises pour continuer à produire d'une façon nuisible à l'environnement et à l'équité sociale en affirmant qu'elles travaillent à réduire ces nuisances. Selon les détracteurs de ces entreprises, l'argument du "développement durable serait essentiellement utilisé pour s'octroyer une apparence de société respectueuse de l'environnement. Ainsi, par exemple, Michel de Fabiani, président de BP France dans le compte-rendu des travaux des 4e rencontres parlementaires sur l'énergie, du jeudi 11 octobre 2001 déclare : « Le développement durable, c'est tout d'abord produire plus d'énergie, plus de pétrole, plus de gaz, peut-être plus de charbon et de nucléaire, et certainement plus d'énergies renouvelables. Dans le même temps, il faut s'assurer que cela ne se fait pas au détriment de l'environnement. » Autre exemple, EDF cherche depuis plusieurs années, notamment dans sa communication externe, à apparaître comme un champion du "développement durable". L'entreprise argue pour cela de son engagement dans le nucléaire, qui produit effectivement peu de gaz à effets de serre, et de sa participation au développement d'énergies renouvelables. Mais il est aisé de remarquer que l'énergie nucléaire est produite grâce à l'uranium dont les ressources sont épuisables et reste productrice de déchets hautement toxiques et que l'implication d'EDF dans des projets d'énergie renouvelable reste dans les faits marginale.

Principes

Cette décroissance doit être:

  • soutenable (supportable). La croissance dans un monde fini nous amène à une décroissance subie composée de crises, voire d'effondrements. L'idée de la décroissance soutenable est de nous épargner cette décroissance « insoutenable », cette « croissance ratée ».
  • équilibrée (en proportions harmonieuses). Pour éviter les crises et pour que personne ne soit exclu, trois processus doivent se combiner simultanément : réduction de la consommation (du « vouloir d'achat »), réduction de la production et partage (du travail notamment).
  • démocratique (pouvoir à tous les humains). La réorganisation à différents niveaux de la société et le partage requièrent davantage de « démocratie » : plus participative et directe.
  • conviviale (prenant en compte l'intérêt d'autrui autant que le sien), écologique (respect des écosystèmes), sociale (respect entre humains), positive, culturelle (…) La décroissance matérielle (physique) et économique doit laisser la place à de nombreuses autres croissances (qualitatives en grande partie) : des relations désintéressées, du temps pour soi et pour les autres, de l'équité, de la santé, de la chaleur humaine, de la nature, de la sécurité, de l'art, de la perception de ce qui nous environne, de la poésie, de l'empathie et ceci dans une grande variété...
  • équitable (du latin oequitas, égalité). Elle s'applique en premier lieu aux 20% favorisés de ce monde vivant principalement dans les pays industrialisés, mais concerne tout le monde lorsqu'il s'agit de « décoloniser l'imaginaire » lié aux modèles consuméristes et productivistes. Il s'agit d'une décroissance différenciée de façon à tendre vers une société plus juste dans les pays industrialisés et mondialement.
  • innovante (introduisant des nouveautés). Il s'agit d'une remise en cause de la situation actuelle (faite notamment d'autoroutes et des centrales nucléaires...), afin de créer un futur fondé sur une moindre consommation de ressources, dans lequel l'innovation a intégré la notion de limite, plutôt que de tenter de s'en soustraire. Certaines innovations feront l'objet de débats démocratiques et seront refusées si elles font fi de limites éthiques ou écologiques (OGM, Nucléaire, Nanotechnologies, etc.).
  • diversifiée. Le but de la décroissance est d'atteindre une société soutenable où chaque mode de vie est unique tout en étant potentiellement généralisable et partageable. L'urgence et la gravité des problèmes éco-sociaux impliquent des démarches à portée et échéance diverses. La diversité se comprend aussi en terme de croyance ou non-croyance idéologique ou spirituelle sans qu'aucune ne soit mise en avant.
  • ciblée et globale. Elle n'implique pas une décroissance à tous les niveaux pris séparément: les alternatives agricoles, énergétiques ou de transport soutenables (etc.) doivent croître, mais en créant une réduction plus importante des portions agricoles, énergétiques ou de transport non-soutenables de l'économie.
  • locale. Elle est fondée sur des économies de proximité ouvertes, mais se mesure à un niveau global. À ce titre une décroissance locale qui entraîne une croissance ailleurs ou dans le futur n'est pas une décroissance.
  • transitoire. Elle doit constituer une étape jusqu'à une société soutenable, juste, durable écologiquement, démocratique, participative, répondant aux besoins humains, localisée, d'une grande diversité culturelle, écologique et ethnique en chaque lieu, globale, ouverte, et dont l'économie est stationnaire. Cette société soutenable constitue une « utopie réalisable sans cesse renouvelée » dont les caractéristiques précises se réajustent au fur et à mesure.

Critique du concept

Il y a deux critiques de la décroissance :

  1. L'une défend que la croissance traditionnelle peut résoudre l'essentiel des problèmes de l'économie.
  2. L'autre, de gauche, partage les soucis environnementalistes mais considère que c'est le contrôle et la stratégie de la croissance ou décroissance plutôt que l'aspect quantitatif qui sont décisifs.

Première critique

Les détracteurs de la décroissance soutenable affirment que le progrès technique permettra de résoudre les problèmes de pollution, et que la matière première de l'économie moderne « post-industrielle » est davantage la connaissance que les ressources physiques.

Les partisans de la décroissance utilisent la notion de « l'effet rebond » pour répondre à cet argument. L'avènement de l'informatique et des réseaux dans ses débuts a laissé penser à une disparition possible du support papier. Or on constate une augmentation de la consommation de papier. Chaque individu ayant à disposition une imprimante personnelle, il peut imprimer de longues documentations qui dans la plupart des cas ne seront jamais lues en entier ; les livres d'informatique qui foisonnent dans les librairies sont souvent des pavés qui contiennent une information pourtant facilement accessible en ligne et rapidement périmée. Loin de diminuer la consommation de papier, l'informatique et les réseaux l'ont fait croître, c'est cela l'effet rebond.

Un autre exemple de cet effet concerne les voitures: on est capable aujourd'hui d'en produire des bien moins polluantes qu'il y a quelques dizaines d'années, mais comme leur nombre (et les km parcourus) augmentent, la pollution augmente aussi (en plus on produit des voitures plus lourdes, qui éventuellement consomment plus). Il en va de même avec le recyclage dont l'effet, pourtant important, ne suffit souvent pas à compenser l'augmentation de production de déchets par habitant. Les partisans de la décroissance n'hésitent pas à généraliser le schéma suivant: quand on arrive à produire une unité en polluant moins (ou avec moins de matières premières), on finit par produire plus d'unités, et au final par polluer plus (ou consommer plus de matières).

Les détracteurs de la décroissance pensent que la croissance permet la diminution ou la disparition de certains types de productions. Ils pensent que le capitalisme de marché permet l'arbitrage vers des ressources plus abondantes ou vers d'autres biens, et qu'il apporte des signaux par les prix du marché quand une ressource devient moins accessible.

Une autre constatation des détracteurs de la décroissance est que la croissance du PIB est de plus en plus liée à celle des activités de service, non polluantes et ne consommant pas de matières premières. Certains pensent qu'il s'agit d'une certaine « marchandisation » de ce qui était autrefois du domaine des relations humaines. C'est oublier que la société actuelle fonctionne de plus en plus en « réseau », ce qui multiplie les opportunités tant de relations non hiérarchisée (à la différence des sociétés anciennes) que de gratuité (cf. Wikipédia, la mobilisation des aides pour le tsunami, etc.).

Deuxième critique

La critique de gauche du concept de décroissance considère que la question clé est « qui contrôle », « qui décide ». Ainsi la décroissance reste pour ces critiques une utopie puisque ses défenseurs ne réfléchissent pas sur les forces sociales qui peuvent arracher le contrôle de l'économie des dominants actuels.

La décroissance dans la politique

Souvent considéré comme marginal et utopiste, le concept de décroissance est peu présent sur la scène politique. Les rares partis proposant un programme basé sur la décroissance sont souvent écartés du débat par l'ensemble des autres partis politiques, le plus souvent en raison des critiques mentionnées précédemment. En 2009, lors des élections des parlementaires européens, le parti pour la décroissance (PPLD) et le mouvement des objecteurs de croissance (MOC [1]) se sont unis pour présenter des listes communes dans 6 des 7 circonscriptions électorales française sous l'étiquette «Europe décroissance».[2]

Citations

  • « Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste » Kenneth Boulding.
  • « La décroissance ne propose pas de vivre moins, mais mieux avec moins de biens et plus de liens » Charte de la décroissance.
  • « Nul n'a besoin d'être économiste pour comprendre qu'un individu, ou une collectivité, tirant la majeure partie de ses ressources de son capital, et non de ses revenus, est destiné à la faillite. Tel est pourtant bien le cas des sociétés occidentales, puisqu'elles puisent dans les ressources naturelles de la planète, un patrimoine commun, sans tenir compte du temps nécessaire à leur renouvellement. Non content de piller ce capital, notre modèle économique, fondé sur la croissance, induit en plus une augmentation constante de ces prélèvements » Bruno Clémentin et Vincent Cheynet.
  • « Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous » Gandhi.

Références

  1. http://www.les-oc.info/index.php?
  2. http://www.europedecroissance.eu/

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • « Histoire d’un mot. Sur l’origine historique de l’emploi du mot décroissance », par Jacques Grinevald, Entropia, revue d’étude théorique et politique de la décroissance, Lyon, Éditions Parangon, no 1, automne 2006, p. 185-188.
  • GEORGESCU-ROEGEN (Nicholas), Demain la décroissance. Entropie, écologie, économie. Traduction, présentation et annotation Jacques Grinevald et Ivo Rens. Lausanne, Pierre-Marcel Favre, 1979. 21 cm, 157 p. [La décroissance. Entropie, écologie, économie. 2e édition revue et augmentée. Traduit et présenté par Jacques Grinevald et Ivo Rens. Paris, Sang de la Terre, 1995. 21 cm, 220 p. ; 3e édition revue. Paris, Sang de la Terre et Ellébore, 2006. 22,5 cm, 304 p.]
  • La Décroissance pour tous, Ridoux N. ISBN-13: 978-2841901555
  • Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Hervé Kempf. ISBN-13: 978-2020975889
  • Le déclin de la civilisation industrielle, Christian Laurut. 2010. Thebookedition.com
  • Objectif décroissance, vers une société harmonieuse aux Éditions Parangon. ISBN 2841901211* Vivre simplement * Justice sans limites, le défi de l’éthique dans une économie mondialisée, Serge Latouche, Éditions Fayard, 2003.
  • Survivre au développement de Serge Latouche, Mille et une nuits, Paris, 2004. ISBN 2842058658
  • Le Droit à la paresse de Paul Lafargue, Mille et une nuits, Paris, 1880. ISBN 2910233308
  • Croissance : l'impossible nécessaire par Jean Aubin, Éditions Planète Bleue, 2006.
  • Simplicité volontaire et décroissance un film de Jean-Claude Decourt, Utopimages, 2007.
  • GEORGESCU-ROEGEN (Nicholas), Demain la décroissance. Entropie, écologie, économie. Traduction, présentation et annotation Jacques Grinevald et Ivo Rens. Lausanne, Pierre-Marcel Favre, 1979. 21 cm, 157 p. [La décroissance. Entropie, écologie, économie. 2e édition revue et augmentée. Traduit et présenté par Jacques Grinevald et Ivo Rens. Paris, Sang de la Terre, 1995. 21 cm, 220 p. ; 3e édition revue. Paris, Sang de la Terre et Ellébore, 2006. 22,5 cm, 304 p.]
  • GRINEVALD (Jacques), « La décroissance n’est pas une croissance économique négative, c’est une autre logique », dans Les enjeux du développement durable : actes des journées d’études organisées en 2003-2004 par l’Espace Mendès France, Centre de culture scientifique technique et industrielle du Poitou-Charentes / sous la dir. de Patrick Matagne. – Paris [etc.], L’Harmattan, 2005, p. 194-197.
  • GRINEVALD (Jacques), « Nicholas Georgescu-Roegen, dissident de l’Occident et visionnaire de la décroissance », par Jacques Grinevald, dans La Revue Durable no 20, avril-mai-juin 2006.


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