Société de consommation : Différence entre versions
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==Du nécessaire au superflu== | ==Du nécessaire au superflu== |
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La société de consommation désigne la civilisation née au cours du XXe siècle, fondant son économie non plus sur la production du nécessaire mais sur la production du superflu.
Sommaire
Du nécessaire au superflu[modifier]
Depuis la nuit des temps, l'Homme, comme d'ailleurs tous les êtres vivants, s'est préoccupé de quatre choses fondamentales pour sa vie:
- assurer une transcendance à son existence et ainsi être relié à lui même et à la nature. C'était en fait le fondement de toute son existence et cela a disparu avec la société de consommation,
- assurer sa subsistance (recherche et production de nourriture),
- assurer la perpétuation de son espèce (faire des enfants et se protéger des prédateurs et ennemis),
- assurer son bien-être.
Les différentes civilisations qui se sont succédé marquant les grandes étapes de l'histoire de l'homme se sont majoritairement organisées pour assurer, chacune à sa manière et selon les circonstances, ces quatre priorités vitales.
Cela a bien sûr eu des conséquences, les unes positives, les autres, parfois, dramatiques. Au nombre des progrès, nous pouvons considérer que l'invention de l'agriculture a été le véritable point de départ de ce qu'il est convenu d'appeler la civilisation. Au nombre des désastres, les guerres et l'invention des armes qui en est le corollaire en est le plus triste exemple.
Entre guerres et prospérités, les humains ont, tant bien que mal, traversé les siècles, découvrant peu à peu des moyens et des techniques pour améliorer leur vie quotidienne. Nous n'allons pas ici réécrire l'histoire de l'humanité mais il convient simplement de se remémorer les leçons d'histoire apprises à l'école pour constater ceci : on estime l'âge des plus anciennes civilisations à 15 000 ans, l'âge de l'Homo Sapiens à 200 000 ans. Nul besoin d'aller plus loin, l'humanité a traversé 200 000 ans sans téléphone, sans voiture, sans électricité, sans Internet, sans machine à coudre, sans machine à écrire…
Leur vie a sans douté été plus difficile que celle de l'homme occidental du XXIe siècle, mais il n'est pas inutile de rappeler ici que nombre d'hommes et de femmes vivent encore comme les hommes de la préhistoire, par exemple dans les profondeurs de la forêt amazonienne.
Le XXe siècle dont les effets se prolongent et s'amplifient avec le XXIe siècle représente donc un bouleversement radical dans l'histoire de l'humanité. Même s'il est vrai que de tout temps l'homme a témoigné d'une attirance compréhensible pour une certaine forme de superflu comme l'art et les beaux vêtements, par exemple, témoignages de la valeur et du raffinement d'une civilisation, la part dévolue à la transcendance c'est-à-dire à la recherche de l'union avec l'ordre cosmique restait très largement majoritaire. La recherche de la transcendance constituait pour la majorité des humains le but de l'existence.
Le bouleversement apporté par le XXe siècle, amorcé dès la fin du XIXe avec la révolution industrielle, a été d'inverser les proportions en donnant de plus en plus d'importance au superflu et de moins en moins d'importance à la transcendance.
Le temps passé à table[modifier]
Le repas a toujours été, dans toutes les civilisations un moment de convivialité, de réunion et un élément de cohésion sociale. Il n'est d'ailleurs pas difficile de constater que toutes les civilisations ont développé au cours des millénaires des codes, des rites et des règles entourant la prise des aliments. Même les religions, sans aucune exception, ont trouvé dans le repas un prétexte à légiférer, à ritualiser et à sacraliser : sacrifice rituel, repas rituel, aliments tabous, aliments sacrés, aliments interdits, jours consacrés au jeûne ou au contraire aux libations… Tout cela démontre l'importance accordée par toutes les civilisations à l'acte de manger, jusque dans le traditionnel repas de famille qui donne l'occasion de réunir les générations.
La société de consommation a détruit tout cela d'un revers de la main ! Les temps modernes sont venus apporter une nouvelle vision de la façon de vivre, dévoyée par les nouvelles structures de la société : la grande maison familiale a été remplacée par le studio ou le deux pièces des HLM (Habitation à Loyer Modéré), ce qui ne favorise guère les grandes réunions familiales. Comme la société de consommation pousse –justement– à la consommation, un seul salaire n'y suffit plus, les femmes aussi travaillent et plus personne ne souhaite passer du temps à préparer un vrai repas.
La société de consommation a apporté la réponse, sous plusieurs formes : les plats à emporter, les plats préparés (les conserves/appertisés), les plats congelés, les pizzas livrées à domicile et bien sûr la restauration rapide (essentiellement la pizza et le hamburger).
Ainsi le XXe siècle est-il marqué par un nouveau rapport de l'homme à la nourriture : le repas est perçu comme une perte de temps, surtout le repas de midi ; il faut que ce soit vite prêt et vite mangé. On ne mange plus pour le plaisir ou pour la convivialité, mais on mange parce que c'est nécessaire, un peu comme le conducteur qui passe à la pompe pour faire le plein de carburant. S'il reste encore un prétexte à passer plus de temps autour d'une table, ce n'est plus pour la nourriture elle-même mais parce que la nourriture est prise en otage par le système ; c'est pourquoi on a inventé des expressions comme « déjeuner de travail », « repas d'affaire » dont on devine aisément que l'aspect alimentaire de la chose est relégué à un rôle mineur.
L'organisation du travail a suivi cette évolution et la plupart des activités sont désormais basées sur la journée continue qui accorde une pause syndicale de 30 minutes pour le repas. Il convient de souligner que ces prises rapides d'aliments ont forcément du conséquences non négligeables sur la santé (ulcères, mauvaise digestion, prise pondérale) sans parler de la qualité douteuse des aliments industriels.
Ainsi peut-on conclure que la société de consommation a amené les hommes et les femmes à travailler plus, à avoir moins de temps libre et à négocier ce peu de temps de liberté en achetant des services (comme la nourriture industrielle qui épargne le temps que l'on n'a plus à préparer un vrai repas), ce qui, tout bien pesé, procède, pour certains, d'une certaine absurdité.
De la consommation au gaspillage de la surconsommation[modifier]
La consommation est devenue, au cours du XXe siècle non plus une nécessité (acheter à manger) mais un mode de vie, de comportement et de culture. Il est frappant de constater que la "grand messe" de la consommation n'a pu influencer et modifier les comportements de la majorité des individus que parce qu'une mutation s'est opérée dans la culture. S'il est vrai que la publicité imprimée a beaucoup aidé à amorcer cette transformation de la civilisation, c'est avant tout la radio, puis la télévision qui ont été et sont encore aujourd'hui, plus que jamais, les instruments de la propagande pour cette civilisation du gaspillage.
Il ne faut pas pour autant refuser le progrès ! La révolution industrielle a rendu possible la fabrication d'appareils ménagers à des prix abordables, dont certains, il faut honnêtement le reconnaître, ont indéniablement apporté du confort dans la vie des ménages, en nous soulageant tout particulièrement dans les tâches les plus épuisantes. On pensera en particulier à l'aspirateur, au fer à repasser électrique et surtout à la machine à laver le linge. « Pour juger le progrès, écrit Baudoin de Bodinat dans La vie sur terre, il ne suffit pas de connaître ce qu’il nous ajoute, il faut encore tenir compte de ce dont il nous prive. »
L'Amérique devient le modèle à suivre pour les Européens[modifier]
Bien que présente en Europe dès le début du XXe siècle, c'est vraiment à partir de 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale, que la société de consommation va rapidement se développer. Elle se répand dans l'Europe de l'après-guerre à la faveur de l'image très positive laissée par l'Amérique libératrice et victorieuse. À cette époque personne n'a conscience de l'horreur qui se prépare et on admire cette Amérique « en avance sur son temps », « modèle de société moderne ». Force est malheureusement de constater qu'en ce début de XXIe siècle il y a encore beaucoup de nos contemporains qui continuent de croire naïvement au « miracle » du modèle américain.
Toujours est-il que c'est bien eux qui ont inventé la société de consommation[1] dans ce qu'elle a de plus mercantile : le supermarché en 1930, on pense aussi à la fabrication à la chaîne lancée par Ford pour produire plus et moins cher[2]. La France ne suivra qu'en 1957.
Belle aubaine pour le client de trouver de la marchandise à meilleur prix, car tel était le but du supermarché à l'origine. Mais acheter moins cher peut inciter à acheter plus, et forcément à gaspiller plus facilement. On peut néanmoins admettre qu'il est dans la nature du consommateur des années 1930 de ne pas forcément aimer gaspiller.
Et en fait, ce n'est pas le consommateur qui gaspille, mais le système qui pousse au gaspillage.
A la base, l'objet utilitaire a sa raison d'être et on l'achète volontiers en vu de profiter du service qu'il rend. Le consommateur veut du bien-être et la société de consommation lui en propose et lui en vend. Ainsi achète-t-il un lave-linge ; il se dit en toute logique que le temps pendant lequel la machine fait la lessive, il pourra le consacrer à du loisir : passer du temps avec les enfants, faire de la lecture, aller au cinéma ou au théâtre. Il n'y a là rien de suspect ou de critiquable.
La saturation du marché[modifier]
Mais la société de consommation découvre rapidement, à partir des années 1960, que les ventes d'appareils ménager ne peuvent se prolonger indéfiniment. Une fois que la plupart des ménages se sont équipés avec les appareils ménagers élémentaires, c'est-à-dire le réfrigérateur, le lave-linge, l'aspirateur et quelques autres standards, le marché tend à se saturer et les courbes de ventes diminuent.
Que faire ? Comment continuer de faire tourner les usines ? C'est alors que les industriels découvrent la réponse au problème, réponse qui va faire basculer le système de consommation d'objets utilitaristes vers une société pervertie par l'appât du gain, la société de gaspillage.
D'où vient que le marché se sature ? De ce que les appareils vendus sont robustes et durables. On décide donc désormais de les fabriquer moins robustes et moins durables afin de s'assurer un marché du renouvellement. Et pour forcer la main des consommateurs, on commence à exploiter mieux la publicité en insistant sur la nouveauté, le progrès, les avantages du nouveau modèle, les défauts de l'ancien, etc. « Nouveau » et « Nouveauté » sont les deux mots les plus utilisés dans les slogans publicitaires.
Au début cela a évidemment favorisé des abus : fabrication de camelote, défauts de fabrication volontaires, etc. Et il a fallu l'émergence des associations de consommateurs et quelques procès pour que les États légifèrent sur les garanties de fabrication. Désormais tous les appareils neufs sont couverts pas une garantie de conformité obligeant le vendeur à fournir un appareil conforme à la destination pour laquelle il a été vendu. Cette loi date de 2007 et complète ainsi l'obsolescente loi sur les vices cachés. Les garanties contractuelles sont quant à elles facultatives du point de vue du droit mais devenus obligatoire par la force des consommateurs. C'est pourquoi les marchands proposent des extensions de garantie de 1 à 4 ans supplémentaires moyennant une rallonge significative de la facture (15 à 20 % du prix de l'appareil en sus) : il n'y a pas de petit profit.[3]
Ainsi est-on arrivé aujourd'hui à cette situation absurde où n'importe quel appareil ménager est vendu avec sa garantie légale contre les vices cachés valable à vie mais totalement inapplicable, une garantie de conformité valable 2 ans mais incomplète, une garantie contractuelle généralement de 1 à 2 ans offerte, donc incluse dans le prix de vente, et d'une extension de garantie qui est systématiquement proposée pour assurer la « tranquillité » du client. Cette extension de garantie ne garantit pas que l'appareil va durer aussi longtemps, mais si l'appareil venait à finir sa vie avant la période couverte il serait alors remboursé généralement à sa valeur déduite de la vétusté. Il ne s'agit pas d'une assurance déguisée, une garantie n'est autre qu'une assurance contre les pannes, la meilleure preuve c'est que ce sont de plus en plus des assureurs qui les proposent. Sommes-nous donc incapables aujourd'hui de prendre le moindre risque ? Là est la vrai question. Les appareils d'antan étaient moins fiables que ceux de maintenant, c'est un fait prouvé dans tous les SAV (qui va à l'encontre des idées reçues), preuve en est la diminution des effectifs de techniciens, mais ce qui change vraiment c'est que nous n'acceptons plus la moindre défaillance, nous voulons le zéro défaut. et certains l'ont si bien compris qu'ils nous amènent à prendre des garanties qu'il y seulement 20 ans personne n'aurait imaginé. Ni les revendeurs qui n'aurait pas osé le faire tant cela leur aurait coûté cher à l'époque, ni même les consommateurs car le prix de la réparation restait alors encore abordable.
Les garanties payantes ou gratuites n'excèdent pas 5 ans, ce qui veut dire que si vous parvenez à garder un appareil plus de 5 ans sans panne, vous financez ceux qui ont eux des pannes et vous faites faire de la marge supplémentaire aux revendeurs. Ceux-ci trouvent là un moyen de récupérer les marges qu'ils ne font plus avec la même intensité sur la vente des produits.
Le gaspillage dans toute son horreur[modifier]
Nous venons de voir comment la société de gaspillage pousse à la consommation en produisant des objets utilitaires dont la durée de vie a été volontairement raccourcie.
Cependant, la machine économique fonctionne comme une tumeur et a besoin de toujours plus de sang pour se nourrir, car elle cherche une perpétuelle expansion. Aussi le système productiviste est-il entré, à partir des années 70 dans une nouvelle forme de perversion : ne plus se contenter de produire le nécessaire, mais également produire le superflu.
Découvrant les vertus de la publicité, la facilité avec laquelle l'effet de nouveauté provoque des vagues d'achats massifs et des modes, les industriels s'ingénient à inventer des gadgets qui vont finir par devenir des objets de consommation courante. On ne mesure pas à quel point la télévision a joué et joue encore un rôle central dans la manipulation des consciences, non seulement à travers les tonnes de messages publicitaires qui harcèlent le pauvre téléspectateur, mais aussi avec un grand nombre d'émissions destinées à glorifier le consumérisme. Toutes ces émissions, d'une manière ou d'une autre, ramènent le téléspectateur à une image corrompue du bonheur : consommer.
Il est intéressant de voir qu'en plus, les gadgets les plus inutiles sont souvent les plus chers. Par panurgisme, le peuple consommateur se précipite sur les nouveautés et accepte de payer le prix fort pour répondre à l'« effet mode ». Il y a là quelque chose qui relève de la névrose collective : ce besoin de vouloir à tout prix suivre le troupeau, suivre la mode, imiter autrui, et, ce faisant, abdiquer de sa liberté de penser et choisir par soi-même.
L'objet de consommation superflu, c'est comme la drogue : l'offre engendre la demande et la demande engendre l'offre. Il y a une complicité tacite entre le dealer et le consommateur.
Drogué, l'homme moderne l'est bel et bien : drogué de télévision, de DVD, de téléphone GSM, de gadgets électroniques sophistiqués, de GPS, de caméscopes, de photoscopes ou APN, d'ordinateurs. Et un marché de renouvellement pour alimenter tous ces drogués en manque, souffrant de frustration chronique : après la télé noir et blanc, la télé couleur, après la télé à tube, la télé plate, après le téléphone monobande, voici le bibande, le tribande, l'UMTS, le wifi, le wimax, le wap, après le DVD standard, voici le DVD blu-ray, après l'appareil de photo numérique à 1 mégapixel, voici le 2 mégapixels, puis le 3, le 4, le 5, le 6 et ça ne finira pas de sitôt ; après le caméscope VHS on a eu le Hi8, puis le numérique mini-DV, maintenant c'est le HDV ; on a eu le mono-CCD, maintenant c'est le tri-CCD. A la poubelle les magnétoscopes à vidéocassettes, voici le graveur de DVD.
La gadgétisation à outrance de notre société est devenu un mode de fonctionnement comparable à un tourbillon infernal : la nouveauté devient une quête perpétuelle des industries, une obsession des acheteurs. Jeter l'ancien, remplacer par du nouveau, avec un rythme de remplacement qui frise la folie. Les fournisseurs se fixent des objectifs : annoncer au moins une nouveauté tous les six mois, tenir les consommateurs en haleine…
Du gaspillage à la pollution[modifier]
Une règle élémentaire à connaître et dont il faut mesurer les conséquences :
La société de consommation-gaspillage produit une quantité de déchets phénoménale. En France (et cela doit être à peu près équivalent pour tous les pays dits industrialisés), on estime que chaque individu produit en moyenne 350 kilos de déchets ménagers par an, soit environ 1 kilo par jour. La France produit donc 21 millions de tonnes de déchets domestiques par an. S'il est vrai qu'une partie de ces déchets sont organiques (restes alimentaires par exemples) plus de 40 % ne sont pas biodégradables et doivent suivre un circuit de recyclage. Or, en 2007, seul 6,2% des déchets ménagers sont recyclés.[4]
Ces déchets ne sont pas constitués uniquement par ce que l'on met à la poubelle, chez soi, mais aussi par tous les appareils et objets, les fameux encombrants, dont on est bien obligé de se débarrasser lorsqu'ils sont hors d'usage : appareils ménagers irréparables, véhicules envoyés à la casse, sommiers à lattes quand les lattes sont cassées, matelas usés, téléviseurs, enceintes, vieil ordinateur, etc.
Tout le monde connaît les cimetières de voiture : des carcasses rouillées entassées les unes sur les autres et une absence totale de politique de récupération des métaux. Désormais il y a des cimetières de tout : des monticules d'ordinateurs, d'appareils ménagers, de tubes cathodiques (contenant des substances polluantes), etc. On trouve même des "cimetières de béton" gigantesques fosses où sont enterrés les débris et matériaux récupérés sur les chantiers de démolition, de construction et de travaux publics. À ce jour, le volume de ces déchets non recyclables ne fait l'objet d'aucune publication statistique de la part des autorités. Certains avancent le chiffre de 100 millions de tonnes par an.
Un constat tragique : plus rien, dans cette société, n'est construit pour durer. Au contraire, tout est fait, construit, pensé pour être jeté, et pourquoi pas, rêve suprême du marchand, le plus vite possible.
Autrefois, quand l'objet était strictement artisanal, il était fait et pensé pour durer toute une vie et même plus. Il n'était pas rare que l'enfant apprenti hérite des outils de son père. Les meubles, en bois massif, passaient de génération en génération, les maisons construites en matières nobles (bois durs et pierre) duraient plusieurs générations. Aujourd'hui on ne vend que du futile, de l'éphémère, du provisoire. Et comme le pauvre consommateur passe son temps à payer et repayer les même choses qui ne durent pas, il a le sentiment de vivre en location perpétuelle.
De la pollution à la lutte écologique[modifier]
Comment sortir de ce cercle infernal ? Plusieurs pistes méritent d'être explorées et elles se complètent mutuellement.
La simplicité volontaire[modifier]
La société de consommation propose de manière évidente et clairement illustrée par les publicités une et une seule recette du « bonheur conforme » : travailler pour gagner de l'argent, dépenser cet argent pour consommer, et recommencer jusqu'à ce que mort s'en suive, la mort elle-même étant aussi prétexte à consommation (pour les héritiers).
La simplicité volontaire constitue, dans ce contexte de société "broyeuse d'humanité" une reprise en main radicale de sa vie et de son destin. Il s'agit d'un véritable travail personnel qui peut s'étendre aux personnes les plus proches (conjoint et enfants) consistant à redéfinir les priorités essentielles de la vie quotidienne.
On doit de manière quotidienne se poser des questions essentielles :
- De quoi ai-je besoin pour vivre ?
- De quoi ai-je besoin pour être heureux ?
- Quelle est la vraie nature du bonheur ?
- Pourquoi suis-je perpétuellement frustré ?
En vidant de sa dimension émotionnelle la relation à l'objet, la société a perverti nos rapports avec le réel. Nous devons donc remettre notre vie à plat et recomposer notre environnement en partant de nos besoins vitaux. C'est le seul moyen de se rendre compte de l'esclavage induit par cette multitudes d'objets de consommation qui sont non seulement inutiles mais qui occupent, envahissent notre espace de liberté, notre espace de pensée et notre cerveau.
L'homme moderne vit littéralement dévoré par les préoccupations. Et la société a su parfaitement le conditionner pour que ce chapelet ininterrompu de préoccupations finisse par être considéré comme une façon normale de mener sa vie quotidienne. Pourtant, la psychosociologie montre que cette accumulation de préoccupations quotidiennes finit par engendrer des angoisses, des dépressions nerveuses et, par effet psychosomatique, des maladies d'épuisement : fatigue générale, cancers, maladies cardio-vasculaires, hypertension. De plus, toutes ces maladies sont largement favorisées par les habitudes alimentaires modernes anti-diététiques (fast food, surimi, additifs alimentaires issu de l'industrie chimique, junk food, malbouffe, grignotage, etc.).
La simplicité volontaire consistera donc à forcément moins consommer de choses visiblement et raisonnablement inutiles. Si tel gadget proposé par la société de consommation n'est pas rigoureusement indispensable et vital, on peut parfaitement s'en passer, et continuer de vivre sans s'en soucier le moins du monde.
Devant l'appel incessant de la société de consommation pour acheter ceci ou cela, parce que c'est "nouveau", il faut se recentrer sur soi-même et se poser la questions salvatrice, celle qui nous pousse à faire une prise de conscience :
- En ai-je vraiment besoin ?
Les autres l'achètent ? Vous avez le sentiment d'être ringard parce que vous ne l'avez pas encore acheté ? Qu'importe ! Votre vie n'est pas la leur et tirez plutôt votre fierté du fait de ne pas faire comme les autres. De ne pas suivre comme un mouton ou un robot le chemin tracé pour vous par un monde dirigé par les marchands.
La décroissance : consommer moins, consommer mieux, consommer intelligent[modifier]
La simplicité volontaire est le premier pas vers la décroissance : vous ne consommez que ce dont vous avez besoin. Ça a du bon : quand on consomme moins, on fait des économies et on peut dès lors envisager d'investir son argent de façon utile. Par exemple, au lieu d'acheter des fruits et légumes issus de la production agro-industrielle, on choisira la filière bio, un peu plus chère certes, mais respectueuse de l'environnement. La culture bio s'interdit tout emploi de pesticides ou engrais chimiques, n'ayant recours qu'à des techniques naturelles et immédiates.
Au lieu d'engloutir une fortune dans du fuel domestique, commencer à investir dans un chauffage respectueux de l'environnement : isolation thermique, pompe à chaleur géothermique, bois, chauffage solaire, équipement de production de méthane organique, et pourquoi pas, une éolienne dans le jardin… Se méfier des arnaques et être vigilant . Éviter à tout prix le chauffage au « bio-carburant », qui n'est pas bio du tout . Les agrocarburants, faussement appelés bio-carburants, sont issus de l'agriculture intensive qui est une catastrophe pour l'environnement. Ils impliquent une monoculture et une utilisation des sols pour produire autre chose que de la nourriture.
Revoir à la baisse sa consommation de produits carnés dont la production est extrêmement polluante. On n'est pas obligé de devenir 100 % végétarien, bien que ce soit le meilleur choix pour la santé et l'environnement, mais diminuer drastiquement sa consommation de viande, c'est poser un acte d'engagement responsable : participer à moins de pollution, moins de gaspillage, moins de souffrance.
Boycotter les produits promus par les campagnes publicitaires. Toujours se rappeler que dès qu'une marque fait de la publicité pour un produit, le coût de la campagne publicitaire se retrouvera obligatoirement dans le prix final du produit. Supposons par exemple que vous achetiez le soda à base de cola d'une grande marque américaine (que nous ne nommerons pas mais que malheureusement le monde entier connaît), vous avez peu de chance, même en l'achetant chez un grossiste, de payer son prix réel, c'est-à-dire le prix de la production. Viennent se greffer dessus des coûts annexes qui multiplient facilement le prix par 10, 15 ou 20[réf. nécessaire] : la publicité, les études marketing, les designers, la prospection pour de nouveaux marchés, le paiement des dividendes aux actionnaires, le cumul des marges bénéficiaires des multiples intermédiaires. Au final, une bouteille d'un litre et demi d'eau gazeuse sucrée, aromatisée et colorée artificiellement, dont le prix de revient brut tourne autour de 10 ou 15 centimes, finit par arriver sur les rayons du supermarché à 2 ou 3 euros.
Ainsi, un autre écogeste à accomplir en faveur de la décroissance consiste à boycotter systématiquement les marques, et tout particulièrement les grandes marques qui font beaucoup de publicité. Il est facile de constater qu'un produit de marque est toujours plus cher qu'un produit dont la marque est peu ou pas connue. Cette différence de prix s'appuie sur un mythe : « si c'est plus cher, c'est de meilleure qualité ». Quand la différence de prix est importante, on peut admettre que pour certains produits, la fiabilité est une affaire de réputation de la marque. Mais lorsqu'il s'agit de produits de consommation courante comme les lessives ou les dentifrices, par exemple, on ne peut raisonnablement pas croire les publicités qui prétendront, mensongèrement, que telle lessive lave plus blanc que blanc ou que tel dentifrice utilisé le matin continue de vous laver les dents toute la journée…
Sachant que ce sont souvent les même usines qui fabriquent les mêmes produits sous différentes marques, au final et une fois encore, tournons-nous vers des produits réputés écologiques, entièrement biodégradables, exempts de tout produit chimique, si possible artisanaux.
Bricoleurs de tous les pays, unissez-vous ![modifier]
Le bio c'est bien, l'artisanat et le commerce de proximité c'est bien aussi. Mais on peut faire encore mieux : fabriquer soi-même, c'est-à-dire devenir l'artisan de sa vie.
Bien souvent on achète ce dont on a besoin sans savoir qu'avec quelques astuces, un peu de patience et un peu de réflexion, on peut parfaitement fabriquer des objets usuels. On peut soit partir de matériaux bruts, soit réhabiliter des objets usagés et récupérer. Cette seconde méthode s'articule d'ailleurs très bien avec la philosophie de la récupération.
Vous avez besoin d'une chaise ? Fabriquez-la ! Tous les jours des gens jettent des chaises, soit parce qu'un pied est cassé, soit parce que la paille s'est défaite, soit parce qu'à force de s'asseoir dessus elle s'est déglinguée. Bien souvent, il suffit de récupérer deux chaises pour en refaire une.
Le bricolage est un art de vivre : depuis l'aube de l'humanité, l'homme n'a été qu'un bricoleur et c'est par l'accumulation de l'expérience acquise, la transmission des trucs et des astuces de métier que petit à petit un savoir s'est développé, fait d'une multitude de techniques. La révolution industrielle a mis brutalement un coup d'arrêt à l'exercice de l'ingéniosité individuelle et c'est la société de consommation-gaspillage qui cherche à séduire le petit peuple en flattant sa paresse. Pourquoi perdre des heures à fabriquer quelque chose qu'on peut acheter tout fait ?
C'est là tout le problème : un problème de choix de société, un problème de choix de vie.
Savoir faire, c'est être libre.
Si vous ne savez pas faire, c'est simple : apprenez ! Votre vie n'en sera que plus riche et vous aurez gagné en liberté et en indépendance.
La société de l'inutile[modifier]
Essai de constitution d'une liste succincte des objets produits par la société de consommation que l'on peut légitimement considérer comme inutiles :
- le suremballage (surtout pour les biscuits présentés en paquets individuels réunis dans une boîte elle-même cellophanée)
- le téléphone portable (qui en plus est susceptible d'entraîner des lésions cérébrales, coûte cher)
- le GPS (gadget qui permet de savoir où l'on est)
- les montres électroniques (où les piles coûtent plus cher que la montre)
- la télévision (autrefois objet de loisir, de divertissement et d'enrichissement culturel, elle est devenu un outil de propagande commerciale, totalement inféodé au système marchand)
- les consoles pour faire des exercices et se modeler le corps.
Voir aussi[modifier]
Références[modifier]
- ↑ Distripédie : les premiers supermarchés aux US après le krach de 29
- ↑ Le Taylorisme et la production de masse
- ↑ Les extensions de garantie : 60 Millions de consommateurs
- ↑ Gestion des déchets : Ministère de l'écologie
Liens internes[modifier]
Liens externes[modifier]
- (eng) Story_of_Stuff
Bibliographie[modifier]
- Les dossiers noirs de la malbouffe, par Jean-Claude Jaillette, ISBN 2226115854
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