Espéranto : Différence entre versions

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(Histoire)
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==Histoire==
 
==Histoire==
===Les débuts===
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'''Les débuts'''
 
[[Ludwik Lejzer Zamenhof]] ébauche à l'âge de 19 ans un premier projet de ''Lingwe Uniwersala''. Cet essai est la réponse d'un jeune homme sensible face à un contexte linguistique politique et social extrêmement tendu dans lequel se trouve la [[Pologne]] à cette époque. Cette première ébauche sera détruite par son père. En 1887, à l'âge de 28 ans, il en présente une nouvelle version complètement retravaillée, sous le nom de ''Langue Internationale'' : ''Internacia lingvo'' et sous le pseudonyme de ''Doktoro Esperanto'' (« Le docteur qui espère »). C’est cette signature qui donnera plus tard le nom de la langue « espéranto ». Dans sa préface du premier manuel publié en 1887, Zamenhof avait défini ainsi le but de la Langue internationale : «  Que chaque personne ayant appris la langue puisse l'utiliser pour communiquer avec des personnes d'autres nations, que cette langue soit ou non adoptée dans le monde entier, qu'elle ait ou non beaucoup d'usagers. »
 
[[Ludwik Lejzer Zamenhof]] ébauche à l'âge de 19 ans un premier projet de ''Lingwe Uniwersala''. Cet essai est la réponse d'un jeune homme sensible face à un contexte linguistique politique et social extrêmement tendu dans lequel se trouve la [[Pologne]] à cette époque. Cette première ébauche sera détruite par son père. En 1887, à l'âge de 28 ans, il en présente une nouvelle version complètement retravaillée, sous le nom de ''Langue Internationale'' : ''Internacia lingvo'' et sous le pseudonyme de ''Doktoro Esperanto'' (« Le docteur qui espère »). C’est cette signature qui donnera plus tard le nom de la langue « espéranto ». Dans sa préface du premier manuel publié en 1887, Zamenhof avait défini ainsi le but de la Langue internationale : «  Que chaque personne ayant appris la langue puisse l'utiliser pour communiquer avec des personnes d'autres nations, que cette langue soit ou non adoptée dans le monde entier, qu'elle ait ou non beaucoup d'usagers. »
  
===Expansion===
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'''Expansion'''
 
Le premier club d'[[espéranto]] naît en 1888 sur les ruines du club de [[volapük]] de [[Nuremberg]] lorsque ses membres découvrent la langue proposée par Zamenhof. C'est aussi dans cette même ville que paraît en 1889, ''La Esperantisto'', le premier journal en langue internationale. Le cercle des personnes qui se lancent dans son étude s'agrandit. La liste des mille premières adresses paraît la même année avec cinq noms en France, dont celui de Louis de Beaufront (en fait Louis Chevreux). Plus de 60% des abonnés de ''La Esperantisto'' sont russes en 1895. Aux graves difficultés financières qu'il connaît s'ajoute l'interdiction d'entrée sur le territoire russe. En effet [[Léon Tolstoï]] devenu un grand ami de l'espéranto après l'avoir étudié, écrit un article qui déplaît à la censure tsariste. C'est le coup de grâce pour le journal. La solidarité transnationale se manifeste alors pour la première fois pour sauver la langue. Un étudiant de l'université d'Uppsala et un directeur d'institut vinicole d'[[Odessa]] lancent à la fin de la même année un nouveau journal, ''Lingvo Internacia''. La période suédoise relaie donc la période russe. Les initiatives se multiplient. La progression s'accélère pour cette « langue du Docteur Esperanto » que l'on trouve déjà plus simple et sympathique de nommer « Espéranto ». En Suisse, Hélène Giroud est en 1895 la première femme aveugle au monde à l'apprendre puis à l'enseigner. Professeur d'allemand, âgée de 28 ans, Alice Roux est la première femme à l'apprendre en France. Elle le fait découvrir en 1896 à un lycéen de Louhans, [[Gabriel Chavet]] qui, dès l'année suivante, y fonde le premier club d'espéranto de France et l'un des six premiers au monde. En 1898 paraît un premier numéro de L'Espérantiste qui annonce la fondation de la Société pour la propagation de l'espéranto (SPPE). La période française commence pratiquement avec le XXe siècle. Édité en Suède depuis 1895, Lingvo Internacia est transféré en 1904 à Paris où la rédaction se trouve depuis 1902, puis sous la plume de Théophile Cart qui revient de l'université d’Uppsala ou il enseignait le français. La langue se propage déjà hors d'Europe : Canada en 1901, Algérie, Chili, Japon, Malte, Mexique et Pérou en 1903, Tunisie en 1904, Australie, États-Unis, Guinée, Indochine, Nouvelle-Zélande, Tonkin et Uruguay en 1905, etc. 1905 avec le premier Congrès mondial d'espéranto à Boulogne-sur-Mer est une année historique dans le monde espérantophone. Elle marque le premier rassemblement important de personnes de nationalités différentes avec l'espéranto comme seule langue commune. Accueillant 688 participants originaires de 20 pays, ce congrès démontre que l'espéranto est parfaitement adapté à la fonction de langue internationale. 1905 est aussi l'année de l'acceptation du Fundamento de Esperanto c'est-à-dire l'ensemble des principes intangibles qui garantissent la stabilité et l'évolution de la langue, et l'année de la création du Comité linguistique qui constitue la première étape vers la fondation de l'[[Académie d'espéranto]], en 1908, au moment où la langue traversa une crise de réformite avec la création de l'[[ido]]. Théophile Cart dans les colonnes de Lingvo Internacia sera un des défenseur du Fundamento. Il fut partisan de l’orthodoxie de la langue, et participa aux controverses sur les questions de morphologie et de syntaxe qui agitèrent les cercles espérantistes au début du siècle, ainsi qu'aux polémiques qui mirent alors en péril l'unité de la collectivité espérantophone. Afin de protéger l'espéranto contre toute dérive idéologique, le congrès de Boulogne-sur-Mer adopte la Déclaration sur l'espérantisme : « L'espérantisme est l'effort pour répandre dans le monde entier l'usage d'une langue humaine neutre qui, sans s'immiscer dans les affaires intérieures des peuples et sans viser le moins du monde à éliminer les langues nationales existantes, donnerait aux hommes des diverses nations la possibilité de se comprendre ; qui pourrait servir de langue de conciliation au sein des institutions des pays où diverses nationalités sont en conflit linguistique ; et dans laquelle pourraient être publiées les œuvres qui ont un égal intérêt pour tous les peuples. Toute autre idée ou aspiration que tel ou tel espérantiste associe à l'espérantisme est son affaire purement privée, dont l'espérantisme n'est pas responsable. »
 
Le premier club d'[[espéranto]] naît en 1888 sur les ruines du club de [[volapük]] de [[Nuremberg]] lorsque ses membres découvrent la langue proposée par Zamenhof. C'est aussi dans cette même ville que paraît en 1889, ''La Esperantisto'', le premier journal en langue internationale. Le cercle des personnes qui se lancent dans son étude s'agrandit. La liste des mille premières adresses paraît la même année avec cinq noms en France, dont celui de Louis de Beaufront (en fait Louis Chevreux). Plus de 60% des abonnés de ''La Esperantisto'' sont russes en 1895. Aux graves difficultés financières qu'il connaît s'ajoute l'interdiction d'entrée sur le territoire russe. En effet [[Léon Tolstoï]] devenu un grand ami de l'espéranto après l'avoir étudié, écrit un article qui déplaît à la censure tsariste. C'est le coup de grâce pour le journal. La solidarité transnationale se manifeste alors pour la première fois pour sauver la langue. Un étudiant de l'université d'Uppsala et un directeur d'institut vinicole d'[[Odessa]] lancent à la fin de la même année un nouveau journal, ''Lingvo Internacia''. La période suédoise relaie donc la période russe. Les initiatives se multiplient. La progression s'accélère pour cette « langue du Docteur Esperanto » que l'on trouve déjà plus simple et sympathique de nommer « Espéranto ». En Suisse, Hélène Giroud est en 1895 la première femme aveugle au monde à l'apprendre puis à l'enseigner. Professeur d'allemand, âgée de 28 ans, Alice Roux est la première femme à l'apprendre en France. Elle le fait découvrir en 1896 à un lycéen de Louhans, [[Gabriel Chavet]] qui, dès l'année suivante, y fonde le premier club d'espéranto de France et l'un des six premiers au monde. En 1898 paraît un premier numéro de L'Espérantiste qui annonce la fondation de la Société pour la propagation de l'espéranto (SPPE). La période française commence pratiquement avec le XXe siècle. Édité en Suède depuis 1895, Lingvo Internacia est transféré en 1904 à Paris où la rédaction se trouve depuis 1902, puis sous la plume de Théophile Cart qui revient de l'université d’Uppsala ou il enseignait le français. La langue se propage déjà hors d'Europe : Canada en 1901, Algérie, Chili, Japon, Malte, Mexique et Pérou en 1903, Tunisie en 1904, Australie, États-Unis, Guinée, Indochine, Nouvelle-Zélande, Tonkin et Uruguay en 1905, etc. 1905 avec le premier Congrès mondial d'espéranto à Boulogne-sur-Mer est une année historique dans le monde espérantophone. Elle marque le premier rassemblement important de personnes de nationalités différentes avec l'espéranto comme seule langue commune. Accueillant 688 participants originaires de 20 pays, ce congrès démontre que l'espéranto est parfaitement adapté à la fonction de langue internationale. 1905 est aussi l'année de l'acceptation du Fundamento de Esperanto c'est-à-dire l'ensemble des principes intangibles qui garantissent la stabilité et l'évolution de la langue, et l'année de la création du Comité linguistique qui constitue la première étape vers la fondation de l'[[Académie d'espéranto]], en 1908, au moment où la langue traversa une crise de réformite avec la création de l'[[ido]]. Théophile Cart dans les colonnes de Lingvo Internacia sera un des défenseur du Fundamento. Il fut partisan de l’orthodoxie de la langue, et participa aux controverses sur les questions de morphologie et de syntaxe qui agitèrent les cercles espérantistes au début du siècle, ainsi qu'aux polémiques qui mirent alors en péril l'unité de la collectivité espérantophone. Afin de protéger l'espéranto contre toute dérive idéologique, le congrès de Boulogne-sur-Mer adopte la Déclaration sur l'espérantisme : « L'espérantisme est l'effort pour répandre dans le monde entier l'usage d'une langue humaine neutre qui, sans s'immiscer dans les affaires intérieures des peuples et sans viser le moins du monde à éliminer les langues nationales existantes, donnerait aux hommes des diverses nations la possibilité de se comprendre ; qui pourrait servir de langue de conciliation au sein des institutions des pays où diverses nationalités sont en conflit linguistique ; et dans laquelle pourraient être publiées les œuvres qui ont un égal intérêt pour tous les peuples. Toute autre idée ou aspiration que tel ou tel espérantiste associe à l'espérantisme est son affaire purement privée, dont l'espérantisme n'est pas responsable. »
  
 
Les congrès se suivent désormais chaque année jusqu'en 1913.
 
Les congrès se suivent désormais chaque année jusqu'en 1913.
  
===La période des Guerres===
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'''La période des Guerres'''
 
La Première Guerre mondiale éclate le 2 août 1914, juste au moment où le congrès de Paris, pour lequel 3739 personnes d'une cinquantaine de pays se sont inscrites, doit s'ouvrir en présence de Zamenhof. Il n'aura pas lieu, les autorités allemandes ayant empêché Zamenhof d'y venir. La guerre entraîne la disparition de nombreuses associations et publications d'espéranto, entre autres ''Lingvo Internacia''. Beaucoup d'espérantistes sont tués au front. Zamenhof meurt le 14 avril 1917. La recherche de disparus s'organise. Président de l'Universala Esperanto-Asocio (UEA), qu'il a fondée en 1908, Hector Hodler recommande aux délégués de visiter autant que possible les prisonniers de guerre et de voir s'il n'y a pas des espérantistes parmi eux. L'Association chrétienne des jeunes gens (YMCA) diffuse elle-même des brochures d'espéranto auprès des prisonniers de guerre de divers pays. Il est appris dans des camps de détention où aucun autre moyen ne permet à des personnes n'ayant aucune langue commune de bien se comprendre en aussi peu de temps. La fraternisation entre les prisonniers peut ainsi s'établir. Il n'est pas rare qu'un seul détenu enseigne la langue à plusieurs centaines d'autres qui copient les mots et les règles, entre autres en Sibérie. L'Universala Esperanto-Asocio, dont le siège est à Genève, assure chaque jour la transmission de 200 à 300 correspondances entre les pays belligérants, parfois même avec leur traduction, entre des amis séparés, des prisonniers, leur famille ou des proches. Le nombre de services ainsi rendus atteint 200 000 durant la guerre. L'espéranto est utilisé aussi par la [[Croix-Rouge]]. En 1916, alors qu'il est sous-secrétaire d'état à la santé, Justin Godart recommande son apprentissage par une circulaire aux infirmiers militaires. Il commande 10 000 exemplaires du petit manuel du capitaine Bayol, ''Esperanto-Ru?a Kruco'', pour le faire distribuer. Ce livret est traduit dans sept langues. L'espéranto se relève très vite lorsque la paix revient, au point que, dès 1922, son enseignement est dispensé en Allemagne à 20 000 élèves par 630 enseignants. En revanche, la même année, le gouvernement français s'oppose à une proposition déposée au siège de la [[Société des Nations]] en décembre 1921 par onze pays parmi lesquels l'Inde, la Chine, la Perse et l'Afrique du Sud. Elle vise son inscription parmi les langues admises dans toutes les écoles du monde. Le ministre de l'instruction publique interdit, en 1922 la mise à disposition des locaux scolaires pour son enseignement, ce en quoi il sera imité en 1935 par le ministre de l'éducation du IIIe Reich, [[Adolf Hitler]] ayant critiqué l'espéranto dans un discours. À Kassel, en 1923, se tient sous la présidence d'honneur d'[[Albert Einstein]] le IIIe congrès de l'Association Mondiale Anationale (SAT), organisation à caractère socio-culturel et à vocation émancipatrice fondée à Prague en 1921 et dont la langue de travail est l'espéranto. Quarante-deux savants de l'Académie des sciences émettent la même année un vœu en faveur de son enseignement en tant que « chef d'œuvre de logique et de simplicité ». L'interdiction française est annulée en 1924 par le gouvernement d'Édouard Herriot. L'essor est important dans certains pays. Le linguiste anglais Edward Thorndike constate au début des années 1930 que l'espéranto est aussi répandu que l'allemand en Union Soviétique. Il est la principale activité culturelle de Laponie, sur la ligne ferroviaire de Luleå à Narvik. Des entraves à l'extension du tissu espérantophone apparaissent, parfois même avant les années 1930, comme au Portugal et en Roumanie. Des interdictions et même des persécutions le frappent pour longtemps au fur et à mesure que les régimes totalitaires gagnent l'Europe et le monde, à partir de 1933 en Allemagne et des purges staliniennes en URSS. [[Dimitri Snejko]] est le premier espérantiste russe à être arrêté en URSS, à Minsk, le 5 février 1936. Il ne sortira du goulag qu'en 1955 et mourra en 1957. En France, le Syndicat national des instituteurs émet un vœu en faveur de son enseignement en 1932 et un autre en 1937. Député du Rhône, Maurice Rolland dépose en 1935 une proposition de résolution « tendant à inviter le gouvernement à introduire la langue internationale espéranto dans les programmes de l'enseignement public ». L'intérêt de son application dans diverses sphères d'activités est argumenté à l'occasion d'une conférence internationale qui se tient à Paris en 1937 dans le cadre de l'Exposition internationale des Arts et des Techniques dans la vie moderne. Il en résulte que le ministre de l'Instruction publique [[Jean Zay]] estime souhaitable d'en faciliter l'étude. Son enseignement est admis dans le cadre des activités socio-éducatives par une circulaire ministérielle du 11 octobre 1938 dont le texte est toujours valide. Pour Hitler, l'espéranto est la langue de la conspiration juive et des francs-maçons, pour Staline, celle du cosmopolitisme bourgeois. Dans les années 40, ces deux hommes exercent le pouvoir sur la quasi-totalité de l'Europe continentale. L'espéranto est interdit, ses stocks de livres sont liquidés, bon nombre de ses partisans sont enfermés dans les camps de concentration. Au Japon, en Chine, en Espagne, au Portugal, les régimes au pouvoir pratiquent à son égard une politique moins violente, mais qui va dans le même sens. La Seconde Guerre mondiale a des effets nettement plus importants que la première sur la collectivité espérantophone et la laisse exsangue. La durée du coup de frein qui a interrompu son élan peut être globalement estimée à l'équivalent d'une génération. Le relèvement est d'autant plus difficile que la guerre froide entrave les échanges, et l'anglais s'impose peu à peu comme ''langue internationale''. Le congrès international de l'Éducation Nouvelle, qui se tient à Paris en 1946, formule un projet pour l'enseignement de l'espéranto et la formation de maîtres à son enseignement. Sa valeur dans les échanges culturels internationaux fait l'objet de recommandations lors des conférences générales de l'[[UNESCO]], en 1954 puis en 1985, et de l'Organisation mondiale du tourisme à Manille (Philippines) en 1980.
 
La Première Guerre mondiale éclate le 2 août 1914, juste au moment où le congrès de Paris, pour lequel 3739 personnes d'une cinquantaine de pays se sont inscrites, doit s'ouvrir en présence de Zamenhof. Il n'aura pas lieu, les autorités allemandes ayant empêché Zamenhof d'y venir. La guerre entraîne la disparition de nombreuses associations et publications d'espéranto, entre autres ''Lingvo Internacia''. Beaucoup d'espérantistes sont tués au front. Zamenhof meurt le 14 avril 1917. La recherche de disparus s'organise. Président de l'Universala Esperanto-Asocio (UEA), qu'il a fondée en 1908, Hector Hodler recommande aux délégués de visiter autant que possible les prisonniers de guerre et de voir s'il n'y a pas des espérantistes parmi eux. L'Association chrétienne des jeunes gens (YMCA) diffuse elle-même des brochures d'espéranto auprès des prisonniers de guerre de divers pays. Il est appris dans des camps de détention où aucun autre moyen ne permet à des personnes n'ayant aucune langue commune de bien se comprendre en aussi peu de temps. La fraternisation entre les prisonniers peut ainsi s'établir. Il n'est pas rare qu'un seul détenu enseigne la langue à plusieurs centaines d'autres qui copient les mots et les règles, entre autres en Sibérie. L'Universala Esperanto-Asocio, dont le siège est à Genève, assure chaque jour la transmission de 200 à 300 correspondances entre les pays belligérants, parfois même avec leur traduction, entre des amis séparés, des prisonniers, leur famille ou des proches. Le nombre de services ainsi rendus atteint 200 000 durant la guerre. L'espéranto est utilisé aussi par la [[Croix-Rouge]]. En 1916, alors qu'il est sous-secrétaire d'état à la santé, Justin Godart recommande son apprentissage par une circulaire aux infirmiers militaires. Il commande 10 000 exemplaires du petit manuel du capitaine Bayol, ''Esperanto-Ru?a Kruco'', pour le faire distribuer. Ce livret est traduit dans sept langues. L'espéranto se relève très vite lorsque la paix revient, au point que, dès 1922, son enseignement est dispensé en Allemagne à 20 000 élèves par 630 enseignants. En revanche, la même année, le gouvernement français s'oppose à une proposition déposée au siège de la [[Société des Nations]] en décembre 1921 par onze pays parmi lesquels l'Inde, la Chine, la Perse et l'Afrique du Sud. Elle vise son inscription parmi les langues admises dans toutes les écoles du monde. Le ministre de l'instruction publique interdit, en 1922 la mise à disposition des locaux scolaires pour son enseignement, ce en quoi il sera imité en 1935 par le ministre de l'éducation du IIIe Reich, [[Adolf Hitler]] ayant critiqué l'espéranto dans un discours. À Kassel, en 1923, se tient sous la présidence d'honneur d'[[Albert Einstein]] le IIIe congrès de l'Association Mondiale Anationale (SAT), organisation à caractère socio-culturel et à vocation émancipatrice fondée à Prague en 1921 et dont la langue de travail est l'espéranto. Quarante-deux savants de l'Académie des sciences émettent la même année un vœu en faveur de son enseignement en tant que « chef d'œuvre de logique et de simplicité ». L'interdiction française est annulée en 1924 par le gouvernement d'Édouard Herriot. L'essor est important dans certains pays. Le linguiste anglais Edward Thorndike constate au début des années 1930 que l'espéranto est aussi répandu que l'allemand en Union Soviétique. Il est la principale activité culturelle de Laponie, sur la ligne ferroviaire de Luleå à Narvik. Des entraves à l'extension du tissu espérantophone apparaissent, parfois même avant les années 1930, comme au Portugal et en Roumanie. Des interdictions et même des persécutions le frappent pour longtemps au fur et à mesure que les régimes totalitaires gagnent l'Europe et le monde, à partir de 1933 en Allemagne et des purges staliniennes en URSS. [[Dimitri Snejko]] est le premier espérantiste russe à être arrêté en URSS, à Minsk, le 5 février 1936. Il ne sortira du goulag qu'en 1955 et mourra en 1957. En France, le Syndicat national des instituteurs émet un vœu en faveur de son enseignement en 1932 et un autre en 1937. Député du Rhône, Maurice Rolland dépose en 1935 une proposition de résolution « tendant à inviter le gouvernement à introduire la langue internationale espéranto dans les programmes de l'enseignement public ». L'intérêt de son application dans diverses sphères d'activités est argumenté à l'occasion d'une conférence internationale qui se tient à Paris en 1937 dans le cadre de l'Exposition internationale des Arts et des Techniques dans la vie moderne. Il en résulte que le ministre de l'Instruction publique [[Jean Zay]] estime souhaitable d'en faciliter l'étude. Son enseignement est admis dans le cadre des activités socio-éducatives par une circulaire ministérielle du 11 octobre 1938 dont le texte est toujours valide. Pour Hitler, l'espéranto est la langue de la conspiration juive et des francs-maçons, pour Staline, celle du cosmopolitisme bourgeois. Dans les années 40, ces deux hommes exercent le pouvoir sur la quasi-totalité de l'Europe continentale. L'espéranto est interdit, ses stocks de livres sont liquidés, bon nombre de ses partisans sont enfermés dans les camps de concentration. Au Japon, en Chine, en Espagne, au Portugal, les régimes au pouvoir pratiquent à son égard une politique moins violente, mais qui va dans le même sens. La Seconde Guerre mondiale a des effets nettement plus importants que la première sur la collectivité espérantophone et la laisse exsangue. La durée du coup de frein qui a interrompu son élan peut être globalement estimée à l'équivalent d'une génération. Le relèvement est d'autant plus difficile que la guerre froide entrave les échanges, et l'anglais s'impose peu à peu comme ''langue internationale''. Le congrès international de l'Éducation Nouvelle, qui se tient à Paris en 1946, formule un projet pour l'enseignement de l'espéranto et la formation de maîtres à son enseignement. Sa valeur dans les échanges culturels internationaux fait l'objet de recommandations lors des conférences générales de l'[[UNESCO]], en 1954 puis en 1985, et de l'Organisation mondiale du tourisme à Manille (Philippines) en 1980.
  
===Après la guerre froide===
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'''Après la guerre froide'''
 
En 1993, après une enquête longue et pointilleuse, le PEN-Club international admet l'Esperanta PEN-Centro en son sein. En juillet 1996, le manifeste de Prague, semble prendre le contre-pied du manifeste de Raùmo en inscrivant pour la collectivité espérantophone, des objectifs d'élargissement.
 
En 1993, après une enquête longue et pointilleuse, le PEN-Club international admet l'Esperanta PEN-Centro en son sein. En juillet 1996, le manifeste de Prague, semble prendre le contre-pied du manifeste de Raùmo en inscrivant pour la collectivité espérantophone, des objectifs d'élargissement.
  
===Aujourd'hui===
+
'''Aujourd'hui'''
 
Les démarches se poursuivent pour faire admettre l'espéranto comme langue à part entière dans l'enseignement, et auprès des organisations internationales pour son adoption comme langue auxiliaire commune à tous. Bien que dispersés aux quatre coins de la planète, les espérantophones ont su profiter des nouvelles technologies de communication tel que la messagerie électronique, les listes de diffusion et un nombre toujours croissant de sites Internet. En 2001, la version espérantophone du projet Wikipédia, est lancée, créant ainsi la deuxième encyclopédie généraliste écrite dans une langue construite. Elle est devenue un des sites Internet espérantophones les plus populaires. On peut également noter la création de sites d'informations internationales tel que ?angalo qui a créé une chaîne de télévision par Internet : Internacia Televido.
 
Les démarches se poursuivent pour faire admettre l'espéranto comme langue à part entière dans l'enseignement, et auprès des organisations internationales pour son adoption comme langue auxiliaire commune à tous. Bien que dispersés aux quatre coins de la planète, les espérantophones ont su profiter des nouvelles technologies de communication tel que la messagerie électronique, les listes de diffusion et un nombre toujours croissant de sites Internet. En 2001, la version espérantophone du projet Wikipédia, est lancée, créant ainsi la deuxième encyclopédie généraliste écrite dans une langue construite. Elle est devenue un des sites Internet espérantophones les plus populaires. On peut également noter la création de sites d'informations internationales tel que ?angalo qui a créé une chaîne de télévision par Internet : Internacia Televido.
  

Version du 10 mai 2007 à 10:55

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L'Homme qui plantait des arbres
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Description

L'espéranto est une langue construite utilisé par une collectivité mondiale.

Histoire

Les débuts Ludwik Lejzer Zamenhof ébauche à l'âge de 19 ans un premier projet de Lingwe Uniwersala. Cet essai est la réponse d'un jeune homme sensible face à un contexte linguistique politique et social extrêmement tendu dans lequel se trouve la Pologne à cette époque. Cette première ébauche sera détruite par son père. En 1887, à l'âge de 28 ans, il en présente une nouvelle version complètement retravaillée, sous le nom de Langue Internationale : Internacia lingvo et sous le pseudonyme de Doktoro Esperanto (« Le docteur qui espère »). C’est cette signature qui donnera plus tard le nom de la langue « espéranto ». Dans sa préface du premier manuel publié en 1887, Zamenhof avait défini ainsi le but de la Langue internationale : «  Que chaque personne ayant appris la langue puisse l'utiliser pour communiquer avec des personnes d'autres nations, que cette langue soit ou non adoptée dans le monde entier, qu'elle ait ou non beaucoup d'usagers. »

Expansion Le premier club d'espéranto naît en 1888 sur les ruines du club de volapük de Nuremberg lorsque ses membres découvrent la langue proposée par Zamenhof. C'est aussi dans cette même ville que paraît en 1889, La Esperantisto, le premier journal en langue internationale. Le cercle des personnes qui se lancent dans son étude s'agrandit. La liste des mille premières adresses paraît la même année avec cinq noms en France, dont celui de Louis de Beaufront (en fait Louis Chevreux). Plus de 60% des abonnés de La Esperantisto sont russes en 1895. Aux graves difficultés financières qu'il connaît s'ajoute l'interdiction d'entrée sur le territoire russe. En effet Léon Tolstoï devenu un grand ami de l'espéranto après l'avoir étudié, écrit un article qui déplaît à la censure tsariste. C'est le coup de grâce pour le journal. La solidarité transnationale se manifeste alors pour la première fois pour sauver la langue. Un étudiant de l'université d'Uppsala et un directeur d'institut vinicole d'Odessa lancent à la fin de la même année un nouveau journal, Lingvo Internacia. La période suédoise relaie donc la période russe. Les initiatives se multiplient. La progression s'accélère pour cette « langue du Docteur Esperanto » que l'on trouve déjà plus simple et sympathique de nommer « Espéranto ». En Suisse, Hélène Giroud est en 1895 la première femme aveugle au monde à l'apprendre puis à l'enseigner. Professeur d'allemand, âgée de 28 ans, Alice Roux est la première femme à l'apprendre en France. Elle le fait découvrir en 1896 à un lycéen de Louhans, Gabriel Chavet qui, dès l'année suivante, y fonde le premier club d'espéranto de France et l'un des six premiers au monde. En 1898 paraît un premier numéro de L'Espérantiste qui annonce la fondation de la Société pour la propagation de l'espéranto (SPPE). La période française commence pratiquement avec le XXe siècle. Édité en Suède depuis 1895, Lingvo Internacia est transféré en 1904 à Paris où la rédaction se trouve depuis 1902, puis sous la plume de Théophile Cart qui revient de l'université d’Uppsala ou il enseignait le français. La langue se propage déjà hors d'Europe : Canada en 1901, Algérie, Chili, Japon, Malte, Mexique et Pérou en 1903, Tunisie en 1904, Australie, États-Unis, Guinée, Indochine, Nouvelle-Zélande, Tonkin et Uruguay en 1905, etc. 1905 avec le premier Congrès mondial d'espéranto à Boulogne-sur-Mer est une année historique dans le monde espérantophone. Elle marque le premier rassemblement important de personnes de nationalités différentes avec l'espéranto comme seule langue commune. Accueillant 688 participants originaires de 20 pays, ce congrès démontre que l'espéranto est parfaitement adapté à la fonction de langue internationale. 1905 est aussi l'année de l'acceptation du Fundamento de Esperanto c'est-à-dire l'ensemble des principes intangibles qui garantissent la stabilité et l'évolution de la langue, et l'année de la création du Comité linguistique qui constitue la première étape vers la fondation de l'Académie d'espéranto, en 1908, au moment où la langue traversa une crise de réformite avec la création de l'ido. Théophile Cart dans les colonnes de Lingvo Internacia sera un des défenseur du Fundamento. Il fut partisan de l’orthodoxie de la langue, et participa aux controverses sur les questions de morphologie et de syntaxe qui agitèrent les cercles espérantistes au début du siècle, ainsi qu'aux polémiques qui mirent alors en péril l'unité de la collectivité espérantophone. Afin de protéger l'espéranto contre toute dérive idéologique, le congrès de Boulogne-sur-Mer adopte la Déclaration sur l'espérantisme : « L'espérantisme est l'effort pour répandre dans le monde entier l'usage d'une langue humaine neutre qui, sans s'immiscer dans les affaires intérieures des peuples et sans viser le moins du monde à éliminer les langues nationales existantes, donnerait aux hommes des diverses nations la possibilité de se comprendre ; qui pourrait servir de langue de conciliation au sein des institutions des pays où diverses nationalités sont en conflit linguistique ; et dans laquelle pourraient être publiées les œuvres qui ont un égal intérêt pour tous les peuples. Toute autre idée ou aspiration que tel ou tel espérantiste associe à l'espérantisme est son affaire purement privée, dont l'espérantisme n'est pas responsable. »

Les congrès se suivent désormais chaque année jusqu'en 1913.

La période des Guerres La Première Guerre mondiale éclate le 2 août 1914, juste au moment où le congrès de Paris, pour lequel 3739 personnes d'une cinquantaine de pays se sont inscrites, doit s'ouvrir en présence de Zamenhof. Il n'aura pas lieu, les autorités allemandes ayant empêché Zamenhof d'y venir. La guerre entraîne la disparition de nombreuses associations et publications d'espéranto, entre autres Lingvo Internacia. Beaucoup d'espérantistes sont tués au front. Zamenhof meurt le 14 avril 1917. La recherche de disparus s'organise. Président de l'Universala Esperanto-Asocio (UEA), qu'il a fondée en 1908, Hector Hodler recommande aux délégués de visiter autant que possible les prisonniers de guerre et de voir s'il n'y a pas des espérantistes parmi eux. L'Association chrétienne des jeunes gens (YMCA) diffuse elle-même des brochures d'espéranto auprès des prisonniers de guerre de divers pays. Il est appris dans des camps de détention où aucun autre moyen ne permet à des personnes n'ayant aucune langue commune de bien se comprendre en aussi peu de temps. La fraternisation entre les prisonniers peut ainsi s'établir. Il n'est pas rare qu'un seul détenu enseigne la langue à plusieurs centaines d'autres qui copient les mots et les règles, entre autres en Sibérie. L'Universala Esperanto-Asocio, dont le siège est à Genève, assure chaque jour la transmission de 200 à 300 correspondances entre les pays belligérants, parfois même avec leur traduction, entre des amis séparés, des prisonniers, leur famille ou des proches. Le nombre de services ainsi rendus atteint 200 000 durant la guerre. L'espéranto est utilisé aussi par la Croix-Rouge. En 1916, alors qu'il est sous-secrétaire d'état à la santé, Justin Godart recommande son apprentissage par une circulaire aux infirmiers militaires. Il commande 10 000 exemplaires du petit manuel du capitaine Bayol, Esperanto-Ru?a Kruco, pour le faire distribuer. Ce livret est traduit dans sept langues. L'espéranto se relève très vite lorsque la paix revient, au point que, dès 1922, son enseignement est dispensé en Allemagne à 20 000 élèves par 630 enseignants. En revanche, la même année, le gouvernement français s'oppose à une proposition déposée au siège de la Société des Nations en décembre 1921 par onze pays parmi lesquels l'Inde, la Chine, la Perse et l'Afrique du Sud. Elle vise son inscription parmi les langues admises dans toutes les écoles du monde. Le ministre de l'instruction publique interdit, en 1922 la mise à disposition des locaux scolaires pour son enseignement, ce en quoi il sera imité en 1935 par le ministre de l'éducation du IIIe Reich, Adolf Hitler ayant critiqué l'espéranto dans un discours. À Kassel, en 1923, se tient sous la présidence d'honneur d'Albert Einstein le IIIe congrès de l'Association Mondiale Anationale (SAT), organisation à caractère socio-culturel et à vocation émancipatrice fondée à Prague en 1921 et dont la langue de travail est l'espéranto. Quarante-deux savants de l'Académie des sciences émettent la même année un vœu en faveur de son enseignement en tant que « chef d'œuvre de logique et de simplicité ». L'interdiction française est annulée en 1924 par le gouvernement d'Édouard Herriot. L'essor est important dans certains pays. Le linguiste anglais Edward Thorndike constate au début des années 1930 que l'espéranto est aussi répandu que l'allemand en Union Soviétique. Il est la principale activité culturelle de Laponie, sur la ligne ferroviaire de Luleå à Narvik. Des entraves à l'extension du tissu espérantophone apparaissent, parfois même avant les années 1930, comme au Portugal et en Roumanie. Des interdictions et même des persécutions le frappent pour longtemps au fur et à mesure que les régimes totalitaires gagnent l'Europe et le monde, à partir de 1933 en Allemagne et des purges staliniennes en URSS. Dimitri Snejko est le premier espérantiste russe à être arrêté en URSS, à Minsk, le 5 février 1936. Il ne sortira du goulag qu'en 1955 et mourra en 1957. En France, le Syndicat national des instituteurs émet un vœu en faveur de son enseignement en 1932 et un autre en 1937. Député du Rhône, Maurice Rolland dépose en 1935 une proposition de résolution « tendant à inviter le gouvernement à introduire la langue internationale espéranto dans les programmes de l'enseignement public ». L'intérêt de son application dans diverses sphères d'activités est argumenté à l'occasion d'une conférence internationale qui se tient à Paris en 1937 dans le cadre de l'Exposition internationale des Arts et des Techniques dans la vie moderne. Il en résulte que le ministre de l'Instruction publique Jean Zay estime souhaitable d'en faciliter l'étude. Son enseignement est admis dans le cadre des activités socio-éducatives par une circulaire ministérielle du 11 octobre 1938 dont le texte est toujours valide. Pour Hitler, l'espéranto est la langue de la conspiration juive et des francs-maçons, pour Staline, celle du cosmopolitisme bourgeois. Dans les années 40, ces deux hommes exercent le pouvoir sur la quasi-totalité de l'Europe continentale. L'espéranto est interdit, ses stocks de livres sont liquidés, bon nombre de ses partisans sont enfermés dans les camps de concentration. Au Japon, en Chine, en Espagne, au Portugal, les régimes au pouvoir pratiquent à son égard une politique moins violente, mais qui va dans le même sens. La Seconde Guerre mondiale a des effets nettement plus importants que la première sur la collectivité espérantophone et la laisse exsangue. La durée du coup de frein qui a interrompu son élan peut être globalement estimée à l'équivalent d'une génération. Le relèvement est d'autant plus difficile que la guerre froide entrave les échanges, et l'anglais s'impose peu à peu comme langue internationale. Le congrès international de l'Éducation Nouvelle, qui se tient à Paris en 1946, formule un projet pour l'enseignement de l'espéranto et la formation de maîtres à son enseignement. Sa valeur dans les échanges culturels internationaux fait l'objet de recommandations lors des conférences générales de l'UNESCO, en 1954 puis en 1985, et de l'Organisation mondiale du tourisme à Manille (Philippines) en 1980.

Après la guerre froide En 1993, après une enquête longue et pointilleuse, le PEN-Club international admet l'Esperanta PEN-Centro en son sein. En juillet 1996, le manifeste de Prague, semble prendre le contre-pied du manifeste de Raùmo en inscrivant pour la collectivité espérantophone, des objectifs d'élargissement.

Aujourd'hui Les démarches se poursuivent pour faire admettre l'espéranto comme langue à part entière dans l'enseignement, et auprès des organisations internationales pour son adoption comme langue auxiliaire commune à tous. Bien que dispersés aux quatre coins de la planète, les espérantophones ont su profiter des nouvelles technologies de communication tel que la messagerie électronique, les listes de diffusion et un nombre toujours croissant de sites Internet. En 2001, la version espérantophone du projet Wikipédia, est lancée, créant ainsi la deuxième encyclopédie généraliste écrite dans une langue construite. Elle est devenue un des sites Internet espérantophones les plus populaires. On peut également noter la création de sites d'informations internationales tel que ?angalo qui a créé une chaîne de télévision par Internet : Internacia Televido.

Intérêt

Le principal intérêt de l'espéranto est avant tout la simplicité de sa grammaire, qui en fait une langue facile et rapide à acquérir pour la majorité des peuples. À titre d'exemple, 150 heures d'espéranto équivalent pour un francophone à :

  • 1200 heures d'allemand
  • 1000 heures d'anglais
  • 700 heures d'italien

L'autre intérêt de l'espéranto est d'être une langue démocratique qui met ceux qui la parlent à égalité, tandis que les rapports internationaux classiques divisent l'humanité entre ceux qui maitrisent parfaitement telle ou telle langue nationale dominante, et les autres.

Notions de base

Prononciation de l'espéranto

La prononciation de l'espéranto est moins capricieuse que celle de la plupart des langues nationales. De plus, l'orthographe ne pose guère de problème, chaque lettre ne correspondant qu'à un seul phonème et inversement.

  • A a «  a » comme dans «  abeille »
  • B b «  b » comme

dans «  ballon »

  • C c «  ts » comme dans « tsar »
  • ? ? «  tch » comme dans « tchèque »
  • D d «  d » comme dans «  dé »
  • E e «  é » comme dans «  éléphant »
  • F f «  f » comme dans «  fête »
  • G g «  g » comme dans « guerre »
  • ? ? «  dj » comme dans « djellaba »
  • H h «  h » comme dans «  homme »
  • ? ? «  rh » comme dans «  rhum »
  • I i «  i  » comme dans «  immoral »
  • J j «  y » comme dans «  yoyo »
  • ? ? «  j  » comme dans «  journal »
  • K k «  k » comme dans «  kaki »
  • L l «  l » comme dans « long »
  • M m «  m » comme dans « main »
  • N n «  n » comme dans «  non »
  • O o «  o  » comme dans «  bol »
  • P p «  p » ocmme dans « pain »
  • R r «  r  » comme dans « rouge »
  • S s «  s » comme dans «  serpent »
  • ? ? «  ch » comme dans «  chat  »
  • T t «  t  » comme dans «  table  »
  • U u «  ou » comme dans «  chou »
  • ? ? «  w » comme dans «  water »
  • V v «  v » comme dans «  vieux »
  • Z z «  z » comme dans «  zen »
  • En espéranto parlé, les consonnes se distinguent en les prononçant suivies de la voyelle o.
  • Les lettres a, e, i, et o, placées devant un m ou un n ne donnent pas lieu à des nasales.
  • En espéranto parlé, le groupe de lettres sc se prononce és-ts.

Grammaire de l'espéranto

Les règles

Règle 1

Il n'existe qu'un seul article défini 'la'.

L'article défini 'la' est invariable.

la libro = le livre la libroj = les livres

L'absence de "la" correspond aux articles indéfinis.

libro = un livre libroj = des livres

"La" remplace "le,la,les,l'".

Règle 2

Tous les substantifs se terminent en o. ex  : patro (père)

Au pluriel on ajoute la finale j patroj (pères) Les compléments directs ont la finale n patron, patrojn

Règle 3

Tous les adjectifs se terminent en a. ex  : bona (bon)

L'adjectif s'accorde avec le substantif en nombre et en cas.

ex : bona patro, bonaj patroj, bonan patron, bonajn patrojn.

Règle 4

Les nombres cardinaux sont invariables.

0 nul 1 unu 2 du 3 tri 4 kvar 5 kvin 6 ses 7 sep 8 ok 9 na? 10 dek 100 cent 1000 mil

Pour compter : dek du : 12 (dek + du), dudek : 20 (du + dek) dudek tri : 23 (du + dek + tri) dumil tricent kvardek kvin : 2345

  • On peut en faire des substantifs. ex : nulo, unuo (unité), duo (paire), trio (triplet)
  • On peut en faire des adjectifs. ex : tria (troisième), sesa (sixième)
  • Le suffixe -on- donne des fractionnaires. duono (un demi)
  • Le suffixe -op- donne des collectifs. duopo (à deux)
  • Le suffixe -obl- donne des multiplicatifs. duobla (double)
  • La préposition po donne des distributifs. po kvin (à raison de 5)

Règle 5

Les pronoms personnels sont : mi, (je) vi, (tu/vous), li, (il) ?i, (elle) ?i, ("il", "elle", pour les êtres vivants de sexe indéterminé ou les choses) si, (soi) ni, (nous) ili, ("ils", "elles", "eux", pour tous les cas) oni (on)

On peut en faire des adjectifs possessifs  : 'mia', 'via', 'lia'... 'son', 'sa', 'leur(s)', se rendent par 'sia(j)' lorsqu'ils se rapportent au sujet.

Règle 6

Les verbes sont réguliers.

Ils ne changent ni pour les personnes, ni pour les nombres. Ils ne changent que pour les temps.

  • - l'infinitif a la finale -i ex  : fari (faire)
  • - le présent a la finale -as ex  : mi faras, ili faras (je fais, ils font)
  • - le passé a la finale -is ex  : mi promenis (je me promenais)
  • - le futur a la finale -os ex  : li vidos (il verra)
  • - le conditionnel a la finale -us ex  : si farus (elle ferait)
  • - l'impératif a la finale -u ex  : Kantu ! (Chante !)


participes actifs

  • far-ant-a : faisant
  • far-int-a : ayant fait
  • far-ont-a : sera faisant

participes passifs

  • far-at-a : en train d'être fait
  • far-it-a : étant fait
  • far-ot-a : étant à faire

'Esti' (Être) est le seul verbe auxiliaire.

              Ex  : mi estas faranta. (je suis en train de faire)

Règle 7

L'adverbe dérivé a la finale e.

ex  : rapide (rapidement)

Invariable, sauf quand il est utilisé en complément de lieu vers lequel il y a direction. Il prend alors le « n » de l'accusatif de direction. ex. : kuirejen ci-dessous. (voir règle 13)

Comparatif : li kuras pli rapide ol... : il court plus rapidement que... Superlatif : li kuras plej rapide kuirejen : il court le plus rapidement possible à la cuisine.

Les adverbes non-dérivés n'ont pas la finale e.

Règle 8

Toutes les prépositions sont suivies du nominatif.

Règle 9

Les mots se prononcent comme ils sont écrits et s'écrivent comme ils se prononcent.

Règle 10

L'accent tonique tombe toujours sur l'avant-dernière syllabe.

                    ex  : la'BO'ri ( travailler ), famil'I'o ( famille... )

Règle 11

Les mots composés se forment par simple juxtaposition, en plaçant le radical de base à la fin.

                  ex  : Birdokanto (Chant d'oiseau)

Règle 12

La négation s'exprime par un seul mot.

          'Mi neniam fumas'.   (Je ne fume jamais)
         ('Mi neniam ne fumas' serait 'Je fume tout le temps')

Règle 13

On utilise la finale n pour indiquer l'accusatif.

ex : La kato saltas sur la tablon. (Le chat saute sur la table)

    Kien vi iras ? :        (Où allez-vous ?)
    Esti antaue  - esti supre...  (Être devant - être en haut)
    Iri  antauen - iri  supren... (Aller vers l'avant - aller vers le haut)

Règle 14

La signification des prépositions est univoque.

La préposition universelle 'je' a, seule, un sens variable :

        ex  :  Mi parolas pri vi. (Je parle de vous.)
        ex  :  Je kioma horo ?   (À quelle heure ?)
        ex  :  Kredi je io       (Croire en quelque chose.)

Règle 15

Les mots internationaux sont repris tels quels en espéranto, après une adaptation orthographique.

        ex  : teatro (théâtre), lifto (ascenseur), radaro (radar), ...

Règle 16

Le substantif singulier sans accusatif et l'article défini peuvent perdre leur dernière voyelle qui est alors remplacée par une apostrophe.


Corrélatifs de l'espéranto

Pré-syllabes Signification
i- indéfini
ki- interro-relatif
ti- démonstratif
?i- collectif
neni- négatif
Post-syllabes Signification
individualité -u
chose -o
qualité -a
possession -es
lieu -e
temps -am
manière -el
cause -al
quantité -om


Affixes de l'espéranto

Les préfixes

bo- parenté par alliance
filo (fils) donne bofilo (beau-fils, gendre)
dis- dispersion doni (donner) donne disdoni (distribuer)
ek- soudaineté d'une action commençante dormi (dormir) donne ekdormi (s'endormir)
eks- cessation d'une fonction ou d'un état social prezidanto (président) donne eksprezidanto (ex-président)
fi- mépris virino (femme) donne fivirino (femme de mauvaise vie)
ge- réunion des deux sexes patro (père) donne gepatroj (parents)
mal- sens contraire amiko (ami) donne malamiko (ennemi)
mis- action ratée, exécutée de travers kompreni (comprendre) donne miskompreni (comprendre de travers)
pra- éloignement dans les degrés de parenté et dans le temps avo (grand-père) donne praavo (arrière-grand-père)
re- répétition, retour en arrière fari (faire) donne refari (refaire)

Les suffixes

-a?- péjoratif skribi (écrire) donne skriba?i (griffoner)
-ad- action qui dure paroladi (discourir) donne parolado (discours)
-a?- manifestation concrète man?i (manger) donne mana?o (nourriture)
-an- membre d'une collectivité, adhérent(e) Kristo (le Christ) donne kristano (un chrétien)
-ar- groupe vorto (mot) donne vortaro (dictionnaire)
-nj- diminutif caressant masculin (appliqué à la première ou aux deux premières syllabes du mot) patro (père) donne panjo (papa)
-ebl- possibilté kredi (croire) donne kredebla (crédible)
-ec- qualité abstraite amiko (ami) donne amikeco (amitié)
-eg- augmentatif domo (maison) donne domego (un palace)
-ej- lieu caractéristique de l'action ou de l'objet concerné lerni (apprendre) donne lernejo (école)
-em- penchant ludi (jouer) donne ludema (joueur)
-end- obligation passive legi (lire) donne legenda (à lire)
-er- unité constitutive de la collection salo (sel) donne salero (grain de sel)
-estr- dirigeant urbo (ville) donne urbestro (maire de la ville)
-et- petitesse bela (beau) donne beleta (joli(e), mignon(e))
-id- descendant kato (chat) donne katido (chaton)
-ig- rendre tel ou tel pura (propre) donne purigi (nettoyer)
-i?- devenir tel ou tel sidi (être assis) donne sidi?i (s'asseoir)
-il- outil ?losi (fermer à clef) donne ?losilo (clef)
-in- sexe féminin onklo (oncle) donne onklino (tante)
-ind- mérite admiri (admirer) donne admirinda (admirable)
-ing- contenat partiel cigaredo (cigarette) donne cigaredingo (fume-cigarette)
-ism- une doctrine komuno (commune) donne komunismo (communisme)
-ist- profession instrui (enseigner) donne instruisto (instituteur)
-nj- diminutif caressant féminin (appliqué à la première ou aux deux premières syllabes du mot) patrino (mère) donne panjo (maman)
-obl- multiplicatif duobla (double) donne trioble (triplement)
-on- fraction duona (moitié de) donne centono (un centième)
-op- collectif duope (par deux) donne triope (par trois)
-uj- contenant total salujo (salière) donne piprujo (poivrière) supujo (soupière)
-ul- individu caractérisé par un trait particulier kontra? (contre) donne kontra?ulo (un adversaire, un opposant) stulta (stupide) donne stultulo (un sot)
-um- suffixe à sens indéterminé kolo (cou) donne kolumo (col de chemise)

Prépositions de l'espéranto

Prépositions de lieu :

  • en (dans)
  • sub (sous)
  • sur (sur)
  • super (au-dessus de, du)
  • anta? (devant)
  • malanta? (derrière)
  • inter (entre, parmi)
  • ?irka? (autour de, du)
  • apud (à côté de, du)
  • kontra? (en face de, du, contre)
  • ekster (hors de) sans mouvement
  • ?e (chez, tout près de, du)

Prépositions indiquant un mouvement :

  • al (vers, à)
  • el (hors de) avec mouvement
  • post (après, derrière)
  • preter (au-delà de, du) en dépassant
  • tra (à travers)
  • trans (au-delà de, du) en passant par-dessus

Prépositions de temps :

  • anta? (avant)
  • anta? ol (avant de)
  • dum (pendant)
  • ?is (jusqu'à)
  • post (après)

Prépositions diverses :

  • anstata? (au lieu de)
  • da (de) partitif
  • de (de) passif
  • je (en, à, de) préposition universelle
  • krom (sauf, en outre)
  • kun (avec)
  • la? (le long, selon)
  • per (au moyen de, du)
  • po (à raison de)
  • por (pour)
  • pri (au sujet de, du)
  • pro (à cause de, du)
  • sen (sans)

Adverbes spéciaux

Conformément à la règle numéro 7 de grammaire de l'espéranto, on peut former un adverbe à partir d'un radical en lui rajoutant la finale -e. Mais ce ne sont pas les seuls adverbes possibles : il en existe d'autres le tableau particulier nommé "tabel-vortoj", ainsi que la liste suivante (notons que l'application de l'appellation "adverbe" est plus large en espéranto qu'en français ; on trouvera alors dans cette liste des mots non-qualifiés d'"adverbe" en français, comme par exemple "donc").

  • almena? (au moins)
  • anka? (aussi)
  • ankora? (encore)
  • a? (ou, ou bien)
  • apena? (à peine)
  • balda? (bientôt)
  • do (donc)
  • for (loin)
  • hodia? (aujourd'hui)
  • hiera? (hier)
  • jam (déjà)
  • ?us (juste, à l'instant)
  • kvankam (bien que)
  • kvaza? (quasiment, comme si)
  • malgra? (malgré)
  • morga? (demain)
  • nun (maintenant)
  • nur (seulement)
  • nu (alors)
  • plej (le/la plus – superlatif)
  • pli (plus – comparatif)
  • plu (plus – négatif)
  • preska? (presque)
  • tamen (cependant, pourtant)
  • tre (très)
  • tro (trop)
  • tuj (tout de suite)

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Méthode ASSIMIL d'espéranto
  • L'Espéranto sans peine, J. Thierry, ed Assimil, ISBN F00136250X


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