Agriculture biologique

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L'agriculture biologique est une « agriculture n'utilisant pas de produits chimiques de synthèse » (selon la définition officielle française).


Description

Le terme devrait être au sens propre, un pléonasme, les processus de croissance étant par nature "biologiques". Le terme est apparu récemment, par opposition au système de production agricole mis en place à partir du XXe siècle, qualifié de chimique en raison de son usage de produits chimiques de synthèse (les engrais d'abord, puis les produits pesticides, fongicides, insecticides) et qualifié de productiviste par sa logique d'économie d'échelle et considéré comme dangereux et non durable.

Le concept d'agriculture biologique est large et doit prendre en compte l'ensemble de la production : par nature, il modifie grandement les systèmes économiques existants ce qui explique sa difficulté à s'imposer : systèmes de production différents (chimique vs naturel), mais aussi système de commercialisation (plutôt en circuit court vs grande distribution) par exemple.

L'agriculture biologique, de par ses contraintes, s'impose dans un système économique de proximité, alors que l'agriculture conventionnelle a été développée pour une diffusion large, aussi bien au niveau de la commercialisation qu'au niveau des intrants (fourniture pour l'agriculteur).

Fondement théorique

Le fondement théorique de l'agriculture biologique est lié à la notion de fluide vital (il s'agit de ne pas polluer, amoindrir ce fluide en lui incorporant des éléments artificiels), à la notion de système (il ne faut pas nourrir directement la plante seulement, mais gérer tout le système air-eau-sol-plantes-animaux sans le forcer) et de respect de ses éléments (nourrir une vache avec de l'herbe, et non avec des concentrés contenant des sous-produits animaux).

Pour cette raison, la culture biologique n’utilise pas de produits de synthèse pour la lutte contre les ravageurs et les maladies (pesticides, insecticides, fongicides...) ni d'engrais chimiques, etc.

Différents courants d'agriculture biologique

La permaculture

La permaculture est un mode de production agricole soutenable, très économe en énergie (travail manuel et mécanique, carburant...) et respectueux des êtres vivants et de leurs relations réciproques. Voir aussi les pages consacrées à ce sujet : Permaculture

La biodynamie

L'agriculture biodynamique date des années 1920. Elle s'inspire des travaux de Rudolf Steiner. Elle tient compte des relations entre les éléments naturels et s'appuie sur les principes suivants:

  • Recyclage de toute la matière organique de l'exploitation dans le sol par les techniques culturales, l'utilisation de tout le fumier, lisier et des déchets.
  • Compostage : la transformation de la matière organique est dirigée par des préparations à base de plantes médicinales (achillée, camomille, écorce de chêne, pissenlit ou valériane) pour obtenir une fumure vivifiant le sol. Apport éventuel d'éléments minéraux à solubilité lente : poudres de roche, calcaire...
  • Productions végétales adaptées au terroir avec rotations longues et diversifiées (équilibre entre productions fourragères pour l'alimentation du cheptel, engrais verts et productions pour la vente)
  • Stimulation des processus vivants dans le sol et les végétaux par l'emploi de préparations dynamiques (utilisées en quantités infinitésimales). Ces préparations visent à "soigner la terre".
  • Respect des processus et interactions subtiles entre les différents biotopes, les végétaux et les animaux (cultures associées,...) et l'environnement au sens le plus large. Les travaux sont effectués selon un calendrier qui tient compte des positions du soleil, de la lune et des autres planètes.
  • Protection des végétaux basée sur l'autorégulation, la rotation des cultures, le travail du sol et emploi de mesures dynamiques si nécessaire
  • Entretien ou aménagement du paysage pour conserver ou recréer la diversité des biotopes: arbres, haies, zones humides, pelouses sèches, lisières,...
  • Élevage d'animaux de race adaptés au sol et au climat avec recherche de diversité (le nombre d'animaux et les espèces choisies dépendent de la surface et des conditions de terroir)

Le label Demeter certifie les produits issus de l'agriculture biodynamique. En 2004, 92000 hectares répartis sur 2700 fermes sont dévolus à ce type d'agriculture dans le monde.

L'agriculture sauvage

L'agriculture sauvage est un mode de production agricole soutenable, très économe en énergie (travail manuel et mécanique, carburant...) et respectueux des êtres vivants et de leurs relations réciproques.

Elle est axée sur quatre grands principes : pas de labour, pas de pesticides, pas d'engrais, pas de sarclage. Voir aussi les pages consacrées à ce sujet : agriculture sauvage.

L'agriculture naturelle

Voir agriculture naturelle.

L'agriculture de conservation

Voir agriculture de conservation.

Les principes

En agriculture bio traditionnelle

On engraisse le sol et non les légumes

Travail du sol

  • Ne pas le retourner, mais l’aérer en surface: le retourner, c’est placer sens dessus dessous les micro-organismes de surface et ceux de profondeur et donc les tuer (une terre argileuse peut être retournée puis allégée)
  • Ne pas enfouir le fumier, mais le composter
  • Ne jamais laisser une terre nue : avant l’hiver, la recouvrir avec de l’engrais vert ou du compost assez frais.

N.B. : L’engrais vert, comme la moutarde, vesce ou seigle doit se tondre. C'est-à-dire qu’on le laisse se décomposer sur place avant de l’enfouir en surface : outre l'humus il apportent . Haricots et pois peuvent servir d’engrais : on n’arrache pas, mais on coupe les feuilles qu’on place en compost, les racines restent dans le sol qu’elles enrichissent en azote (azote de l'air).

On pratique l’assolement des cultures et l’association avec des plantes ou des fleurs

  1. Bien connaître les familles des plantes et légumes et leurs exigences ;
    • Ainsi, certains sont exigeants en compost :
      • Tomates, concombres, potirons, par exemple, en exigent beaucoup
      • Racines et bulbes en exigent moins
      • Les pois et autres légumineuses encore moins
    • Ainsi, la tomate revient bien à la même place
    • Ainsi, ne jamais planter des pommes de terre après des tomates
  2. Bien connaître les accoutumances des plantes les unes par rapport aux autres;

On travaille avec la lune en tenant compte de plusieurs éléments

Voir Cycles lunaires et Biodynamie.

On fortifie et amende les plantes, notamment par du purin

  • Purin d’ortie
  • Purin de consoude de Russie: il donne de la potasse aux pommes de terre et apporte de bonnes vitamines aux lapins et poules.
  • Purin de rhubarbe
  • Purin de limaces (dilution dans de l’eau)

On lutte biologiquement contre les insectes ou animaux nuisibles

  • Pour protéger les semis des limaces :
    • Utiliser un gobelet rempli de bière brune ; elle attirera les limaces … mais aussi les insectes utiles !
    • Placer une ligne de tagètes : elles attireront les limaces
    • Créer une barrière anti-limaces avec de la sciure, des cendres de bois, du sable de Rhin, etc.
    • Répandre sur le sol une dilution homéopathique de limaces
    • La bouillie bordelaise est tolérée
    • que ce soit pour les protéger des limaces (mais aussi des esrcargots) firandes de jeunes pousses, ou des moisissures : il ne faut pas hésiter à utiliser un terreau "neuf" (qui ne contient pas d'œufs de ces mollusques, ni de germes, ni de spores.
  • On peut utiliser des "pièges" pour limiter certains insectes "nuisibles :
    • bouteilles de couleur verte (pour éviter la prise des abeilles) remplies d'eau accompagnée , de sucre ou de miel
    • bandes de glues, éventuellement imprégnée de phéromones

Mais attention : d'autre insectes risquent d'être piégés, parfois des insectes utiles (pollénisateurs) !

Attention aux grains anti-limaces qui n’ont rien de biologique : ils sont néfastes pour le sol et il faut donc veiller à ne pas les mettre en contact avec lui.

  • Pour protéger un champ de pommes de terre des doryphores : l'entourer de plantes de ricin (attention le ricin est toxique pour les animaux domestiques); planter également du lin, répulsif naturel contre les doryphores.
  • Éviter les monocultures et travailler les associations bénéfiques, telles que :
    • Carottes, laitues, radis
    • Carottes, poireaux
    • Pommes de terre et ricin,
    • Arbres fruitiers et capucines
    • Fraisiers plus ail
    • Rosiers et ail ou lavande : l’ail renforce le pouvoir odorant des roses et des fraises tout en diminuant la pourriture.
  • Certains végétaux sont des outils pour le jardinier :
    • les odeurs des labiacées (lavande, sauge, romarin, menthe…) repoussent les insectes
    • d'autres sont de véritables insectides comme le Derris (roténone) ou certains chrysanthèmes (pyréthrines) : mais à manier avec précaution car leur pouvoir insectide n'est pas dénué de danger ni pour la flore (les abeilles et papillons), ni pour l'être humain.
    • certains encore sont capables d'attirer les pucerons et de les engluer.
  • On peut également utiliser du savon noir (ou savon mou, savon de marseille).
    • Le savon nettoie le feuillage après les attaques parasites, enlève également la fumagine, un champignon (suie noire) qui se fixe souvent sur les dépôts de miellat des pucerons et cochenilles entre autres.
    • Le savon est également un "insecticide naturel", empêche le développement des parasites.
    • Après pulvérisation, laisser le produit agir un temps, puis éventuellement nettoyer les feuilles à l'aide d'une éponge imbibée d'eau (surtout pour les plantes d'intérieur).
    • Pensez à traiter juste avant un arrosage au sol; le savon peut parfois brûler légèrement le feuillage.
    • On peut faire des traitements répétés toutes les trois semaines.
  • Dans tous les cas, il faut savoir que si une plante est atteinte par des parasites ou des champignons, c'est qu'elle est déjà affaiblie (carences, mauvais emplacement). Tout comme les humains, pour ne pas être malade il faut bien se nourrir; pour les plantes c'est la même chose.

On associe certaines plantes

Vista-xmag.png Consulter aussi l’article :   Cultures associées.

Législation

Législation européenne

Au niveau européen, le premier règlement sur l'agriculture biologique est entré en vigueur en 1992 (Règlement n° 2092/91), suivi en août 1999, de règles relatives à la production, l'étiquetage et l'inspection en matière d'élevage (Règlement n° 1804/1999). Un plan d'action pour favoriser le développement des modes de production biologiques est en cours d'élaboration, début 2004, par la Commission européenne. Les règles de base sont l'interdiction d'utiliser des engrais chimiques et pesticides ou herbicides de synthèse. L'utilisation d'organismes génétiquement modifiés (OGM) est également interdite. Les produits de l'agriculture biologique bénéficient de marques et de logos protégés au niveau européen.

Il faut remarquer que cette législation définit ce qu'on appelle une « obligation de moyens », mais ne garantit pas la qualité des produits elle-même. Mais des taux de pesticides, le poids de matière sèche ou la quantité en micronutriments démontrent une qualité phytosanitaire moyenne supérieure de cette production, sans compter le facteur gustatif qui n'a pas encore fait l'objet d'enquêtes.

Le terme agriculture biologique est maintenant légalement protégé en France depuis la loi d'orientation agricole du 4 juillet 1980 et le décret du 10 mars 1981, lesquels l'ont définie, et ont fixé les conditions d'homologation des cahiers des charges et précisé les substances pouvant être utilisées dans la production, la conservation et la transformation des produits agricoles.

Législation canadienne

Il n'existe actuellement au Canada aucune réglementation gouvernementale gérant l'étiquetage et les appellations concernant les aliments biologiques. Pour nous guider cependant, nous pouvons compter entre autres sur la présence de deux organismes privés qui régissent et contrôlent les normes en place. Il s'agit de l'Association de biodynamie du Québec et de l'Organic Crop Improvement Association (OCIA) qui délivrent des contrats d'agrément. Après une inspection de la ferme, ils émettent une attestation certifiant que les méthodes de production respectent les normes de culture, d'élevage ou de transformations prescrites. Émise pour une période de 12 mois, l'attestation est renouvelable sous réserve d'une nouvelle inspection.

L'Association de biodynamie du Québec émet pour sa part la certification allemande Demeter, qui est d'ailleurs plus répandue en Amérique du Nord. Cette pratique exige le respect d'un calendrier de plantation élaboré à base de plantes pour le traitement du sol. L'association internationale OCIA se compose d'un comité d'accréditation qui est responsable des demandes de certification. À cet effet, un inspecteur indépendant visite les exploitations avant de présenter des recommandations au comité.

Législation ...

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Industrialisation et importations

En France par exemple, mais aussi en Allemagne, la demande de produits bio est supérieure à la production du pays. Une partie des produits issus de l'agriculture biologique est donc importée. Cela pose problème dans le sens où importer des produits par avion consomme du pétrole, ce qui n'est pas écologique. D'autre part, l'agriculture biologique est assez contrôlée en Europe, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays.

Perspectives : "L'agriculture biologique peut-elle nourrir la planète" apparait comme une fausse question dans la mesure où nourrir la planète dépend plus de la politique et de l'économie que de n'importe quelle innovation technique (qui ne demande qu’à se perfectionner). Question complexe qui pose déjà le problème de la redistribution des excédents alimentaires, des véritables coûts internes et externes (et donc des indices) des différents types d'agriculture.

Dans l'attente des politiques plus réalistes en la matière, l'agriculture biologique continue son chemin laborieux, mais passionnant vers plus de santé, de bien-être et d'espoir pour l'avenir de notre planète.

Enjeu majeur, notre façon d'exploiter la terre n'a jamais été autant sujette à polémique (surtout quand on parle d'argent) mais il est de la responsabilité de chacun de défendre le bien commun et non de se cantonner à un acte unilatéral de consommation irresponsable. L'agriculture reste la grande cause à défendre, partout où nous sommes.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Le guide du jardinage biologique de Jean-Paul Thorez. ISBN 2904082751
  • Pesticides, révélations sur un scandale français de Fabrice Nicolino et François Veillerette. ISBN 9782213629346
  • Biofil, une revue professionnelle indépendante spécialisée dans l'agriculture biologique
  • "Passions bio , des produits , des hommes , des savoir-faire " de Pascale Solana et Nicolas Leser . ISBN 2700604547


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