Faire du feu
Le feu, du latin fŏcus, le « foyer », est dans la Tradition, l'un cinq éléments.
Sur le plan scientifique, il est un dégagement d’énergie calorifique et lumineuse, produite par une combustion.
Il existe, de part le monde, de nombreuses techniques de production de feu.
Les systèmes d'allumages traditionnels se divisent en deux catégories principales :
- les procédés par friction, utilisant l'échauffement produit par la friction de deux éléments en bois ;
- les procédés par percussion, utilisant les étincelles produites par le choc d'une roche dure telle que le silex et d'un minerai de fer, tel que la marcassite (sulfure de fer).
Les deux techniques modernes les plus répandues, respectivement le briquet et les allumettes, utilisent précisément les mêmes principes.
Méthodes anciennes[modifier]
La question de la date à laquelle les humains ont maîtrisé l'usage du feu est encore discutée au sein de la communauté scientifique...
Certains sites très anciens (Chesowanja, Gadeb, Koobi Fora en Afrique de l'Est, Aldène, L'Escale en France) ont livré des indices directs (charbons) ou indirects (pierres brûlées, argile calcinée) de combustion mais l'absence de structure de combustion organisée interdit d'exclure d'éventuels incendies naturels. Certains auteurs estiment que dans un premier temps les groupes humains auraient simplement utilisé le feu prélevé lors des incendies provoqués par la foudre ou les éruptions volcaniques.
La capacité de produire véritablement du feu serait plus récente. Cette vision est extrêmement difficile à argumenter : elle est en tout cas conforme à certains récits antiques, tels que le De rerum natura de Lucrèce, ou aux fictions préhistoriques telles que La Guerre du feu. Pour C. Perlès, ce débat présente peu d'intérêt, d'une part parce que l'existence de ces deux phases est indémontrable à partir des données archéologiques, d'autre part parce que l'étape la plus importante reste le passage de la non-utilisation à l'utilisation du feu, qu'il soit produit ou non.
La maîtrise du feu constitue effectivement l'une des caractéristiques qui distinguent la lignée humaine du reste du monde animal. La peur du feu chez les animaux doit en revanche être relativisée dans la mesure où certains rapaces et les guépards semblent tirer parti des feux de brousse qui rabattent leurs proies.
Les plus anciens foyers incontestables apparaissent à partir d'environ 400 000 ans BP (Menez-Dregan à Plouhinec, Lunel Viel en France, Vértessz?l?s en Hongrie) et se multiplient vers 200 000 ans BP (Terra Amata, Caune de l'Arago, Orgnac III, Cagny l'Épinette en France, Bilzingsleben en Allemagne, Torralba et Ambrona en Espagne)[3].
Certaines méthodes de production de feu remontent donc probablement au Paléolithique inférieur, même si les preuves archéologiques directes ne remontent pas à plus de 9 000 ans BP pour les méthodes par friction (grotte de Guitarrero au Pérou).
Friction[modifier]
Les techniques de production de feu par friction consistent à utiliser l'échauffement produit par le frottement de deux éléments en bois. Le phénomène d'allumage peut se décomposer en deux temps :
- dans un premier temps, la sciure produite par le frottement va s'accumuler près du point de friction. Elle est, à ce stade, carbonisée mais non encore embrasée.
- dans un deuxième temps, l'augmentation de température au sein de la sciure permet la naissance d'une petite braise de sciure (embrasement par source de chaleur proche).
Cette petite braise de sciure de bois pourra enflammer un combustible fin, comme de la paille, de l'herbe séchée, des feuilles, des aiguilles de conifères sèches ou de l'amadou, à la condition d'un apport suffisant d'oxygène par ventilation buccale ou manuelle. Une fois le combustible primaire embrasé, il est possible d'utiliser du petit bois pour obtenir une flamme importante. Le gros bois sera rajouté après, l'essentiel étant de faire croître le feu progressivement, sans l'épuiser tout de suite sur une bûche qui prendra feu difficilement.
Le frottement peut s'exercer de différentes façons : sciage d'une planchette aménagée avec une autre planchette ou une baguette, friction longitudinale oblique d'une baguette sur un socle à rainure, giration (forage d'une planchette aménagée par une baguette taillée en pointe). Dans ce dernier cas, il est possible de faciliter le mouvement de rotation en utilisant un « arc-à-feu » ou « archet à feu ». L'élément mobile doit pouvoir aller et venir rapidement sans sortir de la cavité aménagée dans le bois fixe. L'arc-à-feu facilite l'obtention du feu. Il a été utilisé chez les Amérindiens, dans l'ancienne Égypte, en Australie… Le principe de l'archet a également été utilisé pour réaliser des outils à percer en contexte préindustriel.
Contrairement à une croyance très répandue, la dureté relative des deux éléments en bois n'est pas importante : en revanche, au moins un des deux éléments en jeu, doit être un bois riche en fibres microscopiques longues produisant une sciure aérée (lierre, laurier, marronnier, noisetier, tilleul, bambou, vergerette du Canada…). Ces bois sont dits auto-allumeurs. La dureté n'intervient que secondairement, dans la facilité à produire la sciure. Des bois plutôt tendres (dureté = 3 en moyenne) seront donc préférés aux bois durs. [1]
Percussion[modifier]
Pour qu'il y ait étincelle, il faut entrechoquer une pierre dure comme le silex sur une autre, contenant du sulfure de fer comme la pyrite ou la marcassite. Ce sont des minerais contenant du fer combiné à du soufre. Les étincelles obtenues de cette manière doivent être immédiatement en contact avec un matériau facilement inflammable, par exemple, des cheveux, des feuilles sèches et fines, de la mousse ou de l'amadou. Ce combustible aidera à amorcer le feu avant de rajouter des combustibles plus calorifiques comme du bois dur, des bûches...
Fichier:Feu-briquets-Collina.jpg
Méthodes modernes[modifier]
Allumettes[modifier]
L'invention des allumettes date du 19e siècle, mais le mot allumette date des environs de l'an 1200 pour désigner une petite bûche destinée à faire prendre le feu.
Briquet[modifier]
L'allumoir est un ancêtre du briquet.
Pelle à feu[modifier]
Il s'agit d'une résistance électrique sur laquelle on pose directement des bûches dans un foyer. Lorsque la résistance est portée au rouge, la chaleur communiquée au bois permet de déclencher sa combustion. Un support permet à la résistance de ne pas être en contact direct avec le sol.
Soleil[modifier]
L'utilisation d'une loupe, d'un miroir concave (un réflecteur de phare ou de lampe-torche fait très bien l'affaire) ou d'un ensemble de miroirs permet de concentrer la lumière solaire en un point situé sur un combustible et d'y allumer un feu. Il est toutefois conseillé d'utiliser cette méthode à l'extérieur !
Courant électrique[modifier]
En cas de situation extrême, par exemple après un sinistre, une méthode pour faire du feu consiste à créer une étincelle électrique dans le but d'allumer un matériau inflammable, comme par exemple du coton bien aéré. On peut utiliser à peu près n'importe quel type de batterie, pourvu que l'on ait du fil électrique à sa disposition. On peut aussi utiliser une batterie que l'on a soi-même fabriqué.
La batterie-patate se prête bien à cet usage.
Galerie[modifier]
Réchaud à bois portatif (extra plat)
Voir aussi[modifier]
Références[modifier]
- ↑ J. Collina-Girard, Le feu avant les allumettes, Expérimentation et mythes techniques
Liens internes[modifier]
Liens externes[modifier]
- Détail sur les différentes techniques pour faire du feu
- Faire un feu préhistorique avec les enfants
- L'histoire de la fabrication du feu
- Le feu, découverte, domestication et utilisation
- Comment allumer un feu de charbon de bois avec une allumette un journal et une bouteille
- Comment allumer un feu de cheminée ou poêle
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